3. Gérer un problème de zombies


Elizabeth était dans le parc du manoir en train d'essayer de se calmer. Elle entendait sans cesse la voix de Darcy dire à son ami ce qu'il pensait d'elle. La rage se disputait avec l'inquiétude dans son cœur. Angoisse pour ses parents. Si sa mère était mise au courant de son attitude, ce qu'elle ne manquerait pas d'être par ses amies médisantes, elle n'oserait plus sortir dans le village de Longbourn par honte.

En attendant les ordres maternels, Elizabeth tournait en rond autour d'un feu de camp allumé dans le jardin en murmurant des insultes envers le soldat. Si Mr Bingley avait animé l'intérêt de sa sœur, elle-même ne ressentait que répulsion pour ce Mr Darcy.

— Lizzie ? Fit une voix derrière elle.

Elle savait au moins que ce n'était pas sa mère : cette dernière aurait énuméré chacun de ses prénoms en terminant par son nom pour bien montrer sa fureur. Non, cela devait être Jane. Elizabeth se retourna et l'observa quelques instants, les bras croisés. À sa vue, elle se rappela tout ce qu'elle n'aurait pas dû faire. Ce que son statut de jeune fille à marier impliquait. Mais aussi ce que ce colonel avait osé dire.

— Je n'irai pas m'excuser devant lui ! S'écria-t-elle en décroisant les bras. Il l'a mérité ! Bon, tempéra-t-elle devant le regard inquiet de sa sœur, je ne pouvais pas savoir qu'il réagirait aussi vite pour esquiver. Mais si tu avais entendu ce qu'il a dit, si tu voyais sa manière d'agir !

— Lizzie ! Je ne vais pas te juger pour ce que tu as fait, mais si tu ne vas pas t'excuser devant Mr Darcy, va au moins le faire pour la sœur de Mr Bingley.

Elizabeth baissa la tête puis la releva pour dire :

— Bon, mais juste à elle d'accord ?

— Promis, répondit Jane en riant. Mais avant, dis-moi ce qu'il chuchotait à Mr Bingley, s'il te plaît.

— Il disait des horreurs sur nous ! Sur moi ! Tempêta Elizabeth, de nouveau furieuse. Que sait-il sur moi, ce soldat ? Qu'il retourne à Londres tuer des zombies et qu'il arrête de nous critiquer, de me critiquer !

— Calme-toi Lizzie... Tenta sa sœur aînée. Je n'aurais pas dû te poser la question...

— Non mais l'as-tu bien observé ? Poursuivit la jeune fille, toujours aussi véhémente. Du noir pour un bal, c'est plutôt pour un enterrement... Mais quel genre d'homme est-ce donc ?! Ce n'est qu'un bourgeois qui aime se vanter de sa richesse devant tous en feignant de ne pas s'intéresser aux femmes. Au moins, Mr Bingley est un gentleman par rapport à lui.

Jane plaqua une main sur la bouche d'Elizabeth, de peur qu'une personne l'entende, et regarda autour d'elle. Elle ouvrit de grands yeux en voyant Mr Darcy rebrousser chemin vers la salle de bal d'un pas rageur.

— Veux-tu bien te taire s'il te plaît ? Je crois que Mr Darcy t'a entendue.

— Si tu savais comme je me fiche de son opinion ! Je crois déjà savoir ce qu'il pense de...

Un cri interrompit la déclaration d'Elizabeth et les deux sœurs tournèrent la tête instantanément vers le lieu de réception en dégainant leurs épées. Un léger signe de tête de l'aînée fit comprendre à Lizzie que c'était sans aucun doute l'attaque que tout le monde redoutait. Chacune d'elles se placèrent discrètement de chaque côté de la porte puis Elizabeth donna un grand coup de pied pour les ouvrir brutalement. Plusieurs zombies attaquaient les convives, les mordant où ils pouvaient et les contaminant. Les cris des assaillants se mélangeaient à ceux des invités terrifiés.

Jane marchait aux côtés de sa sœur cadette en donnant des coups de sabre à ceux qui se mettaient en travers de son chemin et n'hésitait jamais à donner un coup, fût-il vicieux.
Lizzie, quant à elle, voyait trois zombies s'approcher d'elle, et elle sourit, narquoise. Ses bras grands ouverts comme pour les accueillir se refermèrent brutalement dès qu'ils s'approchèrent, tranchant par la même occasion les gorges infectées.
Elle remit ensuite une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles pour éviter d'être gênée... et partit aider sa sœur qui était dans une posture fâcheuse, enfonçant ses deux lames dans le ventre d'un ennemi pour sortir ensuite sa dague et la planter dans son front tout en tournant vivement la pointe tranchante pour atteindre plus profondément encore le cerveau.

Alors qu'il venait s'excuser auprès d'Elizabeth pour ses paroles -après lourde insistance de son ami, pour être honnête-, Darcy avait surpris les propos de la jeune fille et était retourné près de son ami, tout prêt à se répandre en reproches. Mais des cris de terreur l'avaient détourné de son but. Et cela venait de la salle de bal.

Il n'avait pas hésité un seul instant et était retourné dans la salle de bal, sabre dégainé, Bingley près de lui. Mais il resta saisi devant la vision qui s'offrait à lui. Jane qui se battait sans relâche contre trois zombies. Mais ce qui attira automatiquement son regard fut la deuxième fille des Bennet : vive et prompte, l'épée de Lizzie sifflait à chaque fois qu'elle s'abattait sur un ennemi. Son corps évitait toutes les morsures que les zombies voulaient infliger, mais le plus beau était son visage transformé. Alors qu'il n'avait aperçu que de la haine à son égard, il découvrait une toute autre facette d'Elizabeth, la joie de se battre, le plaisir de savoir se défendre. Les yeux fixés sur ceux de la jeune fille qui brillaient d'énergie, et il en fit part à son ami qui lui observait d'un œil ébahi Jane :

— Son visage... Est rendu singulièrement intelligent par la magnifique expression de ses yeux sombres... Force m'est d'admettre que sa silhouette est à la fois délicate et pleine de grâce... Et que ses bras aux muscles surprenants ne gâtent absolument pas sa féminité.

Son ami le regarda d'un air surpris, l'œil rond. Jamais encore il n'avait entendu Darcy tenir des propos aussi flatteurs envers une femme. Bien au contraire. Généralement, il les méprisait de par leur manque de culture ou leur inaptitude au combat. Il tourna son regard vers le carnage et vit Jane et sa sœur essuyer le sang sur leurs armes.

Elizabeth rangeait ses épées et sa dague pour ensuite remettre en ordre ses habits essayant de paraître bien vêtue malgré sa robe déchirée au niveau de sa cuisse. Elle releva la tête en entendant du bruit et observa Mr Bingley qui s'avançait vers Jane pour lui prendre la main. Elle sourit légèrement devant ces deux jeunes gens timides puis se figea en sentant un regard sur sa nuque. Elle se tourna et aperçut Mr Darcy qui l'observait, l'œil sombre, la main toujours sur le pommeau de son épée. Elle le regarda quelques instants, froide, avant de dire d'un ton sec :

— Nul besoin de passer pour un courageux Mr Darcy. Nous avons fait le travail... A votre place !

Puis elle se tourna vers Mr Bingley, lui communiqua ses excuses pour sa sœur avant de marcher vers la sortie en lançant un regard à Jane pour l'inciter à partir. Cette dernière contempla Mr Bingley et lui sourit avant de lui déclarer :

— Nos parents doivent nous chercher pour rentrer chez nous.

— Alors j'espère vous revoir très vite Miss Bennet, surtout que nous devons avoir une deuxième danse ensemble. Affirma Charles Bingley en souriant et s'inclinant légèrement.

Jane lui fit une révérence avant de partir avec sa sœur qui jeta un dernier regard empli de colère vers Mr Darcy. Ce dernier s'inclina légèrement sans montrer d'émotions.
Pourtant, il n'en pensait pas moins. La famille Bennet était vraiment de trop basse condition pour que son ami s'intéresse à une de ses filles, il trouvait sa mère hautaine, cupide et savait qu'il devrait faire attention à ce qu'elle manigançait. Maintes fois il avait évité à son ami de commettre des impairs malheureux -comme des mariages- avec des demoiselles n'en voulant qu'à sa fortune. Alors, s'il apprenait que Jane Bennet était pareille aux autres -ce qui devait être le cas si l'on considérait sa mère-, il préviendrait son ami et éviterait de le faire souffrir en s'engageant avec une demoiselle avide d'argent.

Bingley s'approcha de Darcy et lui sourit en disant :

— Nous devrions y aller.

— Je finis juste quelque chose et j'arrive. Tu n'as qu'à m'attendre dehors.

Quand son camarade fut parti, Darcy s'approcha d'un zombie et l'observa longuement. Il leva soudain le pied et l'abaissa brutalement, lui éclatant ainsi le crâne.

— Ça, c'est pour nous avoir attaqués.

Il s'approcha d'un autre corps et fit la même chose en déclarant :

— Ça, c'est pour exister.

Enfin, il s'approcha d'un dernier corps et écrasa plusieurs fois le crâne en murmurant :

— Et ça, c'est pour cette fichue Elizabeth !

Il haussa rageusement les épaules, essuya sa chaussure sur le tapis et rejoignit Bingley pour rentrer ensemble à Netherfield.

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