Partie unique

Bonjour, et non, ceci n'est pas une histoire d'horreur pour Halloween, je peux comprendre que ce titre soit trompeur.
Ce que je vais raconter maintenant n'est pas une histoire inventée, mais quelque chose qui m'est vraiment arrivé, cet après-midi de 31 octobre 2017.
Je tiens à dire que je relate les faits tels qu'ils se sont passés, le plus fidèlement possible, tout comme les dialogues. Pour préserver les noms de ceux qui m'accompagnaient, je les appellerais Lucie et Henri. Bonne lecture !

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Avec deux membres de ma famille, nous étions partis nous promener dans la campagne. Il faisait un temps magnifique, un superbe ciel bleu trônait au-dessus de nos têtes, un vrai jour d'automne beau et froid comme je les aime.

Nous avions pris le chemin de promenade classique du coin, que nous connaissions par cœur, mais qui était toujours aussi agréable à parcourir. Nous devions traverser un pont bien sympathique, avant d'atteindre une petite chapelle toute mignonnette, perdue là au milieu des champs verts.

Un cimetière l'entourait. Cela peut paraître un peu étrange, mais ce petit lieu rempli de tombes me plaît. Il est intime, et comme aucune personne de ma connaissance n'y est enterré, je peux m'y promener sans ressentir la tristesse habituelle qui accompagne normalement la visite d'un tel lieu. J'aime déchiffrer les vieilles inscriptions des pierres tombales abîmées, et avec une pointe de curiosité, je me surprends à imaginer à quoi ressemblait la vie de ces gens enterrés là.

Cela peut paraître lugubre à certains, mais je ne le vois pas ainsi. Je ne suis pas fascinée par le macabre et le morbide, ni la mort en elle-même. Simplement, je suis curieuse, et avouez-le, vous avez tous déjà lu un nom sur une stèle, un monument ou quelque chose, et ensuite avoir eu l'envie de connaître la personne cachée derrière le patronyme. J'en suis certaine, et cela n'a rien d'étrange.

Lorsque nous sommes arrivés, des gens partaient, et je me rappelais que nous étions la veille de la Toussaint. Le cimetière ne serait certainement pas vide, des personnes pouvaient s'y prendre à l'avance pour fleurir les tombes. Mais il n'y avait personne d'autre, hormis cette vieille dame.

Elle avait un long manteau beige, et un bonnet rouge il me semble, mais je n'en suis plus sûre. Pliée en deux, elle arrangeait un bouquet de fleurs.

- Bonjour ! nous lança-t-elle de loin.

Nous lui repondîmes en souriant, et continuâmes.
Nous fîmes le tour des tombes, lisant les noms et leurs dates. Le cimetière s'articulait autour de la chapelle, qui en était le centre.

La vieille dame était encore là, mais sur une autre tombe, juste délimitée par une ligne de pierre. Avec un petit rateau, elle grattait la terre.
Nous nous sommes arrêtés un instant, pour la regarder faire. Elle releva la tête.

- Vous en avez, du courage, pour faire ça ! dit Lucie.
- Oh non, répondit la vieille dame, ça va assez vite. Mais c'est les lapins. On a beau planter des fleurs, ils viennent et mangent tout !

Henri et moi étions légèrement en retrait, et je sentais que cette dame avait envie de parler.

- C'est de la famille du côté de mon mari, reprit-elle en baissant les yeux vers la tombe. Je ne les ai jamais connu, mais enfin, ça ne me coûte rien. J'ai 85 ans, tant que je peux le faire, ça va.

Il y eu un léger silence, durant lequel je me demandais si son mari était enterré dans ce cimetière ou s'il était encore vivant.

- Et donc, vous, vous êtes du coin ? demanda-t-elle.
- Oh oui, on habite au village juste à côté, par là-bas, fis-je en pointant la route du doigt. Et vous ?
- Je viens du village de l'autre côté.
- Vous venez à vélo ? demanda Lucie, surprise, qui avait repéré en entrant l'engin à deux roues appuyé contre la barrière.
- Oui, j'ai 2 kilomètres 400, aller et retour.

Un nouveau petit silence, puis elle répéta un peu plus bas:

- Tant que je peux le faire, ça va.

Elle m'a regardé pendant un bref instant, et je crus percevoir toute la sagesse que ces yeux contenaient. Mais peut-être ai-je imaginé cela.

Nous la laissâmes à sa besogne en lui souhaitant bon courage, et je m'éloignais. J'eus beaucoup de mal à retenir mes larmes. Elle me faisait mal au cœur, cette brave dame, seule dans un cimetière, à entretenir des tombes, ces vestiges du passé.

Je n'ai pas l'impression que cette rencontre ait autant marqué que moi les deux personnes qui m'accompagnaient, mais moi, elle restera dans ma mémoire.
La vision de cette femme grattant la terre, arrangeant des fleurs, à son âge, je m'en souviendrais toute ma vie.

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