Chapitre 5 : Goût du risque
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Je crois que je n'ai jamais senti mes sens autant en éveil que maintenant.
Je cours à une telle vitesse que ma respiration en est saccadée, ma robe ivoire flotte avec grâce,et mes cheveux bruns légèrement méchés de blond fouettent mon visage.
C'est la première fois depuis mon enfance que je fais preuve d'autant d'insouciance que je me sens libre, sans contrainte.
Plus rien autour ne trouve grâce à mes yeux, sauf lui. Alec.
Sa main dans la mienne, cette sensation chaude qui me rend fébrile. Le frottement de la paume de sa main contre la mienne me fait de l'effet, trop d'effet.
Je me sens à la fois faible et invincible, ce sentiment est nouveau pour moi, tout est nouveau.
Je ne sais même pas si lui ressent la même chose que moi ou s'il ressentira quoi que ce soit, un jour. Mais le jeu en vaut la chandelle, j'ai envie d'y croire !
- Tu rêvasse, allô !
Je sort brutalement de mes pensées, la voix d'Alec me ramène sur terre.
J'essaye de reprendre mes esprits en toute hâte et pose mon regard sur mon béguin.
- Hein ? Pardon je... Je crois que je me suis perdue dans mes pensées, j'étais dans la lune...
- Ouais, bah reviens parmi nous, E.T,on est juste devant la salle de réception.
- Je ne m'en suis même pas rendu compte.
Et pourtant, la taille de la salle de réception est considérable, la traverser d'un bout à l'autre semble une interminable éternité.
Cette salle est aussi impressionnante de par sa taille,que son architecture ou encore sa décoration.
De gigantesques lustres créés par Mathieu Lustrerie à Versailles.
Ces lustres sont d'une finesse et d'une royauté incomparables, j'en reste toujours sans voix, même après des années à les voir.
Les moulures de l'architecture de la porte m'ont toujours donnée l'impression d'être dans un château, d'être une princesse dans sa prison dorée.
Je regarde les nombreuses tables dressées pour l'occasion avec sur chacune d'elles une vaisselle en porcelaine gracieuse et distinguée, de couleur claire.
Le tout mis en valeur par de remarquables et somptueux bouquets de roses rouges et de lys blancs dans des vases en cristal.
PDV Alec :
Bon Dieu.
C'est encore pire que le pire que j'ai imaginé avant de venir.
Tout ici est démesuré. Tout est trop.
Dire que tous ces gens assistent à ce genre de réception à la même fréquence que moi, je fume mes cigarettes.
- Que c'est...Grand.
- Je sais, mon père a la folie des grandeurs...
- Ton père gère cet hôtel ?!
- Ça te surprend ?
- Pas vraiment. Je sais d'où tu tiens ton air coincé maintenant.
- Haha, je suis morte de rire. Bon alors, tu la trouve comment cette salle ? C'est ta première réception, il me semble.
- C'est...
- Somptueux ? Oui, même si je n'aime guère me rendre aux événements de mon père, il sait toujours comment surprendre ses invités...
- Somptueux n'est pas tout à fait le mot auquel je pense. J'vais être honnête,la musique classique, la danse, les violons, les plats où une simple portion coûte le prix de mon foie... Tout ça là,c'est pas moi.
- ...
- Et même si toi t'y vit,j'sais pas pourquoi, mais je sens que c'est pas totalement toi non plus.
- Comment tu peux savoir ça ? On se connaît depuis une seule journée...
- Juste une intuition. Dis-moi si j'me trompe ?
- Non...C'est vrai...
À cet instant, je ne fais même plus attention aux alentours, je vois juste cette fille de 17 ans qui est visiblement sous pression et malheureuse dans sa propre vie. Et même si moi,j'ai grandi dans la solitude et dans l'ombre, et elle dans la lumière et la fortune, je comprends son ressenti.
- C'est bien ce qui me semblait.
- Pardon, tu dois penser que j'en fais trop...Que je suis juste une pauvre petite fille riche et prétentieuse qui n'arrive pas à se contenter de ce qu'elle possède...
- Non. Ce n'est pas ce que je pense.
- Vraiment ? Tu ne me trouves pas...Ingrate ?
- Pourquoi, je devrais ?
Elle m'esquisse un sourire puis détourne le regard, embarrassée.
- Désolée... Je parle peut-être un peu trop...
- Nan, t'inquiète.
- Écoute, puisque aucun de nous ne veut être là, autant que je ne te retienne pas plus longtemps...
Je lève les yeux au ciel et esquisse un sourire malicieux avant de prendre sa main.
- Je pense que tu as besoin que j'te montre ce que c'est la VRAIE liberté.
- Qu'est ce que tu veux dire ? Je ne peux pas partir ! Si mon père remarque mon absence, oh moi, Sabie Davis risque de me faire trucider !
- J'te ramène ici dès que tu le souhaites. Aller, de toute façon, j'te laisse pas le choix !
Je serre sa main d'autant plus et la traîne jusqu'à l'extérieur de l'hôtel via l'une des grandes portes de la salle de réception.
Une fois hors de la salle, nous sommes en plein centre de la cour d'entrée de l'hôtel,et je n'ai que trop hâte de quitter cet endroit l'espace d'une soirée.
- Tu risques de ne pas être à l'aise avec cette robe pour marcher.
- Je peux l'enlever, j'ai mis une combishort en dessous, au grand désespoir de ma mère.
- Les combishorts, c'est pas assez classe pour la daronne ?
- Visiblement pas !
Elle se tourne dos à moi et ôte sa robe qu'elle laisse étendue sur le sol.
La cour est plongée dans l'obscurité, mais je discerne tout de même la végétation verte luxuriante, l'odeur de l'herbe fraîche, les buissons taillés au centimètre près, la fontaine avec son architecture légèrement fissurée par le temps et les intempéries et les statues aussi grandes que deux hommes, éclatantes et bien entretues.
Certainement le seul endroit de cet hôtel que je trouve agréable, peut-être parce que c'est le seul qui ne présente que peu d'éléments au prix exorbitant.
Je balaye les alentours du regard, personne n'est dehors à cette heure.
Je tourne la tête vers Sabie qui me fixe avec un air hésitant.
- Tu penses vraiment que c'est une bonne idée ?
Me demande Sabie, visiblement dubitative.
- Rassure-moi, t'as déjà fait des sorties hors de chez toi ou de l'hôtel ?
- Seulement... Seulement en voiture avec mes parents...
- Mais t'as bien dû te rendre à des fêtes d'anniversaire chez des potes ? Non plus ?
- Non, je ne suis jamais sortie, sauf pour me rendre au lycée ou à l'hôtel de mon père...
- Putain. J'ai beaucoup de choses à t'apprendre là.
J'emmène Sabie jusqu'à la sortie de l'hôtel qui est juste derrière la fontaine, mais elle s'arrête net.
- Je...
Je sens véritablement un stress grandissant dans ses yeux. Elle fait même quelques pas en arrière.
Je me tourne complètement vers elle et la tire légèrement vers moi, puis lui parle d'une voix rassurante.
- T'a confiance en moi ?
- Je ne sais pas si je devrais, mais... oui.
Je fait un sourire en coin et l'accompagne jusqu'à la sortie, doucement.
Elle pose un pied hors de l'hôtel et rapidement, ses angoisses la quittent et elle accepte de me suivre vers une direction qu'aucun de nous deux n'a empruntés auparavant.
Je ne sais pas où l'on va, mais au final est-ce que ce n'est pas ça qui est bon ?
PDV Sabie :
J'ignore où Alec m'emmène, mais avec lui, j'irais bien n'importe où.
Pour la première fois de ma vie entière, je vois la lune si proche que j'ai l'impression de pouvoir la toucher, sa lueur éclaire les environs.
Alec remarque mon intérêt pour la Lune et me regarde du coin de l'œil.
- Alors,c'est pas mieux qu'un lustre ?
Je relève la tête et fixe une dernière fois le ciel qui s'assombrit.
- Si, carrément mieux.
Les minutes passent et le sentiment de délivrance et de liberté ne me quitte pas une seule seconde, au contraire, ils grandissent en moi.
Je cours derrière Alec en pleine nature sans lâcher sa main, ce dernier s'arrête net devant une très légère montée qui semble mener jusqu'à une petite colline.
- Tu veux qu'on montent ?
- Quoi, t'as peur ? T'en fait pas, c'est pas haut du tout, puis j'suis avec toi.Tu risques rien.
- Alors d'accord !
Avec lui, je n'ai jamais peur, pourtant je ne le connais pas tant que ça. Si ça se trouve, il a un sombre passé,si ça se trouve il est en France pour fuir je ne sais quoi, il est peut-être même dans de sombres combines.Mais la lutte contre les sentiments est trop compliquée, trop dure.
Je suis confuse en sentiments, ce mec me fait ressentir tellement de choses.
Il prend la montée sans lâcher ma main et m'aide à venir jusqu'à la fameuse colline où il fait frais, même un peu froid.
Maintenant en haut, je me laisse émerveillée par la vue qui me coupe le souffle.
PDV Alec :
En haut de cette colline, la vue est encore plus belle que ce que des mots peuvent exprimer.
Mais je remarque une chose dans ce paysage, Sabie qui semble grelotter légèrement.
- Tu te caille un peu, non ?
Je ricane de manière sarcastique alors qu'elle tremble dû au froid nocturne.
- Ça va... J'ai juste pas l'habitude d'être dehors...
Sans même réfléchir j'enlève ma veste de costume et la pose sur ses épaules.
- Ça va mieux là ?
Elle semble étonnée de mon geste et bégaye.
- Heu...Je...O -Oui...Merci..
- Y'a pas d'quoi.
Je plonge une main dans la poche de mon pantalon et en sort mon paquet de cigarettes avec mon briquet.
- Je peux essayer ?
- C'est pas très lady like tout ça !
- Pfft, t'es con ! Je suis sérieuse !
- Si t'insistes, après tout, pourquoi pas.
Je coince une cigarette entre mes lèvres et vient en glisser une autre entre celles de Sabie.
J'allume mon briquet et rapproche Sabie, de sorte à ce que les deux extrémités de nos cigarettes soient presque collées, et d'une flamme, je les allumes toutes deux.
Au début, Sabie toussote, mais elle s'habitue à fumer petit à petit, elle prend des taffes de plus en plus longues.
Amusé, je lui sourit avant d'entamer ma propre clope.
- Tu fumes plutôt bien, pour une nana de la haute.
- Ah ! Je ne cesse de te surprendre !
Elle me taquine et vient se rapprocher de moi, doucement, mais sûrement.
Mon corps frissonne légèrement, mais ce n'est pas à cause du froid, c'est certain.
C'est à cause de son regard qui ne me quitte pas et de son contact qui se fait plus intense.
- Alec...
- Qu'est ce que t'as ?
- Tu peux me prendre dans tes bras ?
Du moment que tu ne me demandes pas de te prendre tout court.
- Ok, ok. Aller, viens.
- Merci, bien sûr, c'est...Sans arrière-pensée ni ambiguïté !
Mais oui, Sabie, tout le monde te croit.
Elle enlève ma veste de ses épaules et la dépose sur un rocher. Elle semble ne plus avoir tellement froid maintenant qu'elle est plus proche de moi.
Elle refait un pas vers moi et vient se blottir dans mes bras, non pas comme une enfant qui a besoin d'être rassurée, mais plutôt comme une fille en manque de contact physique... Ou peut-être plutôt... Comme une fille amoureuse.
Non,pas elle, pas moi... Si... ?
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