Chapitre 1
Hugo ouvrit les yeux, mais il ne vit rien. Rien d'autre que le noir complet.
Il était allongé sur une surface lisse, glaciale, ce qui — après réalisation de ce fait — le fit frissonner.
Il se redressa. Une odeur de renfermé titilla ses narines.
Espérant que ses yeux s'habitueraient bientôt à l'obscurité, il se mit à jeter des regards frénétiques dans toutes les directions. En vain. Ces ténèbres semblaient ne jamais vouloir se dissiper.
Il décida donc de placer ses mains en face de lui pour voir s'il pouvait toucher quelque chose.
Ce fut à cet instant qu'il les sentit : deux objets lourds attachés à chacun de ses poignets. On aurait dit... des chaînes.
La panique, qui jusqu'à présent était miraculeusement restée hors de sa portée, le submergea avec force, telle une bourrasque d'air glacial.
Pourquoi lui avait-on mis des chaînes aux poignets ? Ou était-il ?
Il essaya de se libérer en tirant et en se débattant tel un forcené, sans succès.
— C'est inutile.
Il sursauta. La voix provenait de quelque part à sa droite. Une voix d'homme.
— Qui est là ? demanda Hugo, effrayé.
— Disons qu'on est tous les deux dans la même galère, répondit la voix. J'ai moi aussi essayé de me libérer de ces chaînes. Tu te fatigues pour rien.
— Mais... où sommes-nous ? Et pourquoi nous a-t-on attachés ?
— Bonnes questions. Fais moi signe quand tu auras les réponses, ricana la voix.
— Comment pouvez-vous plaisanter dans un moment pareil ?
— Eh bien, plutôt en rire qu'en pleurer, non ? Je m'appelle Franck, au fait. Et toi c'est comment ?
Tenté d'un premier abord de ne pas lui répondre, Hugo se dit finalement qu'il ne gagnerait rien à lui en vouloir. Après tout, il était la seule personne à qui il pouvait parler.
— Je m'appelle Hugo. Alors... euh... tu ne sais vraiment pas ce qu'on fait là ?
— Pas la moindre idée Hug'.
— C'est Hugo.
— Ouais mais je préfère Hug'. Je trouve que ça fait plus cool.
Hugo préféra changer de sujet.
— Ça fait combien de temps que t'es ici ?
— Une heure, peut-être deux. J'ai perdu la notion du temps dans cette salle.
— Cette salle ?
— Ouaip, dit Franck. Je ne sais pas grand chose, mais je peux te dire qu'on est dans une salle rectangulaire, pas trop grande. Je l'ai vue quand ils t'ont emmené. Et —
— Quoi ? l'interrompit Hugo. Quand ils m'ont emmené ? Qui ça ils ?
— Je te l'ai dit, je n'en sais rien. Mais je me souviens qu'ils étaient vêtus de sortes de combinaisons blanches, comme celles que portent les gens qui veulent se protéger d'un virus.
Hugo déglutit.
— Tu...tu penses qu'on est malade ? demanda-t-il d'une voix tremblotante.
— C'est possible...
Bien qu'il fut incapable de voir son visage, Hugo perçut dans la voix de Franck que lui aussi était inquiet.
Au même moment, son ventre émit un gargouillis sonore. Franck éclata de rire.
— A ta gauche, dit-il.
— A ma gauche ?
— Oui. Sur le sol. Si je ne m'abuse, il devrait y avoir quelque chose pour toi.
Hugo se mit à tâter le sol avec sa main gauche, et à sa grande surprise, sentit quelque chose de solide.
— Qu'est ce que c'est ?
— Un plateau avec de la nourriture dessus. Sûrement la même que la mienne. Une omelette avec des morceaux de pain et un verre d'eau. Fraîchement fournis par nos ravisseurs.
Hugo reporta son attention sur le plateau. Se servant de sa main gauche, il le plaça sur ses cuisses et sans plus attendre, se mit à manger. Il n'y avait ni fourchettes ni couteaux. De toute façon, il avait tellement faim qu'il ne s'en souciait guère. Franck avait vu juste. Il reconnut le goût de l'omelette, du pain et faillit presque renverser le verre d'eau.
Une fois qu'il eut le ventre plein, il reposa le plateau à côté de lui. Maintenant qu'il était rassasié, il se sentait beaucoup plus calme.
— Alors on fait plus la causette ? ricana Franck.
— De quoi veux-tu parler ? répondit Hugo avec dépit.
— Bah j'sais pas trop. Disons le b.a.b.a en termes de conversation. Tu viens d'où ? T'as quel âge ? etc.
— Je suis français. Tout comme toi j'imagine ? Je viens de Nancy et j'ai seize ans.
— De Nancy, t'as dit ? dit Franck enthousiaste. Moi aussi ! Et j'ai seize ans également. Ah ça par exemple... Quelle drôle de coïncidence !
— Ouais c'est ça, dit Hugo pas vachement emballé.
Qu'ils vinssent du même endroit était, en effet, un tantinet curieux, mais il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat.
D'ailleurs n'était ce pas là qu'ils se trouvaient en ce moment, à Nancy ? C'était fort probable. En même temps, impossible d'être sûr à cent pour cent dans ces ténèbres. Si ça se trouvait, on les avait peut être fait quitter la ville ou même le pays à leur insu.
— Et ta famille ? demanda Franck.
— Quoi ma famille ?
— As-tu une famille ?
— Bien sûr que oui, dit Hugo. Ils...
Mais soudain, Hugo se retrouva à court de mots. Sa gorge devint sèche. Son cœur se mit à battre la chamade.
— Ils..., répéta-t-il. Je...
— Tu ne te souviens plus d'eux, pas vrai ?
S'ils avaient pu se voir à ce moment-là, Franck aurait sûrement été choqué par l'expression qu'affichait Hugo. Ce dernier était blême, les yeux écarquillés, la bouche ouverte.
Pour cause, Franck disait vrai. Même si Hugo était absolument certain qu'il avait une famille, tous les souvenirs qui leur étaient associés avaient disparu de sa mémoire comme par magie.
— Comment ça se fait ? s'enquit-il auprès de Franck.
— Encore un autre mystère, soupira ce dernier. Il y a des choses que je sais sur moi dont je suis sûr à 100%, mais il y en a d'autres... C'est juste le noir total.
Hugo ne comprenait plus rien. Il se sentit soudain las.
— Je crois que je vais dormir un peu, dit-il ne voulant plus penser à toute cette histoire pour le moment.
— OK partenaire. On continuera cette charmante conversation demain ou alors aujourd'hui. Haha.
— C'est ça, dit Hugo en essayant de trouver une position confortable pour dormir.
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