Chapitre 33 : Visite de courtoisie

☆:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::☆

Alec arbore une expression de surprise. Ses sourcils sont levés vers le ciel, sa bouche est légèrement entre ouverte et ses yeux, eux, sont grands ouverts.
Les regards choqués des autres hommes s'attardent sur moi, comme s'ils n'arrivaient pas à en croire leurs oreilles et que, ce que je venais de révéler, était bien trop gros pour être vrai.

Quelques minutes en arrière, j'étais persuadée que l'annonce de ma grossesse provoquerait  une réaction négative chez Alec, après tout, les enfants n'ont jamais été sa tasse de thé.
Mais, à présent, je vois cet éclat dans ses yeux. Cette étincelle dans son regard gris acier, qui vient éclaircir tous les nuages noirs que les paroles inamicales de Tayden ont créés.

- ... T'es enceinte ? C'est sûr ?

Me demande le grand brun, d'une voix rauque.

– Tu as bien entendu, chef, elle l'est. Sabie n'a pas respectée tes envies, elle t'a délibérément fait un enfant dans le dos !

Avant même que je ne trouve le temps de lui répondre, Tayden s'empresse de me devancer.

– Dit-moi, t'as pas un peu l'impression de faire les demandes et les réponses ? À quel moment j'ai demandé ton avis ? Espèce de bouffon.

Le ton glacial qu'Alec emploie vis-à-vis de Tayden suffit à me surprendre. Jamais je n'aurais cru qu'il tiendrait tête à son ami de cette façon. Son visage est fermé et impassible lorsqu'il regarde le jeune Black cobra, mais il s'adoucit aussitôt quand ses yeux se posent sur moi.

– Tu sais que j'ai horreur qu'on me prenne pour un con, alors soit franche, p'tit cœur. Est-ce que t'es vraiment enceinte ?

Alec ne me lâche pas du regard, dans l'attente de la vérité.

La vérité pure et simple est très rarement pure et jamais simple.

– Oui... Je sais que c'est soudain, mais... c'est la vérité.

Je prends une grande inspiration et, avec une détermination nouvelle, je finis par confirmer mes dires.

Un silence lourd s'installe dans la pièce, et je déglutis, le suppliant du regard de dire un mot, quoi que ce soit.
Mais contre toute attente, un sourire éclaire son visage.

– Bon, bah maintenant il va falloir assurer.

Affirme-t-il, avant de prendre mon visage entre ses mains et m'embrasser rapidement, comme s'il était préparé à cette nouvelle. En un claquement de doigts, le Alec froid que j'ai toujours connu s'est comme évaporé.

C'est étrange comme, depuis son évasion de prison, il est plus... doux.

J'ai l'impression de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité, que ce grand brun ne manquera jamais de me surprendre.

Je suis complètement déstabilisée par sa réaction, mes yeux s'écarquillent d'étonnement face à son calme olympien et son sourire ravi.

PDV Alec :

– Tu n'es pas... énervé ? Ni anxieux ? Je pensais que tu détestais les enfants...

Sabie s'interroge, elle me fixe avec un regard empli de questions en attente de réponses. Putain, ça met la pression un peu.

– Écoute, je ne déteste pas les enfants.

Je commence, ma voix légèrement tremblante. Je m'éclaircis la gorge, un geste nerveux qui trahit ma vulnérabilité.

Sabie me dévisage, avec ses yeux pétillants et son sourire qui pourrait illuminer les nuits les plus sombres.

– Je sais que j'ai dit ça, mais c'était pas vrai. J'ai mis du temps à m'en rendre compte, je crois que j'ai refoulé ce que je ressentais vraiment.

Je poursuis, déterminé.

Je vois son regard se durcir un instant, comme si elle se remémorait mes mots, mes excuses d'un autre temps.

– Comme tes sentiments pour moi, lors de notre rencontre ?

– Oui, c'est un peu ça. Tu sais, c'était juste... La peur, Tu vois ? La peur de ne pas être à la hauteur, de devenir ce père qui...

– Ce père qui abandonne son enfant... n'est-ce pas... ?

– ... Quand j'entends des rires d'enfants ou que je vois des familles, je ressent ce que je pensais être du mépris total. Mais ça, c'était avant. Avant de me rendre compte que c'était ce que je voulais, au plus profond de moi... Mais l'idée de faire des erreurs, de faire souffrir quelqu'un que j'aurais aidé à venir au monde, ça me terrifie. J'veux pas être ce gars. Je veux être le meilleur père possible et être là pour ce bébé.

L'air se fige autour de nous, chaque mot que je prononce se matérialise comme une promesse.

Sabie fond en larme en serrant ma main dans les siennes, avant de l'embrasser tendrement. Une tendresse que j'ai encore du mal à accepter, mais que j'apprécie petit à petit.

– Non, Alec, tu ne peux pas nous faire ça. Si tu deviens père, le gang ne sera plus ta priorité !

Tayden. Pitié, tais-toi.

— Les gars, je vais pas passer ma vie à-

J'étais sur le point de lui dire ces quatre vérités, de balancer mes mots comme des flèches acérées, quand un bruit de moteur déchire l'air. Ça vient de l'extérieur, comme une alerte qui me sort de ma colère.

Je tourne la tête vers la fenêtre qui donne vers la cour et baisse mon regard vers le portail de la maison. Un instinct de curiosité prend le pas sur mon irritation. Je plisse les yeux, essayant de devenir ce qui se passe encore.
Une voiture noire, classe mais intimidante, s'arrête juste devant le portail.
Je me sens en suspens, comme si le monde entier attendait que je réagisse.

– Alec, ne me dis pas que c'est la personne à laquelle je pense.

Grommelle Vahé dans mon dos.

– Shh, silence.

La vitre avant droite se baisse et, comme si le sort s'acharnait sur moi, je reconnais ce visage plâtré d'une couche indécente de fond de teint.

Son sourire sarcastique et tous les bruits environnants résonnent comme des échos lointains, trop lointains.

Les mots restent coincés dans ma gorge, remplacés par une rage sourde qui monte en moi.

- JE REFUSE DE LA VOIR ICI ! CETTE PUTE À BUTER OWEN, JE LA VEUT SIX PIEDS SOUS TERRE !

J'ai à peine le temps de me retourner, que Tayden est déjà parti. De nous tous, il est celui qui aura le moins de scrupule à tuer Abelle alors qu'elle est enceinte.

– TAYDEN ! N'Y VA PAS TOUT SEUL, ESPÈCE DE CON !

Abelle perçoit la tension qui règne à l'étage de la maison. Elle décide de sortir de son véhicule, comme un loup affamé qui sort de son bois.

– Mettez Sabie en sécurité.

Sur ces mots, je m'empresse de descendre l'escalier pour rejoindre la porte d'entrée. Pourvu que Tayden ne se fasse pas descendre, impulsif et maladroit comme il est.

☆:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::☆

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top