C h a p i t r e 7
Les deux semaines de vacances avaient passé à une vitesse hallucinante. Passer du temps avec mes parents m'avaient tellement manqué. Retrouver le calme de ma maison m'avait fait du bien. Il avait fait particulièrement froid. J'en avais profité pour retourner au cinéma après m'être fait harcelé par le blond. Il était carrément subjugué par cette technologie. J'aimais bien ce côté de lui. Son côté bon enfant, impressionné, il ne le montrait pas souvent. Mais quand ces occasions se présentent, j'en profitais.
Une curieuse scène se déroulait sous mes yeux. Mes parents parlaient avec lui, un verre de vin à la main. Comme s'il avait toujours fait partie de la famille. Il avait l'air si à l'aise. Est-ce que cela tenait de son éducation? Surement. Il était poli, cultivé et avait de la conversation. Toutes des qualités pour éblouir les parents. Ma mère était en admiration devant lui. Elle en prenait soin comme son fils. Il avait l'air mal à l'aise de cette attention. Il évitait tout contact physique mais il avait découvert à ses dépends que Jane Granger était une adepte des câlins réconfortants. Il n'y échappait malheureusement pas, mais je ne l'ai jamais entendu se plaindre à ce sujet.
Et il y avait moi, complètement paumée à leurs côtés se demandant quels péchés j'avais dû commettre pour être dans cette situation.
Pourquoi n'avait-il pas cherché à passer Noël avec sa mère? Pourtant elle devait bien être seule, son mari était en prison. Peut-être y avait-il un lien entre ses blessures et son transplanage chez moi. J'aimerais bien mener ma petit enquête, mais pour cela, il devait parler. Et nous n'en étions malheureusement pas encore là.
Il était là depuis une semaine et n'avait toujours pas abordé le sujet. Il n'était pas encore prêt et même si je le comprenais, ma curiosité, elle, avait de la difficulté à rester en place.
Je l'avais bien observé cette semaine. Il avait vraiment l'air d'avoir changé. Mais à quel point? Il était toujours le Drago arrogant et prétentieux de Poudlard, mais il faisait de réels efforts. En revanche, il adorait encore autant me mettre en colère et ça, ça ne changera pas. C'était juste moins méchant, presque amical. C'est comme si l'on ressentait le besoin de se chercher, de répliquer, de voir qui serait le premier à baisser les yeux. C'était plus fort que nous, c'était viscéral.
Peut-être étais-je naïve. Il n'était plus le même, j'en avais vraiment l'impression. J'avais envie d'y croire et de lui accorder une seconde chance.
Ces derniers jours m'ont fait réaliser beaucoup de choses. La vie était vraiment plus facile avec lui. Il ne mentait jamais; il était franc et direct. Il manquait parfois de tact, mais au moins on avait l'heure juste avec lui. Il était de ceux qui faisaient avancer les gens. Mes meilleurs amis ne possédaient malheureusement pas cette qualité.
J'aimais particulièrement étudier à ses côtés. Il était sérieux, concentré et surtout silencieux. Il était très doué en potions et n'avait pas hésité à me donner quelques trucs pour me faciliter la vie. Je lui en étais très reconnaissante. Avec Harry et Ron, ça ne se passait pas de cette façon. Ils me dérangeaient inutilement et passaient leur temps à m'emprunter mes notes. Ils n'écoutaient jamais en classe et se retrouvaient complètement paumés au moment des devoirs.
— Toujours pas de nouvelle d'Harry et Ronald, ma chérie, m'a soudainement demandé ma mère. Habituellement, tu vas passer quelques jours au Terrier, il me semble? Tu n'y as pas été cette année.
Je redoutais cette question. En vérité, je n'avais reçu aucune nouvelle des garçons en deux semaines. Notre relation n'était plus ce qu'elle avait été. La guerre les avait totalement transformés. Ils aimaient recevoir cette nouvelle attention. Ils n'avaient plus de temps pour moi, du moins il ne m'en accordaient plus vraiment. Sauf pour mes notes et les devoirs, ça par exemple, ils savaient où me trouver. Cela commençait à me peser.
Je n'avais jamais pu me conformer à tout ça. À cette gloire. À cette attention. Je n'aimais pas ça. Ce n'était pas moi. Pas après tout ce que j'avais vécu. J'avais essayé de leur parler de mes cauchemars, de Bellatrix, de comment je vivais l'après-guerre. Mais ils m'avaient coupée et m'avaient dit de passer à autre chose. De profiter. Je n'ai jamais pu. Je ne m'en sentais pas capable. Je me sentais si détruite, si seule.
J'ai dégluti. Je ne pouvais pas dire ça à mes parents. Ils s'inquiéteraient inutilement. Tous les regards étaient braqués sur moi. Essayant de paraitre normale et sincère, j'ai répondu :
— Je préférais être avec vous cette année.
— Oh c'est gentil ma chérie! On est content que tu sois resté avec nous. Et puis, il y a Drago avec nous, s'est émerveillée ma mère. J'ai levé les yeux au ciel.
Elle aimait beaucoup trop ce garçon. S'il ne le savait pas, maintenant c'était chose faite. Il a haussé un sourcil, j'avais menti et il savait. Il lisait en moi comme si j'étais un livre ouvert et ça me mettait mal à l'aise. J'ai souri hypocritement. Avec un peu de chance, il oublierait sans doute de m'en reparler. C'était faux, Drago Malefoy n'oubliait jamais. Surtout quand c'était le temps d'avoir des réponses. Nous étions pareil sur ce coup.
— Tu espères faire quoi après tes études?, a demandé ma mère à ce dernier.
— Je... j'aime beaucoup les potions. J'aimerais être professeur de potions. Il avait l'air mal à l'aise.
— Je suis certaine que tu y parviendras, s'est enthousiasmé ma mère avec confiance.
Il a souri timidement. Alors c'était ça son plan d'avenir. Jane Granger avait le don de donner confiance aux gens et d'être intrusive.
— Tu voudrais enseigner à Poudlard?
— Maman! Je lui ai fait des gros yeux. Arrête de l'embêter!
— Je ne l'embête pas, je m'intéresse à son avenir.
J'ai soupiré en croisant les bras. Je détestais quand elle agissait de la sorte. Il était visiblement mal à l'aise de toutes ses questions, mais elle ne le voyait pas. Elle s'est retournée vers la victime de son interrogatoire en attendant sa réponse.
— Oui, s'ils acceptent ma candidature, pourquoi pas, a-t-il répondu en évitant tout contact visuel.
J'ai cru déceler une étincelle de découragement dans ses yeux pendant une fraction de seconde. Le professeur McGonagall a hésité à reprendre les enfants de Mangemorts à Poudlard pour cette nouvelle année et Malefoy ne faisait pas exception. Par contre, il avait tout de même été nommé Préfet-en-chef, un poste de confiance. Même si c'était pour sa propre sécurité, la directrice avait l'air d'avoir foi en lui. Il semblait avoir peur pour son avenir. Tout cela à cause de ses parents et de leurs rôles dans cette guerre. Cette maudite marque et cette réputation le suivraient toute sa vie. Peu importe ce qu'il ferait. C'était vraiment triste pour lui.
— Je suis certaine que tu y entreras en tant que professeur, dit soudainement ma mère. Je me chargerai de faire parvenir une lettre au professeur McGonagall si elle ne se rend pas compte de la chance qu'elle aurait. Selon Hermione, tu es un excellent élève et je sais que tu es une bonne personne. Nous croyons en toi.
Nous avons écarquillé les yeux de surprise. Ma mère avait une confiance aveugle en son potentiel et avait vu son manque de confiance en lui. Malgré tout ce qu'il pouvait faire pour essayer de le cacher. Ma mère était géniale envers les humains. Il a murmuré un timide merci.
La conversation a dévié sur le travail de mes parents et de leur futur voyage. J'ai vu le blond soufflé de soulagement. Il n'avait probablement pas l'habitude des interrogatoires de parents et cela m'a fait sourire. Il était rare de le voir aussi déstabilisé.
C'était notre dernière soirée avant de retourner au château. Nous devions nous rendre à Poudlard avant les autres élèves pour commencer à organiser le bal de la Saint-Valentin. Le professeur McGonagall avait insisté sur notre collaboration à tous les deux sur l'organisation avec l'aide des quatre préfets de sixième année. Curieusement, je n'avais pas envie d'y retourner. Et c'était inquiétant quand on me connaissait bien. J'avais toujours considéré cette école comme une deuxième maison. Mais c'était avant.
Finissant nos coupes de vin, nous sommes montés à l'étage pour nous coucher. J'ai souhaité une bonne nuit à Malefoy avant d'entrer dans ma chambre. J'ai enfilé ma nuisette de nuit et j'ai brossé mes cheveux. J'allais me mettre au lit quand on a cogné à la porte.
— Oui?
— C'est moi, dit mon homologue. Je peux entrer ?
J'ai acquiescé et il est entré en fermant la porte. Il avait enfilé un pantalon de pyjama noir et un chandail blanc serré, laissant découvrir les muscles de ses bras. Merlin, il arrivait à être sexy en toute circonstance. J'ai secoué la tête pour chasser cette pensée, l'alcool me montait vraiment à la tête.
— Je voulais te demander... Il fuyait mon regard.
— Oui?
— Je... Ce n'est pas parce que la vue est désagréable, mais tu pourrais mettre quelque chose de moins... léger?
Il étai mal à l'aise. J'ai baissé rapidement les yeux vers mon habillement et je me suis empourprée. J'ai bafouillé quelques excuses en me maudissant. Ma nuisette lui offrait une superbe vue sur mon décolleté et mes jambes dénudées. J'ai enfilé mon peignoir et je me suis retournée vers lui. Il aurait pu profiter de la vue mais non. Il avait assez de respect pour moi pour ne pas abuser. Je trouvais cela honorable de sa part.
Il a toussé légèrement pour faire fuir le malaise. Il a passé une main dans ses cheveux. Il faisait toujours cela quand il était nerveux
— Même si c'est dans un mois... Voudrais-tu m'accompagner au bal de la Saint-Valentin ?
Abasourdie, je demandais si j'avais bien entendu. Je n'arrivais pas à le croire. Nous étions ennemis depuis presque sept ans. Mais tout avait changé, j'ai mentalement fait une liste. En deux semaines, nous avions plus parlé qu'en un trimestre de cohabitation. De plus nous étions toujours en vie. Nous n'avions pas usé de violence ni même de sortilèges l'un contre l'autre. Il y avait de l'amélioration, c'était indéniable. Je ne le détestais plus et je commençais même à l'apprécier. Nous ne sommes pas encore amis, mais nous sommes sur la bonne voie.
— Laisse tomber, c'était idiot de ma part. Il a ouvert la porte et était presque sorti de ma chambre.
Je ne lui avais pas répondu et il était vexé. Il était redevenu froid. Je n'avais toujours pas bougé. Je n'y parvenais pas. Sa demande était inhabituelle et m'avait prise au dépourvue. Revenant à la réalité, je l'ai regardé.
— Drago, attend!, l'ai-je appelé. C'est d'accord... je veux bien t'accompagner.
Il m'a souri avant de quitter ma chambre pour me laisser dormir.
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