7 - Détermination

Ils reprirent le chemin de Tokyo alors que la nuit approchait. Manel s'était de nouveau assise derrière Mikey et Inès était derrière Baji. Elle avait passé les bras autour de sa taille et posé la joue sur son dos.

Jamais elle ne pourrait oublier ce baiser. Il ferait désormais partie des moments les plus merveilleux de sa vie.

Elle resserra ses bras et sentit la chaleur du corps de Baji contre elle. Elle sourit.

Juste derrière eux, Sophia suivait sur la moto de Chifuyu. Cette dernière semblait moins inquiète qu'à l'aller et Chifuyu pouvait maintenant rouler à une vitesse normale.

– On s'est bien marré, dit Smiley. Il faudra qu'on le refasse !

– Grave ! Dit son frère.

– Tu n'as pas trop froid Mani Chan ? Demanda Mitsuya.

Les vêtements de Manel avaient eu le temps de sécher, mais son bain forcé était encore dans toutes les mémoires.

– Non, ça va, dit-elle, je te remercie Mitsuya.

– Quand même ce coup de pied, intervint Draken, c'était quelque chose, hein Mikey ?

– Totalement ! Répondit ce dernier.

Puis il se tourna vers Manel et ajouta :

– Il faudra que tu viennes au dojo de mon grand-père, on pourra s'entraîner ensemble !

– D'accord !




Ils arrivèrent au sanctuaire et les filles descendirent de moto.

– Vous êtes sûres que ça va si on vous laisse ici ? Demanda Mitsuya. On peut vous déposer chez vous si vous voulez, ça ne nous dérange pas...

Inès allait répondre quand Manel attrapa sa main et répondit à sa place.

– Non, non, dit-elle, ici c'est très bien, ne t'en fais pas ! On n'habite pas très loin !

– D'accord, dit-il.

Inès la regarda sans comprendre, mais avant qu'elle ait ouvert la bouche, Baji l'avait rejoint. Il l'attira à l'écart et serra sa main dans la sienne.

– On se revoit vite, ok ? Dit-il.

Le cœur d'Inès se mit à battre à toute allure. Elle hocha la tête.

– Ok, dit-elle.

Quelques minutes plus tard, les garçons avaient disparu.

Inès se tourna vers Manel.

– Tu nous fais quoi là ? Dit-elle. On passait un super moment !

La lueur qu'elle vit dans le regard de Manel la réduisit au silence.

– Je ne laisserai personne leur faire du mal, souffla cette dernière. C'est hors de question.

Inès s'approcha.

– De quoi tu parles ? Lui demanda-t-elle.

Manel leva les yeux.

– Ça ne te fait pas mal à toi de savoir ce qui va se passer ? Dit-elle. De savoir qu'ils vont bientôt vivre des choses horribles ? Que Draken va se faire poignarder et manquer de mourir ? Que Baji va se faire tuer ?

Elle avait les lèvres qui tremblaient et les poings serrés. Inès baissa les yeux.

Oui, c'était la vérité. Dans quelques mois, Baji allait mourir.

À cette idée, elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

– Et bien moi, je refuse ! Reprit Manel. Je laisserai pas ça arriver !

– Qu'est-ce que tu veux y faire ? Lui demanda Inès. On ne peut rien faire ! C'est comme ça ! On le savait depuis le début !

À côté d'elles, Sophia s'enferma dans ses bras. On ne l'avait pas entendu depuis que les garçons étaient partis, mais elle était d'accord avec Manel. L'idée que ces garçons, qui s'étaient montrés si gentils avec elles, allaient passer par ces moments terribles lui était insupportable.

L'idée que Chifuyu allait bientôt pleurer la mort de Baji lui déchirait le cœur.

Moi non plus je ne veux pas laisser ça arriver, se dit-elle.

– Il existe un moyen, reprit Manel avec toujours cette lueur de folie dans le regard. Tout à l'heure, quand j'ai rencontré Baji, je venais de croiser trois types en uniformes du Moebius. J'ai vu vers où ils se dirigeaient.

– De quoi tu parles ? S'inquiéta Inès.

– Je parle de Osanai, lui dit Manel. Si on l'explose, on détruit le Moebius et on change l'histoire ! Kisaki ne s'associera pas avec ce gang et la guerre avec le Toman n'aura pas lieu ! Draken ne sera plus en danger et peut-être même que le Valhalla ne sera jamais créé !

Inès secoua la tête.

– Tu te trompes Manel, dit-elle. Ça ne se passe pas comme ça. On ne peut pas changer l'histoire. Moi aussi j'aimerais... je voudrais... mais c'est pas possible !

– Je veux faire comme Manel.

La petite voix qui était intervenue leur fit tourner la tête à toutes les deux et Manel et Inès regardèrent Sophia comme si elle la voyait pour la première fois.

– Moi non plus, reprit Sophia, je ne veux pas qu'ils passent par tout ça. Alors s'il y a une chance, même toute petite, qu'on puisse les aider, je veux la saisir.

Manel hocha la tête. Inès essaya de les ramener à la raison.

– Vous ne savez pas de quoi vous parlez ! Dit-elle. On ne peut pas faire ça ! Et puis ces types du Moebius, ils sont dangereux ! Vous savez bien ce qu'ils ont fait ! Vous avez oublié pourquoi le Toman leur a déclaré la guerre ?

– On peut y arriver Inès, la rassura Manel. Je ne suis pas complètement sans défense et on a l'effet de surprise pour nous. Il suffit d'être prudentes et ça fonctionnera.

– Non, non, continua Inès, c'est une mauvaise idée, c'est une très mauvaise idée...

– Inès, dit tout doucement mais fermement Sophia. On le fera, que tu le veuilles ou non.

Inès les regarda tour à tour. Toutes les deux étaient déterminées et elle comprit qu'elle ne pourrait pas les faire changer d'avis.

– Très bien, abandonna-t-elle, je vous suis. Mais s'il y a le moindre danger, promettez-moi de prendre la fuite. C'est pas un jeu, d'accord ? C'est dangereux !




Toutes les trois se mirent en route vers l'endroit où Manel avait aperçu les membres du gang de Osanai un peu plus tôt dans la journée.

– Comment tu veux procéder ? Demanda Inès.

Tant qu'à attaquer des membres de gang, mieux valait préparer un plan se dit-elle.

– Je pensais me débrouiller pour attirer Osanai à l'écart, lui répondit Manel. Vous, vous m'attendriez en vous cachant et quand il arrive, on lui fait sa fête.

– Je ne sais pas me battre, lui rappela Sophia.

Elle ne faisait pourtant pas mine de reculer.

– C'est pas grave, dit Manel. On va bien trouver des barres de fer ou des trucs comme ça sur place.

Inès était sous le choc.

– Tu vas vraiment le faire... Souffla-t-elle.

Manel ramena les yeux vers elle.

– J'ai jamais été aussi sérieuse, lui assura-t-elle.




Lorsqu'elles arrivèrent au coin de rue où Manel avait vu les Moebius, elles s'engouffrèrent dans la ruelle la plus proche, celle dans laquelle ils avaient disparu.

Sophia s'immobilisa en longeant un tas de ferrailles et elle en tira un bout de tuyau à peu près de la longueur de son bras.

– Manel, dit-elle, tu crois que ça ira ça ?

Manel l'examina et elle hocha la tête.

– C'est bon, dit-elle, il est assez solide.

Elle se pencha et en dénicha un second pour Inès.

Elle le lui tendit et cette dernière resta un moment sans bouger.

Finalement, elle le saisit en soupirant.

– Vous êtes complètement folles, dit-elle.

La vérité, c'est que c'était surtout Sophia qui la surprenait. La gentille, la douce Sophia qui n'osait même pas hausser le ton au collège se préparait à aller tabasser un type qu'elle n'avait jamais vu de sa vie.

C'est pour Chifuyu, comprit-elle. Elle le fait pour lui. Pour qu'il n'ait jamais à traverser cette épreuve horrible.

À ce souvenir, Inès revit la scène où Baji se plantait un couteau dans le ventre et elle frissonna. Ses doigts se resserrèrent sur la barre de fer.

Elles ont raison, pensa-t-elle, si on peut l'empêcher, on doit le faire.

Quand toutes les trois se remirent en marche, elles affichaient la même expression déterminée.

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