vingt ans plus tôt.

— Tu vas être déguisé en quoi pour le Carnaval ?

Le petit garçon ne répond pas. Il ne sait pas. Jules a six ans et il ne s'est jamais déguisé. Il ne sait même pas ce que ce mot signifie. Le petit brun observe donc son voisin de classe sans savoir quoi lui répondre, une moue présente sur ses fines lèvres rosées et le bout de son nez froncé. 

— C'est quoi être déguisé ?

Un rire s'élève et le jeune garçon se sent soudainement un peu nul à l'idée que son ami se moque de lui. 

— Yacine, Jules ! Je ne crois pas que le carnaval soit l'objet du texte que vous devez lire !

Les deux enfants se redressent sur le champ, les joues rougies avant de replonger dans leur lecture. Il y est question d'un pêcheur attrapant un poisson multicolore qu'il libère. Jules aime bien le pêcheur. Les beaux poissons, c'est fait pour être dans la mer. De toute façon, s'il n'y avait que lui, il n'y aurait pas de pêcheur, parce qu'il n'aime pas manger des poissons.  

Quand il rentre chez lui, il ne pense qu'à sa discussion avec Yacine. Alors il rentre directement dans la chambre de son frère, parce qu'il doit savoir lui, ce que ça veut dire déguiser.

— C'est quoi déguiser ?

— C'est quand tu t'habilles en quelqu'un d'autre. Comme un super-héros, ou boulanger, un chevalier. Comme dans les films !

Et tout de suite, ce mot lui plait. Jules, il sait ce qu'il va répondre à Yacine demain. Il va se déguiser en pompier. Parce que depuis qu'ils sont venus avec leur grande échelle libérer Typhon son chaton bloqué dans un arbre, Jules, il veut être comme eux.

Ce soir-là, il ferme les yeux et il s'imagine une nouvelle fois tout en haut de l'échelle. Et puis, il se dit qu'il pourrait aussi être Zorro. Parce qu'il est fort et il fait le bien, et plus tard Jules, il veut être comme lui ou Spiderman. Alors si c'est ça se déguiser, oui, Jules il a envie de le faire encore et encore même s'il ne l'a jamais fait. Et il a très très hâte d'être au carnaval pour pouvoir être un pompier, ou pourquoi pas un chevalier, c'est bien aussi un chevalier. 

Tristan sourit alors que sa sœur dessine une barbe sur ses joues pâles. Il a les épaules recouvertes de son ciré jaune et les pieds ornés de bottes bleues et blanches tandis qu'une belle marinière rayée bleue et blanche complète son déguisement. Il est fier alors qu'il tient à la main un filet où sont glissés des petits poissons en carton recouverts de papier d'alu. Ils brillent en fonction de comment la lumière se reflète dessus et il les trouve merveilleux. 

— Attends, il manque encore ta canne à pêche.

Un objet dépassant grandement le petit blond lui est tendu et il en pose le manche sur le sol. Au bout de la ficelle qu'ils ont scotché la veille dessus, un immense poisson multicolore parait être accroché. 

— Belle prise Tristan !

Son grand frère rit alors qu'il descend l'escalier en courant son sac à dos sur celui-ci et il se redresse avec fierté devant les mots prononcés. Son frère qui va déjà au collège, l'école des grands, a une belle chemise à carreaux ainsi qu'un jean bleu. Un foulard rouge est accroché autour de son cou alors qu'il tient un chapeau à la main. Les lèvres du petit garçon s'élargissent alors qu'il le pose pendant quelques secondes sur sa tête. Un rire cristallin lui échappe alors que celui lui cache toute sa vue. 

— Quand tu seras plus grand, je te le prêterai. 

Ses prunelles vertes se mettent alors à briller. Parce que ça voulait dire que lui aussi pourrait être un vrai cowboy avec le vrai chapeau de son modèle. 

— Allez, en route mauvaise troupe !

Les trois enfants se glissent dans la voiture en faisant attention de ne pas abimer leurs divers accessoires et c'est à deux qu'ils rentrent dans l'école primaire où tous les attendent. Les visages des professeurs ont des sourires amusés quand ils traversent le couloir après que leur grand frère les ait accompagnés tandis que leur père est garé plus loin en double file. Le cowbow les accompagne souvent, en profitant pour saluer au passage ses anciens instituteurs. 

Comme l'année précédente, Tristan est heureux, plus heureux que tous les autres jours. Parce qu'aujourd'hui, il peut venir à l'école habillé comme il l'est tous les mercredis, samedis et dimanches. Dans sa petite maison, les costumes produits par sa mère costumière de théâtre remplissent une pièce immense et les trois enfants passent des jours entiers à fouiller puis devenir divers personnages. 

Tristan a toujours du mal à décider lequel est son préféré. Peut-être que celui de sa sœur est vraiment la machine à laver qu'elle porte ce jour-là, faisant rire toutes les personnes qu'elle croise. Le frigo n'est en tout cas pas le sien, même si se transformer en cuisine avec la machine à laver et le four joué par son frère est très rigolo. Peut-être que quand il sera plus grand, ce sera aussi son préféré. En attendant, le carton est trop grand et c'est en marchant dessus pour éviter l'inondation provoquée par la machine à laver cassée jouée par sa sœur qu'il s'est brisé un doigt. 

Mais il aime bien être un pêcheur en compagnie de sa fratrie. Ensuite, ils se glissent à trois dans leur bateau en carton posé sur des roues. Ils trainent dans le jardin et pêchent tous les poissons qu'ils ont déposés avant à l'aide de leurs cannes à pêche. Et puis, ils s'arrosent avec le tuyau d'arrosage simulant les orages et vagues. C'est toujours trempés qu'ils rentrent tout en rigolant et le seau rempli de plein de poissons. 

Il aime aussi bien son costume de héros. Il contrôle le feu quand sa sœur sait faire tomber la pluie et son frère faire pousser des fleurs grâce à la terre. Leur jardin devient alors le témoin de grands et magnifiques combats. 

— Tu veux voir mon couteau ?

Un regard curieux se pose sur lui et le regard de celui qui est un chevalier s'illumine quand il lui montre son couteau en carton rouge et argenté. Il en est très fier. C'est sa sœur qui l'a fait exprès pour lui et lui a donné en cadeau pour qu'il l'ait pour le carnaval.

— Il coupe bien les poissons ! Et regarde ma canne ce qu'elle fait si on se fait attaquer par un pirate. 

Il n'a pas le temps de montrer l'innovation qu'un petit enfant arrive à leur niveau et tend sa petite arme dans leur direction. 

— Attention ! Un pirate !!

Le combat commence directement dans un brouhaha où la canne à pêche dont la pointe s'est transformée en arme affronte un sabre aidé d'une épée. 

Oui, le carnaval à l'école, c'était vraiment la meilleure journée ! Pourquoi ça pouvait pas être tous les jours de l'année ? 

❝ Pendant toute l'année on prépare les costumes
Dracula, Casanova
C'est un vrai plaisir de respecter les coutumes
Cendrillon, Napoléon

Aujourd'hui, je fais ce qui me plaît
Devinez, devinez, devinez qui je suis
Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît, me plaît
Aujourd'hui, tout est permis
Aujourd'hui, tout est permis

Au bal, au bal masqué, ohé, ohé ❞

bonjour & bienvenue sur cette nouvelle histoire. 

je retrouve le genre des nouvelles originales pour quelques temps. j'espère que cette histoire vous plaira autant que je prends de plaisir à l'écrire. c'est un projet qui fait partie de ceux trainant dans mes brouillons depuis très très longtemps (au moins un an et demi) & il était temps d'enfin poster ce que j'avais et continuer de le mettre en forme (parce que j'en ai marre de toujours repousser parce que je privilégie d'autres projets). 

normalement les chapitres seront assez courts (mais vu que je commence toujours court pour finir sur des énormes chapitres à cause de l'inspi grandissant avec le temps, à tout moment ça part en vrille). les premiers chapitres sont écrits depuis bien longtemps, donc je les publierai à peu près tous les 15 j avant que ça soit beaucoup moins régulier quand j'en aurai plus d'avance ! (mais ça vous avez l'habitude ^^ ). certainement que je posterai le 1er chap demain. 

bonne lecture :)