CHAPITRE 5 ✦ Pompier blessé & sportif paniqué
jour j
Les flammes s'élèvent de la maison depuis des heures désormais. Il fait un froid glacial ce jour-là, mais le feu ne semble pas vouloir s'éteindre. Il danse sur les murs en bois et sur la toiture après s'être infiltré dans la charpente.
— Il faut sauver la seconde partie de la maison. On peut le faire les gars.
Le pompier a l'esprit focalisé sur sa mission alors que son regard se pose à de nombreuses reprises sur l'habitation dans laquelle ils font des allers-retours depuis des heures. La nuit est tombée en ce mois de décembre, rendant les déplacements plus dangereux alors que la couleur orange peut être vue à des kilomètres à la ronde.
Armé de la lance à incendie, Jules envoie la juste quantité d'eau sur la charpente voisine. En mettre trop reviendrait à causer bien trop de dégâts dans une maison de cette taille. La pression du liquide envoyé a souvent pour effet de faire autant de dégâts que les flammes réduisant en cendres tout ce qui se trouve sur leur passage.
— Attention !
Le cri résonne quelques dixièmes de seconde avant qu'un morceau de bois de la charpente s'effondre. Le brun sent la main qui tente de le rattraper sans succès alors qu'il se fait entrainer. Les cris résonnent mais il n'entend plus que le crépitement du feu alors qu'un hurlement lui échappe quand les flammes viennent le lécher quelques dizaines de secondes plus tard. Et quand le pompier blessé est finalement sorti du brasier, il pense au plus beau sourire qui lui ait été donné de rencontrer pour éviter de sombrer.
— Tristan !
Quand son entraineur lui fait signe que c'est à lui de sortir aussi tôt dans le match, le blond sent son sang se mettre à bouillir dans ses veines. La gourde qui a le malheur de se trouver sur son passage vole en direction du banc alors qu'il ignore celui qui a pris cette décision sans aucune raison apparente. Le joueur n'a aucun souci à se faire sortir, mais il n'y a aucune justification à ce que cela se produise aussi tôt dans le match, alors qu'il joue impeccablement bien.
Ses prunelles sombres fusillent celui responsable de ce changement tactique alors qu'il finit par se diriger vers ses coéquipiers installés sur le côté, tassés les uns à côté des autres sur le petit banc en bois. Son regard se perd sur le vide et ses amis continuant de faire tourner le ballon. Il dévie quelques secondes sur le gymnase dans lequel il se trouve. Il prend le temps de l'observer alors qu'il est presque vétuste pour un match de ce niveau. Cela va pourtant avec le folklore de certaines confrontations dans les clubs venant de monter dans la division supérieure.
— Tristan, tu peux me suivre s'il te plait.
Il arque un sourcil à la demande du coach adjoint. Il finit par se lever quand il voit son regard grave. Il quitte la salle sans comprendre la raison de son éviction totale de cette compétition. Il tente de capter les yeux clairs d'un de ses coéquipiers pour obtenir des réponses à ses interrogations, sans succès.
Bientôt, il se retrouve dans leur vestiaire alors que la porte est refermée derrière eux.
— C'est quoi ce bordel ? Pourquoi j'ai été sorti ? Pourquoi je peux pas rester sur le banc ?
Une main se pose doucement sur son bras effectuant de larges mouvements mécontents.
— Tristan. On a eu un appel de l'hôpital, Jules a été blessé en intervention. Ça avait l'air grave, il a été pris dans les flammes.
Le ciel s'abat sur sa tête. Il a l'impression que le plafond vient de s'effondrer sur lui et ses jambes se mettent à trembler. Deux mains portées à sa taille l'empêchent de s'effondrer sur le carrelage froid du vestiaire qui lui parait d'un seul coup particulièrement laid. Sa tête se retrouve glissée dans le creux du cou de son coach adjoint qui réceptionne son corps le lâchant soudainement.
— Je... Jules...
Il essaie de se reconcentrer sans y parvenir. Son cœur est comprimé, la peur le paralyse l'empêchant de réfléchir et d'agir. Cette peur qu'il ressentait toujours quand son fiancé le quittait au beau milieu de la nuit pour partir en intervention. Cette peur qu'il ressentait parfois en milieu de journée quand il n'avait pas de nouvelles de sa part et qu'il n'avait aucune idée de s'il était à la caserne ou en intervention. Cette peur qu'il ressentait quand il lui racontait ses journées à rouler trop vite sur les routes ou combattre les flammes qui le captivaient tant.
Tristan a peur du feu. Il le déteste. C'est Jules qui allume le poêle chez eux. Jules qui allume les bougies que ce soit au briquet ou à l'aide d'allumettes. Jules qui l'aime peut-être un peu trop. Jules qui préfère les incendies à toutes autres interventions alors qu'elles sont celles qu'il craint le plus. Jules pour qui le feu n'est qu'un jeu. Jules qui a oublié qu'à trop jouer, on peut finir par se brûler.
— Habille toi, on va t'y emmener.
Les mains pourtant si sûres d'elles sont tremblantes alors qu'il enfile son gros manteau et ses chaussures. Le brun ne remarque même pas les prunelles claires glissant sur ses jambes restées nues malgré les températures négatives. Personne ne fait la moindre remarque ou lui propose d'enfiler son survêtement par-dessus pour le protéger du froid, alors qu'il se fait entrainer hors des lieux. Personne ne propose le moindre mot sur le trajet. Il n'y a que le bruit de ses doigts tapant frénétiquement sur le tableau de bord pour accompagner le ronron du moteur. Dans l'esprit du sportif paniqué tourne une unique pensée, il n'est pas prêt à ne plus jamais voir les somptueux iris azurés.
eh voilà, après une petite pause c'est reparti par ici. prochain chapitre d'ici environ 15j si tout se passe bien avec le vrai début de l'histoire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top