Histoires de Scrabble 2

Chapitre 2

La partie est finie. J'ai gagné. Pour une fois. Gaston a un don pour ce jeu, il m'a fallu une chance extraordinaire pour vaincre. Le nombre de partie où il m'a défait est incalculable. Je retourne auprès de mon if. Enfant, je me cachais dans son feuillage pour que les adultes ne me trouvent pas. En ce jour, ce sont des aras qui y ont élus domicile. Que j'ai lutté pour que le nouveau jardinier l'épargne ! Avec tous les outils électroniques qu'il amène, je me sens totalement largué.

Depuis que la monarchie a été abolie, je ne possède plus aucune valeur bancaire. En parlant finance, ça me rappelle mes études en économie. Pour rien au monde, je n'y retournerais, les journées étaient si loooooongues. Seuls les parties de whist enjolivaient notre quotidien morne. Un de mes amis, qui n'avait plus rien pour parier sur les résultats de la partie, avait ressorti les yens qu'il avait acquis lors d'un voyage en Chine. La tradition voulait à l'époque que celui qui accueillait prépare la sèche farcie dont nous raffolions tous.

- Mme Descartes a téléphoné monsieur le baron, dit Gaston, me sortant de ma rêverie. Elle a annoncé qu'elle arriverait demain vers midi.

- Merci mon très cher majordome.

Lui seul comprend, que nous autres, nobles, aimons être appelé par notre titre.

Valentine Descartes... Le simple fait de baiser sa main vous faisait de cet effet. Tous les plus beaux vases du monde ne faisaient que pâle figure en comparaison.

Je rejoignais Louise à côté de l'étang. Gaston m'avait un jour raconter que petite, ses parents l'avaient éduqué pour qu'elle travaille comme écuyère/palefrenière.

- Qui garde mon cheval, ma chère ?

- Ne vous inquiétez pas, votre bête adorée est sous bonne garde. J'ai installé des caméras et je peux la surveiller grâce à cet écran, déclara-t-elle en me montrant une sorte de plateau.

- Ah très bien... Et que faites-vous s'il arrive quelque chose ?

- J'appelle ma moto et je fonce aux écuries.

- Tu mens ! Une moto ne répond pas quand on l'appelle !

- Si. Grâce aux nouvelles technologies.

- Je m'y perds dans vos nouveautés, tout cela n'est que superflu.

- Et connaître l'alphabet grec, ce n'est pas superflu, delta, iota, phi, khi, psi, xi et tutti quanti... Usez vous donc de tout ce "savoir" ?

- Humm, cela est vrai. Mais parlons d'autres choses. J'ai vu que vous prenez des vacances en mai.

- Oui, les noces de ma cousine au Jura. Cependant, Meuuussieur, vous ne pouvez pas comprendre que je puisse allez sur le continent, ilien comme vous êtes.

- Oh la paix. Nous nous opposons donc sur tous les sujets ?

- Quand vous êtes comme cela, oui. Je vous préfère avec l'esprit plus jeune.

Je quitte Louise, je déteste aborder ce sujet. C'est l'heure de ma visite à l'hôpital. Alfred doit m'attendre.

- Bonjour vieille branche, l'interpelai-je.

- Le baron est à l'heure aujourd'hui.

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme cela. Va-t-elle mieux ?

- Votre... Mère Elisabeth est dans un état plutôt stable. Le choc qu'elle a reçu l'a durement touchée, mais elle se souvient maintenant de vous.

- C'est un bon progrès. Je la rejoins

Je franchis les nombreuses portes de l'hôpital et arrive à sa chambre.

- Bonjour Mère. Allez-vous bien aujourd'hui ?

- Parfaitement. Je t'attendais avec impatience. Que dis-tu d'une petite partie de Scrabble ?

- Avec joie, ma mère, avec joie.

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