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– Mon Dieu...

Je glisse lentement ma main jusqu'à mon ventre, foyer pour un bébé qui y est peut-être déjà installé en ce moment même.
Ce n'est pas le moment ni les conditions que j'avais imaginée pour devenir maman, mais s'il s'avère que je suis réellement enceinte, j'accueillerai cette nouvelle avec tout mon cœur. Et j'ose espérer qu'Alec saura en faire de même.

— Hé, y'a qui d'enfermer là dedans ? J'ai besoin de prendre une douche.

Vahé tambourine à la porte, visiblement impatient que je libère la salle de bain pour qu'il se douche. J'ignorais que cet être humain prenais des douches, l'odeur omniprésente de cigarette et de transpiration sur ses vêtements avait écarté cette éventualité de mon esprit.

– Accorde-moi seulement deux minutes, je voudrais me laver rapidement... Je ne me sens pas très bien.

Je n'entends qu'un soupir agacé derrière la porte, suivi de bruit de pas qui semble voguer vers l'escalier.

Navrée cher Vahé, mais tu sera encore bien plus agacé lorsque je te demanderai d'aller à la pharmacie m'acheter un test de grossesse... Rien que de le dire, je peine à y croire...

Moi et Alec, parents...

Je le vois bien en papa protecteur qui souhaite donner à son enfant tout ce que lui n'a pas eu en tant qu'orphelin... Même si lui pense détester les enfants, peut-être qu'avec le sien ça sera différent ?

PDV Alec :

Je me réveille, la chaleur de son corps manque à mes côtés. Sabie est absente, sûrement déjà debout.
Son parfum flotte encore dans l'air, une odeur qui a le don de provoquer en moi un sentiment de manque lorsqu'elle n'est pas là.
J'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir lentement avant de se refermer, je ne connais qu'une personne qui puisse être aussi matinale, c'est Sabie.
Je m'habille d'un geste machinal, avant de quitter la chambre pour rejoindre le salon.

J'arrive dans la pièce, l'ombre du matin baigne la pièce d'une lumière douce.
Et là, je la vois, assise dans un fauteuil, les yeux perdus dans l'horizon. Sabie, mon rayon de soleil dans la misère du monde, semble absorbée par des pensées lointaines et préoccupantes.

Putain, qu'est-ce qui se passe ?

Son regard rencontre le mien, et l'inquiétude m'envahit, ce qui me fait bien chier, car je n'ai pas encore l'habitude de tous ces sentiments que me fait ressentir la vie à deux.

Je m'approche d'elle, laissant le silence envelopper l'espace entre nous.

— Ça va, Sabie ?

Je questionne, un peu inquiet.

Ce moment de contemplation silencieuse se rompt. Elle sourit faiblement en détournant le regard, ses jambes tremblantes témoignent de son anxiété. C'est étrange, elle semble à la fois préoccupée et réjouie, je ne saurais pas expliquer ce cocktail d'émotions.

– Oui, mon Alec, ça va... Je suis juste... Juste perdue dans mes pensées.

Elle me répond, d'une voix douce qui porte une touche de vulnérabilité.

— Y'a qu'ça ? C'est sûr ?

– Tu t'inquiètes trop... Je vais bien, crois-moi...

Sabie m'adresse un sourire, même si avec un regard fuyant, avant de venir enfouir sa tête dans mon T-shirt, un geste qui me laisse comprendre qu'elle a besoin de soutien, même si j'ignore pourquoi.

Je sens que quelque chose ne tourne pas rond. Elle a ce regard fuyant, cette manière de cacher ses pensées. Et ça me travaille, ça me ronge à l'intérieur.

Chaque réponse évasive me pique au vif. Je voudrais qu'elle me parle, mais elle reste murée dans son putain de silence. Ça me déchire de ne pas pouvoir l'aider.

Que se passe-t-il dans son univers intérieur ?

Pourquoi me tient-elle à distance alors que tout en moi crie de l'approcher ?

Je suis partagé entre l'envie de la laisser tranquille et le besoin impérieux de percer l'armure qui me cache ses problèmes.

– Tu ment aussi mal qu'un dentiste. Tu sais à quel point j'ai horreur d'être pris pour un con, surtout par toi. Tes problèmes sont mes problèmes, alors parle-moi.


– Alec, je... J'ai besoin de temps avant de t'en parler, juste un peu de temps...

Murmure Sabie, gardant sa tête cachée dans mon T-shirt.

– C'est... C'est si grave que ça ?

– Je ne sais pas si c'est le mot exact, mais disons simplement que cela n'est pas une chose à laquelle on s'attendait... Pardon de te faire faire du souci, je ne voulais pas...

– Arrête de t'excuser. C'est normal que je m'inquiète pour toi, tu n'y peux rien.

- ... Est-ce que je peux retourner à l'étage ? Je ne me sens pas très en forme, j'ai besoin de dormir encore un peu...

Je soupire, constatant que je n'arriverai à obtenir des réponses qu'une fois que Sabie s'y sentira prête. Après tout, je ne peux pas la forcer.

– Vas-y. Je viendrais te voir plus tard.

Elle acquiesce d'un mouvement de tête et dépose un baiser sur mes lèvres avant de se lever pour quitter la pièce, laissant dans l'air un écho silencieux qui résonne en moi.

PDV Sabie :

Le voir si inquiet est aussi touchant qu'inhabituel... Je me sens si mal de lui causer du soucis, mais mieux vaut ne pas l'affoler tant que je ne suis pas sure d'être enceinte.

Je m'apprête à regagner la chambre à coucher, mais devant la porte, se trouvent Aiden et Vahé. La présence d'Aiden me rassure instantanément, car je m'entends plutôt bien avec lui. En revanche, Vahé est une autre histoire. Nous gardons une relation très conflictuelle, et nos échanges sont souvent courts et très tendus.
Je les contourne en les ignorant royalement, espérant éviter une confrontation avec Vahé. Mais juste avant que je n'aie le temps de franchir la porte, il se décale devant moi pour m'interpeller.

– Hey Sabie, Attends un instant. On peut te causer cinq minutes ?

Demande Vahé, d'un ton légèrement sarcastique.

Je soupire intérieurement, me préparant mentalement à une énième dispute. Je me tourne vers les deux hommes, les bras croisés sur ma poitrine.

– Qu'est-ce que tu veux ? Je n'ai pas la foie de me disputer avec toi aujourd'hui, je suis exténuée.

Je lui réponds d'un ton peu amical.

Il me regarde avec un sourire narquois, apparemment satisfait de ma réaction. Aiden, quant à lui, semble mal à l'aise dans cette situation.

Le blond prend une profonde inspiration avant de se rapprocher de moi. Je lève les sourcils, surprise par son soudain air sérieux.

– Écoute Sabie, on ne voulait pas être indiscret, mais on a entendu ta conversation avec Alec. Ça semble important, tu penses pouvoir nous en parler à nous ?

– C'est délicat... Très délicat...

— Je te promets que ni moi ni Vahé ne te jugerons, pas vrai, Vahé ?

– Ouais, ok.

J'hésite un instant, mais le poids du secret étant trop lourd, ma langue se délie.

– Je suis peut-être enceinte...

Je bafouille cette phrase sous les regards choqués d'Aiden et Vahé.

Leurs yeux s'écarquillent de surprise. Vahé n'a plus envie de jouer la carte du sarcasme, et je sens bien qu'Aiden ne s'attendait pas à une révélation de cette ampleur.

– Tu... heu... Je ne m'attendais pas vraiment à ça pour être honnête. Tu n'as pas fait de... Aiden... Comment ça s'appelle déjà ce truc long et bicolore ?

– Un test de grossesse, pauvre crétin.

– Oh, ça va, hein ! Mais du coup, comment vas-tu faire pour t'en procurer un ?

Le ton sarcastique de Vahé est remplacé par une légère compassion.

– Mon meilleur pote va être papa... Je n'en reviens toujours pas.

— Écoutez, je... Je ne veux pas lui en parler pour l'instant, je veux d'abord être sure. Pouvez-vous m'acheter un test de grossesse discrètement ?

J'essaye de garder ma voix calme malgré l'angoisse qui m'envahit.

Aiden hésite, regardant Vahé qui semble également réticent. Mais finalement, Aiden acquiesce.

– D'accord, on va le faire. Mais promets-nous que tu vas tout lui dire, d'accord ? C'est notre chef et notre meilleur ami, je refuse de lui mentir.

Je sens en moi un mélange de gratitude et de soulagement. Peut-être que Vahé et moi avons nos différents, mais dans ce moment difficile, il semble être prêt à mettre cela de côté.

– Merci de votre aide, cela signifie beaucoup pour moi...

Ils échangent un regard complice et partent rapidement accomplir cette mission secrète.

PDV Aiden :

         8h06, pharmacie du Pont des Deux Eaux.

Nous entrons Vahé et moi avec une certaine nervosité, regardant partout pour nous assurer que personne ne nous observe. Vahé a déjà les joues rouges, et moi, j'ai les mains moites. Nous sommes comme des agents secrets en mission, mais avec des connaissances limitées sur les tests de grossesse.

– Bon, Vava, tu te souviens de ce que nous devons chercher ?

Je chuchote, essayant de garder notre conversation secrète.

Mon acolyte me regarde avec des yeux paniqués.

– Euh... Un truc qui dit si elle est... euh... enceinte, je suppose ?

Je le regarde, simplement blasé.

Peut-être serait-il plus sage de demander l'aide de quelqu'un qui s'y connaît un peu plus.
C'est alors que la pharmacienne, une jolie brune souriante et bienveillante, s'approche de nous. Peut-être que mon âme a poussée des appels à l'aide assez importants pour qu'elle les entende du fin fond de la pharmacie.

– Bonjour messieurs, peut-être puis-je vous apporter mon aide ?

J'échange un regard de soulagement avec Vahé et sourit.

– Vous ne pouviez pas mieux tomber ! Nous cherchons un test de grossesse, mais nos connaissances en la matière sont limitées.

La pharmacienne me sourit très chaleureusement en hochant la tête, ce qui semble amuser cet imbécile qui me sert d'ami.

– Elle veut, elle veut.

Me chuchote-t-il. Je ne lui réponds que par un regard désespéré, puis la pharmacienne attrape une boîte qui semble contenir un test de grossesse et nous la montre.

– C'est sûrement ceci que vous cherchez !

– Merci, mademoiselle !

Lorsque je récupère le test, je ne peux m'empêcher d'admirer la beauté de cette pharmacienne. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer à quel point elle est charmante. Ses yeux noisettes pétillent d'intelligence et son sourire est cruellement contagieux. Une attirance inexplicable se développe en moi, comme ça ne m'est encore jamais arrivé auparavant.
Vahé tente de me faire réagir en tapant mon épaule, mais mon esprit est ailleurs. Il emploie alors la manière forte et pose un billet dans la main de la jeune femme avant de me tirer par le bras.

– Aiden, concentre-toi ! Nous devons nous dépêcher.

Je secoue la tête, dans l'espoir vain de me défaire de mes pensées troublantes. Ça m'embête de le dire, mais il a raison, nous ne pouvons pas nous attarder ici.

– Encore merci-

— Aller grouille, l'heure tourne.

Vahé me coupe dans ma phrase, d'un air dépité. Il me tire à nouveau, cette fois-ci avec plus de force.

Alors que nous quittons la pharmacie, je me retourne pour jeter un dernier regard à la pharmacienne. Cette dernière me sourit avec toute la chaleur du monde, mon cœur s'emballe instantanément.

Un jour peut-être, je la retrouverai. Cependant, à cet instant, nous avons des choses plus importantes à gérer.

PDV Sabie :

9h00, chambre à coucher

Seule dans la chambre, je commence à trouver le temps long. Heureusement que les chants mélodieux de Suzar m'aident à supporter la pression.


– Ils se sont perdu en chemin ou bien ? C'est long...

Soudainement, la porte s'ouvre et les deux amis entrent dans la pièce, sur la pointe des pieds.

– Enfin !

Je pousse un soupir de soulagement pendant qu'Aiden dépose près de moi la boite contenant le test de grossesse, ce petit objet qui aura tant d'influence sur notre avenir.

– Pardon pour l'attente, la circulation était mauvaise et éviter les radars qu'Alec a à la place des yeux était tout sauf simple.

Affirme Aiden.

— Mon cul, ouais, c'est surtout que t'a bien reluqué la pharmacienne.

Rétorque Vahé, en fronçant les sourcils.

– N'importe quoi, toi ! T'es jaloux ou quoi ?

Je profite du petit conflit entre les deux pour me faufiler dans la salle de bain, ma patience a atteint ses limites, je dois savoir.
Les autres membres du gang sont occupés à discuter avec Alec dans le sous-sol, ce dernier m'en a prévenu il y a dix minutes à peine. Cette discussion risque de l'occuper un certain temps.

Le temps que je fasse ce maudit test...

        Quelques minutes plus tard ...

Alors que j'attends les résultats du test, mon cœur bat la chamade. Chaque seconde semble durer une éternité.

Enfin, le moment de vérité arrive. Je regarde le test, mes mains tremblent légèrement. Et là, je vois les deux lignes distinctes apparaître. Mon souffle se coupe, mes yeux s'emplissent de larmes de joie. C'est positif. Je suis enceinte.

Toutes sortes d'émotions me submergent. La surprise, la joie, la peur aussi. C'est comme si le monde entier avait basculé, mais d'une manière merveilleuse. Mon esprit tourbillonne de questions, mais au milieu de tout cela, une certitude émerge : je vais devenir mère.
Je regarde le test de grossesse, encore incrédule. C'est un moment que je n'oublierai jamais.

– Je porte l'enfant d'Alec...

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