Chapitre 4

Elle tourna la tête après avoir entendu sortir de la bouche de quelqu'un d'autre ses pensées les plus profondes. Il était vrai qu'elle pensait à la beauté de voir tant d'âmes unies.

Que Soleil, Terre, Lune t'accablent,
En un lieu tu t'identifie.

Enfants des cieux,
Enfants des étoiles,
Un seul vœux, une seule âme.

Son poème le plus ancien. Son poème le plus précieux.

- Qui es-tu ?

Ces mots sortirent seuls de son être. Tant de mots pouvait-elle exprimer, elle avait choisi ceux-là.

- Un être parmis tant d'autres. Je ne suis que poussière dans l'immensité de cet univers. Je ne suis que molécules assemblées. Pourquoi en dire plus ? Il n'y a rien de plus.

- J'ai cherché toute ma vie qui j'étais, d'où je venais. Tu viens de me résumer. Poussière et molécules.

- Pourtant, rien ne nous empêche d'être plus, mais pourquoi vouloir être plus ? N'y a-t-il rien d'autre dans le cœur et l'esprit de l'humain que désir de pouvoir et célébrité ?

- Une corruption. Tellement de souvenirs de personnes sont uniques. Tellement de personnes sont uniques.

- Et tellement sont délaissées, oubliées. Qu'est-ce qui te fais venir en ce lieu ? Tu es bien majeure ? Pourquoi reviens-tu ?

- Quelles valeurs ont la liberté et la maturité, si j'y abandonne ce qui m'est cher ? J'ai grandi ici. Je ne sais rien de mes parents, et je ne veux plus savoir. Je sais en revanche que ma place est ici, pour le moment. Quelque chose me retient, quelque chose m'incite à rester. Je n'ai pas le droit de les abandonner, eux ma seule famille, pour m'enfuir et tenter de recommencer ma vie. Je ne peux plus revenir en arrière, mais j'ai encore le temps d'être là, le temps d'être à mon tour leur seule famille.

- Je vois... elle avait raison.

Cette phrase la fit réagir.

- Qui avait raison ? Comment sais-tu que je suis majeure ?

- Elle, la petite fille qui te poussait à la balançoire.

***

L'enfant cessa de jouer avec sa sœur, et se dirigea en courant vers le nouveau venu. Elle s'assit à ses côtés, et commença à jouer avec ses doigts.

- Bonjour ! s'exclama-t-elle.

- Bonjour, lui répondit-il.

- Elle est jolie ma sœur là-bas, tu trouve pas ? fit-elle en désignant Alice.

- Oui, presque autant que toi ! dit-il en lui souriant, pour lui faire plaisir.

- Tu sais, je sais très bien que c'est pas ma sœur.

Sa voix baissa légèrement, prit une intonation plus grave.

- Quand je serais grande, je voudrais être comme elle. Elle est toujours là pour nous, et elle nous fait sourire quand on est triste. Elle nous fait même passer avant elle-même, et nous apprend plein de choses pour qu'on puisse bien grandir. Ça me fait plaisir qu'elle me considère comme sœur, je suis fière d'elle et je veux qu'elle soit tout le temps contente.

Sur ces mots, elle baissa la tête. Elle venait d'admettre à quel point elle aimait Alice, et ne l'avait jamais fait avant.

- Mais... je veux pas lui dire. Sinon elle osera peut-être plus décider de partir, et je ne veux pas qu'elle soit triste à cause de moi.

- C'est très gentil tu sais ?

- C'est pas gentil, c'est la vérité. Tu lui diras rien hein ?

- Non.

- Promis ?

Il hésita un instant.

- Promis.

***

Il se souvint de cette conversation qu'il avait eu quelques heures plus tôt, et se leva. Il avait promis qu'il ne dirait rien. Une promesse est une promesse.

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