Elle était entièrement vêtue de noir. Un sweat trop grand, un vieux jogging, une paire de baskets. Sa capuche cachait la quasi totalité de ses longs cheveux blonds vénitiens, légèrement ondulés. De grosses larmes coulaient sur ses joues, faisant gonfler ses beaux yeux bleus.

Elle courait sur le trottoir, dans cette nuit froide et noire d’hiver. Quelques vieux lampadaires éclairaient d’une faible lumière jaunâtre sa silhouette fine.

Elle s’arrêta net. Levant ses yeux rouges et gonflés par les larmes, elle reconnut l’immeuble. S’écroulant par terre, les larmes coulèrent de plus belle. Elle savait qu’il serait en colère si il découvrait qu’elle connaissait l’immeuble où il vivait. Elle s’assit sur le palier de l’immeuble, sous la lumière grésillante de l’entrée.

Elle était perdue. Elle avait fui de son enfer sans même réfléchir à l’endroit où elle pourrait se rendre. Ses pas l’avaient mené devant cet immeuble. Son immeuble. A lui. Elle restait là, sans bouger, sur les marches. Elle ferma les yeux. Elle vit son visage, lui souriant. Elle se remémora tous les bons moments qu’elle passait avec lui, dès qu’elle se rendait au collège. Un petit sourire se dessina sur son visage. Les larmes s’arrêtèrent enfin. Puis elle rouvrit les yeux. Le trottoir, les lampadaires, l’immeuble. Elle essuya l’eau salée de ses joues d’un revers de la main, puis se leva enfin. La lumière des lampadaires éclairait toujours sa silhouette, qui tapa le code qu’elle avait découvert quelques jours plus tôt en espionnant des locataires de l’immeuble rentrer chez eux. Elle poussa enfin la porte, la referma délicatement derrière elle, et se dirigea vers les escaliers.