Chapitre 30 : Azazel


Dans les jours qui suivirent, les choses ne firent qu'empirer. En effet, plus le temps passait, plus Lorelaï semblait incontrôlable. Le lapse de temps de satisfaction entre deux amants était de moins en moins long et la sorcière semblait de plus en plus dépourvue de toute moralité. Elle paraissait désormais ne plus être capable de faire la distinction entre le bien et le mal.

Liam avait bien entendu été le jouet sexuel de Lorelaï à plusieurs reprises, cela n'étant pas pour lui déplaire. Ce premier avait décidé, pour ne plus souffrir des affres de son humanité retrouvée de ne plus exploiter les failles que la morsure qu'il avait faite à la sorcière lui offrait. En effet depuis leurs toute première nuit ensemble, il avait laisser Lorelaï être l'initiatrice de leurs moments de luxure partagée. 

Depuis la violente dispute qu'ils avaient eue avec Lorelaï, Castiel avait été absent de toutes les réunions et autres activités avec le groupe. Tant celui-ci souffrait du rejet implacable de la seule personne avec qui il avait réussi à baisser sa garde. Sa simple vue lui était désormais intolérable, lui rappelant implacablement la profondeur de ses tourments. 

De ce fait, quand Liam l'aperçut, seul, dans l'un des parcs de la ville, il ne put tout simplement pas résister au fait de lui parler, voulant accentuer plus encore le désarroi du Lycan.

« Tiens, tiens, tiens... Mais que vois-je ? Un pauvre chiot égaré... Moi qui pensais que la fourrière t'aurait embarqué et aurait abrégé tes souffrances depuis bien longtemps ! Mais où étais-tu passé ? On s'est fait un sang d'encre pour toi ! » Demanda le vampire, insistant sur la dernière phrase volontairement empreinte d'un cynisme non dissimulé.

Alors que Liam s'apprêtait à surenchérir, une jeune femme aux cheveux si blancs que même la lune pouvait la jalouser, s'approcha d'eux. C'était Eden, la personne qui avait transformé Castiel. Liam, qui n'avait prêté aucun intérêt à l'histoire de Castiel à l'époque, ignorait de ce fait que c'était nulle autre qu'une de ces anciennes adversaires qui avait pu mordre cet homme, pour qui il n'éprouvait que mépris. Eden eut un regard mauvais à l'adresse de Liam et prit la parole.

« Je me disais bien qu'il y avait comme une odeur de cadavre putréfié qui empestait l'air ! Liam, je suis surprise de te voir, je pensais que depuis tout ce temps quelqu'un t'aurait enfin donné la raclée que tu mérites ! » Déclara-t-elle le ton dédaigneux.

« Oh Eden... Ma très chère Eden... Tes insultes sonnent comme une douce mélodie à mes oreilles ! »

« Et mon poing dans ta figure, il va sonner comment d'après toi ? » Le menaça-t-elle.

« De si vilains mots dans une aussi jolie bouche... J'aurais bien une autre manière de l'occuper si tu le désirais... »

« Tu es d'une obscénité et d'un culot sans borne ! »

« Si ma présence t'insupporte à ce point, que fais-tu ici ? Ah oui, tu viens secourir ton petit chiot errant ! Tu comptes le materner à chaque fois qu'il aura une petite peine de cœur ? Pas étonnant qu'il se soit enfuit, il a couru se cacher sous les jupes de maman ! Mais ne t'inquiète pas Castiel, j'ai pris grand soin de Lorelaï durant ton absence... Tu ne m'en veux pas j'espère ? »

Castiel, qui d'ors et déjà, était exaspéré par la seule présence de ce nuisible, ne se contrôlait plus et se jeta sur lui avec fureur. Comment avait-elle pu oser raconter cela à Liam ? Qu'elle le rejette était une chose mais qu'elle se moque ainsi de sa douleur était inacceptable. Il lui assénait une multitude de coups de poings, quand Eden, non sans avoir vérifié très succinctement au préalable qu'aucun témoin gênant se trouvait dans les parages; les sépara sans grande difficulté à l'aide de ses pouvoirs. Elle créa une forte bourrasque entre eux et les maintint à bonne distance l'un de l'autre par ce biais. Liam ne se souciant aucunement d'Eden ou de sa démonstration de force, renchérit une nouvelle fois à l'adresse de Castiel.

« Et tu sais combien de temps, cela m'a pris pour que je la récupère dans mon lit ? À peine quelques heures ! Ce n'est pas de ma faute si tu n'as pas su la contenter suffisamment au point qu'elle ait eut besoin de venir trouver du réconfort aussi rapidement dans mes bras ! Ce pour quoi, je te remercie d'ailleurs, elle était tout bonnement insatiable... » Déclara le vampire.

Castiel, qui jusque lors était demeuré silencieux, ne se contenait plus. Il fulminait, se sentant trahis jusque dans sa chair par la sorcière.

« Tu la veux ? Je te la laisse très volontiers ! Depuis qu'elle est rentrée de sa petite escapade, ce n'est plus la même. Ce n'est plus la femme que j'ai rencontrée... Ce n'est désormais plus qu'une garce sans cœur, qui ne se soucie de rien, ni de personne ! » Vociféra le lycan de toute sa hargne.

Eden avait, depuis sa morsure sur Castiel, décidée d'être une observatrice passive de la vie du jeune loup. Elle avait de ce fait, bien vu que la jeune femme, qui semblait au centre de ce petit groupe pour le moins bancale ; avait eu un changement radical de comportement. Elle n'y avait pas vraiment prêté attention, mais en y réfléchissant plus avant ; elle devait bien concéder que tout cela était pour le moins étrange, voir même à la limite du surnaturel.

La louve, dont les yeux violets luisaient d'une sagesse profonde acquise au fil des années et des voyages, avait entendu parler de cas similaires par le passé. Son instinct lui soufflait que quelque chose de grave était en train de se produire, mais elle désirait ardemment se tromper dans ses suppositions. La simple idée de ce qui se profilait à l'horizon était suffisamment alarmante pour ébranler son calme habituel. Néanmoins, avant de tirer des conclusions définitives, elle avait besoin d'une dernière confirmation. Si ces supputations funestes venaient à se vérifier, la jeune sorcière serait alors en grand danger. Devant l'urgence de la situation, elle relâcha les deux hommes et leur lança un regard impérieux. 

« Suivez-moi vous deux ! » Ordonna Eden d'une voix impérieuse avec autorité.

Liam semblait avoir une envie irrépressible de protester mais un simple regard vindicatif de la part d'Eden eut cependant raison de lui et suffit à le dissuader de faire toutes autres tentatives quelle qu'elles soient dans ce sens. Au bout d'un quart d'heure, ils arrivèrent chez la jeune femme. La louve ouvrit la porte sans un mot et les laissa plantés là, seuls dans l'entrée. L'attente était lourde, chacun se perdant dans ses pensées, se demandant quelle révélation allait suivre. Puis, au bout de quelques minutes qui semblaient une éternité, Eden réapparut, les bras chargés d'un épais volume aux reliures usées et aux pages jaunies par le temps. Elle le posa dans un bruit de fracas sur la table du salon.

Sans prêter la moindre attention aux deux personnes présentes, Eden ouvrit le livre avec une certaine fébrilité, parcourant rapidement les pages dans sa quête. Ses doigts agiles suivaient les lignes, ses yeux scrutant l'ouvrage avec une intensité inquiétante, jusqu'à tomber sur l'illustration qu'elle recherchait si avidement. 

« Avez-vous déjà vu cette bague auparavant ? » Demanda la louve, la voix sérieuse, espérant de tout cœur s'être trompée.

Elle tendit le livre à Liam et Castiel, qui se rapprochèrent avec curiosité pour contempler l'image en noir et blanc. Leurs regards se fixèrent sur la gravure détaillée du bijou, captivés par les mystères qu'elle renfermait. Leurs yeux scrutèrent attentivement chaque ligne, chaque courbe, chaque symbole ésotérique qui s'entrelaçaient avec une précision fascinante. Chaque détail de la gravure était exécuté avec une finesse artistique, créant une composition harmonieuse et envoûtante.

Au centre de la bague, trônait une pierre unique d'une beauté saisissante. Les nuances de gris dans l'illustration ne permettaient pas de déterminer la couleur réelle de la pierre, mais son éclat et sa luminosité étaient perceptibles malgré tout. Le lycan, fut immédiatement frappé par un sentiment de familiarité en regardant la gravure. Une étrange sensation de déjà-vu l'envahit.

« Elle n'est pas rouge par hasard ? » Demanda timidement Castiel incertain, la louve hocha gravement la tête en guise de réponse, le jeune homme reprit la parole. « Lorelaï l'a achetée dans une boutique ésotérique, juste après son retour... »

« Pas étonnant qu'elle t'ait jeté si ce que tu remarques avant tout c'est ses bijoux ! » Se moqua Liam.

Cependant l'heure était grave et de ce fait Eden, dans une volonté de couper court à toute chamaillerie stérile intervint.

« Tais-toi deux minutes Liam, ce n'est vraiment pas le moment de plaisanter... Cette bague que Lorelaï a acquise, n'est nulle autre que l'une des sept bagues d'Azazel ! » Dit la jeune femme d'une voix solennelle, son regard empreint d'une inquiétude profonde.

« Aza-quoi ? » Demanda Liam en arquant un sourcil, cherchant à comprendre l'importance de cette révélation.

« Azazel ! Selon la légende il était l'un des anges déchus ayant refusé à l'instar de Lucifer de se prosterner devant les humains ! L'on fait aussi référence à lui comme étant le tentateur par excellence. » Expliqua Eden.

« Je croyais que c'était justement Lucifer LE tentateur... » L'interrompit Castiel confus.

« C'est une erreur pour le moins commune, cependant d'après la plupart des écrits traitant de la mythologie judéo-chrétienne il s'avèrerait en fait que ce soit Azazel, le bras droit de Lucifer, qui aurait tenté de corrompre Jésus dans le désert et qui aurait infiltré le jardin d'Eden dans le seul et unique but de faire tomber les humains en disgrâce. Il vouerait une haine féroce et sans borne à l'humanité. »

La tension était palpable dans la pièce alors que les implications de cette découverte se faisaient de plus en plus évidentes. Eden poursuivit, dévoilant les sinistres desseins des sept bagues d'Azazel.

« Dans le but de corrompre les membres de l'espèce humaine et de mettre en exergue leurs faiblesse d'esprit, il aurait créé sept bagues. Chacun de ces bijoux renferme en son sein l'essence de l'un des péchés capitaux. Le seul but de ses bagues est de pervertir l'âme de ceux qui les possèdent. Il est aussi dit que l'être qui porte l'une de ces joyaux est comme obsédé par le péché qu'il contient. Plus cette personne cède à la tentation ; plus le désir d'y succomber à nouveau devient fort. Elle est sous l'emprise de la bague et de son péché, plus rien d'autre n'a d'importance ! »

Le poids de cette révélation pesait lourdement sur les épaules des trois compagnons. Les souvenirs de Lorelaï et la nature de ses récents comportements se bousculaient dans l'esprit de Castiel et Liam.

« Ce qui est étrange c'est que cela fait des siècles que ces bagues ont disparues. J'ai du mal à concevoir qu'après si longtemps, l'une d'entre elle soit tout simplement réapparue dans une boutique de cette petite ville !»

« Bon ben ce n'est pas si dramatique que cela. On la lui retire du doigt et le tour est joué ! Un vrai jeu d'enfant...» Déclara Liam tentant de relativiser la situation.

« Pas exactement... Si ce que j'ai entendu dire s'avère être la vérité, on ne peut pas la lui retirer. Il faut que ce soit celui ou celle qui porte la bague, qui décide de son plein gré de le faire. » Répondit la jeune femme en secouant la tête, sa voix empreinte de gravité.

« Si on lui explique ce qu'est cette bague et e qu'elle provoque, elle la retira, non ? » Proposa simplement Castiel.

« Tu n'as pas l'air de comprendre la gravité de la situation. Le pouvoir de cette bague est pernicieux, elle provoque un effet grisant sur elle. Elle a envie de la garder à son doigt. Qui plus est, je ne crois pas avoir souvenir qu'une seule des personnes ayant un jour porté l'une d'entre elles n'aient jamais décidé de la retirer de son plein gré...» Déclara la louve, lasse.

« Comment procède-t-on alors ? » Finit par demander Castiel, défait.

« Je n'en ai aucune idée... Je suis désolée... » Répondit tristement Eden.

« Inutile de s'alarmer de la sorte... Après tout, elle a juste une libido surdimensionnée. Ce n'est pas dramatique non plus ! Enfin, je veux dire, cela pourrait être bien pire. » Déclara Liam, dubitatif face à l'attitude affolée de la louve.

« Si ce n'était que cela, je te le concède, cela ne constituerait pas un drame en soit. Cependant la réalité est tout autre ! Chacune des personnes qui a un jour où l'autre porté l'une de ces bagues est... Morte ! »

« Je suis désolé, mais je ne vois absolument pas commet le fait d'avoir en permanence des désirs charnels puisse provoquer le décès de quelqu'un ! » Affirma le vampire.

« Tu ne sembles pas saisir l'importance que ce désir a et va avoir sur sa vie. Rien ne compte plus que cela, c'est sa seule raison d'être, plus important que manger, boire ou même dormir. Cela devient vital pour elle et tous les moyens sont bons pour arriver à ces fins. Les plus grands violeurs en série de l'histoire étaient sous l'influence de cette bague ; certains cannibales le sont devenus à cause de la gourmandise. La colère et l'envie ont déclenchés nombres des guerres de l'histoire. Ménélas a déclenché guerre de Troie par envie de récupérer ce qu'il considérer comme sienne : Hélène. La seconde guerre mondiale n'a eu lieu qu'à cause de la colère dévorante d'Hitler envers le peuple juif. Toutes l'histoire humaine et plus précisément ses plus sombres heures portent la marque d'une des bagues d'Azazel.»

Liam comprenait l'impact que pouvait avoir un péché comme la colère ou même l'envie sur un humain. Cependant là, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait ici de la luxure, un péché somme toute inoffensif pensa le vampire.

Voyant le regard sceptique de Liam face à ses propos Eden reprit une nouvelle fois la parole.

«Lorelaï pourrait parfaitement mourir d'une crise cardiaque due à l'épuisement ou être tout simplement assassinée par l'un de ses amants éconduits et bafoués. Regardez ce qui s'est passé avec vous deux... En quelques jours seulement, vous en êtes venues aux mains ! Imaginez cela à une bien plus grande échelle et sur le long terme. Sans compter, ce qu'elle serait capable de faire... Si l'un de nous se met entre elle et l'assouvissement de son désir, elle pourrait tenter de nous tuer !»

Les paroles d'Eden faisaient écho dans l'esprit de Liam, faisant naître en lui une inquiétude grandissante. Il commençait à réaliser l'ampleur des dangers auxquels Lorelaï était exposée et l'urgence de trouver une solution pour briser l'ascendant de la bague d'Azazel sur elle.

« Cela pourrait atteindre de telle extrémité ? » Demanda Castiel, paniqué.

« Et plus encore ! Plus le temps passe moins elle se souvient de qui elle était... Des sentiments bons ou mauvais, qu'elle a eu à l'égard des autres. Cela lui serait désormais, complètement égale de coucher avec le mari de sa propre sœur ou même un membre de sa famille. Elle pourrait tout aussi bien le faire avec son pire ennemi. Tout est possible ! »

Liam, saisissant finalement l'horreur de la situation, qu'il avait à tord sous-estimé, avait dorénavant perdu toute envie de rire. Il inspira profondément avant de reprendre la parole.

« Il faut qu'on intervienne... On doit absolument la retrouver ! »

« Sans rire Einstein et tu proposes quoi exactement ? » Demanda Castiel, l'air tout aussi grave.

« De faire ce qu'il faudra ! Quoi qu'il en coûte... Si on ne fait rien, elle risque de mourir ! »

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