Chapitre 34 : Problème & solution


Eden, bouche bée, regarda la jeune femme, une nouvelle fois dépassée par l'attitude singulière et les propos énigmatiques de celle-ci. Lorelaï, cependant, ne prêtait déjà plus aucune intention à la louve, sortant de la pièce précipitamment, sans lui adresser un mot ni même un regard. 

La sorcière était bien trop accaparée par sa découverte pour rester connecter au monde tangible, elle avait enfin l'indice qu'elle avait chercher avec tant d'ardeur ces derniers jours. Rien d'autre ne comptait en cet instant. 

Au bout de quelques pas, la jeune femme éreintée chancela, comme si ses jambes refusaient de la porter plus loin. Ses membres, alourdis par le fardeau insoutenable des regrets, semblaient désormais enlisés, engloutis par la marée implacable de culpabilité. Chaque pas devenait une lutte, chaque mouvement exigeait un effort supplémentaire dans cette bataille épuisante contre ses propres démons qui la pourchassaient sans relâche.

La réalité se diluait peu à peu, échappant inexorablement à sa prise. Le monde extérieur se déformait, se tordant comme si elle l'observait depuis les abîmes insondables de son être tourmenté. Les couleurs perdaient leur éclat, se diluant dans des teintes ternes et sans vie. Les sons s'affaiblissaient, comme des murmures lointains qui se perdaient dans le silence assourdissant. Elle se sentait de plus en plus étrangère, détachée de ce monde qui autrefois était le sien, une spectatrice impuissante, comme une âme déjà morte à l'intérieur.

Lorelaï était perdue dans les ténèbres, plongée si profondément qu'elle ressentait dans chaque fibre de son être l'écho sombre de la tempête qui grondait en elle. Dans cet océan sans fin de remords, la sorcière luttait désespérément pour respirer, submergée par une sensation d'oppression implacable. Chaque inspiration représentait un défi insurmontable, comme si des poids invisibles comprimaient sa poitrine, lui volant l'air vital nécessaire à sa survie. Les images de ses erreurs passées se superposaient, se déformaient et se mélangeaient dans un ballet chaotique, créant un tourbillon douloureux dans son esprit tourmenté. Des échos de voix accusatrices résonnaient à ses oreilles, amplifiant la cacophonie infernale de ses pensées torturées. La noirceur la harcelait sans répit, se nourrissant avidement de sa détresse, s'enivrant de sa souffrance.

Submergée par un torrent d'une douleur infinie, chaque vague déferlait en elle avec une intensité implacable. L'angoisse s'emparait de son être, étreignant ses entrailles et tordant ses tripes dans une étreinte douloureuse. Sa main tremblante se tendit pour saisir le mur, cherchant un soutien fragile, tandis que ses paupières se fermèrent dans une tentative désespérée de reprendre le contrôle de ce corps qui lui échappait chaque jour un peu plus. Il semblait avoir sa propre volonté, refusant de se soumettre à ses ordres, comme un navire errant sans capitaine à la dérive. 

Son cœur, habituellement un tambour régulier, s'emballait comme un battement sauvage, tambourinant avec fureur contre les parois de sa cage thoracique. Chaque pulsation était un rappel douloureux de sa propre existence, une symphonie chaotique qui résonnait dans ses tempes. Elle avait l'impression que même son propre rythme cardiaque s'était rebellé, se révoltant contre elle, exacerbant sa détresse et sa confusion. Elle inspira profondément, l'air s'engouffrant douloureusement dans ses poumons hostiles à cette intrusion.

Mais au milieu de cette tempête intérieure, un phare brûlait avec une intensité éclatante : le sauvetage de Keiko. C'était comme si chaque pas vers celui-ci était un souffle d'air frais dans ses poumons asphyxiés, un éclair d'espoir dans la noirceur de son esprit tourmenté. Sauver son amie était plus qu'une simple mission, c'était une nécessité, une bouée de sauvetage pour son âme déchirée, une opportunité de rédemption qui lui permettrait de se rapprocher de la surface et de trouver enfin la paix qu'elle désirait tant.

Forte d'une résolution nouvelle, Lorelaï se mit à préparer avec une efficacité remarquable le rituel qu'elle avait déjà accompli quelques semaines auparavant. Ses gestes étaient d'une fluidité maîtrisée, précis et gracieux, telle une danse sacrée où chaque mouvement avait sa place. Les paroles qu'elle prononçait résonnaient avec une assurance inébranlable, comme une mélodie familière qui réveillait les forces anciennes en elle. La puissance de l'incantation grandissait, emplissant l'air de vibrations mystiques. À mesure que le rituel progressait, une sensation singulière s'emparait de Lorelaï. Comme si les chaînes de la réalité terrestre se desserraient peu à peu, elle ressentit une légèreté exaltante, une libération de son être profond. Son esprit s'élevait au-dessus des contingences physiques, transcendant les barreaux de sa prison charnelle. 

Cette évasion spirituelle apportait un réconfort indescriptible, une douceur salvatrice qui se répandait dans chaque fibre de son être. Elle se sentait enfin libre, affranchie du linceul de son corps étouffant. Les poids de la fatigue et des épreuves passées semblaient s'envoler, remplacés par une légèreté céleste. Une insouciance exaltante enveloppait chaque fibre de son être, effaçant les douleurs passées et les chaînes qui l'avaient retenue captive. Un sourire radieux illuminait son visage, reflétant la sérénité retrouvée au plus profond de son être. 

Pour la première fois depuis des semaines elle était à nouveau elle-même, comme si elle se réveillait d'un long sommeil teinté du cauchemars qu'était sa vie. Alors qu'elle parcourait les différents plans, le paysage chimérique et rassurant se apparût rapidement devant elle. Dans cet univers onirique, Lorelaï se sentait enfin chez elle. Chaque instant était empreint d'une magie vibrante, d'une connexion profonde avec les forces mystérieuses de l'univers. Elle savourait ce moment précieux, s'imprégnant de la beauté qui l'entourait, sachant qu'elle avait trouvé un refuge où son esprit pouvait se ressourcer et respirer librement à nouveau.

« Je t'attendais ma douce enfant... » Déclara son arrière-grand-mère d'une voix douce, son regard bienveillant empreint d'amour et de sagesse brillant d'une lumière intérieure éclatante.

« Bonjour Catleen ! » Répondit Lorelaï avec un sourire sincère, illuminant son visage d'une lueur d'espoir retrouvé. C'était un moment de retrouvailles, une connexion spéciale qui transcendait le temps et l'espace.

« Je suis si fière de toi mon enfant. Tu as survécu avec brio à une épreuve des plus ardues, là où beaucoup ont succombés. Ta volonté m'impressionnera toujours. » Confia son aïeule d'une voix empreinte d'admiration et d'affection.

L'éloge de son aïeule fit naître une contradiction d'émotions au sein de Lorelaï. Une grimace involontaire se dessina sur son visage, trahissant sa gêne et sa honte face à ce que son ancêtre considérait comme une prouesse et pire encore, d'avoir été témoin de ce qu'elle considérait comme ses propres échecs.

« Je suis tellement embarrassée que vous ayez assisté à tout cela... » Murmura Lorelaï, baissant la tête dans une posture de vulnérabilité. Catleen posa une main douce sur l'épaule de Lorelaï, cherchant à apaiser ses tourments.

« Tu n'as aucune raison de l'être, crois-moi ! Il faut absolument que tu te pardonne. Tes actes durant cette période n'était de ton fait seul, ne l'oublis pas. ils ont été dictés, imposés à ta volonté par le péché de luxure. »

Malgré les paroles réconfortantes de la matriarche, Lorelaï ne parvenait pas à se défaire totalement du sentiment de responsabilité qui la rongeait. Chaque mot prononcé, chaque action commise sous l'emprise de la bague maudite se gravait profondément dans sa mémoire, telle une blessure qui refusait de se refermer. Les souvenirs défilaient devant ses yeux, comme des images douloureuses et troublantes. Le mal qu'elle avait causé, la peine qu'elle avait infligée; avaient persisté, bien au-delà des effets de l'artefact sur elle. Elle se souvenait encore du visage déformé par la souffrance de Liam quelques heures plus tôt à la simple mention de cette période. Le vampire avait tenté de lui dissimuler mais elle avait pu entrevoir le chagrin dans ses prunelles vertes.

Elle sentait encore l'écho des paroles dévastatrices qui avaient quitté sa bouche, comme des lames acérées qui avaient atteint le cœur de Castiel. Chaque syllabe chargée de venin résonnait dans son esprit, lui rappelant l'impact destructeur de ses propres paroles. Elle voyait encore l'éclat de souffrance brute et de trahison dans les yeux du lycan. Les gestes séducteurs qu'elle avait osé entreprendre à l'encontre de son professeur et ancien amant s'inscrivaient dans sa chair, un mélange de désir et de honte qui la submergeait encore. La manipulation d'Ethan pour satisfaire ses désirs égoïstes pesait sur sa conscience, comme une brûlure cuisante. Les images de l'innocence du jeune homme volée par ses machinations tortueuses lui renvoyaient une image déformée et hideuse d'elle-même, une version corrompue qu'elle avait du mal à accepter. Et enfin, la décision consciente de se jeter tête baissée dans une relation dégradante avec cet l'inquisiteur. Cet homme avilissant dont les atrocités avait déjà engendré tant de douleur, la plongeait dans un abîme de culpabilité et d'autodestruction. 

La bijou avait été l'étincelle insidieuse qui avait allumé le brasier destructeur, mais Lorelaï se confrontait à la dure réalité que le véritable incendie, le véritable bourreau, c'était elle-même. Tout ceci était de son fait. Toutes les émotions qu'elle avait pu ressentir, étaient les siennes. Non elle ne méritait aucun pardon, aucune absolution pour tout ceci. 

Un soupir empreint de lassitude s'échappa des lèvres de Lorelaï, trahissant le fardeau émotionnel qui pesait sur elle. Les épaules affaissées, elle se sentait comme une marionnette désarticulée, contrainte par les fils invisibles de ses propres actions. Elle aurait donné n'importe quoi pour pouvoir revenir en arrière, effacer les traces de son passage et réparer les dégâts qu'elle avait causés.

« Mon seul réconfort c'est que toute cette histoire soit enfin derrière moi... » Murmura-t-elle d'une voix à peine audible, empreinte d'une lueur d'espoir fragile.

Un silence pesant, épais comme une fumée suffocante, fut la seule réponse de son aînée à sa déclaration. Les secondes s'étiraient, amplifiant la tension déjà palpable dans l'air. Ce mutisme malheureusement des plus équivoques se refermait autour d'elle comme une chape de plomb, accentuant son sentiment d'isolement.

Dans une tentative désespérée de venir contredire ses sombres suppositions, Lorelaï fixa son interlocutrice d'un regard suppliant. Ses yeux, emplis d'une détresse profonde, brillaient d'une lueur implorante tandis qu'elle murmurait cet unique mot. Les pupilles dilatées témoignaient de son besoin urgent de réconfort et de compréhension.

« Catleen ? » 

Le visage de Catleen, habituellement si bienveillant, était maintenant marqué par une tristesse indéchiffrable. Ses yeux, d'ordinaire pétillants de gentillesse, étaient voilés par une larme solitaire qui s'échappait lentement le long de sa joue. Elle serra les poings, signe de son impuissance face à cette situation déchirante.

« Pardonne-moi, Lorelaï... » Répondit-elle d'une voix étranglée par l'émotion. « Tu sais qu'il m'est impossible de te répondre. »

« Ton silence vient juste de le faire pour toi... » Déclara Lorelaï d'une voix empreinte de lassitude, en se passant la main dans les cheveux. Les gestes nerveux de ses doigts témoignaient de son agitation intérieure. Son regard se détournait lentement, incapable de soutenir plus longtemps la tension qui régnait entre elles.

Elles se turent, toutes deux, enveloppées par un silence lourd de significations. Catleen était accablée par le poids de la culpabilité de ne pouvoir apaiser celle qui se tenait devant elle, tandis que la sorcière se sentait écrasée par ses propres craintes et incertitudes quant à son avenir.

« Tu m'en vois désolé de ne pouvoir t'en révéler davantage, mon enfant. Je ne peux malheureusement rien te dévoiler de ton futur. Je ne peux que te dire à quel point je le regrette du plus profond de mon cœur... » Souffla Catleen d'une voix empreinte de chagrin et de compassion.

« Ce n'est pas votre faute Catleen, je comprends. » Répondit simplement Lorelaï le ton emplis d'une amertume résignée, cherchant à apaiser la peine de son aînée.

« Ne parlons plus de ce que nous ne pouvons changer et concentrons-nous sur l'objet de ta visite. » Conclut Catleen, tentant de détourner leur attention vers une préoccupation plus tangible et immédiate.

Lorelaï était tellement absorbée par leurs conversations, qu'elle en avait oublié la raison première de sa venue. Elle hocha la tête, se concentrant à nouveau sur l'objet de tous ses récents efforts : Keiko. Une tension palpable s'installa dans ses épaules, les crispant légèrement, alors qu'elle reprenait le fil de leurs échanges.

« Tu as raison. » Déclara Lorelaï d'une voix empreinte de détermination. Les mots semblaient prendre une consistance plus concrète alors qu'elle les prononçait. « J'ai réalisé une chose importante. Il n'y a aucune incompatibilité biologique entre sorcières et membres de l'inquisition, vu qu'Amélia et Thomas ont eu un enfant ensemble. Je me sens stupide de ne pas m'en être aperçue plus tôt ! »

« Tu étais préoccupée par d'autres choses tout aussi importantes... » La rassura son aïeule d'une voix douce et réconfortante. « Cependant, tu te trompes. Il existe bien une telle discordance entre ces deux entités et leurs adeptes, bien que celle-ci puisse être contournée. Après que les premiers Hantā aient commis un acte impardonnable pour combattre le monde secret, la première sorcière de notre lignée les a maudits. »

Lorelaï se rappelait encore de ce qu'elle avait découvert lors de sa dernière visite et du choc qu'elle avait ressenti en apprenant d'où les chasseurs avaient puisé leurs forces. La révélation l'avait ébranlé bien au-delà des mots.

« Vous voulez parler du sang de vampire n'est-ce pas? » Demanda-t-elle d'une voix à la fois tremblante et curieuse.

« En effet, pour prévenir à l'avenir toute utilisation du monde occulte à leur avantage, cette sorcière a instauré une incompatibilité entre les chasseurs et notre réalité. Notre ancêtre a exploité la contamination de leur sang, qui avait subi des mutations suite à l'ingestion de celui d'un vampire. Lors de l'intégration d'un nouveau membre des Hantā, celui-ci doit prêter un serment de sang en altérant le sien avec celui d'un descendant des fondateurs, perpétuant ainsi la malédiction. Bien qu'ils conservent les avantages mal acquis précédemment, ils leurs aient désormais impossible de le faire à nouveau. Cependant comme je te l'ai dit, cette malédiction et ses conséquences peuvent être évités. »

Lorelaï écoutait attentivement les paroles de son ancêtre, tentant de saisir la portée et les subtilités de la malédiction qui pesait sur les chasseurs.

« Je ne penses pas qu'Amélia ait fait quelques choses de particulier pour que Luna puisse naitre. Sa naissance n'était pas préméditée... » Déclara Lorelaï, essayant de comprendre les propos énigmatiques de son aïeule.

Catleen posa un regard empreint de patience et de sagesse sur Lorelaï, prenant une brève pause avant de répondre. 

« Il te faut comprendre ce qui rend la situation d'Amélia si spéciale et découvrir par toi-même la solution à ton problème. Sache seulement qu'il te serait parfaitement impossible dans cette vie de tomber enceinte de Timothy... » Affirma Catleen, le regard ancré sur son arrière-petite-fille.

Lorelaï fut intriguée par la catégorique affirmation de son ancêtre, consciente que cette dernière lui avait livré ces mots précis dans le but de la guider vers la réponse qu'elle recherchait avec tant d'ardeur. Les rouages de sa réflexion se mirent en marche, cherchant à démêler les indices disséminés dans leurs échanges. Qu'est-ce qui diffère entre les deux cas ? Se demanda-t-elle, tandis que son esprit naviguait entre les souvenirs d'Amélia et sa propre réalité. Les contours de son visage se plissaient légèrement, reflétant l'intensité de sa réflexion. Les battements de son cœur s'accélérèrent alors qu'elle se rapprochait de la vérité, ses sens aiguisés captant chaque infime nuance de l'instant. La seule réelle dissemblance, qui lui paraissait évidente, fut la situation dans laquelle l'acte physique en lui-même fut réalisé. Dans cette vie, il n'avait eu lieu que grâce à la ruse ou la force, tandis que dans celle d'Amélia, il avait résulté d'un désir sincère et était pleinement consenti. Plus encore, bien qu'elle ait encore du mal à l'accepter, le fait était qu'Amélia aimait sincèrement Thomas et c'était réciproque, elle en avait été elle-même témoin. Un frisson parcourut l'échine de Lorelaï alors que l'évidence lui apparut.

« L'amour ! » Pensa Lorelaï à voix haute, ses mots résonnant dans l'air comme un écho de vérité.

Le visage de son ancêtre s'illumina d'un sourire bienveillant, ses yeux pétillant d'une lueur d'approbation. Leur regard se croisa, deux générations se connectant à travers le temps et l'espace.

« Exactement ! » Répondit Catleen, le timbre de sa voix empreint de chaleur et de sagesse.

Mais la voix de Lorelaï, empreinte de cynisme et de dédain, interrompit cet instant de compréhension.

« Cela ne peut être aussi simple ! » Affirma-t-elle, les sourcils légèrement froncés et le ton emplit d'une certaine amertume.

Son ancêtre lui lança un regard empreint de sagesse, comprenant les doutes et les désillusions qui habitent le cœur d'une jeune âme.

« Tu es bien trop jeune pour être aussi blasée, mon enfant... » Répliqua-t-elle avec douceur, sa voix enveloppant Lorelaï d'une chaleur réconfortante.

Lorelaï se sentit déchirée entre la force de ses convictions et la possibilité d'une vérité plus profonde. Son visage trahissait un mélange d'émotions : la frustration, l'impudence et un soupçon d'espoir vacillant.

« C'est juste que c'est tellement téléphoné... On n'est pas dans un conte de fée où l'amour vient à bout de tout ! Ce n'est pas cela la vie... La vie c'est dur, douloureux et le plus souvent décevant ! » Affirma la sorcière, son regard se voilant repensant à sa propre vie.

Son ancêtre laissa échapper un léger soupir, consciente des préjugés et des cicatrices qui teintaient la perception de sa jeune descendante.

« Permets-moi juste une question. Qu'y a-t-il de plus pur, de plus puissant qu'un sentiment totalement désintéressé et inconditionnel envers une autre personne que soi-même ? » Répliqua l'ancêtre, ses mots porteurs d'une profonde sagesse. « L'humain est un être profondément égoïste, sauf quand il est question d'un amour sincère... Là, et seulement là, il est capable de se dépasser, de tout sacrifier... Ce n'est pas pour rien que les contes s'en inspirent. C'est l'une des seules vérités, pour ne pas dire l'unique, qui est et restera intemporelle. »

« Mignon votre petit laïus et votre force de conviction est admirable, cependant, pour ce qui est de Keiko, cela ne m'est d'aucune utilité ! J'ai déjà assez de problèmes avec les membres de la gent masculine, alors les femmes, très peu pour moi ! » Répliqua Lorelaï, laissant échapper une pointe de sarcasme dans sa voix.

Son ancêtre sembla lasse face à cette réponse et inspira bruyamment avant de reprendre une fois encore la parole, s'efforçant de faire comprendre une vérité plus profonde.

« Pourquoi les récentes générations confondent toujours sexualité et amour.» Déclara Catleen son regard se perdant dans le lointain, comme si elle cherchait à trouver les mots justes pour transmettre sa pensée profonde. « L'amitié est également une forme d'amour. Elle en est même la forme la plus pure car exempt de toutes influences physiques. »

Les mots de son ancêtre résonnèrent dans l'esprit de Lorelaï, faisant écho à ses propres doutes et incertitudes.

« Keiko et moi sommes amies ! Cela ne fait aucun doute et pourtant son état continue de se détériorer... » Murmura Lorelaï, la voix chargée d'une préoccupation palpable.

« Tout comme Amélia et Thomas ont concrétisé leurs amours en s'abandonnant l'un à l'autre, il te faut faire de même. » Affirma l'ancêtre de la jeune femme avec conviction.

Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Lorelaï, sa moquerie teintée de doute. 

« Du genre on s'entaille la paume et on devient sœur de sang ? » Se permit-elle de railler, incertaine quant à la pertinence d'une telle action.

« Pour une personne intelligente, qu'est-ce que tu peux être sotte parfois ! » Dit Catleen en levant les yeux au ciel.

À ces mots, Lorelaï se renfrogna, sa fierté légèrement froissée. Elle inspira profondément, cherchant à mettre de côté ses préjugés et son ego, afin de se concentrer sur la véritable essence de la situation. Son visage se détendit, et elle se prépara à entendre les conseils avisés de son ancêtre.

« Je ne vois pas comment je dois procéder... » Avoua Lorelaï, une pointe de résignation dans sa voix.

Son aïeule la fixa avec bienveillance, plongeant son regard dans le sien. « La réponse est détenue par le problème... » Murmura-t-elle, ses mots porteurs d'un mystère qui n'attendait qu'à être dévoilé.

Lorelaï fronça les sourcils, perplexe face à la déclaration nébuleuse de son arrière-grand-mère. L'expression de son visage reflétait un mélange d'interrogation et de détermination, tandis qu'elle cherchait à démêler les énigmes qui lui étaient présentées. Cependant, avant qu'elle n'ait eu le temps d'exprimer ses interrogations, Catleen ne lui laissa pas le loisir de tergiverser davantage.

« Tu as ce pourquoi tu es venue ! Retourne auprès de tes amis, ils vont avoir besoin de toi... » L'interpella l'ancêtre d'un ton autoritaire.

Sans plus de cérémonie, avant qu'un seul mot de protestation n'ait pu s'échapper de ses lèvres, l'esprit de Lorelaï fut brusquement renvoyé dans son corps. Elle soupira en rouvrant les yeux, laissant son regard se poser sur le plafond délabré de l'entrepôt qui leur servait de refuge. Une légère odeur de poussière flottait dans l'air, mêlée à l'humidité caractéristique du lieu.

Se relevant avec lenteur, Lorelaï passa ses mains dans ses cheveux, sentant les mèches glisser entre ses doigts, leur texture soyeuse offrant une sensation apaisante. « La réponse est détenue par le problème », se répéta-t-elle mentalement, cherchant à comprendre la signification de ces paroles énigmatiques qui résonnaient encore dans son esprit. Cependant, elle réalisa qu'elle devait temporairement mettre ses réflexions de côté, entendant des bruits de pas approchés. Son attention se porta immédiatement sur Amadeo et Samuel, qui venaient d'arriver, arborant tous deux des visages tuméfiés. Elle se leva d'un bond, se précipitant aux côtés d'Eden et de Castiel pour porter secours aux deux vampires blessés. Liam, quant à lui, resta en retrait, observant silencieusement la scène.

« Mais que s'est-il passé bon sang ? » Demanda Castiel, inquiet.

« L'inquisition ! Ils sont venus chercher Keiko, pour la "remettre dans le droit chemin". » Déclara Amadeo, le regard sombre, en rapportant les mots de l'oncle de la jeune femme.

La colère se répandit en Lorelaï telle une vague dévastatrice. Ses poings se serrèrent avec force, ses muscles se tendirent, et sa respiration s'intensifia, révélant sa fureur grandissante. Un frisson parcourut son corps, une énergie brûlante qui alimentait sa détermination.

« Cette fois cela suffit ! » Déclara-t-elle d'une voix grave, empreinte d'une fermeté inébranlable. « Ils veulent la guerre, ils vont l'avoir. » Sa détermination s'imposait dans chaque mot prononcé.

Sans ajouter un mot de plus, Lorelaï attrapa sa veste d'un geste sec et se dirigea d'un pas décidé vers la sortie de l'entrepôt. Ses compagnons, à l'exception d'Amadeo et Samuel, trop blessés pour se déplacer, la suivirent en silence. Ils montèrent dans la voiture, leurs visages exprimant une détermination sans faille, et se dirigèrent vers l'hôtel où Lorelaï et Keiko avaient été retenues précédemment. La tension était palpable dans l'habitacle, chacun se préparant mentalement à affronter les dangers qui les attendaient. Ils se garèrent un peu en retrait, se fondant dans l'ombre, prêts à agir avec résolution.

« Laisser moi dix minutes d'avance et rejoignez-moi. » Ordonna Lorelaï, en ouvrant la portière de la voiture.

« Pourquoi doit-on attendre ? » Demanda Eden, étonnée.

« J'ai quelques petits comptes à régler... » Déclara simplement la jeune sorcière.

La jeune femme, savait d'expérience que l'effet de surprise était leurs meilleurs atouts en cet instant. De plus l'inquisition avait bien trop souvent sous-estimée celle-ci, il ne faisait aucun doute qu'ils referaient cette erreur si celle-ci se présentait seule. Un autre avantage indéniable était, qu'ils n'avaient pas connaissance des derniers rebondissements la concernant. D'une, si ce que lui avait déclaré son ancêtre, s'avérait exacte ; le pendentif de Timothy était désormais inefficace. De deux, son nouveau pouvoir pourrait s'avérer redoutable, tant la jeune femme était habitée par une fureur indicible à leurs égards.

« Rentrer dans la gueule du loup et foncer dans le tas, n'est pas ce que j'appellerai un plan ! » Rétorqua Castiel à l'adresse de la sorcière, inquiet de ce qui pourrait advenir d'elle, considérant son attitude imprudente au mieux.

« Au contraire, c'est la meilleure stratégie qui soit ! » Affirma Liam, qui doté d'une capacité d'analyse remarquable, avait compris avec justesse la stratégie de la jeune femme. Il avait foi en elle et ses pouvoirs. Il lui sourit et lui demanda avec espièglerie : « Essaie de nous en laisser quelques-uns mon ange ! »

« Je ne peux rien te promettre... » Répondit Lorelaï, un sourire mutin aux lèvres et les yeux pétillants d'impatience.

Sur ces paroles, elle sortit de la voiture, armée de sa seule détermination, et se dirigea résolument vers l'antre de l'inquisition. Les battements de son cœur résonnaient dans sa poitrine, mêlés à l'excitation et à l'adrénaline qui parcouraient ses veines. Elle pénétra dans l'obscurité de l'inconnu, sachant qu'ils allaient bientôt regretter amèrement de s'en être pris à elle et plus encore à ceux qu'elle aimait. Dans un silence solennel, une promesse silencieuse se forma dans son esprit, une engagement de vengeance et de justice.

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