Chapitre 10 : Compliqué

     ☆:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::☆

Je reste figé sur place et dévisage Sabie, sans trouver quoi dire.
Je ressent simplement ce désir ardent qui monte en moi comme monte la température en été.
Ce désir de la plaquer contre un mur et de l'embrasser jusqu'à ce qu'on arrive même plus à respirer, jusqu'à ce qu'on soit tous les deux enfin satisfaits.
Mais non,ça n'arrivera pas, je ne céderai pas.
Il ne faut pas que j'oublie, l'amour et moi ne sommes pas compatibles. De par ma manière d'être, mes convictions personnelles, et puis le gang.
Le gang, là où seuls les liens que tu entretiens avec tes partenaires de crime, comptent.

Je me rapproche calmement de Sabie et plonge mes yeux gris acier dans ses yeux verts qui me dévorent et m'attirent.

- J'suis à peu près le premier gars que tu vois depuis longtemps. Ce que tu ressens, là,ce n'est pas la réalité.

Mes mots ne reflètent pas mes pensées,et rien que de les dires, je n'en mène pas large.
Ébranlée mais pas déroutée, elle me contredit immédiatement.

- Justement pas ! Je sais ce que je dis et ce que je ressens, j'en suis sure... Je ne sais jamais sur quel pied danser avec toi, tu es toujours tellement froid, hostile, sarcastique, mais aussi tellement intriguant.

- Regarde toi et regarde moi. Qu'est ce que tu vois ?

- Deux êtres bien différents, mais qui se complètent comme les pièces d'un puzzle...

- Tu sais ce que moi,je vois ? Deux personnes, bien trop différentes pour se comprendre,une fille de la haute société qui rêve d'un mec bien qui lui passera la bague au doigt et lui fera pleins de mioches, et de l'autre côté.Y'a quoi ? Je vais te l'dire moi c'qui a, un gars fauché qui n'a fait que contourner les lois et magouiller, un gars, incapable de sauter le pas et se lancer dans une relation sérieuse qui aboutira par mariage et enfants, qui est littéralement incapable de donner tout ça à une fille, et qui d'ailleurs ne le veut pas.

Sabie reste immobile au milieu de la chambre d'hôtel, son corps entier est raide comme un piquet.
Sa respiration se bloque alors qu'on se fusille mutuellement du regard, elle soutient ses yeux dans les miens mais s'avance d'un pas avant de fixer le sol.

- Tu ne veux pas,ou tu as peur de ce que tu pourrais ressentir... ?

- Je ne ressens rien.

- Ce n'est pas ce que... Enfin je... J'ai cru que...

Elle bafouille et balbutie, vraisemblablement blessée par mes mots crus qui sonnent bien plus durs que dans mon esprit.

- Que quoi ?

- J'ai cru ne pas être la seule a...

- C'est compliqué...

- L'amour est compliqué... Enfin a ce qu'il paraît...

Elle lève à nouveau les yeux vers moi et cherche une quelconque réaction dans mon regard, elle semble comme suspendue à mes lèvres, mourante d'envie que je lui donne une réponse positive.

- C'est au delà de ça.

- Est ce que je dois abandonner, me faire une raison, ou puis-je espérer qu'un jour les choses entre nous avancent ?

Déstabilisé, je change de sujet, après tout je ne suis même pas sûr de ce que je dois dire ou non.

- Tu peux sortir tes affaires des valises et les mettre dans le placard, ça sera plus pratique.

Et c'est bien évidemment ce moment que choisit le cacatoès de Sabie pour répéter ce qu'a visiblement dit sa propriétaire elle même.

- Alec trop beau, j'aime Alec !

Ces quelques mots, le tout agrémenté d'une petite danse de sa part où il bouge sa tête de haut en bas.

- Oh putain un poulet rose ET qui sait parler. T'a dû énormément parler de moi pour qu'il répète, non ?

Sabie est déjà morte de gêne mais hoche la tête timidement. Je ressent la malaise qui s'installe dans la pièce, il est palpable.

Et heureusement,pour venir casser cet instant malaisant,le room service toque à la porte.
Je me racle la gorge et fait un signe de tête en direction de la porte pour mettre un terme au froid entre Sabie et moi.

- J'vais ouvrir, pose toi tranquille sur le lit.

Sabie lambine jusqu'au lit et s'y assoit en tailleur. Son oiseau vient se poser sur son épaule et sifflote mélodieusement comme pour détendre l'atmosphère.

Je me dirige en direction de la porte,ouvre cette dernière et remercie à peine le room service avec un geste de la main, je récupère par la suite le petit déjeuner avant de refermer la porte en coup de vent.

- Le p'tit dej de miss Sabie, est servi.

Je pose le plateau près d'elle, elle semble affamée mais hésite avant d'engloutir ses pancakes, elle a l'air si pensive.
Elle commence à manger en câlinant son cacatoès avec une main.
Je la lorgne du coin de l'œil mais le bruit de notification me force à détourner mon attention.
Je jette un œil à mes messages et y vois un message non lu, de Ross.


*📨 1 message non lu(s)*

💬Ross : Mec t'es dispo ce soir ? C'est une urgence

Qu'est-ce que t'as encore foutu. : Vous💬

💬Ross : Rien mais crois moi, ça urge !

Bah te fais pas prier, balance ! : Vous💬

💬Ross : Je ne peux pas le dire par message,trop risqué. Viens me retrouver devant ton hôtel dans deux heures, sur le parking.

Ok, à toute mec. : Vous💬

————————————————————————

Je soupçonne grandement les gars d'avoir encore un plan foireux pour lequel on risquent notre peau.
En tout cas, ça doit être important pour que Ross soit si pressé.

Je fait mine de rien face à Sabie et met mon téléphone en silencieux avant de le ranger dans une poche de mon pantalon, le tout dans un silence religieux.
Même si elle est au courant que j'ai fait partit d'un gang à Londres, elle ne sait pas qu'ils venus ici même. Pour sa sécurité, je préfère lui cacher ça.

PDV Sabie :

J'ai le coeur lourd, serré.
Je n'aurait peut être pas dû déclarer mes sentiments si vite, j'ai tout gâchée...
Mais ce qui me chiffonne, c'est ces mots "c'est compliqué."...
Compliqué ? Peut-être que tout n'est pas perdu finalement, mais ça ne sera pas un long fleuve tranquille.

- Sab' ?

Sa voix grave et chaude me fait sortir de ma bulle.

- O...Oui ?

- D'ici à peu près deux heures,j'irais fumer une clope avec un pote qui passe en ville pour le taff, j'en aurais pas pour longtemps.

- ...Pas de soucis !

Je m'efforce de dissimuler mon inquiétude vis-à-vis de ses sentiments mais il me connaît trop bien.

- T'y pense encore ?

- Mh ? Quoi donc ?

- Tu sait très bien.

- Effectivement... Bien sûr, j'y pense...

- Arrête de te torturer l'esprit, ça vaut pas le coup.

- Si,tu vaut le coup...

Il secoue la tête en guise de non avant de venir s'accroupir devant moi, je le regarde faire, un peu troublée.

- Trouve toi un petit bourge pas trop con,bien blindé qui t'offrira tout ce que tu désire dans la vie.Mariage,belle baraque, enfants,limousine, jet privé...Tout ça tout ça.

- Je me moque de tout ça, si c'est pas avec toi...

- Sabie,tu me connaît depuis peu de temps.

- Ça ne change rien...

Je marmonne ces mots en évitant son regard.
Je l'entend soupirer,j'ai la vague impression qu'il est contrarié.
Il débloque enfin ces lèvres et me fait toujours face alors qu'il s'excuse.

- Désolé.

- Tu sait que je ne baisserai pas les bras si facilement...

- Ouais j'en suis conscient,c'est bien pour ça que je suis désolé. Désolé que tu persiste à souffrir.

PDV Alec :

Et d'ailleurs je souffre aussi.
Lutter contre mes sentiments s'annonce plus compliqué que prévu, mais il faut que je fasse avec.

- Alec,j'attendrais et si ça sert à rien, tant pis.

- Je suis pas le lover dont t'a besoin.

- L'avenir nous le dira...

- Si ça peut te rassurer.


2h plus tard.

Sabie s'est assoupie sur le lit depuis environs une heure,après avoir demeurée silencieuse en jouant avec son cacatoès.
Ce dernier s'est installé bien confortablement dans le lit et me nargue du regard depuis plusieurs minutes. Stupide dinde couleur barbie. Mais je dois bien reconnaître qu'il est plutôt mignon.

Il est maintenant l'heure de mon rendez-vous avec Ross, alors pas une minute a perdre.
Je brûle d'impatience de savoir ce qu'il a de si important à me dire, j'espère juste que les autres gars vont bien.

J'attrape la clé de ma chambre,ouvre la porte en silence et tourne la pancarte « ne pas déranger. » pour que personne n'entre et ne découvre la présence de Sabie, surtout pas son père.
Je passe le couloir et traverse l'accueil de l'hôtel sans adresser un regard à quiconque, mais agissant de manière naturelle.
Je sort de l'hôtel et me retrouve donc dans la cour d'entrée, qui pour une fois est bondée de monde.Beaucoup de gens qui discutent et se vantent de leurs biens respectifs, bande d'abrutis qu'ils sont.

Hormis le nombre assez importants de personnes,le paysage de cette cour d'entrée est plutôt agréable.
Le soleil radieux baigne les arbres de lumière,le ciel est dégagé et bleu azur, l'eau de la fontaine qui coule créée une douce mélodie, et les petits papillons qui virevoltent autour des statues ne font qu'enjoliver le tout.
La nature dans toute sa splendeur, sans les artifices et tout ce trafic autour.

Je sort de cette cour pour me retrouver à l'extérieur sur le parking, au loin, j'aperçois la voiture de Ross avec la vitre très légèrement baissée, il est à l'intérieur de celle ci et me fait un signe de main pour que je me rapproche.
Je fait rapidement le chemin jusqu'à son véhicule et m'abaisse a sa vitre qu'il ouvre un peu plus.

- Salut Alec,content que tu soit là.

- Qu'est ce que c'est ton urgence ? T'a l'air tendu de fou en plus.

Il inspecte les environs de chaque côtés avant de répondre,comme pour s'assurer de ne pas être entendu.

- Un gang adverse qui essaye de jouer les malins avec nous, ils ont essayés de s'infiltrer sur notre nouveau territoire, le quartier La Barbière. D'après ce que je sait ils voulait dérober des armes et du matos. Owen est fou de rage et veut qu'on règle le problème.

- C'est qui ce gang adverse ?! Ils ont rien de mieux à foutre, sérieux.

- The Ravagers,apparemment c'est un gang du quartier Montfavet. Ils sont en activité depuis presque 5 ans.

- Donc on part sur un règlement de compte ?

- Crois moi, on va leurs montrer qui sont les patrons ici.

- Évidemment, on est pas des petits joueurs nous.

Je continue mes messes basses avec lui,heureusement personnes n'est dans le coin.

- Je suis de la partie. Vous avez besoin que je vous retrouve où et quand ?

- T'inquiète mon frère, avec Owen et les autres on va tous venir se garer a un ou deux mètres de ton hôtel, rejoins nous tranquillement avec Memphis qui lui aussi nous retrouveras là bas.

- Ok, et après ?

- Après,nous irons tous ensembles rendre une petite visite de courtoisie à nos copains les trous du cul. Ils ne s'attendent pas à ce qu'on viennent à huit et je suis persuadé qu'on est mieux rodés qu'eux dans notre domaine. Ces bâtards ne sont même pas foutus de pénétrer notre territoire sans se faire prendre.

- Je suis sûr qu'ils sont aussi habiles que des manchots tétraplégiques.

- Baha ça tu l'as dit !

Nos téléphones respectifs à Ross et moi vibrent en même temps, je comprend tout de suite de qui il s'agit mais je regarde par acquis de conscience.

*📨 1 message non lu(s)*

💬Owen : Changement de programme. Tous au point rendez-vous, on accélère le plan.

———————————————————————-

- T'a eu le même message que moi, Ross ?

- Ouaip. C'est le signal qu'on va s'amuser.

- La ferme et dit-moi juste si t'a les cagoules.

- Tu me prend pour un touriste de la criminalité ? Bien sûr que j'ai les cagoules !

Ross se tait subitement quand un bruit de pneus contre la route se fait entendre, je tourne la tête dans la direction du bruit et sourit malicieusement en reconnaissant les véhicules qui roulent.
Un cortège de voitures noires étincelantes et aux vitres teintées passent juste devant nous et se garent un peu plus loin.
Évidemment il s'agit de nos six autres confrères.

- Les gars sont déjà là.

- Alec,ça va aller très vite donc prend ton pied. Et surtout fait gaffe de pas te prendre une balle ou un truc du genre.

- Jusqu'à preuve du contraire, je me suis jamais blessé gravement durant un règlement de compte ou tout autre activités illégales qu'on a pu faire.

- T'a pas tort ! Mais on sait jamais.

- Magne toi Ross, on nous attends.

- Tu ferait un bon chef toi, tu sait !

- Je sais, je suis génial.

Ross ouvre sa boite à gant et farfouille dedans,il en sort deux cagoules et m'en jette une dans les mains.
Je planque la cagoule dans la poche de mon pantalon pour pouvoir passer inaperçu le temps du trajet jusqu'au point de rendez-vous.
Ross s'extirpe de son véhicule et se dirige vers le coffre, qu'il ouvre.
A l'intérieur du coffre, des sacs remplis d'argent sales obtenus grâce au trafic de drogues et diverses petits braquages, mais aussi deux valises bien fermées.
Je reconnais bien ces valises, je les ai utilisé bon nombre de fois,ce sont celles où moi, Aiden et Memphis planquions nos joints car Owen refusait qu'on fument à l'intérieur de la planque, il disait que l'odeur de la beuh se collait aux textiles et que ça puait.
C'est aussi là que nous rangions nos armes,pour pouvoir les transporter avec discrétion. Et je constate que c'est toujours le cas.

Nous prenons chacun deux des valises blindées d'armes de son coffre et détalons en vitesse pour rejoindre le reste du gang.
Sentir a nouveau cette adrénaline me procure un sentiment de délivrance et de liberté indescriptible, tellement il est puissant.
Cette sensation qui je sait, est éphémère.
Le pire dans tout ça, j'ai pleine conscience que je m'hasarde vers quelque chose qui pourrait me tuer, en un claquement de doigts une seconde d'inattention , et c'est terminé.

Ross et moi arrivons face a notre groupe et nous faisons notre check traditionnel pour se saluer.
Ils ont tous l'air confiants, seul Aiden semble un peu inquiet. Il a le regard fuyant et une gestuelle hésitante, je décide donc de lui adresser un petit regard rassurant.

- Ça va aller p'tit bro, c'est juste une bande de bras cassés.

- Je le sait bien, mais ça ne m'empêche pas d'avoir toujours une appréhension.

- Tu risque rien. Tu n'est pas tout seul sur ce coup là.

Son grand frère était l'un des nôtres, il est mort pendant un règlement de compte qui s'est résolu par l'arrivée des flics, une balle en pleine tête et ça en fut fini de son frère.
Pour combler ce manque, je suis moi même devenu un peu comme son mentor, et je sait que mon départ de Londres fut d'autant plus compliqué pour lui à cause de ça.

Nous voilà tout les huit en direction de la position de nos rivaux, bien déterminés à en découdre.
Owen a le regard remplis d'assurance et une démarche naturellement intimidante, maintenant je sait d'où nous tenons tout les sept ces atouts, on a eu un bon prof.
Je me couvre correctement le visage avec la cagoule et les autres font de même.

Notre identité est maintenant correctement dissimulée, tout doutes sur notre personne doit être écartés.
Je continue d'avancer jusqu'au cartier Montfavet mais Owen se précipite devant nous et met un terme à la marche.

- Owen, c'est quoi le blem' ?

Je me poste à sa gauche, septique.

- Ils sont là.

     ☆:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::☆

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top