Chapitre 14 : Secret dévoilé

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Je me stoppe net et me tourne pour faire face à la détentrice de cette irritante voix.

Sous la lumière rouge des stroboscopes, alors que la fumée d'ambiance se dissipe, une silhouette mince s'avance vers moi d'un pas déterminé.

Qui s'illuminent dans l'obscurité de la pièce, deux yeux bleus outremer qui inspirent un sentiment de paix, de sérénité, et pourtant celle qui les possède est tout l'inverse.

Abelle.

Encore elle.

Ses cheveux noirs ébènes descendent jusqu'au milieu de son dos, virevoltants dans l'air quand elle marche.
Elle s'avance vers moi, sortant peu à peu de la pénombre du recoin de la boîte de nuit dans lequel elle se cachait, avec un air crédule et des lèvres incurvées par un sourire.
Un visage si innocent qu'on lui donnerait le bon Dieu sans confessions, et pourtant.

Elle est vêtue d'un haut en dentelle noir, d'une jupe en cuir assez courte, de collants en résille, de talons aiguilles en vernis noir ainsi qu'une veste noire.
Décidément, cette nana ne porte jamais de couleurs, ses vêtements sont aussi sombres que son âme.


– Abelle, quel réel déplaisir.

Je peste contre sa présence non souhaitée ici.

– Toujours aussi chaleureux ! Je ne m'attendais pas à te voir ici !

– Crois-moi que si j'avais eu écho de ta présence ici, j'aurais mis le feu à cet endroit.

– Ce n'est pas parce que mon frère me déteste que tu es obligé d'en faire autant.

– T'a butée sa mère. Tu t'attendais à ce qu'on t'accueille à bras ouverts ?

Le reste du gang remarque Abelle dans la boîte et rapidement, ils se précipitent tous vers nous deux.
Owen se met face à sa demi-sœur et la fusille du regard en la repoussant, les yeux remplis de haine et de mépris.

– Abelle, n'importune pas mon meilleur élément. De plus, tu connais nos règles.

Affirme Owen.

– Mais c'est qu'il mordrait presque le frangin.

Rétorque Abelle en adressant un doigt d'honneur à son demi-frère.

J'écarte doucement Owen qui commence à perdre patience, c'est la première fois que je le vois ainsi.
Je tourne la tête vers Abelle et hausse le ton.

– Fout le camp d'ici. Ce n'est pas parce que t'es une nana que je ne peux pas te foutre un pin dans la gueule.

– Bien, puis-je que ma présence n'est pas souhaitée.

Rouspète Abelle alors que les autres membres du gang commencent à se faire craquer les poings.

– Casse-toi, la dame de joie.

Grogne sèchement Memphis.

– Et ne t'avise pas de refaire du zèle à mon pote, sinon, crois-moi, tu n'auras même plus tes yeux pour pleurer.

Ajoute Aiden avec Éréthisme.

Abelle ne s'attendait pas à se faire remballer par un gang entier ; par réflexe, elle recule et hausse les épaules avant de quitter les lieux, en bougonnant.

Owen reprend doucement son calme, il s'apprêtait à perdre sa présence d'esprit face à sa sœur, je l'ai bien senti.

– J'aurais dû la tuer, de la même manière qu'elle a tuée ma mère.

– Ne te préoccupe pas d'elle, elle ne mérite pas ta colère.

– Tu dis vrai. J'ai cru comprendre que tu lui faisais pas mal d'effet ?

– À mon grand malheur. Je pense que je vais rentrer à l'hôtel, cette vipère m'a complètement écouré de cette soirée.

Ma vision se pose sur un post-it discrètement plié dans ma poche de jeans, certainement mis là par Abelle avant qu'elle ne quitte la boîte de nuit.
Je presse le post-it de mes doigts pour le dissimuler davantage dans ma poche et m'écarte de mon gang pour en lire le contenu.

« Je sais tout. »

Tout ? Mais merde tout quoi ?

Cette salope Elle devait toujours être dans les parages quand Sabie est venue me retrouver dans la cour de l'hôtel.

Putain. Faut que je prévienne Sabie qu'on est cramé. Si cette information fuite, nous sommes tous les deux foutus.


PDV Sabie :

Affaissée dans les coussins de la chambre d'hôtel, la sensation de papillons dans le ventre ne m'a pas quitté depuis qu'Alec a avoué avoir envie de m'embrasser une nouvelle fois.

Je pense toujours à lui, mes pensées lui sont entièrement dévouées.
Son regard gris transperce mon cœur comme une longue aiguille. L'écho de sa voix me hante.
Il m'obsède, il est comme une drogue pour moi...

« Les battements de ton cœur me leurre », je vivrais cent ans que je me rappellerais encore de ces mots.

– Sabie ! Ma puce, ouvre, c'est Mamie !

Les murmures de ma grand-mère de l'autre côté de la porte me font descendre de mon petit nuage.
Je m'extirpe hors du lit sous le regard curieux de Suzar et m'en vais de ce pas ouvrir la porte.

– Mamie ? Mais le week-end n'est pas encore fini, pourquoi tu...

– Ma puce, ton père sait que tu es ici !

- Je... Qu'as-tu dit ?

Une multitude d'émotions négatives déferlent en moi, rien de pire que ça ne pouvait arriver alors que je commence à peine à gagner le cœur d'Alec.
Mes veines palpitent, mon rythme cardiaque s'accélère, me donnant l'impression d'avoir un tambour dans la poitrine.
Je n'arrive même plus à prendre mon air tellement la peur m'envahit.

Ma grand-mère prend mon visage entre ses mains et me murmure d'une voix tremblante.

– Il veut te marier de force à Connor, nous devons quitter l'hôtel avant qu'il ne te trouve !

Aucuns mots ne sort de ma bouche, en revanche mon cacatoès se met à crier de toutes ses forces.

– Sabiiiie ! Sortir !

Il continue de répéter cela en boucle, comme un disque.

Mais mon corps est comme... paralysé.

Et bientôt, je serais à nouveau la prisonnière de mon père.

Rien ne sert de fuir, il me retrouvera. Il remuera ciel et terre pour préserver cette emprise qu'il maintient sur moi, ce contrôle permanent sur ma vie.

– Ton petit plan aurait presque pu marcher, hélas, dans mon hôtel, tout finit par se savoir. En particulier quand l'on est aussi peu discrète que toi, je t'ai vu sortir de cette chambre plus tôt dans la journée. Importuner un client et le forcer à partager sa chambre avec toi... Honte à toi.

Je croise le regard bleu ciel de mon père, un regard si glacial et inflexible.

– Laisse ma petite fille tranquille ! Elle ne veut pas de ton Connor !

Hurle ma grand-mère en se mettant entre mon père et moi, faisant barrage de son corps.

– Qu'elle en veuille ou non, c'est le seul que je l'autorise à épouser.

– Je préfère mourir... que d'épouser Connor... J'en aime un autre...

– Ma fille, une traînée... J'en ai des hauts le cœur.

Mon père repousse ma grand-mère et s'apprête à venir me saisir le bras quand Suzar se propulse sur lui en lui donnant de violents coups de bec.
Je reste plantée comme une idiote et regarde mon père se débattre en beuglant.
Il chancelle et perd l'équilibre, l'arcade dégoulinante de sang qui entre dans son œil et lui brouille la vue.

Ma grand-mère me lance un regard qui veut tout dire, un regard qui m'indique de fuir.

C'est soit, je cours.

Soit je meurt de l'intérieur.

Je m'empare de Suzar qui est encore bien agité et m'enfuis sans rien prendre d'autre. Je laisse toutes mes affaires derrière moi, je les laisse au passé et m'en vais écrire mon futur.

Rapidement, je vois ma liberté s'envoler quand j'entends mon père qui se relève en hurlant et commence à me prendre en chasse.

J'ai besoin d'un miracle.

J'ai...Besoin...D'Alec...

Les secondes me semblent être des heures, je foule la moquette de l'hôtel et manque de trébucher plusieurs fois, mes chaussures n'étant pas vraiment adaptées à une course poursuite dans un hôtel de luxe.
Mon souffle bien saccadé m'empêche d'accélérer la cadence.

Je peux sentir son souffle dans ma nuque, il me rattrape, il cours bien plus vite que moi.

Bien trop vite pour que je ne lui échappe.


      Alec, mon amour, sauve-moi de cet enfer.


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