Chapitre 24 /
PDV Julia (À partir du moment où Ryan s'en va vers le bar)
Ryan nous lance un un rapide sourire avant de s'en aller vers le bar. Je me tourne rapidement vers mon amie qui me lance un regard du style "t'as intérêt à tout me raconter !".
— Tu vas tout m'expliquer de A à Z ! me crie-t-elle dessus avant d'éclater de rire.
Comme je l'avais prédit...
— D'accord, mais d'abord je veux un verre !
Elle acquiesce en rigolant, et nous allons vers le bar pour prendre nos verres. Je penche pour un Martini, tandis que Cécilia opte pour un Daïquiri. Après quelques gorgées et un échange de banalités, nous décidons de nous diriger vers la piste de danse, les verres d'alcools en mains.
— Alors tu m'expliques ? me demande-t-elle en attrapant ma main pour danser.
— Il m'a invité à dîner, lui expliquai-je fortement à travers la musique. Et comme tu m'attendais pour aller en boîte, il m'a ramené.
Elle me dévisage en prenant une gorgée de son verre. Je lâche un rire face à sa mine déconfite, et suis sa danse.
— C'est tout ? s'étonne-t-elle.
— Bah oui c'est tout... tu t'attendais à quoi au juste ?
Sirotant sa boisson, elle lève un regard coquin dans ma direction. Je détourne le regard en avalant mon verre cul-sec, gênée à l'idée de ce qu'elle peut penser.
— Eh bien... commence-t-elle, le sourire aux lèvres. Si tu m'avais informée de ce petit dîner en amoureux, j'aurai immédiatement annulé notre soirée. Tu sais, pour que tu... "profites".
Je rougis immédiatement en lui donnant une petite tape sur l'épaule. Comment ça "dîner en amoureux" ? C'est n'importe quoi !
— Cécilia ! m'offusquai-je en regardant autour de nous, comme si je craignais que quelqu'un ai entendu sa phrase. Qu'est-ce que tu racontes ! C'est mon patron bordel, bien sûr que rien ne se passera entre nous !
Tout en disant ça, des milliers de souvenirs refont surface dans mon esprit.
... ses mains sur mon corps.
... cette gentillesse à mon égard.
... ces regards qu'il m'adresse.
"Peut-être que j'avais réellement envie de te voir."
Argh ! Bordel de merde, je vais vraiment devenir folle. Il y a certes eu certains moments d'inattention, mais je me suis jurée que ça ne se repassera plus. Plus jamais.
C'est alors que ce sont les souvenirs du dîner que ma mauvaise conscience fait passer dans mon esprit. Comme si elle me punissait pour ces mensonges que je déblatère dans mon esprit, juste pour me rassurer. Je me remémore notre complicité, la manière dont je me sentais à l'aide avec lui à un point où je lui déballai toute ma vie sans filtre.
... à un détail près.
Je me rappelle ensuite cette proximité si singulière et chaude, qui n'a durée que pendant une infinité de secondes.
Je me rappelle son visage,
son doigt sur ma lèvre,
ma peau brûlant à son contact
son regard,
si gris et envoûtant,
nos souffles chauds,
se mêlant,
se liant,
comme un fil rouge nous attirant l'un à l'autre.
— Juliaaa, entendis-je soudainement, tu dors ou quoi ?
Je reprends rapidement mes esprit et croise le regard de Cécilia se demandant très certainement ce qui me prend. Bordel.
— Oh, euh... tout ça pour dire qu'il n'y a vraiment rien entre nous, vraiment. Jamais.
J'insiste tellement sur mes propos que même moi je n'y crois pas. Et elle aussi, vue la manière dont elle roule des yeux. J'entends au fond de moi ma très chère mauvaise conscience qui me rappelle sans cesse ces souvenirs, et la façon beaucoup trop passionnée dont je pense à Ryan. Je préfère l'ignorer, autant remettre cela à plus tard.
— Bon, nous ne sommes pas non plus ici pour parler de ce méchant Ryan Alvarez, finis-je par dire en passant mon bras autour de ses hanches. C'est notre dernière soirée ensemble, donc... pompéleuup !
Elle rigole et nous finissons par danser pleinement. Nous nous déhanchons sur la piste de danse, en rigolant comme deux adolescentes. Ne tenant pas vraiment l'alcool, je me sens déjà voler dans les airs après deux verres. Je me mets alors à danser d'une façon que je ne m'autoriserai jamais étant sobre. J'ai l'impression d'être seule dans mon petit monde, et d'être observée par tous en même temps. Un parallèle exquis dont je me délecte avec plaisir en dansant fiévreusement. En fermant les yeux, je m'imagine un instant, juste un court instant dans les bras du beau brun. Mettons cela sur la faute de l'alcool. Je m'imagine danser avec lui, nos deux tissus se collant et se frottant l'un à l'autre, tout en épousant parfaitement la courbe de nos deux corps qui s'entremêlent avec perfection.
J'imagine son souffle sur mon cou,
ses mains sur mes fesses,
me poussant,
me ramenant,
de plus en plus fort vers lui,
et cette chaleur qui se forme en nous,
aussi brûlant que les fournaises de l'enfer.
C'est l'alcool, c'est l'alcool, c'est l'alcool...
C'est l'alcool qui me fait penser ça, pas moi.
Je sens Cécilia me prendre la main, et j'ouvre les yeux. Je reviens à la réalité, et outre passe les pensées que je viens d'avoir. Ce n'est qu'à cause de l'alcool de toute façon... Elle place un autre verre dans ma main, et je la remercie en avalant son contenu d'une traite. La liqueur amer que je reconnais comme étant du whisky, glisse avec férocité dans ma gorge, et je ne peux réprimer une pensée salace à cette idée.
... tu aimerais que ce soit lui qui glisse dedans.
C'est l'alcool,
l'alcool,
l'alcool,
l'alcool,
l'alcool.
La Julia sobre ne penserait jamais cela. Jamais.
Nous nous déchaînons sur la piste, en rigolant et chantant à tue-tête les paroles égrillardes s'échappant des basses. En me tournant, j'aperçois une femme danser ardemment sur une table, en hauteur et à la vue de tous.
— Tu veux le faire ? me propose Cécilia en voyant mon regard appuyé sur la femme bourrée.
Je me tourne rapidement vers elle, et constate qu'elle m'adresse un sourire malicieux.
— Quoua ? lui demandai-je de ma voix pâteuse.
— Tu veux danser sur une table ? répète-t-elle en se collant à moi. J'ai déjà fait ça, et je peux t'assurer que c'est l'éclate ! Tu te sens tellement puissante et désirée, tu oublies tout ! Aucune gêne, puisque tout le monde veut te baiser !
Elle rigole comme une petite chipie, et je me rends rapidement compte qu'elle est aussi fichue que moi.
— Je ne pourrais jamais faire une chose pareille...
— Allez Julia, lance-toi ! Ce n'est pas tout le temps qu'on s'éclate à LA donc autant en profiter à 100% ! Et puis, je suis sûre que ce Môsieur Alvarez se rincera l'œil !
— Cécilia ! m'exclamai-je tout en sachant que cette info a éveillé quelque chose de chaud en moi.
Mon regard se redirige vers la femme qui adresse un regard coquin et sensuel à toute la piste. Je m'imagine à sa place, et je peux m'empêcher de me demander ce que penserait Ryan en me voyant ainsi.
"Tu te sens tellement puissante et désirée"
"Tout le monde veut te baiser"
Sans comprendre pourquoi, mes pieds se dirigent d'eux même vers un des bars. Je réussis difficilement à grimper sur ce dernier, car mes talons ne me facilitent pas la tâche. Dès lors que je fais face à toute la piste, mon regard reconnait directement la silhouette de Ryan au loin. Je le vois assit aux côtés d'une blonde qui lui caresse le bras, tout en l'aguichant en lui laissant une belle vue sur son énorme décolleté. Ryan ne semble pas reculer, au contraire, il l'aguiche autant qu'elle. Je ressens alors ce sentiment acerbe et aigri couler cruellement dans mes veines. Je le ressens beaucoup trop de fois avec lui, je ne comprends pas, ce n'est pas normal.
Ça te fait mal de le voir avec elle, hein ? vocifère ma mauvaise conscience. Alors fais-le regretter, fais-le te désirer comme tu le désires. Prends le contrôle comme lui te contrôle.
"Tu te sens tellement puissante et désirée"
C'est bien pour ça que je n'ai pas réfléchi en montant ici.
Je veux qu'il me désire,
je veux lui montrer qui je suis.
Lui faire regretter la
manière dont il m'attise,
tout en me laissant
pantelante.
Je veux le rendre fou.
Je commence alors à me déhancher doucement, en rythme des basses qui harmonisent mon corps avec la sensuelle voix de The Weeknd. Ma main passe dans mes cheveux, puis glisse tout le long de mon corps ondulant avec fluidité et accordance sur l'élégante danse que j'offre à la piste.
Je me cambre, balance, ondoie et serpente. Tout le monde approuve, et je vois dans les yeux du public le reflet d'une femme fatale, souhaitée et désirable.
Je me sens puissante et désirée.
Je fais couler la liqueur dorée d'une bouteille que j'ai trouvée sur le bar dans ma gorge, et sens l'extase m'envahir. Et c'est maintenant que je remarque le regard brûlant de Ryan sur ma personne.
Il suit le contour de mon corps,
le moindre de mes faits et gestes,
la moindre parcelle de peau.
Je ne sens aucune gêne me prendre, ni aucune forme de soumission habituelle à son égard. Au contraire, j'apprends à apprécier ce flot de désir qui me prend lorsque je sens ce regard argenté transpercer ma peau et mon âme. J'attrape ma lèvre entre mes dents, et la mords fort, comme pour atténuer la brûlure que m'a laissée son doigt. Lorsque je repose mon regard sur lui, je vois son regard se consumer, à un tel point qu'il carbonise ma raison. Il semble hors de contrôle, et les reflets violets de la salle qui scintillent sur sa peau me donne l'impression qu'il n'est qu'illusion.
Il est irréel, comme sorti tout droit de l'idéale utopie de mon âme.
Finalement, la musique cesse et je coupe tout contact visuel avec Ryan.
Comme si rien ne venait de se passer.
Je rejoins en titubant légèrement Cécilia qui saute sur place. L'alcool a eu raison de moi, ça m'apprendra à ne pas savoir me contrôler.
— Tu... bordel, tu étais incroyable Julia ! s'écrie mon amie en m'attrapant par les épaules.
Je rougis légèrement, et lui adresse un sourire fatigué. Je suis vraiment bourrée de chez bourrée.
— Merci Cécilia.
— J'en connais un qui a eu l'air d'apprécier...
Je la dévisage, ne comprenant pas de qui elle veut bien parler. D'un petit coup de tête, elle m'indique de regarder dans la direction de Ryan qui ne m'a toujours pas lâchée du regard. Je sens des papillons tournoyer dans mon bas-ventre tant l'intensité de ses deux billes argentées est puissante. Je remarque également par son expression qu'il est assez confus, mais ne m'attarde pas davantage dessus. Je finis par me tourner vers Cécilia qui me regarde avec tellement de malice que je rougis. Bien que je dois certainement l'être depuis longtemps à cause de l'alcool.
— Vous n'avez pas arrêté de vous fixer pendant que tu dansais ! C'était si... sexy !
— Oh, ah, euh, oui...
N'osant plus me retourner et recroiser son regard, je mets rapidement fin à la discussion en proposant une énième danse à mon amie. Nous repartons alors de plus belle sur la piste qui enchaîne plusieurs types de musiques que j'adore. Quelques minutes plus tard, la curiosité en moi est trop forte, et je décide de me retourner. L'échange visuel que nous avons partagé tout à l'heure était si intense que-
Il n'est plus là. Ok.
Déçue, je me retourne vers Cécilia comme si de rien n'était, mais constate avec étonnement qu'elle a les yeux rivés sur son phone. Elle a l'air paniquée.
— Euh... un problème ? lui demandai-je avec inquiétude.
— Putain de merde.
— Que se passe-t-il ?
— C'est une catastrophe. Mon petit frère vient d'avoir un accident de moto, il faut absolument que j'y aille...
— Un accident ?! m'écriai-je avec choc.
— Oui, je suis vraiment désolée il faut vraiment que j'y aille. Je suis vraiment désolé-
— Voyons Cécilia ! l'interrompais-je en plaçant mes mains sur ses épaules. Tu n'as absolument pas à t'excuser pour cela, vas vite le rejoindre ! J'ai vraiment profité de cette dernière avec toi, merci beaucoup.
— Oh Julia, viens là dans mes bras !
Nous nous prenons dans les bras de l'autre, et notre étreinte est si forte qu'elle me coupe la respiration. Elle va vraiment me manquer.
— Tu vas vraiment me manquer, me chuchote-t-elle, comme si elle lisait dans mes pensées.
— Toi aussi Cécilia, beaucoup.
Après quelques secondes, elle finit par s'en aller le cœur lourd. N'ayant plus rien à faire dorénavant, je décide d'aller chercher Ryan. Il commence à se faire tard, et nous partons demain donc autant rentrer dès maintenant. Je le cherche partout dans la boîte, mais ne le trouve nulle-part. Étrange, je ne pense pas qu'il soit parti sans au moins me prévenir, ce n'est pas dans ses habitudes. Mais où est-ce qu'il s'est faufilé ?! Je me dirige alors vers les carrés VIP comme dernier recours. La dernière et première fois que nous nous sommes croisés en boîte, il était là-bas. Et puis, c'est Ryan Alvarez quoi. Je me dirige vers le colosse qui surveille l'entrée, et lui offre mon plus beau sourire
Ouais, un sourire de fille bourrée.
— Bonjouuur, j'ai une petite question : Monsieur Ryan Alvarez est-il dans un carré VIP ?
Il baisse les yeux vers moi, et me dévisage de haut en bas. Apparemment, il ne m'a même pas vue arriver. C'est assez humiliant.
— Oui. Il est entré avec une femme.
Dès lors que le mot "femme" sort de ses lèvres, je fronce les sourcils. Comment ça il est entré avec une femme ? Je contiens de toutes mes forces ce sentiment particulier de venir brûler le sang de mes veines en essayant de relativiser. Allez, ce n'est sûrement rien de très alarmant. C'est Ryan Alvarez, un homme mature.
— Euh, est-ce que je pourrais entrer ? le questionnai-je d'une petite voix.
— Vous n'avez pas le droit si vous n'avez pas d'autorisation de sa part. Il a payé.
Bordel de... Je me creuse la tête, à la recherche d'une excuse. Finalement, une idée de génie me vient et je sors de mon petit sac à main ma carte d'AP. Je la lui tends, et il l'attrape entre ses gros doigts.
— Voyez-vous, je suis son assistante personnelle et ai tous les droits de rentrer, inventai-je en me tortillant les doigts. J'ai des choses vraiment importantes à lui dire, je ne serais pas longue. Seules cinq minutes me suffisent, je vous l'assure.
J'aurais simplement pu lui dire de l'informer de mon départ, mais maintenant que je sais qu'il est avec... une femme, j'ai envie de rentrer. Rentrer pour m'assurer que tout cela est faux. Le colosse hésite un instant, mais finit par céder, à mon plus gros soulagement.
— Bien. Cinq minutes.
— Promis
Je lui souris, et il m'ouvre la porte. J'arrive dans un petit couloir avec une porte en face, tandis que le colosse referme la porte derrière moi. Je suis seule. Ne sachant pas trop quoi faire, j'ouvre la première porte qui se présente à moi et-
Oh. Mon. Dieu.
J'assiste, impuissante, à la scène qui se déroule sous mes yeux...
Ryan est assis sur un canapé rouge, torse nu, une capote en main. Une fausse blonde au corps de bimbo est assise à califourchon sur lui, complètement nue. Elle se dandine sur ses genoux, en gémissant bruyamment, et Ryan l'attrape par le cou pour la faire taire.
Sans comprendre,
et sans le contrôler,
mes yeux se mettent à picoter.
Puis, quelques larmes se forment.
Elles tombent sur le sol,
et se multiplient.
Ma main se place sur ma bouche pour étouffer un sanglot. Je ne contrôle plus rien. J'ai juste cette sensation en moi, cette douleur ancrée si profondément qu'il m'est impossible de réprimer son explosion. Pourtant, je sais pertinemment que je ne devrais pas ressentir ce genre de douleur.
Je ne devrais pas, mais je le ressens quand même.
En entendant mon sanglot étouffé, Ryan tourne sa tête vers moi. Dès lors que ses yeux croisent mon visage larmoyant, sa mine se décompose. Tellement qu'on dirait qu'il va tomber malade.
— Ju... Julia ?
Sans plus réfléchir, je fais volte-face, et m'en vais en courant vers la sortie.
- Julia ! me hèle-t-il en bousculant la dinde blonde, en se levant de sa chaise, et en emportant sa chemise avec lui.
Je n'entends plus rien,
je ne comprends plus rien,
je suis juste là à me morfondre pour...
... rien.
Mais bordel de merde ! Pourquoi je pleure pour lui ? Il fait ce qu'il veut avec qui il veut, nous n'avons rien fait ensemble, nous ne sommes rien l'un pour l'autre !
Mais je n'arrête pas à penser à sa gentillesse à mon égard, les regards brûlants qu'il m'offre, ces contacts physiques que nous avons eus, son envie de me voir, le dîner de ce soir, la danse...
... le baiser.
Je sais... je sais pertinemment que ce n'est rien pour lui ! Il me l'a rappelé tellement souvent que je devrais le comprendre, bordel. C'est sa manière d'être, je n'ai pas à m'imaginer des films. Alors pourquoi...
... pourquoi ça fait si mal ?
Je n'arrête pas de me mentir à moi-même, mais il faut que je le dise une bonne fois pour toute : il m'attire, beaucoup trop. Même plus que ce que je pense. J'admets m'être sentie spéciale à ses yeux. Qu'un homme aussi charismatique, beau et attirant que lui, m'accorde autant d'attention. J'avais même eu l'impression d'être désirée... bordel, qu'est-ce que je suis stupide ! Je sors rapidement de la boîte de nuit en sanglotant.
- Julia !
J'entends encore une fois la voix de Ryan me héler, mais je m'en contre fiche, et continue mon chemin. Lorsque je sors dans la rue, je sens qu'on m'attrape le poignet, et que l'on me retourne. Ryan me fait face, légèrement essoufflé. Il ne porte que sa chemise qui est mal fermé, et sa veste est dans sa main.
— Ju... Julia...
Je me retourne brutalement, et le foudroie d'un regard noir. Il reste figé un instant, apparemment surpris par la haine qu'il voit dans mes yeux.
— J'espère que tu t'amusais bien, lui lançai-je sèchement en essuyant mes larmes d'un coup de main. Je n'aurais pas du vous déranger, tout est de ma faute.
Je tourne les talons, décidée à mettre fin à cette discussion, mais il me retient brusquement et fermement par le poignet.
- Ça te dérange que je baise des putains ? T'es jalouse ?
Sa vulgarité me choque quelque peu, car je ne l'ai jamais entendu parler comme ça. Je détourne le regard, ne voulant plus le regarder dans les yeux.
— Non, je ne suis pas jalouse.
Enfin, je l'espère...
— Alors c'est quoi le problème Julia ? vocifère-t-il en cherchant mon regard. Pourquoi pleurer, et courir comme ça, hein ? Je fais ma vie, toi la tienne, je t'ai déjà dit-
— C'est juste que je ne pensais pas que tu étais comme ça, l'interrompais-je en le fixant droit dans les yeux.
Je ne vois plus d'étincelle dans ses yeux, plus de chaleur. Son regard est partagé entre peine et colère, un parallèle déroutant et instable. Son visage est pâle, presque similaire à du marbre.
Et malgré tout ça, je n'arrive toujours pas à me détacher de ses yeux gris.
— Je ne suis pas comme tu le penses, finit-il par dire en serrant la mâchoire, c'est sûr.
Nous nous fixons durant presqu'une minute. J'ai envie de lui cracher tellement de choses à la figure, tellement... mais je ne peux pas. Connaissez-vous cette sensation d'impuissance ? Cette sensation où vous savez pertinemment que vous ne pouvez vous exprimer librement sans vous trahir ? C'est ma situation actuelle. Ne sachant alors quoi dire, je finis par m'énerver.
— Oh et puis merde ! Je ne vois pas pourquoi je me mêle de ta vie ! m'écrirai-je.
Je tire brutalement mon poignet de son emprise afin qu'il me lâche, ce qui fonctionne. Je tourne les talons, et ces derniers claquent si fort au sol lorsque je marche qu'ils me percent les tympans. Alcool, peine et fatigue se mêlent, et j'ai juste envie de mourir. Je sèche rapidement mes larmes avec le revers de ma main, et l'entends soupirer dans mon dos. Je perçois ses pas se rapprocher de moi, pus le vois se poster face à moi pour me bloquer le passage.
— Julia...
Il s'approche de moi, et tend sa main vers ma joue. Il l'effleure avec tellement de délicatesse que je ne peux réprimer un léger frémissement. Malgré tout ce qui vient de se passer, cette attirance est toujours là. Je sais que je ne devrais pas, mais elle est bien là, ancrée en moi. Il n'y a plus de retours en arrière.
— Laisse-moi au moins te raccompagner à l'hôtel, me demande-t-il d'une petite voix, le regard attendrissant.
Alors que je m'apprête à l'envoyer bouler, je me retiens. Je lui ai assuré ne pas être jalouse, et il a beau être la personne qu'il est dans sa vie personnelle, ça ne me concerne en aucun cas. Refuser son offre en l'insultant serait la simple preuve de mon stupide mensonge.
... mais tu ne peux t'empêcher de t'imaginer ce qui se serait passé si tu n'étais pas intervenue, me susurre cette horrible mauvaise conscience.
— Bien, finis-je par dire avec précipitation. Je veux bien que tu me raccompagnes, parce que... j'ai très mal aux pieds.
* * *
Nous arrivons devant l'hôtel à une heure très tardive. Le réveil de demain se fera avec difficulté. Le trajet dans la voiture fut très pesant, aucun de nous n'a ouvert la bouche. J'ai également constaté l'interrogation de Max qui n'a osé se mêler, par peur de la foudre Alvarez.
Nous marchons toujours aussi calmement jusqu'aux chambres, et dès lors que nous arrivons à hauteur de ma porte, nous nous figeons dans un silence de mort. Constatant qu'il n'a rien d'autre à me dire, je tourne les talons et scanne ma carte pour ouvrir la porte. Silencieusement.
— Hum... en tout cas, commence Ryan d'une voix hésitante, j'ai adoré le dîner de ce soir. Vraiment.
Je me fige, et mon esprit reste bloqué sur la phrase qu'il vient de prononcer.
Il a adoré,
adoré,
adoré.
— Je n'ai pas l'habitude de faire ce genre de choses, donc merci pour ta compagnie. Et... navré pour tout à l'heure.
— Le plaisir est partagé, dis-je d'une voix faible.
Du moins, pas après le carré VIP.
Nous replongeons dans un silence de mort. Je me décide finalement à entrer, et lorsque je ferme la porte, la grande main de Ryan la stoppe. Je lève alors la tête, ne comprenant pas la raison de son action. Je suis surprise de voir qu'il affiche un sourire malin, et sens mon cœur battre la chamade.
— Oh, et... saches que tu danses magnifiquement bien.
Sur ce, il ferme ma porte. Je reste figée devant cette dernière durant plusieurs secondes, voire plusieurs minutes. Tandis que je me rends de plus en plus compte de ce qu'il vient de me dire, mes joues se mettent à chauffer... je crois que je sus réellement entrain de devenir folle.
AAAARGHHHHH !!!!!!
* * *
Samedi.
Il est 18h, et je suis installée dans un siège de première classe, en face d'un Ryan... de mauvaise humeur. Oh, je ne vous avais pas raconté...
Lorsque nous sommes sortis de l'hôtel, en plein milieu de la rue, la tirette de ma valise a littéralement explosé d'une manière que je ne saurai expliquer. Ainsi, cette dernière s'est ouverte en public, éparpillant toutes mes affaires sur le bitume. Aux yeux de tous. Nous avons passés plus d'une demi-heure à tout remettre en ordre.
Une demi-heure.
Une demi-heure où toute ma lingerie était éparpillée par terre.
En public.
Devant Ryan et Max.
Imagniez juste le malaise total.
Grâce à ma mal adresse, nous avons fini en retard, et étant donné que le trafic était embouteillé, nous avons raté notre vol. Ainsi, Ryan est dans une colère noire car nous avons été contraints de prendre le prochain vol. Lui détestant le retard, c'est compréhensible.
Ryan est en face de moi, silencieux et ruminant. Lorsqu'il est venu me chercher ce matin, tout était revenu à la normale. Comme si rien ne s'était passé. Sa spécialité, quoi. Mais pour une fois, j'ai appréhendé ce retour à la normale. Effectivement, j'ai accueilli Ryan comme si j'avais tout oublié, moi aussi, ce qui l'a beaucoup surpris d'après la mine qu'il affichait. Nous avons donc -avant que ma valise n'éclate par terre, parlé comme nous en avons l'habitude, professionnellement bien sûr, et le tout saupoudré d'une petite pointe d'humour.
Une relation tout à fait normale et habituelle.
En soit, je n'ai évidemment pas oublié la fin de soirée d'hier soir. Mais en y réfléchissant sérieusement toute la nuit, j'ai essayé de me raisonner : Oui, je suis attirée par lui. Profondément. Mais nous n'avons rien de commun, nous ne sommes personne l'un pour l'autre si ce n'est un patron et son assistante. Il me paye pour le travail que je fais, et je n'ai pas à me soucier de sa vie personnelle.
Donc la soirée d'hier soir est complètement oubliée.
Et tous les autres évènements que nous avons pu partagés ? Aussi oubliés.
Alors que je suis perdue dans mes pensées, je sens mon téléphone vibrer. Je le sors, et un sourire radieux étire mes lèvres à la vue du message que je viens de recevoir :
Wsh ma gueule. C'est Théo, ton frère, yo. Je viens de rentrer d'Espagne, et j'arrive vers New-York pour voir grandes-dents. Houhou ! M'enfin bref, j'voulais juste te prévenir.
Théo
Je ne peux m'empêcher de sourire niaisement. Malgré ce nom stupide qu'il me donne depuis ma plus jeune enfance (parce-que lorsque j'avais perdu certaines de mes dents de lait, mes deux dents du devant étaient mises en avant. Comme un idiot, il s'était amusé à m'appeler "grandes-dents"), je ne peux m'empêcher d'être heureuse de savoir que je vais enfin pouvoir le revoir. Théo travaille à l'étranger, et nous ne pouvons nous voir que très rarement. Les retrouvailles sont alors plus précieuses les unes que les autres. Je me dépêche de lui écrire une réponse.
Je ne serais pas rentrée tôt, je suis à LA baby ! Enfin, je rentre de LA. Bref t'as capté.
Julia
À LA ?! Genre, tu m'a pas prévenu.
Théo
Ouep sorry. Ce n'est qu'un déplacement professionnel avec mon patron.
Julia
En déplacement avec ton patron ? Le gars super sexy qui passe tout le temps au news ? J'espère qu'il ne te tourne pas trop autour...
Théo
Je lève les yeux au ciel. Théo n'a vraiment pas changé en 8 mois... toujours aussi protecteur avec sa petite sœur.
T'es vraiment con... c'est mon patron. M'enfin, je t'expliquerais tout en détail lorsque je serais rentrée.
Julia
Mouais... Bref, tu m'expliques pourquoi il fait si chaud à New-York aujourd'hui ? Il pleuvait hier wsh. Le temps est plus indécis que toi, dinguerie ça.
Théo
Tu es déjà à New-York ?
Julia
Ouep. J'ai le double de tes clés. Je suis arrivé ce matin, et là je prends un petit café dans un bar... relax. Les meufs me lancent des regards aguicheurs, ma zigounette tremble.
Théo
Je me mets à rigoler toute seule en me mordant la lèvre inférieure. Charmant. Il est vrai que Théo est un très bel homme maintenant qu'il a grandi. Il est un athlète professionnel, et la silhouette qu'il s'est formé ne fait qu'agrandir son charme. Les femmes bavent littéralement devant lui, le veinard.
Oui bref tg.
Julia
👌👈
Théo
Théo.
Julia
XD
Théo
Je me mets à rire toute seule en imaginant son petit rictus. Je pose finalement mon téléphone, le sourire aux lèvres, et lorsque je relève la tête, je croise le regard de Ryan qui me fixe. Mon sourire disparaît tout de suite lorsque je me rends compte de son expression sérieuse.
- Tu parlais avec qui ? me demande-t-il.
— Euh... mon frère.
— Mmh.
Il reste là, à me fixer, et comme une idiote, je fais de même. De longues -très longues, secondes passent, et je me demande sérieusement s'il compte s'arrêter de me fixer de la sorte. Je n'arrive pas à discerner ce qu'il ressent dans son regard. Il n'y a pas de colère, ni de chaleur dans ses yeux. Juste... de la détermination ? Lorsque je me décide à abandonner, je sens toujours son attention sur moi. Je finis par tourner au rouge pivoine, et trouve une échappatoire à la vitesse de l'éclair.
— Euh... j-je vais aller me chercher un café, bredouillai-je en me levant précipitamment.
- Je t'accompagne, fit-il en se levant à son tour.
Lorsqu'il se lève, nous sommes rapidement très proches. Trop proches. Je ne bouge plus, et suis comme paralysée lorsque je sens son souffle chaud fouetter mon visage. Je n'ai même pas le temps de réfléchir qu'il s'approche de moi à une vitesse étonnante, et qu'il pose ses grandes mains sur ma taille. Je ne bouge plus, ne sais plus quoi faire, et ne donne raison qu'à son regard gris et intense qui m'hypnotise. Son visage se rapproche du mien... doucement-
Ressaisis-toi !
Comme si je retrouvais soudainement mes esprits, je le repousse légèrement en tournant la tête pour ne plus avoir à affronter son regard.
Ou son souffle.
Ou ses lèvres.
Je me suis promise de ne plus retomber dans ce sournois cercle vicieux, et je tiens à tenir cette promesse. Surtout avec ce qui s'est passé hier soir. Il m'a clairement prouvé qu'il n'y avait rien entre nous...
... alors pourquoi fait-il tout ça ?
Il finit par lâcher ma taille. Reculant de quelques pas, je sens sa respiration se faire plus courte, comme s'il était... énervé ?
Je lève la tête vers lui, et aperçois avec surprise qu'il fronce les sourcils.
Me dites pas que j'ai fais quelques chose de mal ?...
5098 mots / Relu et corrigé
* * *
Yoo les bébés poulpes ! 🐙
J'espère que vous allez bien !
J'écris de plus en plus de chapitres ! J'ai plus de temps et d'inspiration !
En dehors de ça, donnez moi vos avis et suppositions en commentaires !
Bref bye mes amours ! 🐙 💗
de HamidaSwan qui vous kiff, Teehee.
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