Chapitre 23 /

PDV Julia

— C'est bon on est prêt, dit Ryan en me pointant du doigt. Nate prend Cécilia, et Tyler fait l'arbitre.

Oh. Mon. Dieu.

J'étais très décidée à jouer à ce jeu de gamin... mais je ne pensais certainement pas que Ryan se joindrait à nous ! Ce n'est tellement pas dans ses habitudes. Pire encore, je ne pensais pas qu'il prendrait l'initiative de me porter sur ses épaules. Je veux dire, avec ce qui s'est passé derrière la crique... J'ai comme l'impression que c'est une habitude chez lui d'oublier et de mettre sous silence des évènements aussi... enfin voilà quoi.

Mais merde quoi, il allait m'embrasser ! Qu'est-ce qui lui a pris bon sang, je n'ai pas rêvé ! Il n'allait quand même pas me retirer une poussière dans l'œil, non ? Je veux bien qu'on décompresse un peu aujourd'hui et qu'on mette de côté le fait qu'il soit mon patron, mais pas jusqu'au point d'outre passer nos statuts de la sorte !

Tu dis ça comme si toi tu ne le voulais pas... me murmure ma déesse intérieure.

Je la chasse de mes pensées et soupire. Certaines fois, j'ai l'impression d'être la seule à me poser autant de questions. Je me sens pathétique d'y porter autant d'attention alors qu'il semble s'en ficher royalement. 

Alors c'est décidé ! Je ne me laisserais plus faire de la sorte, car il est mon patron. Lui-même me l'a répété une bonne centaine de fois, alors cela doit cesser. Ce genre de situations bien trop ambiguës ne se répètera plus jamais, j'en fais la promesse.

Même si j'entends très clairement ma déesse intérieure se moquer de ces promesses...

Je remarque que Nate nous observe avec une expression bizarre, et je ne sais pas quoi faire ou dire. Je me contente alors simplement de lui adresser un sourire auquel il me répond rapidement avant de se diriger vers Cécilia. Une fois que tout le monde est en place, les deux hommes se mettent en position. Je tangue légèrement et resserre mes cuisses pour ne pas tomber à la renverse. Ryan pose ses mains sur ces dernières en les agrippant fort pour que je ne tombe pas, et je me mets à répéter mille fois ma promesse en ignorant le contact de nos peaux.

— Évite de tomber, j'ai bien l'intention de gagner...

C'est sûr que lorsque l'on s'appelle Ryan Alvarez, "gagner" n'est pas une option. Tyler se poste entre nous afin de faire débuter le combat. Un instant, je constate qu'il lance un regard plein de sous-entendus à Ryan, en regardant brièvement ses mains posées sur mes cuisses. J'essaye d'ignorer du mieux que je peux leur échange visuel, et centre mon regard sur Cécilia qui rigole. 

— Bon ! À vos marques... prêts... COMBATTEZ !

Ryan et Nate se ruent littéralement l'un sur l'autre, et je manque de peu de tomber à la renverse. Heureusement, Ryan me tient si fermement que j'évite le drame. Sa force me paraît assez impressionnante pour supporter mon poids et se déplacer avec une telle agilité. Les bras tendus vers l'avant, j'essaye de pousser Cécilia vers l'arrière pour la faire basculer.

— On verra si les entrainements de boxe vont porter leurs fruits, me murmure Nate avec amusement.

Je glousse comme une gamine, puis reporte rapidement mon attention sur Cécilia qui se débrouille plutôt bien... mais je n'en ai pas fini !

* * *

— Non, Monsieur Alvarez a été très clair. Il n'acceptera pas de rendez-vous demain ! m'agaçai-je, mon téléphone à l'oreille.

Je lève les yeux au ciel lorsque mon interlocuteur commence à me sortir des excuses à deux balles. Je sais toujours me montrer aimable au travail, afin de donner une bonne image à l'entreprise. Néanmoins, quand c'est trop c'est trop !

— Il acceptera seulement les rendez-vous aujourd'hui, lui expliquai-je avec agacement. J'ai pourtant été bien claire avec vous par mail. C'était à vous de vous libérer, donc ne jetez pas la faute sur les employés qui ont toujours produits un travail de grande qualité. Merci et au revoir.

Je raccroche et pose brutalement le cellulaire sur mon bureau. Je souffle un bon coup, fatiguée. Ce genre de personne ont un vrai le don de me mettre de mauvais poil. Je lève mes cheveux en un rapide chignon, et donne un léger coup de pied à mes escarpins que j'avais retirer.

— Qu'a-t-il fait pour que tu te montres si froide avec lui ?

Je sursaute en étouffant un petit cri. En me retournant, la main posée sur ma poitrine emballée, je trouve Ryan à l'entrebâillement de la porte, les mains dans les poches. Son visage a l'air sérieux, quoique j'y décèle un petit grain d'hilarité. Sûrement causé par mon ridicule cri. Je suis pathétique.

— Oh euh... C'est un client qui s'est montré extrêmement désagréable bien qu'il soit le seul en faute. Il m'a limite insulté alors que je ne faisais que mon travail. Assez culotté venant d'un employeur aussi petit que lui internationalement parlant.

Je me pince les lèvres et attend sa réponse. Il me jauge sérieusement, et j'ai peur de me faire sermonner.

— Je vois, dit-il simplement.

Il s'approche et se poste face à moi. Nous nous jaugeons l'un l'autre en silence, et je ne sais où me placer. Mon cœur se met à battre la chamade, et j'ai la folle envie de le battre à mort. Pourquoi se mettre dans de tels états, hein ?

— Tu... enfin, pourquoi es-tu ici ? lui demandai-je pour casser le silence qu'il vient d'instaurer.

— Pour te voir.

Mon coeur a un raté.

— Non je rigole. 

Oh.

— Je venais seulement te dire d'annuler ce rendez-vous, continue-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine. En plus de cela, je te demanderai de couper tous les contrats que nous avons avec ce malfrat de Peterson. Il ne nous apportera rien de bon, et toi même vient de voir à quel point il ne peut pas être professionnel. Son projet a du potentiel, mais il ne sera qu'un poids pour nous au jour d'aujourd'hui. Je le sens.

L'instinct de Ryan Alvarez... un vrai monstre en affaire. Il me sourit légèrement, et me dévisage quelques secondes avec tellement de profondeur que je sens mon cœur être entraîné dans une nouvelle série de battements affolés.

— Ok, je te laisse travailler, finit-il par dire en faisant volte-face.

— Tu sais que tu n'es pas obligé de venir jusqu'à mon bureau pour ce genre d'informations Ryan, dis-je subitement sans même le contrôler. Un mail aurait suffi.

Il s'arrête dans sa marche, et se tourne lentement en affichant un sourire intrigué. Je m'inflige intérieurement une dizaine de high-kicks pour ne pas savoir tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler.

— Je n'ai plus le droit de venir ici ? me demande-t-il avec un brin de malice dans le regard.

— Oh, e-euh, non je n'ai pas dit ça... C'est juste que ce n'est pas dans tes habitudes. 

Ses lèvres s'étirent en un sourire, ce que je ne comprends pas vraiment. Il finit par se retourner et marcher vers la porte avant de dire :

— Peut-être que j'avais réellement envie de te voir. 

Ma bouche s'ouvre de choc, et je n'ai pas le temps de répliquer quoi ce que soit qu'il referme la port derrière lui. Je rêve où il vient réellement de dire ce que j'ai entendu ? Bordel mais qu'est-ce qui lui prend...

... que me veut-il ?

* * *

Nous sommes vendredi, et bien que la semaine m'ait énormément fatiguée, elle s'est agréablement bien passée. Je suis dans ma chambre, préparant ma valise pour notre départ qui se fera demain soir. Après avoir astiqué ma chambre et ma salle de bain de fond en comble, mes deux objets disparus restent introuvable... mais comme me l'a dit Cécilia, je ne dois pas paniquer pour une chose aussi stupide !

En parlant de cette dernière, je sens que la séparation se fera dure. Je me suis vraiment attachée à elle, et elle à moi. Un amour mutuel digne d'un conte de fées ! Malgré la distance, nous avons décidé de garder coûte que coûte contact. De plus, nous avons prévu d'aller en boîte de nuit ce soir, avant mon départ. Elle comptait m'emmener dans la plus branchée des boîtes de nuits de Los Angeles, ce qui a le don de m'exciter comme une puce !

Alors que je range quelques bricoles dans ma valise, j'entends les vibrations de mon téléphone. Lorsque je le prends en main dans l'attente d'un énième message de ce mystérieux inconnu, je suis surprise de voir le prénom de Ryan s'afficher. Bordel.

Ça te dirait un resto ce soir ? Comme c'est notre dernière soirée à Los Angeles ?
Ryan

Je reste bloquée quelques secondes devant le message, ne sachant quoi faire. C'est déjà bizarre que Ryan m'envoie un message via SMS, mais en plus pour me proposer quelque chose de ce genre ! Lui qui a l'habitude d'être si formel, c'est très perturbant. J'avoue avoir remarqué un certain changement chez lui depuis cette nuit chez moi, mais j'essaye tant bien que mal de ne pas y penser. C'est lui qui m'a dit de tout oublié, et qui m'a rappelé notre rôle. Cela ne doit être qu'une impression... 

... mais ses mains sur mon corps.
... cette gentillesse à mon égard.
... ces regards qu'il m'adresse.

"Peut-être que j'avais réellement envie de te voir."

Argh ! Il faut que j'arrête de réfléchir...

Alors, j'accepte ou pas ?

* * *

PDV Ryan

Je suis couché sur mon lit, mon téléphone en main et dans l'attente d'un fichu message venant de Julia. J'ai réellement l'impression d'être un ado en chaleur, c'est pathétique.

Eh ouais, je lui ai proposé un resto.

J'ai faim et je m'ennuie donc oui, j'aimerai aller au restaurant avec quelqu'un pour ne pas passer pour un puceau en rut. Et puis, Julia est une personne de bonne compagnie donc, euh...

Je pense qu'il s'agirait de cesser de me mentir à moi-même, ce n'est pas mon genre. J'admets qu'en dehors de la faim et de l'ennui, une partie de moi voudrais passer un peu de temps avec cette brune. Et ça, je ne sais pas pourquoi. 

Pour faire simple, je n'ai pas inventé tout ça pour la baiser, mais seulement pour passer une soirée avec elle.

Vous avez le droit de vous inquiéter, car je le suis moi-même...

Je me surprends certaines fois à trouver la compagnie de Julia un peu trop agréable, ce que je ne devrais pas ressentir. Et le fait de lui proposer cela sans arrières pensées, juste pour elle, me donne l'impression d'être un faible homme. Néanmoins, ce n'est pas parce que j'ai cette impression que je vais pour autant me mettre à éprouver un amour incroyable pour elle. Stupide. 

Disons qu'elle est bonne et intéressante

Je pourrais la baiser, et passer un peu de temps avec elle. 

Donnant-donnant, c'est rentable. 

Peut-être que je ressens cela parce que je passe beaucoup de temps avec elle, au contraire des femmes que j'ai pu avoir auparavant. Généralement, un match Tinder ou un échange de regards en soirée font le travail, donc je suppose que c'est assez logique de ressentir de petites choses quelques fois avec Julia.

Je finis par laisser tomber mon téléphone à côté de moi, et me redresse. Il faut que j'arrête de penser autant, je commence à me rapprocher de plus en plus du spécimen de puceau en rut. C'est inquiétant. 

C'est alors que j'entends mon smartphone vibrer. Sans réfléchir, je me rue dessus, et suis étrangement ravi de voir que Julia m'a répondu. Mieux vaut tard que jamais...

Je veux bien, mais à quel heure viens-tu me chercher ?
Julia

Un sourire vient étirer mes lèvres, et je tape rapidement une réponse.

Dans les alentours de 20h, dans une heure. Suffisant ?
Ryan

Un sourire niais prend place sur mes lèvres. Mais putain, j'ai mangé quoi ce midi ?

Très suffisant.
Julia

* * *

Je suis près à 19h50, complètement dans les temps. Logique. J'ai enfilé une chemise blanche et un pantalon noir, et comme Tyler aime le dire : je me suis pomponné. Je sors de ma chambre afin de me diriger vers celle de mon assistante pour la chercher. Autant agir comme un gentleman. Je toque à sa porte et attend en réajustant rapidement mon col. Lorsque a porte s'ouvre et que je tombe sur Julia, je ne peux m'empêcher de déglutir lentement. Bordel.

Julia est postée devant sa porte, un grand sourire aux lèvres. Elle porte une tenue... bandante. Je ne peux pas dire mieux. Elle est habillée d'une robe légèrement courte, avec des motifs colorés de fleurs qui ornent une grande partie du tissu (multimédia). De légères ouvertures coupent la robe aux niveau des côtes, laissant percevoir une attrayante et minimale surface de peau. Mes yeux curieux se baladent le long de ses jambes galbées, jusqu'à ses petits pieds fraîchement manucurés. Elle est magnifiquement bien mise en valeur dans cette tenue, tellement que je me demande comment elle peut être réelle. Elle a lissé ses cheveux bruns ordinairement ondulés, et les a laissés glisser sur ses frêles épaules. Son maquillage est léger, parfait, et une touche de rouge ajoute un brin d'éclat à ses lèvres pulpeuses.

... ses lèvres

... quelle déesse.

— Oh bonsoir Ryan, me salue-t-elle en souriant. Je vois que tu t'es apprêté.

— Toi de même.

Nous nous regardons quelques secondes, et c'est à son tour de déglutir. Elle détourne rapidement le regard à la recherche de ses chaussures, et humidifie ses lèvres rouges. C'est tellement évident que je lui fait de l'effet, ça se voit dans la façon dont elle m'évite, comme si me regardait l'a consumait.

C'est incroyablement sexy.

— Oui. J'enfile mes chaussures et j'arrive, finit-elle par dire d'une faible voix.

J'hoche la tête en signe d'approbation, et elle tourne les talons vers son lit. Je ne me retiens pas de reluquer ses fesses, c'est bien trop tentant pour être ignoré. Elle attrape ses escarpins qu'elle enfile maladroitement, et prend son sac à main blanc avant de fermer la porte derrière elle.

— On peut y aller, me fait-elle avec un sourire resplendissant.

Je lui souris à mon tour, et lui offre mon bras sur lequel elle s'accroche en rigolant. 

* * *

Nous arrivons devant le restaurant que j'ai réservé. C'est un restaurant dans lequel j'ai l'habitude de venir dès que je viens à LA, très certainement l'un des meilleurs de la ville. Lorsque nous prenons place à une table que j'ai réservée avec vue sur la plage, je remarque que Julia porte un regard émerveillé pour les lieux. Compréhensible. En ouvrant la carte que vient de nous apporter un serveur, je remarque que Julia fait les gros yeux en étudiant son contenu.

— Un problème ? lui demandai-je en frottant mon menton fraîchement rasé.

— C'est... comment dire... très cher.

J'éclate de rire devant sa mine déconfite et m'empresse de la rassurer avant qu'elle ne s'enfuie à toutes jambes..

— N'aies pas d'inquiétudes, je ne comptais quand même pas te laisser payer.

— Ce n'est pas ça le problème. Je ne vais pas te laisser dépenser un telle somme pour des plats, enfin...

Je l'a dévisage, en me demandant sérieusement si elle me connait réellement. Je veux dire, ce n'est pas comme si j'avais fait fortune dans tout le pays avec mon entreprise, et que je pourrais m'acheter mille restaurants comme celui-ci si l'envie me venait. Petit à petit, elle s'en rend compte et lâche un petit rire.

— Oh, c'est vrai. Tu es "Ryan Alvarez", j'avais oublié.

Je m'esclaffe, et elle ne tarde pas à se joindre à mon rire. Son rire est vraiment charmant.

— Effectivement, je suis "Ryan Alvarez" comme tu le dis si bien. Mais je t'assure que les plats valent vraiment leur prix.

— J'attends de voir, me dit-elle avec une pointe de défi.

Le ton qu'elle prend émoustille mon corps entier, et je ne peux réprimer un sourire. J'adore cette pointe de malice dans sa voix, qui me prouve clairement qu'elle me défie. Elle-même est un défi pour elle toute seule.

Nous nous regardons, et j'ai la réelle impression que ses yeux me fouillent le cerveau, trifouillent dans mon âme et embrasent mon être. C'est très perturbant. Certaines fois, lorsqu'elle me regarde, j'ai l'impression qu'elle me met à nu. C'est très profond, trop même. Je ne suis pas habitué à ce flot de voracité qui incombe son regard pour m'explorer. Et le meilleure -ou le pire, dans tout cela, c'est la façon dont l'effet qu'elle produit en moi vaut aussi pour elle. Nous avons un effet mutuel l'un sur l'autre, bien qu'elle ne semble pas vouloir s'en rendre compte. Malheureusement pour elle, ça se voit juste par ses mimiques. Avec la façon dont elle fait battre ses cils sous la pression du désir que je ressens pour elle, dont elle coupe sa respiration pour mieux s'enraciner dans la réalité -voire s'en échapper , ou dont elle mordille sa lèvre...

Heureusement pour nous, le serveur refait surface pour nous demander si nous avons choisi. Julia semble revenir à la réalité, et s'empresse de faire courir ses yeux sur le menu qu'elle n'a apparemment pas complètement exploré. Je retiens un rire, et réponds d'ores et déjà au serveur histoire de la faire paniquer davantage.

— Vous avez choisi ? nous demande-t-il poliment.

—Je vais prendre comme d'habitude, l'informai-je en m'adossant sur mon chaise avec confiance.

Elle lève son regard vers moi, et alors que le serveur se tourne vers elle, elle lâche sans réfléchir :

— J-je vais prendre la même chose, bégaye-t-elle en lui adressant un sourire radieux.

Nous la dévisageons tous les deux. Elle dit ça sans même savoir ce que j'ai pris, quelle idiote. Le serveur ne dit rien et nous propose un verre de vin avant de tourner les talons.

— J'espère sincèrement que ce "comme d'habitude" est bon, marmonne-t-elle en passant frénétiquement sa main dans sa chevelure lisse.

— Qui crois-tu que je suis ? lui demandai-je en rigolant. 

Nous passons ensuite le dîner joyeusement, en discutant de tout et de rien. J'en apprends plus sur elle, sur sa vie et la personne qu'elle est réellement en dehors du travail. Elle me parle de ses amis, son frère et sa vie avant New-York. Sa vie est assez ordinaire en vrai : elle est venue à NYC pour réaliser les désirs ordinaires, c'est-à-dire s'épanouir professionnellement parlant, et découvrir la ville de tous les rêves. Une vie assez banale par rapport à la personne quelle est, étonnant. Je misais plus sur une vie pleine de péripéties et de danger, je ne sais pas pourquoi.

Je sens que Julia se relaxe de plus en plus en ma présence, tellement qu'elle se permet d'alimenter la discussion d'une pointe d'humour. Comme elle, je me laisse également un peu plus aller qu'à l'ordinaire, et rigole sincèrement en sa compagnie. Lorsque les plats arrivent, je suis ravi de constaté que la brune adore ce qu'elle a pris, et qu'elle y prend un plaisir fou. Alors que nous savourons notre repas, je constate une petite goutte d'huile pendant sur la lèvre inférieure de Julia. Impossible de la rater, surtout quand on est un voyeur comme moi.

— Julia ?

— Oui ?

Elle dit ça en léchant légèrement la longueur de son couteau. En temps normal, j'aurai trouvé cela complètement déplacé, mais quand c'est elle... Bordel. Il faut que je me calme avant qu'une bosse ne finisse par se former dans mon pantalon. J'essaye d'outre passer sa tentatrice langue pour continuer mon objectif principal.

— Tu as un peu d'huile sur le coin de la lèvre, l'informai-je avec un rictus.

Elle rougit violemment, et attrape rapidement sa serviette. Comme par hasard, elle tapote le coin opposé de la tâche.

Quelle cruche...

— Attends-

Je me coupe lorsqu'une idée me vient en tête. J'attrape ma serviette, et sans qu'elle n'ait le temps de réagir, m'approche rapidement d'elle. Avec une délicatesse qui m'est d'ordinaire étrangère, je tapote le coin de sa lèvre tâchée. Une fois fini, je dépose la serviette et me rend alors compte de la proximité de nos deux visages. Sa langue s'échappe de sa bouche pour venir lécher ses lèvres avec une sensualité si déroutante que l'envie d'embarquer avec elle sur ce flot de désir me prend. Mon sang s'échauffe tellement que j'ai peur de finir par m'enflammer pour de bon. Ses dents viennent ensuite mordiller doucement sa lèvre torturée, et je ne contrôle plus mes gestes.

Ma main, sans que je ne puisse la contrôler, s'élève vers son visage, et s'attarde sur cette lèvre coincée. Dès que nos deux peaux entrent en contact, Julia lâche sa lèvre boursouflée et humide qui se pose sur mon doigt. Son souffle chaud fouette ma peau, et sa chaleur envahit ma raison.

Bordel qu'est-ce qu'elle me rend dingue. 

Je rêve d'elle
de son corps,
de ses lèvres
de son être tout entier.

Comme une déesse trafiquant mes pensées pour me faire voir mes plus grands désirs, je la vois apparaître dans mon esprit.

Elle est là, à genoux,

ma queue est coincée entre ses lèvres rosies et gonflées,

mes mains sont emmêlées avec sa chevelure ébène,

je vais et viens dans l'étroit chemin que m'offre sa gorge humide,

je ne sais plus qui je suis, 

je ne suis plus maître de mon corps,

elle me possède...
... tout entier.

Bordel, ça commence à m'exciter. Trop. Je me détache rapidement mais douloureusement de l'étreinte visuelle qu'elle m'a offerte, et me rassieds à ma place comme si de rien n'était. Je me sens étroit dans mon pantalon, et d'un geste discret, j'essaye de me réajuster. Mais c'est trop tard : monsieur est aussi chaud et dur que du métal chauffé.

Je lève mes yeux vers elle, et constate qu'elle peine à finir son repas. Ses yeux sont perdus dans le vide, comme si elle ne comprenait rien de ce qui vient de se passer. Tant mieux, je veux littéralement la rendre folle jusqu'à ce qu'elle me désir autant que moi. Je veux que ce soit elle qui finisse par s'agenouiller devant moi, en me suppliant de la prendre. Mieux encore, je veux qu'elle s'excuse d'être une femme si dangereusement tentatrice. Le temps d'un instant, elle relève les yeux, et dès lors que nos regards se croisent, elle détourne la tête. Elle semble si perdue, mais je doute qu'elle comprenne à travers mes yeux la manière dont j'envisage de me déchaîner entre ses cuisses.

Le jour où elle me voudra profondément, je me donnerai à elle d'une manière si condescendante qu'elle ne l'oubliera jamais.

— Nous allons passer au dessert, dis-je d'une voix calme, cachant irrévocablement le désir vorace se déchaînant en moi.

Elle se contente d'hocher la tête, et j'appelle le serveur. Alors que nous prenons les commandes, je constate que Julia jette des furtifs coups d'œil à sa montre, à plusieurs reprises. Je fronce les sourcils. Que lui arrive-t-elle ? Elle veut déjà s'en aller ? Je pensais pourtant être d'une bonne compagnie...

— Tu es impatiente de rentrer ? lui demandai-je en lui lançant un faux sourire, sans même la regarder.

Elle aurait au moins être un peu plus discrète. 

— Non, absolument pas ! s'empresse-t-elle de me dire en rougissant. J'ai vraiment apprécié cette soirée, je te l'assure.

— Dans ce cas là, pourquoi sembles-tu obsédées par ta montre ? lui demandai-je en me levant de ma chaise, suivie par elle.

— J'avais promis à Cécilia d'aller en boîte avec elle ce soir. Mais quand tu m'as proposé ce dîner, je n'ai pas pu refuser.

— Je ne te forçais en rien, si tel n'était pas ce que tu voulais. Il n'y a rien eu de professionnel ce soir.

— Le problème, c'est que je le voulais, avoue-t-elle en rougissant.

Un sourire niais prend place sur mes lèvres. Quel con je fais...

— Tu comptes quand même rejoindre ton amie ? lui demandai-je en regardant l'heure à mon tour.

— Oui... Je pensais avoir le temps d'y aller après le dîner. On doit se retrouver dans un peu moins de 20 minutes.

— Ok, bah je t'y emmène.

Elle écarquille les yeux, et ouvre la bouche à plusieurs reprises avant de finalement dire :

— Je... Quoi ?! 

— Je t'y emmène, répétai-je en levant les yeux au ciel. Je pense y faire un tour moi aussi, ça fait longtemps.

Elle ne discute pas plus, et nous finissons par partir.

* * *

Après qu'elle m'ait donné l'adresse de la boîte, Clark nous y emmène. Nous arrivons à destination pile à l'heure, ce qui semble soulager Julia. Nous entrons dans la boîte de nuit que je trouve un peu trop branchée à mon goût, tandis que Julia saute littéralement sur place. 

— Cécilia ! hèle-t-elle en faisant de grands gestes avec ses bras.

Big boobs se retourne, le sourire aux lèvres, et s'approche de nous. Elle porte une robe en satin doté d'un gros décolleté que je ne peux m'empêcher de reluquer. Les femmes sont si bonnes... Plus elle se rapproche de nous, plus elle se rend compte de ma présence. Elle nous dévisage alors.

— Euh, salut Julia... Et bonsoir Monsieur Alvarez.

— Bonsoir, la saluai-je à mon tour.

Son corps est juste incroyable... mais son visage ne me plaît pas. J'ai bien fait de ne pas m'attarder davantage avec elle. Les deux femmes se saluent avec ferveur, alors que je m'éclipse silencieusement. Du coin de l'œil, je vois Julia m'adresser un "merci" silencieux, auquel je réponds à un simple mouvement de tête. Alors que je m'installe au bar, je remarque que plusieurs jeunes femmes -très peu vêtues, se dandinent à mes côtés. Elles essayent sûrement afin de se faire remarquer... ce qui fonctionne plutôt bien. Je leur lance un clin d'œil aguicheur, suivi d'un sourire ravageur, et elles se mettent à glousser comme de vulgaires poules. Le serveur arrive, et je commande alors un "sex on the beach". Je balayais la piste de danse du regard, et remarque Julia, dansant avec Cécilia, un verre d'alcool en main.

Mon regard n'arrive plus à la quitter, et je suis le moindre de ses faits et gestes. Ses cheveux bruns sont si longs et souples qui donnent l'impression de danser avec elle. Elle fait onduler ses formes avec harmonie, et lorsqu'elle me tourne le dos, m'offre une vue des plus séductrices. Ses fesses sont rebondies et fermes, et forment une courbe douce se fondant avec son corps comme de la cire. Elle m'hypnotise au point où ma braguette risque d'exploser sous la pression de mon désir. Je n'en peux plus, elle me rend fou.

— Votre boisson.

Je me retourne en sursaut. Le serveur me tend mon verre avec un petit rictus, et je le foudroie d'un regard si noir qu'il se calme radicalement. Tu ne te rends même pas compte de la personne à qui tu t'adresses... Je n'aime pas qu'on se moque de moi.

Pourtant, lorsque Julia s'est moquée de toi, tu t'en fichais.

Putain, faut vraiment que je bois, je commence à devenir chelou en ce moment...

J'avale mon verre d'une traite, tellement rapidement que je sens d'ores et déjà les effets de l'alcool en moi. Encore une fois, je lance un regard aguicheur à une fausse blonde à mes côtés, qui ne se gêne pas de caresser lentement mon avant bras de haut en bas... En y réfléchissant, une partie de jambes en l'air me ferait sûrement le plus grand bien. De cette manière, mes idées reviendront radicalement en place-

C'es alors que j'entends des sifflements et cris d'hommes approbateurs dans mon dos. Je me retourne, et écarquille les yeux face à la vue qui s'offre à moi. Bordel de merde.

Julia est montée sur un des bars, et se déhanche sensuellement sur la musique "The Hills" de The Weeknd (multimédia). Elle est exposée aux yeux de tous, et son audace soudaine ne fait qu'accroître sa convoitise. Ses joues sont légèrement roses, pas à cause de la gêne, mais à cause de l'alcool. Elle tient entre ses frêles doigts une grosse bouteille de whisky dont elle enchaîne les descentes. Son amie qui se trouve à côté siffle elle aussi en rigolant, comme certains hommes qui bavent devant Julia. Mais mon attention entière ne s'attarde pas longtemps sur eux, et se centre essentiellement et entièrement sur elle

Elle est encore plus attirante qu'avant, sensuelle à souhait, et en dansant de manière si provocante que je n'arrive plus à rien contrôler en moi. Elle roule des hanches en rythme, passe sa main dans ses cheveux, comme si elle ne faisait plus qu'un avec la musique. 

C'est alors que son regard croise le mien. D'une manière osée et séductrice, elle se met à mordre sa lèvre. Son regard ne me lâche pas, elle n'a plus l'air d'être intimidée par moi, comme si elle assumait pleinement ce flot de désir qui nous lie.

Elle me reluque,
me charme,
me chevauche,
ondule sur moi,
se délecte de la manière dont je la possède,

et le tout en un simple regard.

Elle me fait subir une caresse brûlante en un simple regard. Un regard brûlant dont je ne me lasserai jamais. Elle m'attire vers elle pour venir cueillir et croquer mon fruit défendu.

Lorsque la musique cesse, elle arrête de danser et détourne son regard comme si ce qui venait de se passer n'avait jamais exister. Sans comprendre pourquoi, je sens mon égo prendre un coup, comme si elle venait d'inverser les rôles.

Non,
elle
a
clairement
renversée
les
rôles.

D'habitude, c'est moi qui soutient son regard, qui la guide à travers un regard, et qui stoppe tout. 

D'habitude, c'est moi qui mène la danse.

Sa danse sensuelle hante encore mon esprit, ce qui commence à m'inquiéter. Je ne suis pas comme ça d'habitude !

Julia ne me regarde plus, mais mon attention toute entière est centrée sur elle. Je me sens comme une marionnette...

... attachée en laisse.

Il faut que je me ressaisisse bordel ! Je me tourne alors subitement vers la fausse blonde à mes côtés qui n'a pas cessé de caresser mon avant-bras en se collant de plus en plus à moi. 

— Je vous sens distrait, monsieur, me dit-elle d'une voix enrouée se voulant séductrice.

Bordel, elle n'est pas si belle qu'elle n'en a l'air. Trop refaite, trop maigre, et trop excessive. Ses seins me donnent l'impression qu'ils vont exploser, et ses lèvres sont énormes. Néanmoins, elle semble avoir un beau dos et cul. Tant pis, je suppose que la prendre par derrière suffira. C'est ma position préférée avec les filles laides.

Mais le jour où je goûterai au corps de Julia, croyez-moi que je la regarderai droit dans les yeux...

Je me rapproche de la blonde, et place mes lèvres près du lobe de son oreille. Elle dégage un mélange de parfum fort et d'alcool, ce que je n'apprécie pas vraiment. J'essaye de mettre cette information de côté, car maintenant tout de suite, j'ai besoin d'un corps pour évacuer cet excès de désir.

Même si ce n'est pas elle que je désire.

— Savez-vous si nous pourrions trouver une salle... vide ? lui demandai-je sensuellement en plaçant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Pour un peu plus... d'intimité ?

Elle frisonne, et lâche un grognement de félin. De son doigt, elle dessine le chemin de mes veines sur ma main, puis me montre du doigt une porte VIP. Un sourire en coin étire mes lèvres, et je me lève sans hésiter en prenant sa main.

Nous partons vers cette fameuse porte. Je donne un billet ainsi que mon nom au colosse se tenant devant cette dernière et il finit par nous laisser entrer. Nous pénétrons dans une salle vide, avec un fauteuil, et une table basse. Parfait pour se remettre les idées en place.

Je plaque la fausse blonde sur la porte, et enfonce ma langue dans sa bouche.

La soirée risque d'être intéressante...

5339 mots / Relu et corrigé

* * *

Un nouveau PDV avec Ryanounet!

Qu'en avez-vous pensé?!

J'ai essayée de le faire plus long que les autres, mais je pense que vous l'avez remarqué!

J'essaye d'écrire mes chapitres le plus rapidement possible!

M'enfin bref, bye bye mes p'tits poulpes ! 🐙

de HamidaSwan qui vous kiff, Teehee.

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