Lundi. 6H55.

La musique se lança. Louise entrouvrit les yeux. La petite fenêtre de sa roulotte lui montrait l’aurore, ainsi que la pâle lueur de lune. Louise tendit la main vers son téléphone, puis arrêta son alarme. Elle essaya de faire glisser la couverture en dessous d’elle, sans réveiller son chat. Enfin sortit de son lit, elle s’habilla avec les vêtements qu’elle avait soigneusement préparé la veille au soir. Un jean et un sweat à capuche noirs, un tee-shirt gris, des chaussettes dépareillées. Le chat lança un faible miaulement, se leva, s’étira gracieusement. Louise alla lui préparer une petite assiette de lait. Son chat en raffolait. Pendant qu’il lapait doucement son lait, Louise sortit un verre dans lequel elle versa du jus d’orange. Elle n’avait pas faim ce matin. Elle se dirigea vers son miroir, se brossa les dents, se coiffa. Elle ne savait pas quoi faire de ses cheveux. Ils étaient trop emmêlés pour les laisser simplement lâchés. Elle les attacha alors en une simple queue de cheval. Louise se rendit compte qu’elle avait oublié de préparer son cartable. Elle prit son sac bleu clair et se dirigea vers les tiroirs de son bureau. Pendant qu’elle y plaçait soigneusement les cahiers et classeurs dont elle aurait besoin durant la journée, quelqu’un toqua à sa porte. Louise cria « C’est ouvert ! » tout en fermant son sac. Une jeune fille, du même âge que Louise, entra dans la roulotte.

« - Salut Louise ! Ça va ?

- J’ai passé une mauvaise nuit, mais ça va. répondit-elle froidement à Alice.

- Ah… J’espère que tu n’est pas trop fatiguée ! Je te rappelle qu’on a entraînement ce soir ! Le prof ne sera pas content si tu es endormie comme la dernière fois. »

La dernière fois. Louise se rappelait de cette dernière fois. C’était le samedi, elle s’était rendue au chapiteau avec Alice pour son entraînement. Elles étaient nées dans ce cirque. Depuis leurs trois ans, elle s’entraînaient tous les jours. Mais Louise était beaucoup moins douée qu’Alice. Donc, samedi, Mr. Brosset, le professeur ainsi que Mr. Loyal de leur cirque, avait passé le cours à  lui crier dessus. Pourquoi ? Louise était très fatiguée, elle n’avait quasiment pas dormi. Elle faisait de l’acrobatie avec son partenaire, Malko, qui avait 3 ans de plus qu’elle. Cela faisait deux ans qu’elle s’entraînait avec lui. Mais ce jour là, samedi, elle n’arrivait pas à faire les figures demandées. Elle n’arrivait même pas à faire ne serait-ce qu’un simple arbre droit ! Alors, le faire quand Malko la porte, c’était impossible. Mr. Brosset l’avait tellement énervé qu’elle avait préféré partir avant la fin du cours, et le lendemain, elle n’y avait même pas mit les pieds.

Parlons d’Alice. Alice est une magnifique jeune fille de 13 ans (qui est donc en 4°, dans le même classe que Louise) brune, avec des cheveux longs et lisses. Elle a des yeux marrons et verts que tout le monde trouvent excessivement beaux. Elle porte toujours un peu de maquillage, du mascara et un peu de fond de teint pour cacher ses quelques boutons d’acné. Elle est très sociable, populaire et tout le monde l’apprécient. Contrairement à Louise, Alice a beaucoup d’amis. Elle passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, que Louise déteste.

Alice était née ici, dans ce cirque. Ses parents en sont les directeurs. Louise était aussi née dans le cirque, mais ses parents n’étaient plus là. Ils sont morts quand elle avait l’âge de 7 ans. Avant, elle avait encore son frère, mais il a quitté le cirque il y a de ça 1 an. Il vient la voir de temps temps, mais très rarement. Cela fait donc 1 an qu’elle vit seule dans sa roulotte. Alice reste souvent avec Louise, simplement pour faire leurs devoirs ou juste pour la voir.

Louise revint à ses esprits.

« - Bon, on y va ? Il est déjà 7h25, le bus arrive dans cinq minutes. déclara Louise.

- C’est partit alors ! N’oublie pas tes lunettes ! »

Louise les prit, les mit dans sa poche. Elle n’aimait pas porter ses lunettes. Elle trouvait qu’elle ne lui allait pas. Et puis, elle n’en avait pas réellement besoin. Sa myopie était encore faible, elle les portait seulement pour voir le tableau en cours, mais sinon jamais.

Elle prit son sac, le mit sur son épaule droite. Elle tendit la main vers les clés de sa roulotte, ouvrit la porte, fit passer Alice, referma à clé derrière elle. Comme d’habitude, elle n’avait pas prit de veste. Elle n’avait pas froid. Alice commença à marcher, Louise la suivit.

« - Tu vas venir à l’entraînement ce soir, hein ? demanda Alice.

- Oui, ne t’inquiètes pas. répondit plus chaleureusement que tout à l’heure Louise.

- Pourquoi tu n’es pas venue hier ?

- J’avais mal à la tête, je me suis dis que ça ne servirai à rien de venir, je n’aurais pas été concentrée. mentit Louise.

- Ah, d’accord »

Elles étaient arrivée à l’arrêt de bus. Elles s’assirent, et attendirent. Alice lança un sujet de discussion. La joyeuseté d’Alice fit plaisir à Louise. Elles parlèrent, le bus arriva. La journée pouvait enfin commencer.