Chapitre 26 /
PDV Julia
— Je t'en supplie... laisse-moi, je ne le referai plus je te jure ! l'implorai-je d'une voix affaiblie et accablée.
Couchée au sol, je n'arrive pas à détacher mon regard de ses iris frigides et glacials. Je suis comme pétrifiée, sans aucun contrôle de ma personne. Il me domine d'une manière si étouffante que j'en viens à perdre la capacité de respirer. Ma main est posée sur l'hématome grandissant à une vitesse folle sur ma joue, qui développe une douleur aigue en moi. Elle s'insinue dans mes pores, profite de toutes les fissures disponibles, et me détruit la raison. Je lui supplie de toutes mes forces d'arrêter, de toutes mes forces...
... mais je n'ai plus de forces, c'est bien ça le problème.
Je suis sans défenses, et il est maître de ma vie.
— Je t'avais prévenue Julia, fait-il d'une voix grave en retirant sa ceinture.
Je ferme les yeux, résignée face à mon destin. Les larmes coulent avec une abondance inquiétante sur mes joues et je l'implore,
encore,
encore,
encore,
encore,
et encore.
Je l'implore tellement que c'en est devenu une chanson qui berce mes cauchemars. Qu'il cesse, je ne veux pas souffrir davantage.
— Je t'en supplie... gémissais-je en pleurant, le ton désespéré et l'espoir anéanti.
— Tu ne m'as pas écouté malgré mes avertissements. Maintenant, tu sais ce qu'il va se passer Julia. Tu le savais très bien... tu n'es qu'une pute. Rien qu'une fille facile qui lèche le cul des autres.
Il retira sa ceinture, et la leva afin de me-
* * *
— NON ! hurlai-je.
Je me redresse soudainement, déboussolée. Je suis surprise par une larme coulant lentement sur ma joue, et me presse alors à la sécher d'un coup de main. Ce n'était qu'un rêve...
... ou plutôt un cauchemar.
... un cauchemar que je n'ai pas fait depuis très longtemps.
Dans tous les cas, je n'ai pas à avoir peur. Je n'ai plus à avoir peur. Tout cela est terminé depuis longtemps.
Je me redresse, et suis assaillie par une vive douleur au dos. Une couverture glisse de mes épaules -ce que je ne comprends pas, et je contiens un gémissement de douleur. C'est alors que je comprends que je me suis endormie sur mon piano, après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps. Mon dos me fait horriblement mal, mais je reste toujours désorientée quant à cette couverture que je ne me rappelle pas avoir prise... d'où vient-elle ?
Je me lève, et me dirige mollement vers la porte. Je remarque avec joie que je me suis réveillée à 6h30, donc pile à l'heure. Je n'aurai pas de retard pour le travail...
... le travail.
Je secoue furieusement ma tête. Il faut que j'arrête d'y penser, et que j'aille de l'avant ! J'ai déjà gaspillé une nuit entière de sommeil et de larmes pour lui, donc il doit définitivement disparaître de mon esprit. J'arrête d'y penser, c'est officiel...
... tu dis ça tout en sachant que tu le recroiseras dans quelques heures.
Je frémis déjà à cette idée. Mais pas un frémissement habituel, non. J'en suis enfaite écœurée, complètement. Je n'ai vraiment pas de chance de devoir le recroiser aussi souvent et aussi tôt. Je ne me suis pas encore préparée psychologiquement. Mais je suis son assistante personnelle, et je ne peux me permettre de mêler cette histoire à ma vie professionnelle. Ce boulot est très certainement la meilleure opportunité qu'il m'ait été donnée d'avoir de toute ma vie, je ne peux alors daigner mettre mon avenir professionnel en jeux pour cet idiot d'Alvarez.
... tu dis ça alors que tu sais déjà que ce sera trop dur pour toi.
C'est faux, je suis forte et ai enduré bien pire que ça dans ma vie.
Je vais y arriver parce que...
... parce que tu l'aim-
... parce que je suis plus forte que ça.
Je mets de côtés ces pensées envahisseuses, et me dirige vers la salle de bain pour me préparer. Ma peau est sèche et tirée tant les larmes ont coulé, donc un petit ravalement de face n'est pas de refus. Je me place devant la glace et... damn. Je fais vraiment peur à voir. Mon mascara a coulé, et j'ai de grosses cernes sous les yeux. Mon teint est si pâle que j'ai l'impression de faire face à un zombie, et j'ai la peau sèche. Comme par réflexe, je détourne le regard de ma propre personne. Je m'étais jurée ne plus redevenir comme ça, et ça me brûle la raison de briser mes principes de cette manière. Je ne perds pas plus de temps et fonce vers la douche. L'eau chaude qui coule le long de mon corps m'accorde tant de bien que j'aimerai y rester pour toujours... et ne plus revoir Ryan de la même manière. Comme pour me punir d'y avoir encore pensé, je tourne brutalement l'eau vers le froid. Bordel ! Il faut que j'arrête de penser à lui, c'est trop. Je finis par sortir de la douche, et vais me préparer à la vitesse de la lumière. Je m'attache les cheveux, et m'habille simplement comme à mon habitude. Niveau maquillage, je dose l'anticerne pour faire disparaître ces horribles poches sous les yeux, et me permets même une petite touche de gloss. Je passe en revu le mascara et le blush, et suis finalement satisfaite de mon apparence. Je veux être belle, qu'importe la situation. Je veux que les gens voient que rien ne m'atteint.
Alors que je me dirige vers la cuisine, je suis ravie de revoir mon petit Ninja qui me saute dans les bras. Il a passé les deux dernières semaines chez ma voisine qui est une fan d'animaux, et qui s'est faite une joie de le garder pour moi. Je constate que mon chien est excité comme une puce, et qu'il m'indique la direction de la cuisine avec agitation. Je remarque également une odeur de pancake planant dans l'air, et me dirige alors vers la pièce dénoncée avec intrigue.
— Oh ! m'écriai-je avec surprise.
— Wesh grandes-dents !
Mon grand frère se tient juste devant ma cuisinière, habillé d'un tablier et un fouet en main. Il esquisse un grand sourire dans ma direction, et je ne perds pas plus de temps pour lui sauter dans les bras. Je laisse même échapper quelques larmes... putain mon maquillage. Mais je ne peux m'en empêcher, mon frère et moi ne nous étions pas revus depuis ce qui me semble être une éternité. Il se détache de moi, et me reluque de la tête aux pieds.
— Babababa... mademoiselle grandes-dents est devenue une vraie femme de ce que je vois.
Je lui assène une tape si forte sur l'épaule que j'ai moi-même mal.
— Juliaaaa !!
— Ta gueule, ça fait bien longtemps que j'en suis une. Connard.
Il rigole et sèche la petite larme dans le coin de mon œil. Et lui alors, il a encore grandi...
— Ouais, mais tu pleures encore comme un bébé.
Je me loge dans ses bras, et nous éclatons de rire en chœurs.
— Ta gueule.
Théo et moi sommes vraiment très proches, et nous nous sommes toujours aidés mutuellement. La mort de nos parents, et les événements tragiques que nous avons vécus dans notre vie n'ont fait que renforcer notre relation, tellement que l'on pourrait se qualifier d'âmes sœurs. Néanmoins, ce bonhomme reste toujours loin de la perfection, et peut se montrer extrêmement lourd à certains moments. Nous sommes tellement proches qu'il ne peut se retenir d'être surprotecteur avec moi.
— Bon, c'est pas tout, mais je n'ai pas préparé ces pancakes pour rien ! J'ai la dalle, donc à table.
Je rigole et m'installe sur le comptoir de la cuisine. Il amène les pancakes sur la table, en me souhaitant un bon appétit. Nous dégustons le tout en silence et... bruh.
— T'es toujours aussi nul en cuisine de ce que je vois, marmonnai-je en beignant mon pancake dans du Nutella pour cacher cet excessif goût de farine.
— Ouais je sais. J'essaye de m'améliorer.
— Je vois ça. La dernière fois que tu as fait des pancakes, tu en avais brûlé 22 avant d'en arriver à en faire un plus ou moins potable. Et encore, il était vraiment mauvais.
— C'est bon, on est pas tous aussi doué que toi, ta gueule.
Je faillis recracher la nourriture de ma bouche, et le dévisage tellement longtemps qu'il me questionne du regard.
— Tu te moques de moi ? Je suis loin d'être douée en cuisine, c'est juste que j'ai les bases à avoir. C'est juste toi qui es tellement nul, qu'une personne réussissant des pâtes sans les carboniser devient un cordon bleu à tes yeux !
Nous éclatons de rire longtemps, et nous remettons à table. C'est alors que je remarque son expression se faire subitement plus grave. Il plante son regard dans le mien, et me scanne. Je ne peux m'empêcher de détourner le regard.
— Tu as mauvaise mine, déclare-t-il en cherchant mon regard.
Sa constatation a le don de me déstabiliser. Je ne peux jamais rien lui cacher, c'est dingue...
... a une exception près dans ma vie.
— Oh euh... oui, c'est vrai. Tu sais avec le travail et tout...
Il baisse les yeux sur son assiette avant de replanter son regard dans le mien.
— Depuis quand ne me dis-tu plus tout Julia ?
— ... je ne vois pas de quoi tu parles, bredouillai-je après un moment d'hésitation.
— Je ne veux pas que ça recommence, donc les cachoteries c'est non. Hier soir, tu jouais du piano. Et je sais ce que ça veut dire pour toi.
Je ferme les yeux et serre la mâchoire. Ce "ça" dont il parle, moi aussi je ne veux plus que ça recommence. Dans ses yeux, je vois bien à quel point cela l'a affecté, donc je ne me resigne plus à lui faire des mensonges.
C'est de ma faute s'il est brisé à ce point.
— Tu jouais, et puis... je t'ai entendue éclater en sanglots.
Je rougis subitement. C'est très embarrassant qu'il ait dû entendre cela, car je ne contrôlai plus rien en moi à ce moment.
— Julia, commence-t-il d'une voix qui se brise légèrement, je sais à quel point tu es douée pour cacher tes émotions, donc je t'en prie-
— Je suis désolée, l'interrompais-je en attrapant sa main.
Son expression est rongé par l'inquiétude, et je ne peux que me sentir coupable.
— Ce n'est pas de ta faute, Julia.
Si, ça l'est. Ça l'a toujours été. Je finis par poser mes couverts sur la table, et a enfin poser mon regard dans le sien.
— Bon, alors je n'ai qu'à tout t'expliquer.
Je tente un petit sourire, mais il se fane très rapidement face à son expression toujours aussi sérieuse.
— Tout a commencé lorsque j'ai réussi à avoir un entretien d'embauche dans l'entreprise Alvarez Corporation...
Et là, je me lance dans mon histoire. Je lui raconte mes rencontres avec Vic, Lydia, Steeve, Austin et... Ryan. Je ne laisse rien de côté, et n'outrepasse pas cette histoire dans l'ascenseur. Heureusement pour moi, Théo se contente d'afficher une mine ébahie, et de me lancer un "t'es vraiment devenue une femme enfaite". Mais bon, bien qu'il agisse comme si cela lui passait au-dessus, j'ai bien remarqué la façon dont ses poings et sa mâchoire se sont serrés. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de cacher l'identité de cet homme que je connais dorénavant. Un petit pincement se forme dans mon cœur lorsque je lui raconte cette histoire maintenant que tout a changé. Ce serait bien trop humiliant de dire la vérité, même s'il est mon frère. Je lui explique ensuite toutes les autres mésaventures, et lorsque vient le tour de mon premier... enfin, de mon deuxième baiser avec Ryan, il sort de son mutisme.
— Ton patron t'as... EMBRASSÉE ?! s'exclame-t-il avec fureur en posant avec force ses mains sur la table.
Mes joues se mettent à chauffer. En y réfléchissant, je raconte et vis cela comme si c'était tout à fait ordinaire, alors que non. Si ça avait été un autre homme, un collègue ou un match Tinder... ce serait mieux passé qu'avec mon patron.
Oui, ça s'est très mal passé.
— Ne sois pas surpris, je t'ai prévenu que ce n'est pas commun.
— Bordel mais qu'est-ce que tu as grandi... tu es tellement loin de la petite et fragile Julia du Montana.
Dès lors qu'il dit ça, son regard se durcit. Il semble prit par les souvenirs, c'est presque douloureux à regarder. J'essaye de continuer mon histoire en l'ignorant, comme s'il n'avait rien dit car ce n'est pas le moment d'y repenser. Mais malheureusement pour moi, il se reprend rapidement pour me poser une multitude de questions. J'y réponds avec affliction, et essaye tant bien que mal de continuer. Je passe ensuite sur le moment de ma rencontre avec Nate, puis lorsque je l'ai redécouvert à la réunion, puis la plage... en parlant de lui, je ne peux cacher mon sourire. Nate est un homme si aimable et gentil, toujours à mon écoute. Et puis, il est beau, charmant et...
— Il est comment ? m'interrompt Théo avec engouement. Il a quel âge ? Il travaille où ? Il a rien tenté pour l'instant ?
Il enchaîne les questions avec tellement de rapidité que je n'arrive à en comprendre qu'une sur deux. Apparemment, me voir parler de lui avec un si grand sourire a dû le faire paniquer. Pauvre chou.
— Roh mais t'es lourd ! Non, il n'a rien tenté ! Laisse-moi au moins terminer mon histoire !
— Ok, je me la ferme.
Je souris légèrement devant son petit minois, et continue. Je passe de cette magnifique soirée au restaurant en compagnie de Ryan, à cette scène en boite de nuit. Théo paraît surpris, il ne s'attendait apparemment pas à tant de choses. Et moi aussi pour être franche. Enfin, j'arrive à cette dispute dans l'avion.
— Il a essayé de m'embrasser. Encore.
— Putain mais il est en manque ou quoi ?! s'exclame mon frère en fronçant les sourcils.
Je n'arrive même pas à rigoler, et me contente d'écraser mon pancake avec ma fourchette. L'image de Ryan passe dans mon esprit, et je l'écrase avec encore plus de ferveur... connard. Théo boit son café, et m'incite à poursuivre.
— Bien sûr, je l'ai repoussé. Après ce qui s'était passé la veille, je ne voulais pas qu'il me sente acquise ou autre... et puis, c'est mon patron merde ! Mais apparemment, il a tellement mal pris ce rejet qu'il s'est énervé et-
— Il t'a frappée ? me demande-t-il avec affolement.
Je secoue vigoureusement de la tête, et il lâche un soupir de soulagement. Il ne m'a pas frappée, non, mais j'ai vraiment eu l'impression de me prendre une claque en pleine face.
— ... il s'est énervé, et a commencé à me cracher à la figure mes quatre vérités. Nous nous sommes disputés car il pensait que je voulais le faire désirer pour me sentir meilleure, que je voulais l'humilier... je l'ai contredit, et me suis énervée à mon tour. Et c'est là qu'il a dit que je n'étais qu'une fille facile, que j'étais similaire aux "putes" qu'il côtoyait. J'ai pleuré, l'ai traité de connard, et voilà.
Théo reste bouche bée, muet, tandis que je sens une petite larme couler le long de ma joue. Putain pourquoi je pleure encore ?!
"... tu n'es qu'une pute. Rien qu'une fille facile qui lèche le cul des autres."
Non... Je ne suis pas ça... Il faut que j'arrête d'y penser... Stop.
Sans plus de mots, Théo se lève de sa chaise, et part rapidement vers l'entrée. Je sursaute tant sa réaction fut brutale, et le suis précipitamment. Je le vois entrain d'enfiler son blouson à l'entrée, tout en attrapant ses clés de voiture au passage. Je reste déboussolée face à lui, ne comprenant pas cet empressement.
— Mais... Qu'est-ce qui te prend ?!
— Je vais aller lui refaire le portrait à ce petit connard moi...
Bordel de...
— Non, Théo ! C'est bon, reste en dehors de tout ça ! C'est qu'un connard comme tu le dis si bien, il ne mérite pas autant d'attention de ta part ! tentai-je de l'arrêter avec panique.
— Je m'en branle Julia ! Il a osé te toucher plusieurs fois pour ensuite te traiter de tous les noms ! Il est riche, non ? Donc un petit rendez-vous chez le chirurgien ne fera rien.
— S'il te plaît Théo... c'est mon patron-
— Ouais, et tu l'as traité de connard si je me rappelle bien, non ?
J'avais oublié ça.
— Oui enfin bref. Je t'en prie Théo, laisse tomber.
Il hésite durant quelques secondes qui me semblent durer des heures, mais finit par retirer son blouson. Il repose brutalement ses clés, et je lâche un soupir de soulagement.
— Sage décision...
— Je n'en ai pas fini.
Je force un sourire, en vain. Théo s'approche de moi, et essuie du revers de la main la larme qui avait coulé tout à l'heure.
— Alors toi, pourquoi lui accordes-tu autant d'attention ? me demande-t-il d'une faible voix. Je veux dire, ce mec est un gros connard. Il t'a traitée de pute, et n'a sûrement qu'une seule envie en tête, celle de te mettre dans son lit. Alors, pourquoi te mets-tu dans de tels états ? Toi-même tu me l'as dit, il n'en vaut pas la peine...
... parce que tu l'ai-
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Ou peut-être que je le sais et que je ne veux juste pas me l'admettre. En réalité, je ne peux juste pas me permettre de l'admettre car... pourquoi donc ? Rien ne se passera jamais, et assumer pleinement ces sentiments ne feront qu'aggraver ce sentiment si douloureux dans ma poitrine.
"... tu n'es qu'une pute. Rien qu'une fille facile qui lèche le cul des autres."
Arrête... Stop... N'y pense plus...
Je ne réponds pas à Théo, bien trop perdue dans mes pensées. C'est alors que son expression change du tout au tout, il semble... choqué et dégoûté.
— Attends. Ne me dis pas que tu... enfin...
Je le dévisage longuement alors qu'il semble ramer à parler. C'est comme si ce qu'il voulait dire lui brûlait la langue.
— Je veux dire, ne me dis pas que tu éprouves des... sentiments à son égard ?!
Mes joues chauffent subitement, c'est comme s'il avait entendu mes pensées. Ma bouche s'ouvre à plusieurs reprises, mais je n'arrive pas à le contredire. À chaque fois que j'essaye de le faire, mon esprit me remémore cette sensation si agréable et chaude dans ma poitrine lorsque je me retrouvai avec lui.
Ce n'était même sexuel.
Le dîner, la danse lors du bal, ces moments de folies à la plage, cette première coupe de champagne dans son bureau,...
... ses mains sur mon corps.
... cette gentillesse à mon égard.
... ces regards qu'il m'adresse.
"Peut-être que j'avais réellement envie de te voir."
— Non ! m'écriai-je avec un peu trop d'élan. Non... jamais de la vie. C'était juste blessant donc, euh... voilà.
Je mens. Je ne fais que mentir. Mais je le fais pour ma propre protection parce que je ne peux pas me permettre d'éprouver ce genre de choses, pas après ce que je sais dorénavant...
... alors pourquoi mon cœur bat-il toujours aussi vite ?
* * *
J'arrive devant l'entreprise... Je peux rentrer à la maison ?... Non ! Julia ! Tu es plus forte que ça ! Tu vas montrer à tout le monde qui est le patron !
J'ai préféré arrêter rapidement le sujet de discussion que j'avais avec Théo tout à l'heure... c'est-à-dire Ryan. Je ne veux pas plus penser à ce qui s'est passé, et veux aller de l'avant. Aller de l'avant sans Ryan. J'entre dans l'entreprise, et bouscule une femme alors que je me dirigeai vers l'ascenseur. Je l'aide à se relever, et constate avec surprise qu'il s'agit de Vic. En me reconnaissant, cette dernière me saute littéralement dans les bras devant tout le monde.
— Oh ma poulette ! Tu m'as tellement mannnnnquée !
— Coucou Vic ! Toi aussi tu m'as manquée !
— Alors, c'était bien Los Angeles avec le... comment tu l'appelles déjà ? "Regard ténébreux" ? "Regard de braise" ? Je ne sais plus trop.
Lorsqu'elle prononce le surnom que je donnais à Ryan auparavant, je sens mon estomac se tordre. C'est pas le moment, sentiments de merde !
— Euh, eh bien...
— Quelque chose te tracasse ? me demande-t-elle en posant sa main sur mon épaule. T'as une petite mine...
Je me suis maquillée comme une putain de Bomba Latina et elle arrive toujours à le voir ? Je vais me pendre.
— Écoute, j'aimerai vous parler à toi et Lydia chez Giuseppe's pour le déjeuner. Ma vie part un peu en vrille en ce moment, je n'arrive même plus à me reconnaître et...
— Oulà... ça pue ça. Il s'est passé quelque chose de grave à L.A. ? me demande-t-elle avec inquiétude.
— Je... je suis en retard, il faut que j'y aille. Je te raconterai tout après, promis ! À plus !
— Mais, Julia...
Je m'en vais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, mais ai quand même constaté de l'appréhension dans son regard. Je m'engouffre ensuite dans l'ascenseur, et lorsque j'arrive à mon étage, l'image de Ryan refait surface dans mon esprit. Je secoue ma tête, ce qui me vaut quelques regards de travers des hôtesses d'accueil. Je ne les salue d'ailleurs jamais en arrivant, ces garces hypocrites.
J'entre dans mon bureau, et m'installe avec joie. Je dois avouer que mon petit bureau m'a plutôt manqué, bien que celui de LA était tout aussi bien. Je sors mon téléphone, envoie un message à Lydia pour la prévenir pour ce midi, et elle accepte immédiatement. Je me mets alors au travail, en essayant de mettre tous mes problèmes de côtés. Professionnalisme, professionnalisme, professionnalisme... ça va devenir une incantation.
C'est alors qu'on toque à ma porte. Un peu trop fort. Je me lève alors pour aller ouvrir... et mon cœur rate un battement. Ryan se tient devant moi, habillé d'un magnifique costard bleu marine accompagné d'une cravate noire. Il est encore plus beau que d'habitude, c'est limite s'il ne s'est pas mis sur son trente-et-un...
... comment ça "beau" ? Non, non, non, il est trop moche ! Beurk !
Mais dès lors que je vois son visage, je me rappelle immédiatement comment la colère avait tordu ses traits pourtant si beaux, en un monstre sans-cœur. Une bile de dégoût me monte à la gorge, et son acidité est si puissante qu'elle s'insinue dans mon expression. Je ne peux m'empêcher de le toiser avec mépris, ce qu'il semble remarquer.
— Que fais-tu ici ? lui demandai-je froidement.
Ses sourcils se froncent en vue de mon ton. Alors quoi, il s'attendait à ce que j'oublie tout du jour au lendemain ?
— Je suis venu te parler, me dit-il gravement en se passant les mains dans les poches.
— Il n'y a rien à dire, Monsieur Alvarez.
Tu veux jouer, on va jouer...
3838 mots / Relu et Corrigé
* * *
Coucou mes bébés poulpes ! 🐙
Chapitre encore une fois mouvementé? Non?!
Comment trouvez vous Théo? Vous l'aimez?
Personnellement, je l'imagine comme Zac Efron, et vous?
Donnez moi touts vos avis et suppositions en commentaire!
Enfin bref, je vous dis à la prochaine mes béééébééés poulpes ! 🐙 💋
de HamidaSwan qui vous kiff, Teehee.
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