Chapitre 2
7h45.
Louise restait debout, non loin du groupe de fille papotant sur tout et n’importe quoi. De toute façon, leurs sujets de discussion ne l’intéressaient absolument pas. Elle se tenait bien droite, observant la lune qui commençait peu à peu à disparaître dans les premières lueurs du jour. Écouteurs dans les oreilles, elle écoutait les musiques qu’elle aimait tant. Le son était à fond, elle n’entendait plus rien autour. La seule chose qui l’intéressait était le moment où les portes du collège s’ouvriront enfin. Elle guettait, de loin, la route. Parfois, elle voyait la voiture arriver. Sa voiture. Une Peugeot grise avec des bandes noires. Elle regarda d’un coup d’œil Alice. Elle était en train de dire bonjour à ses nombreuses amies. Bien évidemment, aucune d’entre elles ne seraient venues lui faire la bise. Elles étaient pourtant dans la même classe. Louise essaya de ne pas penser à ce détail. Cela l’aurait rendu de mauvaise humeur. Elle regarda à nouveau le portail. Elle vit les portes s’entrouvrirent. Enfin ! Louise prit son cartable, le mit sur une seule de ses épaules, bien qu’il soit lourd. Elle éteignit son téléphone et enleva ses écouteurs tout en marchant. Elle avait hâte de le voir. Tant de choses s’étaient passées ce week-end. Toutes ces choses qu’elle devait lui raconter se bousculaient dans son esprit. Elle savait pourtant qu’elle oublierai forcément quelque chose.
C’est bon. Il se tenait là, devant la porte gauche du portail, le dos un poil courbé, comme d’habitude. Il était plutôt petit pour un adulte, mais déjà bien plus grand que Louise. Il portait un nouveau sweat (c’était rare), Levis, bleu et blanc. Il avait un jean, ses Stan Smith habituelles. Louise ne l’avait jamais vu avec une veste. Il était comme elle, il n’avait jamais froid. Ses yeux marrons observaient en alternance le stylo avec lequel il jouait dans sa main gauche et les carnets de correspondance des élèves qui rentraient dans le collège, même si il n’avait pas réellement envi de vérifier si les élèves étaient bien en possession de leur carnet. Mais après tout, il était obligé de le faire : c’était son devoir de surveillant.
Louise n’avait pas besoin de sortir le sien. Il avait confiance en elle pour ça.
« Bonjour ! prononça Louise d’un ton joyeux.
- Salut Louise, ça va ? répondit Jonathan.
Fatiguée, mais ça va. J’ai beaucoup de choses à te raconter, aujourd’hui.»
Jonathan la regarda d’un air curieux. Elle savait qu’il adorait quand elle lui racontait ses histoires d’amour, mais aujourd’hui, ses histoires n’étaient pas très joyeuses.
« C’est juste des problèmes au chapiteau, rien de très joyeux… lui dit-elle pour répondre à son regard interrogateur.
- Tu me raconteras à la récréation alors. Rien du côté de courgette ? »
Courgette. Un de leurs quelques noms de code qu’ils avaient donné à certains élèves du collège de Louise. Courgette, c’était Adrien. L’élève dont Louise était amoureuse. Enfin, elle n’était pas sûre. Dès qu’elle le regardait, elle perdait le fil de la conversation et avait un moment d’absence. Mais Adrien passait son temps à la regarder, lui aussi. Quand Louise marchait avec Jonathan dans la cours, il l’avertissait en rigolant à chaque fois qu’Adrien l’observait. Elle rougissait à vu d’œil à chacun de ses avertissements, et ça le faisait beaucoup rire.
« Non, on ne parle jamais par messages.
- Ni dans la vraie vie d’ailleurs… lança Jonathan avec une lueur d’amusement dans les yeux.
- Oui mais c’est compliqué de trouver un sujet de conversation pour aller lui parler ! » se défendit Louise.
Alice passa devant eux. « Tu viens ? demanda-t-elle à Louise.
- Non, je te rejoins en math. répondit Louise en essayant d’être le plus amicale possible. »
Alice leva les yeux aux ciels. Louise savait qu’Alice n’aimait pas qu’elle passe le plus clair de son temps avec Jonathan au lieu d’elle. C’était le sujet de nombreuses de leurs disputes.
« Tu aurais dû aller avec elle. Elle va encore t’en vouloir. lui dit Jonathan.
- Je sais… Mais je préfère rester là pour le moment. De toute façon, elle a Lætitia non ? Alice rigole bien plus avec elle qu’avec moi. Autant les laisser ensemble. répondit sèchement Louise.
- Peut-être que si tu restais plus avec Alice, il n’y aurait pas ce problème. »
Maëly, accompagnée de Marie et d’Aurélie arriva vers eux.
« Salut Louise ! »
Ce fût les premières personnes de sa classe à lui dire bonjour. Louise les appréciait énormément. Ces trois filles passaient leurs temps ensemble, toujours à rire. Louise n’avait jamais vu aucune d’elles emplis de quelques onces de tristesse. C’était ça qui lui plaisait beaucoup chez elles.
La sonnerie retentit. Louise ne bougea pourtant pas. Jonathan attendit les quelques retardataires qui couraient, puis ferma une porte après l’autre. Il sortit son badge et ouvrit le portail qui permettait d’entrer dans la cours de récréation. Ils se dirigèrent tout deux en parlant vers la grande porte du collège. « Tu viens avec moi ? demanda Louise à Jonathan. J’ai math.
- Mais il faut monter l’escalier ! rétorqua-t-il.
- S’il te plaît ! supplia Louise. »
Jonathan soupira, la suivit. Ils arrivèrent devant la porte de la salle de mathématique, en même tant que le professeur de Louise. Ils continuèrent à parler jusqu’à ce que toute la classe rentre dans la salle. « On se voit dans la cours ! » dis Louise en lui faisant un bref signe de la main. Elle rentra dans la classe en dernier, et se retourna une dernière fois pour voir la silhouette de Jonathan partir, d’une démarche un peu flemmarde, mais que Louise adorait suivre, comme d’habitude.
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