On me frappe. Au cas où vous ne le sauriez pas, ça fait mal. Mon dernier souvenir est une pomme. Une pomme douloureuse. J'ouvre les yeux. Je vois la fille de la Chambre, c'est elle qui me gifle, je lui demande d'arrêter. Je vois Hong, Zéa et la grand-mère. Je suis dans ma chambre, une montagne d'objets en apparence rare l'envahit. Ca doit valoir une petite fortune ! Mes oreilles daignent enfin capter des sons :

- LA-PLAINE-DU-JUGEMENT !

Là, c'est Carine. Bon, obéissons, elle me laissera peut être enfin tranquille après. Par instinct, je sens un courant d'air venant d'une autre dimension. Cette phrase a la classe ! La sensation se précise et je soulève mon tapis d'un seul coup. Bingo ! Un portail apparaît et nous voilà dans la plaine de l'autre fois. Il ne manque rien, je suis plutôt doué dis donc !

Une voix nous apostrophe :

- Babouche ! Je t'arrête pour vol et tentative de fuite ainsi que tes collègues, pour complicité !

- Je m'appelle Carine ! NOM DE ROI ! Et puis, si je me rends de moi-même, c'est pour payer ma caution ! Tu peux regarder, les 100 millions sont bien là !

- Tu t'affranchis donc, mais rien ne couvre ta fuite.

- J'en porte la responsabilité ! affirma Zéa. C'est de ma faute !

- Tu subiras donc une peine de...

- Attendez un peu ! les arrêta Hong. A combien s'élève cette nouvelle caution ?

- Vous avez déjà dépensé votre argent, comment payerez-vous ?

- C'est mon affaire ! Combien ?

- 500 000 unités.

- Et en dollars ?

- Eh bien, la conversion donne 752 154 dollars terriens.

- Je les ai ! Je paye la caution ! Sur quel compte dois-je virer le tout ?

- Si vous avez le compte juste alors voici les formalités...

Pendant qu'ils discutaient « administratif », Gariguette, le Slime, demanda à David :

- D'où sort-il cet argent ?

Et le Passeur, dubitatif :

- Je n'en sais rien.

Et Zéa :

- Il nous arrange bien, j'ai une dette envers lui. Comment a-t-il fait ? Je me le demande.

Et Carine :

- Je crois avoir ma petite idée... Cependant, je n'aurais jamais pensé pouvoir avoir des problèmes pour une simple évasion...

- Sans rire ? Tu pensais qu'une évasion était annulée si tu revenais ?

- Bah oui.

- Et ça se prétend stratège...

Les virements bancaires terminés, la voix de la Plaine du Jugement leur annonça :

- Vous êtes désormais libres ! Ne faites plus de crimes et tout ira bien !

- Pas encore !

C'était la Protectrice :

- Hong ! Tu n'as pas honoré le marché !

- Vous êtes de mauvais de foi, j'allais justement le faire !

- C'est trop tard !

- Pardonnez moi, mais vous n'avez jamais précisé de limite de temps !

- Il a raison, l'approuva la Voix.

- Merci mon ami, par contre, libre à vous de me retirer ce que vous m'avez donné, car, je l'avoue, j'ai joué sur les mots.

- Quelle est le but de cette démarche ?

- Ne pas garder d'ennemi chez les Protecteurs.

- Mouais... Hong, je te retire ce que je t'ai octroyé !

- Parfait ! Maintenant, je ne suis plus obligé d'honorer le marché, bye !

- Je me suis encore faite avoir ! C'est une insulte à un Protecteur !

- Tu t'es juste fait roulée à cause de ta bêtise, remarqua la Voix.

- Pourquoi les soutiens-tu, Voix du Jugement ?

- Primo, je me dois d'être impartial, et secundo, j'ai énormément de respect pour le Chieur David, alors je me devais de le montrer en aidant ses amis.

- Foiré !

Le groupe n'entendit pas cette injure, déjà retournés dans la chambre du Passeur.

- C'est la fin d'une aventure, commenta David.

- Tu peux toujours voyager, tu sais, répliqua Babouche.

- Ne me dis pas que je vais me retrouver encore dans ton ancienne Chambre sans le vouloir !

- Pour tout te dire, on m'avait effacé la mémoire pour une raison précise...

- Ne pas mourir de honte, je sais.

- Noooon, ce n'est pas ça ! Le but était de me faire oublier que l'on m'avait installé un traceur dans mon corps, de sorte d'attirer d'éventuels Passeurs. J'aurais pu me trahir, ce qui aurait tout compromis !

- Pas bête du tout, dit Hong. Vous aviez tout prévu en somme.

- On ne l'appelle pas la Stratège de l'Île Cosmique pour rien ! s'exclama Gariguette en donnant une bourrade à la concernée.

- Le traceur est à présent désactivé, reprit cette dernière. Tu peux donc voyager à ta guise à travers les dimensions.

- N'y vois pas de lâcheté, mais je vais suivre mon instinct de survie et rester sur notre bonne vieille Terre.

- Moi aussi, enchaîna Hong. Avec le capital que j'ai obtenu grâce au pouvoir des Protecteurs, ça serait bête de ne pas en profiter.

- Comment ça ?

- Eh bien, avant de me téléporter dans ta chambre, j'étais à Las Vegas et donc, j'en ai un peu profité... Je suis à présent à la tête d'une fortune de 44 milliards de dollars.

- Pardon ?

Je suis l'ami d'un multimilliardaire ! C'est la fête !

- Que vas-tu faire de tout cet argent ?

- Essayez de changez les choses, et, si je ne peux le faire, au moins les améliorer, il existe chez nous de nombreuses personnes dans le besoin, j'aimerais les aider.

- Quel grand homme ! Tu m'impressionnes !

- Merci du compliment.

- Je peux t'aider ? proposa le Passeur.

- Avec joie !

- Bon, nous on vous laisse, notre terre natale nous attend, les avertit Zéa.

- Oskordio, c'est ça ?

- Exactement ! Bye !

Sur ces paroles sans fioritures, elles disparurent, telle une parenthèse que l'on ferme. Je suppose que l'on se reverra, ou peut-être pas, seul l'avenir nous le dira. C'est étrange, je ressens une petite douleur dans un coin de mon cœur. Serais-je triste ? Sans doute. Maintenant, ma vie va reprendre son rythme normal, ou presque. Hong commence à faire la liste des projets à réaliser pour changer le monde. J'ai un pouvoir et lui de l'argent, que nous faudrait-il de plus ? Mais d'abord, j'aimerais bien me coucher...

FIN...