CHAPITRE 1 ✦ Super-héros
trois ans et cinq mois plus tôt.
Ce soir Tristan est Robin. Comme le Robin de Batman. C'est son justicier préféré et il a sauté sur l'occasion pour se transformer tel que peut le faire Dick Grayson au crépuscule. Ses prunelles verdâtres scannent la foule. Il sourit en reconnaissant plusieurs des héros qu'il aime particulièrement. Il traverse la salle en direction d'une jeune femme plantée dans un fauteuil roulant et dont les cheveux volent derrière elle.
Ici, il ne connait personne mais il compte rapidement faire connaissance grâce aux vêtements et au masque qu'il porte. C'est toujours seul qu'il se rend dans les soirées déguisées qui se déroulent aux quatre coins du département. Alors qu'il arrive presque au niveau de la belle en costume d'Oracle en quête d'un début de discussion avec l'inconnue, une main se porte à sa hanche. Il se retourne pour tomber dans les plus beaux yeux qu'il ait jamais vus. Son souffle se coupe alors qu'il se fait aspirer l'âme par l'azur d'un ciel d'été.
Ses fines lèvres s'étirent instantanément en un immense sourire alors qu'il est complétement sous le charme du regard à rendre jaloux la mer Méditerranée. Il en oublie la personne qu'il voulait aller embêter quelques secondes plus tôt. Il ouvre à plusieurs reprises la bouche sans qu'il ne parvienne à produire le moindre son.
Derrière le masque noir, les prunelles pétillent et il peut voir les lèvres se relever en un léger sourire en réponse au sien. Des cheveux charbons partent dans toutes les directions au-dessus du crane qui apparait par-dessus les oreilles présentes sur le masque. Il finit par comprendre pourquoi il est la personne qui a été arrêtée par ce bel et mystérieux inconnu.
— Je me demandais si j'aurais un Robin pour me tenir compagnie.
Il reste plusieurs secondes à fixer Batman avant de se ressaisir et d'avoir les connexions se faisant dans son cerveau qui ne semble pas capable de gérer depuis qu'il s'est fait happer par les iris océan.
— Batman a les yeux marron.
Un éclat de rire résonne en réponse et il comprend que les mots lui ont échappé.
— Et jusqu'à preuve du contraire Dick Grayson n'a pas des belles mèches dorées.
Ses joues se mettent à le brûler et ses yeux verts à scintiller.
— T'as reconnu lequel j'étais ?
— Le déguisement est très bien fait.
La joie s'insinue en lui sous le compliment. Faire ses déguisements lui prenait toujours bien trop longtemps pour ne pas être heureux quand son travail est valorisé.
— Tu l'aimes bien ?
La timidité est palpable alors qu'il attend la sentence du Batman qui se tient en face de lui. Il a l'impression qu'il a le pouvoir sur la suite de sa soirée. Pourtant, Tristan s'en est toujours moqué de l'avis des autres tant que les autres n'étaient pas son grand frère ou sa grande sœur. Mais ce jour-là, il veut plaire à la personne glissée dans le costume autant que Robin cherche à plaire à Batman. Il veut les louanges de l'inconnu aux prunelles parfaites dans lesquelles il a envie de plonger depuis qu'il les a croisées, celles qu'il parait incapable de lâcher, celles qu'il voudrait pouvoir admirer tous les jours de l'année à partir de cette soirée.
La tête est lentement hochée. Ses joues rougissent et il se sent démasqué quand le sourire s'élargit en face de lui. Son léger masque ne cache pas cette partie de son visage qui doit désormais être écarlate et ça ne semble pas échapper à son interlocuteur secret.
— Tu danses ?
Et Tristan se retrouve à hocher la tête alors qu'il n'aime même pas cela. Normalement, il se rendait aux soirées costumées pour rencontrer d'autres passionnés, ou pour discuter avec des inconnus, ou encore pour passer du temps à admirer la créativité des autres participants. Rarement, il les quittait accompagné et jamais il ne dansait. Mais ce soir, il a très envie de danser avec Batman. Alors il se laisse faire quand la main se glisse dans la sienne et l'entraine au centre de la piste où une partie des autres fêtards sont déjà en train de se trémousser.
Il se laisse guider, complétement hypnotisé par les yeux aux couleurs de mer par une journée d'été. Il tente de distinguer le reste de ses traits sans y arriver. Sa curiosité le pousse à vouloir détacher ce masque qui recouvre bien trop du visage de son interlocuteur. Il a envie de découvrir plus que les lèvres rosées qui dépassent en dessous et auxquelles il aimerait bien goûter. Il ne le fait pourtant pas, désirant plus que tout profiter uniquement des yeux clairs de l'inconnu qui laissent transparaître tout ce qu'il ressent.
Il sent son corps être manœuvré et bientôt, les doigts sont posés sur ses hanches et ne veulent plus s'en détacher. La musique résonne dans les enceintes au rythme des basses, mais Tristan n'entend que le sang battant dans ses tympans. Il glisse sur les airs emplissant l'atmosphère, ses yeux verts ne se détachant à aucun moment de ceux profonds lui faisant face. Son corps se détend peu à peu alors qu'il suit les mouvements de celui qui l'a entrainé ici et qu'il se meut d'une façon qu'il sait être désordonnée. Mais aujourd'hui, il s'en moque bien de ne pas savoir danser quand il s'agit uniquement d'une excuse pour être dans les bras du justicier masqué.
Quand son nez se retrouve à quelques millimètres de l'autre et qu'il sent les doigts glissant sur sa joue, Tristan a les lèvres qui s'étirent doucement. Il est presque déçu quand les paupières se referment sur les orbes bleus quand leurs bouches se rencontrent. Ce n'est pas le pouvoir de Batman que de maitriser l'électricité, mais en cet instant Robin vient de se faire foudroyer.
Le blond reste dans ses bras, profitant du moment et des caresses des lèvres de l'inconnu rencontrant régulièrement les siennes. Il s'abreuve de la lueur de désir trainant dans les iris bleutées. Ils discutent à peine alors que les heures passées l'un avec l'autre défilent.
— Je te ramènerais bien dans ma BatCave.
Un rire cristallin s'échappe de ses fines lèvres avant qu'il ne les repose sur celles de celui dont il ne sait toujours pas le prénom. Mais en cet instant, Tristan s'en moque bien, c'est les yeux bleus qu'il veut. Les yeux bleus de celui dont les mains glissent sur son corps depuis plusieurs heures désormais et dont il partage les mêmes envies.
Alors, il finit par glisser sa main dans les gants sombres et se laisse entrainer loin de la musique et des corps suants, des masques, des robes et des costumes. Ils passent devant la rousse qui aurait dû être une rencontre de cette soirée et le blond lui adresse un sourire lumineux auquel elle répond tandis qu'il se fait trainer en direction de la sortie.
✦
Les costumes sont rapidement défaits et ils s'effondrent dans les draps clairs. Le feu coule dans ses veines et lèche sa peau là où les doigts et la bouche glissent. Et au milieu, il y a les plus beaux yeux qui lui aient été donné de croiser qui l'admirent et ne le quittent pas. Derrière le masque noir et à la lueur de la lampe de table de nuit, gorgés de désir, pour lui, ils brillent de mille feux. Et ils l'observent, observent, observent. C'est tout ce dont il pouvait rêver. Tout ce dont il avait rêvé.
— T'as le plus beau sourire que j'ai jamais vu.
Ses joues déjà rougies se mettent à le brûler et il ne peut pas empêcher sa bouche de s'élargir encore un peu plus. Les mains encadrent pendant quelques secondes son visage, les doigts caressent ses pommettes, brève trêve au milieu du flot d'ardeur de l'échange et des mouvements. Tristan est en train de se consumer alors qu'il a l'impression de n'être plus qu'envie.
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— Waw.
— Ouais, waw. J'ai rarement autant pris mon pied Robin.
Les battements de son cœur ralentissent alors que son corps se fait écraser par la masse. Il sent un léger baiser être déposé contre son menton. Bientôt, sa cage thoracique est secouée par les éclats du rire qui lui échappent. Les iris bleutées se relèvent vers lui, un peu confuses. Son bras glisse sous le corps de Batman pour venir le presser contre lui dans une légère tentative de calmer l'inquiétude qu'il lit dans les yeux clairs.
— J'étais juste en train de penser qu'on est toujours là avec nos masques et franchement Batman et Robin ensemble c'est répugnant.
Bientôt, il sent le second corps vibrer contre le sien, leurs éclats se mêlant dans l'espace confiné où ils se sont retrouvés.
— C'est vrai que vu comme ça. Mais ton Robin m'a beaucoup plu.
Ça bouge au-dessus de lui et il grimace quand un coude s'enfonce dans ses côtes alors que le brun se retrouve à nouveau complètement sur lui, les coudes encadrant son torse. Bientôt, il sent les doigts glisser à l'arrière de son crâne. Il relève légèrement la tête pour permettre à ceux-ci de défaire le nœud fixant le masque recouvrant toujours une partie de son visage. Ses mains rejoignent instantanément la ficelle maintenant la forme de chauve-souris l'empêchant d'admirer la dernière partie du corps de celui qui lui sourit doucement.
Les masques tombent et il cligne plusieurs fois des yeux arrachant un petit pouffement au brun.
— Hey.
Les doigts parcourent son visage, en effleurent les contours alors qu'il fait la même chose sur cette figure qu'il découvre en intégralité. Son sourire s'agrandit alors.
— Hey.
Les lèvres s'effleurent une brève seconde, légère caresse alors que les doigts sont délicatement déposés sur les joues du brun qui paraît moins impressionnant débarrassé de son masque lui donnant un air sérieux précédemment.
— Jules.
Il grave le prénom dans son esprit. Il essaie de marquer chacun des traits de celui qui n'est désormais plus un inconnu masqué.
— Salut. Tristan.
Les fines lèvres s'étirent en un franc et doux sourire alors qu'il se sent être détaillé. Les mains encadrent son visage, les pouces glissent sur ses pommettes en une douce caresse.
— Enchanté Tristan. Je vais à une soirée costumée à Bénarville samedi onze et je serai vraiment très heureux si tu m'y retrouvais.
— Sur quel thème ?
— L'Italie.
— Cool. Et si je viens, qu'est-ce que je devrai chercher ?
— Pierrot.
Le blond sent les doigts traînant un peu sur ses lèvres. Il ne parvient pas à quitter les prunelles bleutées dans lesquelles il a plongé pendant de longues heures. Il hoche lentement la tête.
— Il va falloir que j'y aille. Je te dis à bientôt donc ?
La tête a un mouvement vertical. Le cou est stoppé par la main et le pouce glisse sur la joue.
— J'ai hâte. Impressionne moi.
Il quitte les draps et les bras à regret. Il sent sa hanche être agrippée avant qu'il ne soit entièrement levé.
— Et Tristan ?
Il se retourne pour replonger un bref instant dans les prunelles de celui l'observant.
— C'est un rendez-vous.
et voilà c'était le premier chapitre avec nos deux protagonistes & un début de mise en place de l'affaire. la suite tout bientôt !
il faut que vous sachiez que j'ai épuisé mes prénoms masculins prefs pour cette histoire en mettant les deux d'un coup ❤
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