C h a p i t r e 1

Le soleil se couchait sur un Londres enneigé. Les rues, éclairées par la faible lumière des lampadaires, étaient désertes depuis peu. Noël était seulement dans quelques jours et il restait tant à faire. Les magasins venaient tout juste de fermer leurs portes, tantôt inondés de centaines de gens venus effectuer leurs achats de dernière minute. C'était la meilleure période de l'année pour les commerçants et pour cause, des milliers de livres dépensés en cadeaux de Noël ou en tenues de soirée, tout cela pour quelques soirs par année. Je soupirai.

Je n'aimais pas particulièrement cette fête et ces effusions d'amour non-réciproque. Je détestais le côté hypocrite se rattachant à toutes ses mondanités. Je rentrais rarement à la maison en cours d'année. Je le faisais pour mes parents maintenant, je devais de passer du temps avec eux. On ne sait jamais quand nos proches disparaîtront.

Avant, je préférais rester à Poudlard, l'école de sorcellerie dans laquelle j'étais inscrite depuis mes onze ans. À découvrir les moindres  passages pour en sortir avec mes meilleurs amis Harry Potter et Ron Weasley. Mais c'était avant. Avant la guerre, avant les pertes considérables et les dommages qu'elle avait laissés sur son passage.

Mon amitié avec les deux garçons remontait à notre première année, lors de nos 11 ans. Ils m'avaient tous deux sauver la vie. Un troll s'était introduit dans les toilettes des filles pendant que j'y étais. Sans eux, j'y serais passée. Nous sommes donc devenus inséparables. En sept ans, nous avions vécu beaucoup de choses. Plus que des adolescents normaux, mais j'imagine que c'était le prix à payer en temps de guerre.

Pour revenir à ma famille, mes parents n'étaient pas des sorciers. Ils étaient des moldus, ce qu'il veut dire qu'ils sont dépourvus de pouvoirs magiques. Ils furent bien étonnés quand le professeur Dumbledore était venu cogner à notre porte pour m'inscrire à cette grande école prestigieuse qu'est Poudlard.

Celle-ci a été fondée, il y a un peu plus de 1000 ans par quatre grands sorciers : Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard. Elle est située en Écosse et n'est répertoriée sur aucune carte. Les sorciers recevaient leur lettre d'inscription à Poudlard par hibou aux alentour de leur onzième anniversaire. C'est de cette façon que j'ai sue que toute ma vie allait changer.

Malgré toutes ces bizarreries, mes parents étaient très fiers de moi. J'avais d'excellentes notes pour une née-moldue. Mais cela ne plaisait guère à tout le monde. Tout particulièrement à Drago Malefoy. Sorcier au sang pur, il avait de difficulté à concevoir que j'aie des notes égales ou  meilleures que lui dans certaines matières. Il avait une grande notoriété à Poudlard dû à la fortune de sa riche famille. De ce fait, il se faisait appeler le Prince de Serpentard. Arrogant, prétentieux et, ça me coûte de l'admettre, diablement beau. Et il le savait. Beaucoup le craignaient. Il imposait le respect partout où il passait. Personne ne voulait se le mettre à dos. Personne sauf moi. Je détestais la façon dont il agissait et au moins, je lui donnais l'heure juste.

Sa famille croyait en la supériorité des sangs et lui avait inculqué cette façon de penser depuis qu'il était très jeune. Un sang pur se doit et est supérieur à toute autre catégorie de sang. Il m'avait appelé Sang-de-Bourbe pour la première fois en deuxième année et il avait continué jusqu'à l'an passé. Au début, j'arrivais à laisser passer, mais c'était de plus en plus difficile de l'accepter, ça me blessait énormément.

En revanche, cette année, il semblait avoir fait l'impasse sur l'insulte. Il se faisait même plus discret. Je ne l'avais pas encore entendu et pourtant, j'ai été forcé de cohabiter avec lui depuis le début de l'année. J'étais Préfète-en-chef et il était mon homologue masculin. Nous avions des appartements en dehors des dortoirs de nos maisons respectives. Quand le professeur McGonagall, nouvelle directrice de notre école, nous l'a appris, il n'a même pas fait de remarque déplacée. Il avait seulement soupiré. Je crois que je n'avais même pas encore entendu le son de sa voix depuis septembre, pas qu'elle me manquait au contraire, mais habituellement, il ne ratait jamais une occasion d'en placer une.

J'ai reporté mon regard sur mon reflet dans la glace devant moi. J'avais réussi à dompter mes cheveux bruns grâce à un sort que la sœur de Ron, Ginny, m'a appris. Dieu merci, je ne ressemblais plus à un épouvantail. Ma mère en était même soulagée. Ils étaient retenus par un chignon défait duquel s'échappait quelques mèches frisées. J'avais enfilé une robe vert émeraude. Cette dernière mettait mes yeux marron en valeur. Je détestais porter des robes, mais encore une fois, je voulais lui faire plaisir.

Après avoir enfilé mon veston, je suis descendue rejoindre mes parents. De l'escalier, j'arrivais à sentir l'odeur succulente de la dinde. La maison n'avait pas changé d'un poil depuis que j'étais partie. Des photos de nous trois couvraient une bonne partie des murs. Ceux-ci étaient peints de gris et des décorations rouges venaient ajouter une touche de couleur. Je me sentais bien à la maison.

Nous sommes passés à la table et mes parents se sont informés de ma rentrée ainsi que de mes notes. Même s'ils étaient assez inconnus avec le monde de la magie, ils accordaient beaucoup d'importance à mes résultats scolaires. Avant l'apparition de mes facultés magiques, je rêvais de devenir dentistes tout comme eux. Il me semblait normal de reprendre leur clinique et de poursuivre le fruit de leur travail acharné. Mais la vie en a décidé autrement et ils comprenaient assez bien.

Je leur parlais rarement des problèmes du monde des sorciers. Ils ne savent donc rien de Voldemort et de la guerre qu'il avait causée. Ils ne comprendraient pas. Mon père aurait bien été capable de m'enfermer à vie dans le grenier pour me protéger. Même si cela n'aurait rien donné.

Pour faire une histoire courte, Voldemort était un mage noir doté de pouvoirs considérables. C'était un adepte de magie noire et cherchait à s'imposer sur le monde des sorciers. Il voulait remodeler celui-ci selon ses idéaux. Ses fidèles disciples, appelés Mangemorts, ont semé la terreur et le chaos l'année dernière et certains, dont moi, en portaient encore les marques. Toutefois, nous avons réussi à le vaincre une bonne fois pour toute.

Une fois le repas terminé, nous sommes passés au salon. Le sapin de Noël prenait tout un coin et il était magnifique. Il me ramenait à mon enfance, où insouciante, je mettais l'étoile au bout dans les bras de mon père. J'étais en sécurité à cette époque, loin de me douter qu'un jour ma vie serait constamment en danger.

J'observai alors mes parents, Ethan et Jane, se regarder avec amour. Ils étaient ensemble depuis presque 25 ans et s'aimaient encore comme au tout premier jour. De petits regards amoureux, des gestes d'affection à tout moment, j'ai soupiré de bonheur. Ils étaient si beaux à voir. J'espérais qu'un jour, je pourrais vivre une aussi belle histoire que la leur.

Ils étaient en train de me raconter où ils iraient passer leurs vacances d'été. La Toscane les avait complètement charmés et ils voulaient aller s'y prélasser quelques semaines. J'étais heureuse de les voir vouloir prendre du bon temps. Ils le méritaient plus que tout. Je les enviais de n'avoir que cette seule préoccupation.

J'allais leur poser quelques questions sur leur futur voyage quand tout à coup un homme est apparu au milieu de la pièce. J'ai sauté à deux pieds sans réfléchir et me suis mise devant mes parents pour les protéger.

Il était recroquevillé par terre et semblait, à première vue, en piteux état. Je n'arrivais pas à voir son visage. Baguette en main, je me suis rapprochée lentement de l'inconnu. Sa chemise blanche était déchirée et recouverte de sang. Ses mains étaient écorchées et autour de sa tête, comme pour se protéger. Il n'arrêtait pas de murmurer comme s'il était possédé : « Il faut que ça s'arrête ». Ses cheveux d'un blond presque blanc attirèrent mon attention. J'aurais juré que je connaissais cette tête...

Avec précaution, je l'ai contourné pour découvrir son identité. J'espérais me tromper sur celui-ci. Mon cœur s'est mis à battre à toute vitesse quand son regard gris a croisé le mien. Son air terrifié m'a pris au dépourvu.

— Je t'en prie, m'a-t-il supplié faiblement. Ne me fais pas de mal.

Il avait perdu connaissance. J'ai abaissé ma baguette bouche bée et je me suis laissé tomber à genoux à ses côtés. Non, c'était impossible. Que lui était-il arrivé ? Jamais je ne l'aurais cru capable de s'abaisser à supplier quelqu'un. Il devait vraiment être affaibli pour faire une chose pareille. Je n'arrivais pas à détacher mon regard de son corps inerte. Il était vraiment mal en point et ça me faisait mal au cœur. Personne, pas même lui, ne méritait un tel châtiment. Et une seule question s'imposait dans ma tête.

Comment Drago Malefoy, avait-il pu atterrir dans un état aussi pitoyable chez moi ?

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