Partie 14~ 1000 km/h

Erwin est hyper concentré sur la route, il roule assez vite, voire trop vite. Je regarde par la fenêtre le béton qui défile sous la voiture.
Les lumières des maisons sont encore éteintes, la ville est toujours endormie.
Il faut dire que la région n'est pas réputée pour ses lèvent-tôt.

-Erwin...C'est qui ce Trey ? Fis-je en tapotant frénétiquement mon accoudoir.

-Un supérieur de Cora et...Son ex copain.

Il est tendu. Même sans voir son aura aux reflets verdâtres, n'importe qui aurait pû deviner la tension palpable d'Erwin.
Les mains crispées sur le volant, je remarque ses muscles qui se contractent et se décontractent.

J'ai l'impression que si je lui parle, il va m'envoyer dans les roses. Alors je fixe mes pieds, la route, son visage lessivé, et je repense au passé.

À mon passé.

À mon village en flamme qui me rend nostalgique. Parfois je me demande si quelques personnes ont survécu à l'attaque.

À mes anciens camarades.

À cette vieille chouette de Madame Macney et à Chris, ce loup qui était le seul à être gentil avec moi.

À Wolf.

Pourquoi je n'arrive pas à me débarrasser de son image. Son visage, ses muscles, le grain de sa peau, tout son être entier hante mon esprit.

Une boule se forme dans mon estomac, ma gorge est cotonneuse.
Erwin me tire de mes pensées assombries en se raclant la gorge.

"Jen'...Tu sais, je...Tu...(Il soupire et resserre son emprise sur le caoutchouc) Excuse moi pour tout à l'heure...Je voulais pas..."

J'hausse un sourcil, Erwin qui s'excuse pour des futilités, ce n'est pas normal.
J'hoche la tête sans rien ajouter.
Je sais très bien qu'il veut me dire autre chose mais qu'il ne trouve pas ses mots.

On croise quelques voitures sur le chemin, dont une qui manque de nous percuter de plein fouet.
La tortue grommelle mais reste de marbre.

Je commence à avoir chaud. Une douce chaleur qui vient de je ne sais où et qui hante mes pensées depuis mon plus jeune âge.

Une chaleur glaciale qui me fait frissonner, qui me monte à la tête, qui traverse mon corps, qui me ronge de l'intérieur.
Cette chaleur des Enfers, que je ne maîtrise pas mais que je connais par cœur...

La tête me tourne, mes tympans sifflent, le vrombissement continuel du moteur me donne une atroce migraine.

Puis soudain, plus rien.

Quand je rouvre mes yeux fiévreux, il fait noir.
L'impression de marcher dans le vide m'étreint, je titube et manque de tomber à plusieurs reprises.

Je trébuche contre une sorte de racine invisible avant de me rattraper sur quelque chose.

C'est mou et dur à la fois.

C'est humain.

Ma main vient littéralement de s'écraser sur un muscle humain qui s'évanouit aussitôt dans la pénombre.
Un frisson me parcourt, je me raidis aussitôt lorsque je sens un léger contact me frôler.

Un murmure qui se répand en échos me susurre mon prénom à l'oreille d'un "voix" suave et terriblement sensuelle.
Des doigts de mettent à fourmiller sur mes hanches pour ensuite m'empoigner le ventre.

C'est à la fois violent et incroyablement doux.

Un menton se colle contre ma clavicule, de petites mèches de cheveux me chatouillent le cou. Et mon prénom qui se répète sans cesse. Ce murmure enivrant qui me fait tourner la tête, je crois le connaître, il m'est familier. Des frissons me parcourent le dos, les côtes, sans jamais s'arrêter. Mon corps entier se contracte, se tend, s'étire pour finalement se détendre à une vitesse si brusque que j'en perd l'équilibre. Je m'effondre sous les souffles chauds qui cessent aussitôt.

"Jen' ! On est arrivés !"

Dans un gémissement lourd, j'ouvre les yeux et m'agrippe à l'accoudoir, la respiration haletante, le pouls battant à toute vitesse. Erwin me fixe l'air vaguement inquiet. Il est beaucoup trop près. Beaucoup trop près.

Je secoue le tête pour ensuite lui adresser un sourire maladroit qu'il ne me rend pas. Il tire une mine affreuse. Il descend de le voiture, je reprends mon souffle; c'est comme si mon cerveau venait de se transformer en charbons ardents. Les mains tremblantes, j'ouvre la boite à gants pour en sortir un petit revolver que je glisse dans la poche arrière de mon jean. Je ne sais pas où je vais et après ce qui vient de se passer avec Cora, je n'ai aucune envie de me retrouver sans défenses...

Je sors à mon tour, contrainte de trottiner pour rejoindre Erwin qui  a pris de l'avance pendant que retrouvais mes esprits. Il ne m'adresse ni un regard ni la moindre attention à mon égard. Certes il est inquiet et en colère pour sa sœur mais de là à m'effacer totalement de son existence...Son attitude commence légèrement à me taper sur les nerfs. C'est d'un pas nonchalant, que l'on rejoint l'entrée du bâtiment. Un bâtiment hyper neutre, d'une hauteur vertigineuse. Pour la discrétion, c'est pas gagné étant donné qu'il est entièrement constitué de baies vitrées...

Les portes automatiques s'ouvrent à notre passage. Je manque de me faire renverser par un homme en costard, qui grogne lorsque l'on s'entrechoque. Les talons des femmes claquent, les téléphone sonnent, l'hôtesse d'accueil parle d'une voix faussement réjouie. J'ai pris l'habitude des lieux remplis, mais pour une fille qui vient d'un tout petit village, c'est beaucoup trop bruyant. Je plisse les yeux, une migraine imminente se fait sentir.

Des doigts se croisent aux miens, ayant pour effet de me faire relever la tête. Je croise le regard mielleux d'Erwin, qui vient de prendre ma main comme pour m'apaiser. Mes joues s'enflamment, mon univers s'écroule. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il me touche mais...Je ne sais pas. La seule idée de son contact me fais frémir.

Je dois être malade.

Timidement, je me retire de de son emprise légère, il hausse un sourcil. Sans rien ajouter, je me dirige vers le guichet, il est à mes talons. 

-Puis-je vous aider ? s'empresse de dire la femme maquillée, derrière son bureau, un sourire collé aux lèvres.

-Oui, lui répond Erwin en se penchant un peu plus vers elle, quand le loup n'est pas là, les chaperons dansent.

Le visage de la femme s'assombri, je ne comprend pas. Elle lui murmure quelques mots indescriptibles, j'entends juste la fin de sa phrase : "Je préviens Trey." La tortue la remercie, ne prend pas la peine de me regarder puis commence à s'éloigner, en me laissant en plant. S'il continue, je vais craquer ! Un coup il se montre étrangement adorable, l'autre, il est distant et exécrable !

"Erwin !"

Je viens d'entendre ma propre voix prononcer son nom sans que je ne m'en rende compte. Il s'arrête, lève une main en l'air, et me fait signe de venir sans même se retourner. J'accours, un tantinet énervée. Alors que je m'apprête à lui sortir une phrase cinglante, il reprends sa route en direction d'un ascenseur. Une fois à l'intérieur, il pianote sur le clavier "403", dans un cliquetis, nous descendons. C'est tellement rapide que je n'ai même pas le temps de dire à Erwin ce que j'ai sur le cœur le concernant.

Les portes s'ouvrent sur une pièce plus sombre, éclairée de lumières jaunâtres tamisées. Des bureaux disposés en deux colonnes distinctes sont recouverts de paperasse, d'ordinateurs et de gobelets vides de café. C'est presque aussi bruyant qu'en haut, malgré le fait qu'il y a moins de monde. Des tâches inquiétantes jonchent le sol, une odeur de renfermé traîne dans l'air.

Nous avançons dans l'allée centrale, traversant les diverses conversations, pour rejoindre une table beaucoup plus imposante.

"Erwin !? Ça fait bien longtemps qu'on s'est pas vu !"

L'homme derrière ce gigantesque bureau se lève, le contourne pour enfin serrer la main de mon compagnon. Celui-ci la fixe, à la limite du dégoût, mais ne lui répond pas. L'interlocuteur blond affiche un sourire malsain avant de l'abaisser. 

"Toujours aussi aimable !"

Il rit jaune puis s'attarde sur moi. Sa manière d'être m'horripile déjà. C'est une manie chez les hommes de reluquer une femme dans les moindres détails, comme si ce n'était qu'un bout de viande sur pattes !?

"Jolie fille dis-moi...C'est ta copine ? Je suis Trey McFever, enchanté !"

Brusquement, il se permet quelques familiarités avec moi. Du bout des doigts, il frôle mes hanches avant de carrément poser ses mains dessus. Je tressaute, Erwin ne dit rien, il croise simplement les bras en l'assassinant du regard. Trey, se rapproche tellement que je sens son souffle chaud balayer ma nuque.

"Ce n'est pas très prudent de ramener une fille ici, Erwin...Surtout quand elle est aussi...Mignonne..."

Immédiatement, je me retourne et attrape l'arme dans ma poche arrière. Un déclic.

"Un conseil, tu ferais mieux d'enlever tes sales pattes de moi immédiatement si tu ne veux pas que ta jolie cervelle soit plombée d'une balle !"

Je m'exclame en pointant le canon de mon pistolet sur sa tempe.

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Qu'elle fin de chapitre gaie et réjouissante !

Hey, hey hey ! Comment allez-vous mes chers lecteurs ? 

Oui, j'ai beaucoup de retard... Mais...Nan en faite j'ai aucune excuse :)

J'espère que ce chapitre vous aura plus ! J'attends avec impatience votre avis !

Un énorme merci !

Bonne lecture !

Des bisous <3

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