Sophia n'arrivait pas à en croire ses yeux. Chifuyu Matsuno. Le garçon le plus adorable de tous. Il se tenait là, devant elle et il lui souriait.

Son appréhension fut balayée d'un coup et elle hocha la tête.

– D'accord, dit-elle.

Toute la bande se mit en selle et, quelques minutes plus tard, ils étaient en route.

– Où est-ce que vous voulez aller ? Demanda Mikey.

– À la plage ! Répondit Manel en se penchant par-dessus son épaule.

– Il fait encore un peu froid pour la plage, non ? Fit remarquer Mitsuya en remontant jusqu'à leur niveau.

– Peut-être, intervint Draken, mais au moins on ne sera pas gêné par la foule à cette époque de l'année.

Mikey se tourna à demi sur sa selle.

– Pourquoi tu veux aller à la plage Manicchou ?

Fidèle à lui-même, il avait attribué des surnoms aux filles sans se préoccuper de savoir si ça leur convenait ou non.

– Parce que je n'ai jamais vu la mer en vrai, avoua-t-elle.

Les garçons échangèrent des regards silencieux. Baji jeta un œil à Inès, assise derrière lui, ses bras autour de sa taille.

– C'est vrai ? Lui dit-il. Vous n'avez jamais vu la mer ?

– Moi si, dit-elle, une fois quand j'étais petite. Mais c'était il y a longtemps.

– On habite trop loin de la mer, leur expliqua Manel, et nos parents n'ont pas les moyens de nous envoyer en vacances.

– C'est triste ça, dit Smiley.

– C'est vrai que c'est pas cool, confirma son frère.

– Va pour la plage alors ! Dit Mitsuya.

Ils accélèrent et, sous le coup de la surprise, Inès et Manel durent s'accrocher à Mikey et Baji pour ne pas tomber.

Derrière eux, Chifuyu roulait à une allure plus modeste et il se laissa distancer.

– Ça va So Chan ? Dit-il. Tu n'as pas peur ?

Sophia secoua la tête, les bras fermement refermés sur sa taille.

– Non, non, ça va. Merci Chifuyu !

– C'est normal, lui dit-il. Je comprends tout à fait qu'on puisse avoir peur en moto !

– Tu es vraiment gentil ! Vous êtes tous vraiment gentils !

– Pas de problème So Chan, lui dit-il en lui adressant par-dessus son épaule un sourire qui la fit fondre.

Les premiers arrivèrent en vue de la plage vingt minutes plus tard et Chifuyu et Sophia suivirent avec un peu de retard.

– Ah bah enfin ! Dit Baji en les voyant arriver. C'est pas trop tôt !

– C'est de ma faute, s'excusa Sophia en mettant pied à terre. Chifuyu roulait doucement pour que je n'aie pas peur.

Draken alla mettre une claque derrière la tête de Baji.

– Ne l'écoute pas So, dit-il. Il faut tout le temps qu'il râle de toute façon !

Manel lâcha Mikey pour se précipiter vers la plage.

– La mer ! Cria-t-elle. C'est si beau !

Au bout de quelques pas, elle se laissa tomber sur un banc et entreprit de retirer ses chaussures.

– Je veux marcher dans l'eau ! Dit-elle.

Mikey la rejoignit.

– Moi aussi ! Dit-il.

– Ils se sont bien trouvés tous les deux, souffla Mitsuya en étouffant un rire.

Il fut aussitôt dépassés par les jumeaux Kawata qui avaient retiré leurs chaussures et remonté le bas de leurs pantalons jusqu'aux genoux.

– Nous aussi ! S'écrièrent-ils de concert en se précipitant vers la mer sur les traces de Mikey et Manel.

Draken rejoignit Mitsuya.

– On y va aussi ? Dit-il.

Une seconde plus tard, tous avaient enlevé chaussures et chaussettes pour aller patauger dans les vagues qui venaient s'écraser sur la plage.

– C'est froid ! Piailla Inès en sautillant sur place d'un pied sur l'autre.

– Je te porte ! Lui dit Baji.

Il la jeta sur son épaule sans ménagement et Inès éclata de rire en se cramponnant à lui.

– Ne me fais pas tomber ! Cria-t-elle. Ne me fais pas tomber !

Sophia et Chifuyu les observaient à l'écart pour éviter de se faire éclabousser.

– Des vrais gamins ces deux-là, dit Chifuyu.

– Oui, répondit Sophia.

Elle avait les joues rouges et le sourire aux lèvres. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de sa vie.

Finalement, tous allèrent s'asseoir sur la plage pour se sécher, à l'exception de Manel et Mikey qui continuaient à se poursuivre dans l'eau.

– Attends, dit Manel, faut que je te montre un truc Mikey !

Elle pivota sur elle-même et son pied décrivit un arc de cercle pour effectuer un de ses plus beaux high kick. Puis elle perdit l'équilibre et tomba les fesses dans l'eau.

– Oh ! Magnifique Manicchou ! S'exclama Mikey. Surtout la fin !

Assise dans l'eau, Manel ouvrit des yeux surpris. Puis elle éclata de rire. Elle se leva et repartit à la poursuite de Mikey qui s'enfuit en riant.

– T'es toute trempée ! Cria-t-il. M'approche pas !

À quelques pas de là, Baji prit discrètement la main d'Inès.

– On va faire un tour ? Lui dit-il.

Elle hocha la tête et tous les deux s'éloignèrent en direction des rochers qui bordaient la plage.

– Je m'amuse vraiment beaucoup, lui dit-elle. C'est l'une des meilleures journées de ma vie.

– Je suis content si ça te plaît, dit-il. Mais on ne fait rien de spécial pourtant.

– Oui, c'est encore mieux ! Lui répondit Inès avec le sourire.

Dès qu'ils furent hors de vue, Baji lui proposa de s'asseoir sur les rochers.

Inès s'assit près de lui sans lâcher sa main. Il avait la peau chaude et sa paume était un peu rugueuse. C'était si vrai. Tout cela était mille fois mieux qu'un rêve.

Le pouce de Baji commença à dessiner des petits cercles sur le dos de sa main et Inès se sentit frissonner.

– Tu as froid ? Dit-il.

– Non, dit-elle, je suis bien là.

Elle leva la tête, croisa son regard et ses yeux restèrent prisonniers de ses prunelles ambrées.

Baji se pencha vers elle.

– Tu es jolie, tu le sais ? Lui dit-il de ce timbre grave et un peu rauque.

Inès arrivait à sentir le souffle chaud de son haleine lui effleurer la joue et son cœur eut des ratés dans sa poitrine. Finalement elle ferma les yeux et Baji posa ses lèvres sur les siennes.

Il effleura d'abord sa bouche, la picorant de légers baisers, avant de lever la main pour caresser sa joue.

Inès rouvrit brièvement les yeux qu'elle avait fermé un instant plus tôt puis elle les referma pour accueillir son baiser.

C'était comme un rêve. Baji l'embrassa, sa bouche dansant sur la sienne sans que sa main ne cesse une seconde ses caresses sur son visage.