Histoires de dessins 2
On change de registre pour partir loin en arrière dans le temps, à l'ère des Vikings ! L'histoire d'aujourd'hui m'a été inspiré du dessin d'une jeune viking, par Velkia (25 juillet 2017) ! Je me suis alors demandé comment une jolie fille comme elle, frêle comme tout, aurait pu survivre dans ce monde de brutes, alors voici son histoire !
Les légendes nordiques nous content souvent les aventures de vikings impitoyables, de chefs de guerres immortels, ou encore d'explorateurs de génie. Peu importe leurs vies, on ne retiendra que leurs hauts faits, leurs coups d'éclats, leur puissance militaire impressionnante. C'est sans doute pour cela qu'est tombée dans l'oubli une dénommée Caldia, dont je vais à présent vous conter l'épopée...
Peu de récits nous sont parvenus traitant de sa vie, si bien qu'on en sait très peu sur sa jeunesse. Fille d'un guerrier du Clan des Drakkars de Sang, sa mère n'eut pas la chance de la voir grandir. Dès l'âge de six ans, et suite au décès des derniers membres de sa famille, seul lui reste son père. Il la prend sous son aile, à bord d'un navire du Clan sortant tout juste de l'atelier. Malgré son agilité et sa ruse, elle ne dispose pas de la force nécessaire pour s'imposer et sera désignée d'office comme une matelote à tout faire, perpétuellement en retrait.
Grâce à son père, elle vit en paix sur le drakkar et s'occupe scrupuleusement de toutes les taches qu'on lui confie. Son Clan décimera de nombreux villages sous les ordres de leur chef, Trammur la Bête, sans qu'elle en soit inquiétée. Vient hélas le jour où un Clan rival leur tend un piège dans le Fjord des Hurlements, piège dont elle ne survit que de justesse, grâce à un radeau improvisé.
Les noms de ceux qui survécurent avec elle ce jour-là retentissent encore aujourd'hui. Ils sont les membres fondateurs du Clan des Hurlements, qui dominera à lui seul toute la côte ouest de l'actuelle Norvège pendant une longue décennie. Une des raisons de leurs victoires successives sur les Clans adverses tiendrait en une étrange escouade, aussi vicieuse que surprenante. Vous l'avez deviné, c'était bel et bien Caldia qui était à la tête de ce régiment bientôt surnommé les Sorciers des Ombres.
Nous n'en sommes pas encore là cependant, revenons d'abord à notre fameux radeau. La toute jeune Caldia, alors âgée de treize ans, vient de s'y réfugier. Malgré toutes les recherches possibles, elle ne retrouvera jamais son père dans les décombres flottants des Drakkars de leur Clan annihilé. Six personnes la rejoindront sur son embarcation de fortune, six hommes transis de froid qu'elle s'occupera de soigner autant que possible. Un d'eux ne tiendra pas la nuit, l'Histoire n'a pas retenu son nom.
Au petit matin, le radeau les déposa sur un rivage vierge, où demeurait une maison en apparence habitée. Encore affaiblie, la petite troupe tenta d'y demander asile, pour s'apercevoir qu'y résidait Gujd'ar, le chef sanguinaire d'un Clan ennemi, ainsi que ses deux acolytes. En reconnaissant les armures des guerriers qui accompagnaient Caldia, Gujd'ar ne put s'empêcher de sourire : il avait justement une faim de loup, ce matin. Il empoignait sa hache de guerre pour faire des civets des survivants du Clan des Drakkars Sanglants quand un poignard se planta dans son cou épais. Sortie de nulle part, la lame lui sectionna sûrement la carotide, car, selon les récits, il ne tint pas deux secondes de plus debout. Ses deux sbires n'eurent pas le temps de comprendre qu'un second poignard les transperçait sans hésitation. Les yeux grands comme des assiettes, les vikings virent réapparraître Caldia devant eux, là où volait l'instant avant le poignard ensanglanté.
Tout porte à croire que la jeune Caldia maîtrisait la magie d'invisibilité. Seuls les détraqueurs diront que les légendes sont exagérées et que tout cela n'était que foutaises destinées à effrayer les autres Clans. A vous de choisir l'histoire que vous préférez.
Pour l'instant, les cinq guerriers devaient la vie à Caldia et décidèrent de la placer sous leur protection. Après cet incident, Caldia disparaît des récits, comme si on avait caché son existence pour lui donner le temps de grandir.
On retrouve des écrits la mentionnant cinq ans plus tard. Un voyageur ambulant pris dans une bataille inopinée aurait été secouru par Caldia lors de la Rixe du Tumulus des Anciens. A partir de là, la jeune femme s'illustrera dans deux conflits majeurs pour le Clan grandissant des Hurlements en assassinant deux chefs de guerre ennemis. Un pacte de la même année mentionne la formation d'un régiment annexe au Clan, avec une jeune femme extraordinaire à sa tête. Nous ne connaissons ses déplacements et ses membres que par les commerces que Caldia pratiquait pour réapprovisionner son Clan. Peu d'hommes ne pouvaient alors négocier avec elle. Ils finissaient généralement par se réveiller le lendemain, sourire aux lèvres et complètement abrutis, avec un contrat à leur désavantage signé de leur main.
Nous ne devinons ensuite l'histoire de Caldia que par les récits de la montée de puissance du Clan des Hurlements. Deux chroniqueurs de l'époque relatent cependant deux épisodes de sa vie. Le premier est un extrait d'un journal traitant de la remise de butins après la Bataille des Deux collines :
« (...) devant le Chef du Clan des Hurlements Herod le Terrible, tous ses guerriers étaient passés. Pourtant, il continuait d'attendre, alors que tout le monde s'éparpillait. Une jeune femme fendit alors la foule, suivie de trois hommes murs et d'une autre femme d'un âge certain. Portant une grande cape de fourrure avec l'armure du Clan, son casque à trois cornes était orné d'une gemme que je ne reconnut pas. La vingtaine passée, elle sourit en voyant Herod alors que sa longue tresse flottait au vent. Sans respecter nullement le protocole, elle s'avança vers lui et il la prit dans ses bras chaleureusement. Je ne fus pas le seul surpris, mais des vétérans nous firent signe de retourner à nos activités. Dévoré par la curiosité, je vis Herod féliciter personnellement chaque membre de cette troupe insolite que je ne connaissais nullement. On leur remit à chacun plus que le butin que pouvait espérer un guerrier pour trois batailles. Ils partirent ensuite sans cérémonie après que la jeune femme à leur tête ait empoché un parchemin de la main de Hérod. Je tentais de les suivre, mais ils disparurent littéralemment à mes yeux, pour mon plus grand regret. »
Sur le contenu de ce parchemin, nous ne pouvons que spéculer. Peut-être était-ce une demande d'assassinat, une autorisation pour un quelconque tribut, ou encore un droit de passage, nous ne le saurons sans doute jamais. Pour ce qui concerne le deuxième épisode de sa vie que j'avais mentionné, il faut s'intéresser à ce qu'a écrit le célèbre colporteur Joufflo bien des années plus tard. Il parle en ces termes d'une maison au sommet d'une falaise, au-dessus du Fjord des Hurlements :
« Au détour d'un voyage, je passais près du fameux Fjord où furent défait les guerriers des Drakkars de Sang et où naquit le Clan des Hurlements. Devant ce lieu mythique pour moi, je m'autorisais une minute de silence quand une odeur vint chatouiller mes narines. Intrigué, je tournais la tête pour voir une demeure coquette plus haut, que je n'avais pas remarqué jusqu'à présent. Attiré par le fumet appétissant qui en provenait, je décidais de m'y diriger. A la moitié du chemin, je dus cependant m'arrêter : je me sentais comme observé. Je regardais tout autour de moi, mais rien. Pas une silhouette, pas un bruit de pas, pas une respiration, j'étais seul. Toujours obsédé par cette sensation dérangeante, je me remis à marcher et atteignit sans problème aucun la maison. En collant mon oreille à la porte, je n'entendis rien à l'intérieur du logis qui aurait laissé pensé qu'il était habité, hormis le crépitement d'un feu de cheminée. Cela, je le savais déjà par la fumée que j'avais pu observer, mais ce silence m'angoissait sans que je sache pourquoi. Une voix me parla soudainement derrière moi et je bondis de surprise. « Vous cherchez quelque chose ? », voilà ce qu'avait dit la vieille femme apparut dans mon dos sans que je ne l'entende arriver. Je me retournais vivement pour lui faire face et quelque chose en elle me rappela les histoires de mon enfance. Je ne saurais être affirmatif sur cette déclaration, mais j'étais persuadé d'avoir devant moi la célèbre Caldia, l'ancienne chef de feu mon père, ancien membre des Sorciers des Ombres. Incertain, je ne pus que bégayer un « Ca, ça sent bon chez vous ». Elle me sourit et m'invitait à entrer. La suite, elle ne souhaita pas que je le retranscrisse, alors je le garderait jalousement pour moi... »
Par cette dernière phrase, il y a de quoi s'imaginer bien des légendes, Caldia étant resté jusqu'à la fin de sa vie ce qu'on nomme aujourd'hui une femme de l'ombre. Encore aujourd'hui, l'emplacement du Fjord des Hurlements reste inconnu et sa légende intacte. Qui sait ? Un jour, peut-être en apprendrons plus sur elle...
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Cette histoire n'aurait pas existé sans le dessin de Velkia que je remercie bien bas ! Si vous souhaitez voir son travail (et la viking nommée Caldia), jetez un œil à sa page Facebook :
https://www.facebook.com/Velkiart/
Ma troisième Histoire de Dessins est presque finie, alors à bientôt !
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