Flashback.

5 Août 2015

Je revois Adam aujourd'hui. J'ignore toujours si je sors avec lui après ce baiser d'au revoir que nous avons échangé. On a, bien entendu, discuté par messages la veille, mais rien ne me dit que nous sommes plus que des amis. J'aimerais beaucoup, c'est indéniable, mais je ne sais pas du tout comment je devrai réagir lorsque je le verrai.

Pour le moment, je me contente de me préparer. Je relève mes cheveux en queue de cheval haute et mets mes chaussures. En jetant un coup d'œil à mon téléphone, je remarque que je suis en retard alors je me dépêche et dévale les escaliers.

- Maman, je vais voir Lisa. A tout à l'heure.

Je plante un baiser sur sa joue et vais pour sortir mais elle me retient.

- Tu ne rentres pas trop tard.

- D'accord. Je t'aime.

Je passe la porte d'entrée et marche rapidement jusqu'à la place de la Statue. Quelques personnes sont présentes mais je le remarque immédiatement, assis sur un banc. Le seul fait de le voir me donne le sourire. Il est beau à tomber, c'est dingue !

Il ne m'a pas encore vu puisqu'il a le nez sur son téléphone alors je m'approche de lui.

- Coucou, dis-je en m'asseyant près de lui.

Il sursaute légèrement, ce qui me fait rire.

- Hey ! Comment ça va ? demande-t-il en rangeant son portable dans la poche de son jean.

Il se penche vers moi et me fait la bise. Ceci éclaircit donc mes pensées. Le baiser de la dernière fois n'était rien du tout. Pour lui, en tout cas.

Je lui réponds que je vais bien et lui retourne la question.

- Désolée, je suis un peu en retard, m'excusé-je.

- Sept minutes seulement, ce n'est pas grand chose, répond-il avec ce sourire totalement irrésistible.

Je peux m'empêcher de sourire à mon tour.

- Tu veux faire quelque chose en particulier aujourd'hui ?

Je suis totalement prise au dépourvu et j'ignore quoi lui répondre. Je ne sais pas ce qui pourrait l'intéresser. Tout ce que je connais de lui, c'est qu'il est en train d'écrire un livre de science-fiction, qu'il adore la lecture, qu'il écoute beaucoup de musiques en tout genre et qu'il préfère les films historiques aux autres, même s'il en regarde énormément, tous complètement différents.

Donc je pourrais lui proposer d'aller au cinéma ou à la bibliothèque, si je suis ses goûts. Ce qui, dans la deuxième option, n'est pas ce dont je raffole le plus.

- Je prends ton silence pour un « non » alors j'avais pensé à quelque chose, continue-t-il en attirant mon attention. J'ai vu qu'il y avait un parc d'attraction à la sortie de la ville, ça te dit ?

Je tourne immédiatement la tête vers lui et admire son sourire.

- Ce n'est qu'à dix minutes de route d'ici. On va chercher ma voiture et on y va ?

- Sérieusement ? m'exclamé-je.

- Bien sûr, rit-il. T'aimes pas les manèges ?

- Si, j'adore, réponds-je en souriant.

- Alors, c'est parti.

Il se lève et me fait signe de le suivre. On marche quelques minutes et on arrive devant une grande maison devant laquelle est garée une voiture grise foncée. Adam sort ses clefs et appuie sur un bouton pour déverrouiller le véhicule.

- Tu habites ici ? m'écrié-je ébahie.

- Oui pourquoi ? s'esclaffe-t-il en m'ouvrant la portière passager.

- Eh bien parce que cette maison est inhabitée depuis plusieurs années.

- Tu espionnes ma maison ? plaisante-t-il.

- Non ! C'est juste que je vis pas très loin de chez toi et je passe souvent par ici.

- La maison appartenait à mes grands-parents. Quand ils sont décédés il y a quelques années, ma mère en a hérité mais elle ne peut pas venir y vivre à cause de son travail, alors elle m'a proposé d'y rester.

- C'est une belle maison, fais-je pensivement.

- Et elle est encore mieux de l'intérieur. Elle a été rénovée l'année dernière.

J'observe la demeure en silence. Il a de la chance de l'avoir, mais pour lui seul, ça doit faire un peu grand et vide. Quand je lui pose cette question, il se met à rire.

- Je ne suis pas tout à fait seul. Je pourrai te faire visiter quand on rentrera si tu veux.

Je hoche la tête en souriant mais reste tout de même surprise. Il ne vit pas seul ? Il aurait un colocataire ? Ou une colocataire ? Il m'a dit qu'il était célibataire quand on a commencé à parler sur Facebook, mais peut-être que ce n'est plus le cas aujourd'hui. Dans ce cas, pourquoi m'aurait-il embrassée l'autre jour ? Je suis un peu perdue...

Je secoue discrètement la tête comme pour me remettre les idées en place et entre enfin dans la voiture. Adam fait le tour et s'installe derrière le volant. Il met le contact et démarre. Le trajet est rapide et nous arrivons au parc d'attraction. J'y suis allée le mois dernier avec Lisa mais ce n'était pas très amusant. Elle a le vertige alors nous avions fait que très peu d'attraction. J'ai comme l'impression qu'avec Adam, ce ne sera pas la même chose !

- Par quoi tu veux commencer ? demande-t-il joyeusement.

À cet instant, il est loin de ressembler au jeune homme de vingt-trois ans qu'il est. On dirait plutôt un adolescent de quinze ans qui n'a qu'une envie : s'amuser jusqu'à épuisement total.

- Celui-là ! m'exclamé-je en pointant du doigt la plus haute tour du parc d'attraction.

Et c'est ainsi qu'a commencé cette belle journée ensoleillée, sous nos cris assourdissants et nos rires enjoués. Nous nous sommes arrêtés seulement après six attractions pour faire une pause et manger quelque chose.

- Range ça, m'ordonne-t-il en me voyant sortir mon porte-monnaie. Je t'invite. Tu veux quoi ?

- Tu as déjà payé les entrées, alors c'est moi qui invite, protesté-je.

- Certainement pas, rit-il. Maintenant, dépêche-toi de choisir où je le fais à ta place. Il y a du monde qui attend.

Je me retourne pour voir la file s'allonger de plus en plus derrière nous et finis par capituler.

- Un jus d'orange et un muffin au chocolat, s'il te plait, réponds-je boudeuse.

- C'est tout ?

Il lève un sourcil, amusé de la situation et je hoche la tête. Il demande donc ce que j'ai commandé, en y ajoutant une bouteille d'eau, un milkshake à la fraise et des churros avec du Nutella.

On s'installe à une table de libre un peu plus loin et il dépose le plateau.

- Tu vas arrêter de bouder ?

- Non.

Il secoue la tête, le sourire aux lèvres puis sort un petit flacon de gel bleu clair. Il en fait couler un goutte sur ses mains et les frotte l'une contre l'autre. Je m'esclaffe doucement et il le remarque.

- Qu'est qui te fait rire ?

- J'avais oublié que tu m'avais dit que tu étais maniaque.

- Ça n'a rien à voir, contre-t-il. C'est seulement une question d'hygiène.

- Je suis sûre que tu t'es retenu de le faire après chaque manège ! l'accusé-je.

- Pas du tout !

Le ton indigné qu'il venait de prendre me fit éclater de rire. Il sait que j'ai raison.

- Mange ! s'exclame-t-il en essayant de prendre un air sévère.

Ce qui est un échec cuisant et ne fait que redoubler l'intensité de mon rire.

- T'es belle quand tu ris.

Je m'interrompt subitement et le fixe. Ses coudes sont posés sur la table et il me regarde, un petit sourire aux lèvres.

- Et quand tu rougis, ajoute-t-il amusé.

Je me sens rougir davantage et baisse la tête pour qu'il ne me voit pas. C'est alors à son tour de rire.

- T'as pas le droit de te moquer de moi... bougonné-je.

- Tu ne t'es pas privée toi !

Il attrape un churros et le trempe dans le petit pot de Nutella avant de croquer dedans. Je casse un morceau de mon muffin et le porte à ma bouche.

- Merci, dis-je finalement.

***

Les quelques manèges qui ont suivi étaient plus calmes que les premiers et on a prit le chemin du retour en fin d'après-midi.

- Tu veux entrer ? me demande Adam en se garant devant chez lui.

Je repense à ses mots de tout à l'heure et doute un peu.

- Je ne veux pas déranger, grimacé-je.

- Ne t'inquiète pas, tu ne déranges pas du tout.

Je hoche donc la tête et le suit à l'intérieur. Je remarque alors que cette maison est aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'entrée donne sur un grand salon, décoré très sobrement mais élégamment. J'aime beaucoup.

- Par contre, tu peux enlever tes chaussures s'il te plait ?

Je le vois retirer les siennes et l'imite.

- C'est très joli, dis-je distraitement.

- Merci.

Il m'invite à avancer jusqu'au canapé d'un signe de la main et s'en va dans la cuisine chercher deux verres d'eau qu'il pose sur la table basse. Après avoir déposé des dessous de verres. Je le remercie et un silence pesant s'installe. Je relance alors la conversation après quelques secondes.

- Tu as continué l'écriture de ton livre ?

- Non. Pas depuis quelques jours.

- Manque d'inspiration ?

- Ouais, soupire-t-il. J'arrive à un passage important et j'ai un peu de mal à le rédiger.

- Ça va revenir, le rassuré-je. Je pourrai le lire un jour ?

Il rit doucement.

- Je croyais que tu n'aimais pas la science-fiction.

- Pas particulièrement, c'est vrai. Mais je pourrais faire un effort !

- Je te le passerai dès qu'il sera fini alors, me sourit-il.

- C'est gentil, merci.

A nouveau, le silence s'installe, mais seulement pour un cours instant puisqu'un gros chat blanc saute sur les genoux d'Adam. Je ne l'ai même pas vu arriver et sursaute légèrement.

- Bonjour mon gros, le salue Adam en lui caressant la tête.

Le gros chat ronronne fortement en levant le museau pour réclamer des câlins. Il est vraiment sublime. Ses longs poils blancs soyeux ont l'air très doux.

- Je te présente Chipster, mon colocataire.

Oh ! C'est pour ça alors qu'il a dit qu'il ne vivait pas totalement seul ? Je me sens un peu stupide sur le coup. En plus, Adam m'avait déjà dit qu'il possédait un chat, mais je l'avais totalement oublié.

- Chipster ? ris-je.

- Oui, s'esclaffe-t-il. C'est mon petit frère qui a choisi son nom il y a cinq ans. Il était un grand fan de chips à cette époque et a donc donné ce nom à mon chat.

- C'est mignon, souris-je en me rapprochant pour pouvoir caresser cette grosse boule de poils.

Il me prévient alors qu'il n'accepte pas vraiment la présence d'autres personnes que lui et sa famille mais j'essaie tout de même. Le chat renifle d'abord ma main avant de s'y frotter doucement avec entrain. Il va même jusqu'à descendre des genoux d'Adam pour venir sur les miens. Le propriétaire de l'animal en reste bouche bée et ça me fait rire.

- C'est si improbable que ça ? demandé-je en riant.

- Ouais ! Ça fait cinq ans que je l'ai et cinq ans qu'il n'aime personne.

- Je suis une exception alors !

- Oh oui, une exception, confirme-t-il en me regardant attentivement.

Je détourne les yeux d'Adam pour admirer le chat et remarque que ses yeux n'ont pas la même teinte. L'un est plus foncé que l'autre, mais il les ferme rapidement et s'allonge sur mes genoux pour s'y endormir. Ce chat est magnifique.

- Je voudrais un chat mais mon frère y est allergique.

- Eh bien on dirait que le mien t'a adoptée, me dit-il en souriant.

Je tourne la tête vers lui et lui rend son sourire. Il m'observe fixement et je ne décèle absolument rien dans ses iris aussi noires que l'encre de Chine. Il est vraiment beau et a un charme fou. J'ai envie de passer ma main sur sa joue pour caresser sa courte mais douce barbe, puis de la laisser glisser dans ses cheveux soyeux. J'ai aussi envie de l'embrasser, de sentir ses lèvres bouger contre les miennes, mais j'ignore si le baiser de la dernière fois voulait dire quelque chose. J'aimerais le savoir pour que je sache à quoi m'attendre avec lui.

- Adam... commencé-je.

- Oui ?

- La dernière fois qu'on est sorti, pourquoi est-ce que tu m'as embrassée ?

Voilà, c'est dit. Je dois être rouge écarlate, mais j'ai besoin de savoir. Quitte à me ridiculiser, je m'en fiche.

Ses yeux restent impénétrables et j'ai la vague impression que je n'aurais pas dû poser la question. Son air sérieux m'intimide et je ne sais plus ce que je dois faire. Je me contente juste d'attendre sa réponse, qui vient seulement deux bonnes minutes plus tard.

- Parce que j'en eu envie toute la journée, répond-il simplement en gardant son regard ancré dans le mien.

Mes mains continuent de caresser machinalement le gros chat qui dort sur mes genoux.

- Comme aujourd'hui.

Comme aujourd'hui ? Il a eu envie de m'embrasser toute la journée ? Si c'est ce qu'il voulait dire, pourquoi il ne l'a pas fait ? Moi qui pensais qu'il regrettait ce dernier baiser...

- Et en ce moment ? fais-je d'une toute petite voix.

Une sourire s'étire lentement sur ses lèvres et sa main droite se lève pour se poser sur ma joue avec délicatesse. Il frôle mes lèvres de son pouce et scrute attentivement son geste.

- En ce moment, encore plus, murmure-t-il comme s'il parlait pour lui.

Il relève ses yeux vers les miens et doit y déceler une certaine approbation ou envie de ma part puisqu'il s'approche de moi sur le canapé et son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien.

- Et toi ?

- J'ai attendu toute la journée, avoué-je sans hésitation.

- Je vois qu'on a un point commun, sourit-il amusé.

Je n'ai que faire de notre point commun et avance mon visage pour déposer mes lèvres sur les siennes. Enfin. Elles sont aussi douces qu'il y a deux jours et je me délecte totalement du mouvement de sa bouche contre la mienne.

Je porte ma main à sa nuque et la glisse dans ses cheveux. Ils sont encore plus doux que ce que j'avais imaginé.

Sa langue vient taquiner mes lèvres que j'entrouvre pour l'accueillir et ne retiens pas ce petit gémissement de satisfaction. Deux jours que j'attends ça ! Ce baiser va me rendre folle.

Mais il fallait que ce moment soit interrompu par un miaulement de mécontentement de la part du chat qui ne supporte visiblement pas d'être dérangé pendant sa sieste. Adam s'écarte de moi et nous rions en même temps lorsque Chipster se fait la malle.

- Finalement, il ne va peut-être plus m'aimer, constaté-je.

- Tant pis, fait Adam en haussant les épaules avant de reprendre ce que nous faisions.

Je suis définitivement raide dingue amoureuse de lui.

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