Chapitre 16 : Le piège
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Je franchis le seuil de la porte du bar, l'atmosphère froide de la nuit change du tout au tout pour se transformer en quelque chose de plus festif et accueillant.
Ce lieu semble complètement déconnecté du monde réel, un lieu à part. J'ai comme l'impression d'être entré dans une autre dimension.
Seulement, je ne suis ici que pour une chose, trouver Abelle.
Rien n'indique sa présence ici,et pourtant, je la sens. Je sens qu'elle n'est pas loin,mon intuition ne se trompe jamais.
Je me fraye un chemin en jouant des coudes pour passer entre les nombreux gens présents, bousculant ceux qui m'empêchent d'avancer.
Le bruit de mes pas est atténué par l'épaisse moquette noire duveteuse qui recouvre le sol,donnant un aspect plutôt distingué à la pièce.
Une forte odeur d'alcool, mêlée à celle de la transpiration et de la cigarette flotte dans l'air. Par ailleurs, la moquette est imbibée de ce même cocktail de senteurs.
Un bar imposant règne en maître, le nombre de bouteilles d'alcool présentes est incalculable.
Je m'engouffre plus profondément dans le bar, vers le fin fond de la salle, en vérité.
J'y découvre plusieurs divans en velours blanc cassé et aux motifs marbrés de noir, et devant ces derniers, un espace réservé au strip-tease, visiblement occupé.
Une femme présente sa performance,entourée d'hommes d'âges divers et variés qui se rincent l'œil avec dépravation.
Ils la regardent, comme si c'était un morceau de viande qui se trémousse devant eux et non pas une femme, dire que la plupart d'entre eux sont attendus par leurs épouses et leurs enfants, alors que ces messieurs matent une nénette qui doit à peine avoir la majorité.
J'ai tout de même du respect pour cette fille qui ose faire ce qu'elle aime en supportant ce type de regard sur elle. Je ne sais pas si je supporterai que quelqu'un bave littéralement sur Sabie de cette manière. Hé, mais qu'est-ce que je dis, moi ? Faut vraiment que je me ressaisisse, ce n'est pas le moment.
Je m'apprête à tourner les talons pour continuer mes recherches, cependant la jeune danseuse exotique se tourne vers moi, me laissant voir son visage.
– Quelle bonne surprise, je ne pensais pas te revoir de sitôt !
Abelle, évidemment.
Je suis venu dans l'espoir de la trouver ici, et malgré tout, entendre sa voix me fait presque saigner des oreilles.
– Abelle, perfide créature.
– Que d'éloge !
Sa prestation finie, elle s'avance vers moi de manière aguicheuse tout en replaçant correctement le simple string et le crop top dont elle est vêtue.
– Il fait 9 °C dehors, je sais pas si t'es au courant.
Elle sourit en levant les yeux au ciel, puis croise les bras en me regardant de haut en bas, se mordant la lèvre inférieure.
– Alors, bel âtre, tu es venu pour la même raison que ces charmants messieurs ?
– Quoi ? Te reluquer la lune ? Non pas vraiment.
– Et oui.Le grand Alec respecte bien trop les femmes, en particulier... Comment elle se prénomme déjà, ta gonzesse ?
Me demande-t-elle en fronçant les sourcils, alors qu'elle se sert un verre de vin blanc.
– Son prénom est un mot bien trop doux pour qu'il sorte de ta sale gueule.
– Ouch... Tu sais taper là où ça fait mal.
– Et pas qu'avec les mots.
– Allons, Alec, pas en public.
Elle continue d'essayer de me pousser à bout, elle commence à me taper sur les nerfs.
– Ça reste à voir. Je ne savais pas que tu traînais dans ce genre de coin.
– Tout le monde a ses zones d'ombres.
– Là, ce ne sont plus des zones d'ombres que tu as, mais des coupures d'électricité.
– Que dois-je comprendre ?
Demande Abelle, froissée par ma remarque.
– Que t'as vraiment pas la lumière à tous les étages.
– Bah, t'as qu'à me payer l'EDF, mon cœur.
Je serre les dents et la fixe avec aigreur en serrant les poings, mes doigts craquent sous la pression.
– Ne t'avise pas de m'appeler à nouveau ainsi, si tu tiens à la vie.
– Oh, j'oubliais... Ton cœur est en la possession d'une autre. À ton avis, comment tes copains adorés réagiraient s'ils savaient ? S'ils avaient connaissance de ta trahison à l'égard du gang ?
– Ils ne sauront rien. Et je viens m'en assurer.
– Je t'ai vu, je t'ai vu avec elle deux fois. La deuxième fois était il n'y a pas plus tard qu'avant l'ouverture du bar. Quand sa petite mamie est arrivée, ton idiote de copine n'a rien trouvée de mieux que de lui faire coucou par la fenêtre de votre nouvel hôtel. Tellement discrète.
Je lui saisit le poignet et le serre jusqu'à l'en faire rougir, je vois le visage d'Abelle se décomposer à mesure que je serre.
– Elle est tout, sauf idiote.
– Lâche-moi...
Je reste comme cela plusieurs secondes avant de relâcher ma poigne.
– Tu as grand intérêt à ne rien leur dire.
– À eux, je n'ai rien dit...
– Qu'est-ce que tu veux dire par là ? T'as crachée l'info à quelqu'un ?
– Je ne sais pas si je te le dis ou si je te laisse languir et angoisser encore un peu.
– Abelle.
– Viens fumer une clope avec moi dehors, tu auras ta réponse.
Elle m'incite à la rejoindre d'un mouvement de menton et se dirige vers l'extérieur du bar.
Qu'est-ce que cette garce mijote encore.
PDV Sabie :
Cela fait maintenant plusieurs minutes que je suis sur mon lit, le regard rivé au plafond immaculé.
J'attends impatiemment le retour d'Alec, comme si nous étions déjà mariés et qu'il s'apprêtait à rentrer du travail pour souper avec moi, sauf que ce n'est pas le cas.
– Suzar, tu penses qu'Alec va réussir à raisonner cette fille ?
Ce à quoi mon cacatoès répond par un battement d'aile, je le soupçonne de vouloir simplement frimer avec son plumage impeccablement propre et dense.
Heureusement qu'il est là pour me rebooster cet oiseau, mon moral est en bien piètre état rien que le fait de savoir qu'Alec va probablement se mettre en danger pour donner une chance à notre relation d'exister.
Je triture la peau autour de mes doigts par réflexe nerveux, quelques gouttes de sang s'en échappent.
Je ne parviens pas à détourner mon regard de ce sang qui coule et tâche les taies d'oreillers en satin, je l'observe alors que la nervosité gagne du terrain sur mon esprit.
J'ignore pourquoi je suis si angoissée, après tout, qu'est-ce qui pourrait mal tourner...
– Sirène ! Sirène ! Suzar adore les sirènes !
Je relève subitement la tête en direction de mon oiseau qui semble aussi excité qu'une puce,et je ne comprends pas vraiment ce qu'il raconte.
Je me lève du lit et m'approche jusqu'à la fenêtre où Suzar à rivé son regard espiègle.
La pluie commence à tomber,et le vent devient subitement très fort, si fort que les nuées d'oiseaux sauvages qui survolent la ville ont du mal à battre des ailes pour s'extirper des bourrasques.
Le bitume au sol est déjà complètement trempé, la chaussée a l'air dangereusement glissante.
Au milieu de ce début de tempête, trois voitures de police parcours les rues, sirènes en marche.
– Ah, tu parles des sirènes de police. .
Suzar a toujours eu une obsession pour certains sons. Rien que d'entendre une ambulance ou une voiture de police, il en est tout émoustillé. Un vrai gamin cet oiseau.
Les gouttes d'eau commencent à ruisseler sur le verre de la fenêtre, de la buée s'y dépose également, m'empêchant de voir où se dirigent les policiers, mais je suppose que c'est encore pour un homme trop bourré qui a semé la zizanie dans un bar.
Pour quoi d'autre cela pourrait-il être ?
Ou pour qui...
PDV Alec :
Maintenant dehors avec Abelle, je me suis abrité de la pluie torrentielle à l'intérieur de l'abri de bus se trouvant à la droite du bar. Nous en sommes à notre troisième cigarette et cette vipère n'a toujours pas décrochée un mot. Les yeux bloqués sur son écran de téléphone, elle semble échanger avec quelqu'un depuis plusieurs minutes.
– Satané temps de merde.
Je grommelle, exaspéré par la météo.
Abelle, elle, demeure silencieuse et imperméable à ce qui l'entoure. Cependant, un sourire taquin incurve ses lèvres quand le bruit des sirènes de police retentit au fond de la rue.
– Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?
— Dis-moi Alec, enlèvement et séquestration de mineur, ça te parle ?
– Pourquoi tu m'demande ça ? J'ai ni enlevé ni séquestré Sabie.
– Ça, ce n'est pas à moi qu'il faut le dire.
Je bondis du banc sur lequel j'étais assis et fixe les voitures de police qui se rapprochent de nous à vive allure.
– Inutile qu'ils demandent sa version des faits à ta chérie, moi et son petit papa chéri l'avons faite passer pour folle en disant qu'elle souffrait d'un syndrome de Stockholm.En d'autres termes,complètement amoureuse de celui qui l'arrache à sa famille et la manipule. Pauvre de toi, pendant que tu l'aidais à prendre la fuite, je suis allée tout raconter à M. Davis. Et devine quoi : cet homme a le bras long, il peut faire tout ce qu'il veut,et modifier la vérité à sa guise.
Me murmure Abelle, d'un air satisfait.
– Ça se diagnostique, ces trucs-là. Sabie est en pleine conscience,c'est une grande fille. Tu ne peux pas faire un faux témoignage sans impunité, j'espère que t'en es consciente, salope.
– Je te l'ai dit, il a le bras long. Soixante-dix mille euros en échange d'un faux diagnostic et du silence des médecins. À ton humble avis, qui les flics croiront, entre toi et l'homme le plus riche et respecté des environs ?
– Espèce d'ordure !
— Ils étaient sensés te coffrer à ton hôtel, ta venue ici leur a facilité le travail.
— C'est pour ça que tu étais si concentrée sur ton téléphone. Tu leur as donné ma position actuelle.
— Tu réfléchis vite.
Je lui administre un coup de poings dans la tempe, cependant les policiers sont maintenant près de nous et garent leurs véhicules afin de venir m'intercepter. Je suis fait comme un rat.
Mon cœur s'emballe, provoquant des douleurs dans mon torse.
Je demeure debout, le corps à demi tourné vers les véhicules des forces de l'ordre dont les portières s'ouvrent en coup de vent.
– Je suis officiellement dans la merde.
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