Épilogue

Dix mois plus tard.

- C'est quoi le problème encore ?

- Tu me le demandes vraiment ? m'écrié-je hors de moi. Tu es le mec le plus borné de tous les temps !

- Et toi la plus têtue.

- Génial. On est fait pour être ensemble alors, marmonné-je sans grand enthousiasme.

Je quitte la cuisine pour aller ouvrir la porte d'entrée.

- Ouais eh bien je me le demande parfois ! s'écrit Adam en jetant ce qui me semble être un couteau dans l'évier.

Probablement celui qu'il tenait.

Je souffle un grand coup, exaspérée, et appuie sur la poignée. Il va me rendre folle !

- Ana ! s'exclame Stefan en me prenant dans ses bras.

Je respire enfin et me sens tout de suite mieux dans les bras de mon meilleur ami. Quel réconfort !

- Tu vas bien ? me demande-t-il, le sourire aux lèvres.

Je hoche la tête avec conviction et embrasse sa joue. Ça fait six mois que je ne l'ai pas vu, et c'est dingue à quel point il m'avait manqué !

Je me décale ensuite pour saluer sa mère qui l'a accompagné et elle me serre dans ses bras à son tour, puis c'est au tour d'Émilie et de Christopher. Je les laisse entrer et Adam arrive dans le salon lorsque nous passons l'entrée. Son sourire est immédiat et il salue sa famille avec joie.

Il y a deux mois, Adam a parlé avec sa mère durant toute une après-midi. Il lui a avoué tout ce qu'il avait sur le cœur, à savoir l'histoire avec Cassandre et tout ce qui en a découlé. Il a enfin trouvé le courage de se jeter à l'eau et de se dévoiler. Je suis très fière de lui d'avoir été honnête et d'avoir enfin pu faire confiance à sa mère.

Ce jour-là, je suis restée avec Christopher, le petit-ami de sa mère et j'ai beaucoup parlé avec lui. J'ai appris à le connaitre et c'est un homme bien, je pense. J'ai l'impression qu'il aime sincèrement cette femme, et je suis heureuse pour elle. Elle n'a pas eu de chance en amour avec le père de chacun des garçons alors elle a droit à un peu de bonheur, non ? Elle a l'air heureuse et en plus de cela, ses fils semblent l'apprécier. Ce week-end aurait donc pu être parfait si l'aîné des deux frères n'était pas aussi têtu et insupportable !

Installés à la table dans le jardin derrière la maison, les discussions vont de bon train et c'est Stefan qui monopolise le temps de parole.

- J'ai vraiment cru que je n'allais jamais avoir mes partiels ! Ils ont fait des questions tellement tordues et improbables ! Je n'en reviens toujours pas.

- Mais tu as réussi, lui souris-je en lui prenant la main par dessus la table.

- Eh bien je me demande encore comment, s'esclaffe-t-il.

- Grâce à tes révisions intensives, peut-être ? ajoute Émilie avec ironie.

Toute la table éclate de rire et la copine de mon meilleur ami continue :

- Je ne le voyais même plus ! Une totale ignorance.

Inconsciemment, je tourne la tête vers Adam, qui est installé en bout de table. Ses yeux sont déjà rivés vers moi et je n'y décèle que de la noirceur. Tout ça à cause d'une question à laquelle je n'ai pas répondu.

- Je vais chercher l'entrée, déclare Adam au bout d'un moment.

Je ne me lève pas pour aller l'aider ; il m'enverra balader. Qu'il se débrouille. Personne ne remarque qu'il y a un problème entre nous jusqu'au moment où nous revenons dans la maison après manger, et que tout le monde s'installe dans le salon. Adam est sur un fauteuil, sa mère sur l'autre et les trois autres prennent place sur le canapé.

Pendant un moment, j'hésite à aller sur les genoux d'Adam, mais je préfère m'asseoir près de mon meilleur ami. Je pose ma tête sur son épaule et prends sa main entre les miennes.

- Tu m'as manqué, murmuré-je à son oreille.

- Toi aussi, Ana.

Il m'embrasse sur la tempe et passe sa main libre sur mon épaule. Mes yeux se lèvent et croisent ceux d'Adam ; ses lèvres se pincent en une ligne droite et il parait furieux. Pourtant, il sait qu'il n'a aucune raison d'être jaloux de son frère, et je ne fais pas ça dans l'objectif de le mettre en colère. Je n'agis pas par vengeance - alors que je le pourrais très bien ! Mon ami m'a seulement manqué et il repart déjà demain soir. J'ai seulement besoin de lui.

- Oh mon Dieu ! s'exclame Stefan horrifié.

Nous nous tournons tous vers lui, surpris. Il soupire et regarde son frère.

- Qu'est-ce que tu lui as encore fait ?

- Quoi ? s'écrit Adam. Mais j'ai rien fait !

- Vous vous êtes engueulés, ne le nie pas ! Vous ne vous êtes pas adressé un seul mot depuis qu'on est arrivé.

- Pourquoi ça serait de ma faute ? s'exclame-t-il indigné.

- Parce que c'est toujours de ta faute, répond Stefan comme si c'était une évidence.

- Arrête, s'il te plait, intimé-je à mon ami.

Il ouvre la bouche pour parler mais d'un mouvement de la tête, je le dissuade. De son côté, Adam se lève brusquement et disparait dans la cuisine.

Le reste de la journée se déroule avec cette même tension entre nous deux et je repousse encore et encore le moment d'aller me coucher.

Il vont tous dans leur chambre, les uns après les autres. Christopher part en premier dans la chambre d'amis ; il a travaillé toute la matinée et est épuisé. La mère des garçons le rejoint peu après puis c'est au tour d'Émilie, qui monte à l'étage dans l'ancienne chambre de Stefan et Adam déserte aussitôt. Il ne souhaite probablement pas se retrouver seul avec son frère et moi.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande mon meilleur ami lorsque la porte claque au premier.

Je soupire et m'allonge sur le canapé, posant mes jambes sur les siennes.

- On s'est embrouillé pour des conneries.

- Pour changer, rit-il.

- On ne s'engueule pas tous les jours ! protesté-je.

- Qu'a-t-il fait cette fois ?

Il hausse un sourcil amusé mais curieux, et je me perds dans mes pensées, un triste sourire aux lèvres.

- Il m'a posé une question, je n'ai pas voulu y répondre. Il m'a fait des reproches et maintenant, il me fait la gueule. Alors que c'est moi qui doit faire la gueule à cause de ce qu'il a dit.

- Il te fait la gueule parce que tu n'as pas répondu à une question ?

- Oui.

- Quelle genre de question ? demande-t-il en fronçant les sourcils. Ne me dis pas que c'est celle où il faut poser un genou à terre et...

- Non, le coupé-je en riant. Non il ne m'a pas demandé en mariage ! Je n'aurais pas eu à réfléchir pour y répondre à cette question.

Il repousse mes jambes et se tourne vers moi, choqué.

- Tu veux déjà te marier ?

- Non ! J'aurais dit non, imbécile. J'ai même pas vingt ans, alors même si je l'aime, je ne vais pas faire ça maintenant.

Un jour, probablement, mais c'est certain que je ne vais pas me marier en ce moment. Stefan soupire de soulagement en posant théâtralement sa main sur son cœur.

- Tu ne veux pas me dire ce qu'il t'a demandé ?

- Pas maintenant. Pas avant que j'en ai parlé avec lui à nouveau.

- Je comprends. Vas-y alors. Je suis sûr qu'il ne dort pas encore.

- Je veux rester avec toi, bougonné-je. Tu me manques.

Il sourit et pose ses paumes sur mes deux joues.

- Oui mais c'est son anniversaire demain, alors ce serait dommage que vous vous fassiez la gueule. Au pire, si vous tenez tant que ça à vous ignorer, vous reprendrez lundi.

Je secoue la tête, amusée et m'approche de lui pour le prendre dans mes bras.

- Tu sais que je t'aime ?

- Oui pourquoi ?

Cette fois, j'éclate franchement de rire. Stefan se lève du canapé et sort son téléphone de sa poche pour constater qu'il est un peu plus de minuit et que nous sommes donc le jour de l'anniversaire d'Adam. Nous montons les escaliers et il me souhaite une bonne nuit avant d'entrer dans sa chambre. Je prends une grande inspiration et appuie sur la poignée.

Je me change rapidement dans l'obscurité et me glisse dans le lit près d'Adam, qui ne dort pas encore. Il est allongé sur le dos, les bras repliés derrière sa tête et les yeux grands ouverts. Il ne fait pas totalement noir dans la pièce, alors je distingue parfaitement son visage crispé.

Malgré le fait qu'il m'ait énervée au plus haut point toute la journée, et qu'il ait passé son temps à m'ignorer ou à me fusiller du regard, je mets ma fierté de côté et m'approche de lui.

- Je n'aime pas qu'on soit fâché, murmuré-je en posant ma tête sur le haut de son torse.

Pendant un moment, je pense qu'il ne va pas réagir, ou même me repousser, mais il ne le fait pas. Après une bonne minute de silence, il soupire et entoure mes épaules de son bras. Puis il embrasse mon front et me parle enfin. J'aurais cent fois préféré qu'il se taise et continue à m'ignorer.

- Alors arrête de faire en sorte qu'on le soit.

Je m'écarte immédiatement, comme si son contact m'avait brûlé. Je me redresse pour m'asseoir et le fixe, stupéfaite.

- Tu plaisantes, j'espère ?

Vu cette lueur de défi que j'aperçois dans son regard, non il ne plaisante pas.

- Et tu dis que c'est moi la plus bornée de nous deux ? Je viens de faire un effort pour toi, pour nous, et toi tu continues ?

- Tu t'obstines pour tout à longueur de journée et tu passes ton temps à te foutre de ma gueule. Tu sais que ça m'insupporte.

- Là, c'est toi qui m'insupporte. Tu racontes n'importe quoi et tu es simplement vexé parce que je ne t'ai pas encore donné de réponse. Et à t'entendre, je commence à me demander pourquoi tu m'as posé cette question.

- Moi aussi, rétorque-t-il en se tournant sur le côté pour me montrer son dos. Je ne sais même pas pourquoi je t'ai demandé ça puisque tu n'en as rien à foutre de toute façon.

Cette fois, je n'en peux plus. Je fais des efforts pour revenir vers lui et lui, il me jette comme ça ?

Je me lève, fais rapidement le tour du lit pour trouver mon sac à main. J'attrape ce que je cherchais et me tourne vers Adam qui me regarde.

- La semaine dernière, tu m'as demandé de rester vivre avec toi. Chez toi. Ici. J'étais vraiment surprise et je t'ai demandé de me laisser du temps pour réfléchir, ce qui est normal pour une telle demande ! Tu as accepté, mais tu as vite craqué. Deux jours plus tard, tu m'as redemandé la réponse. Là encore, je t'ai dis que j'avais besoin de temps et je te l'ai redis chaque jour et ce matin encore. Mais ce matin, tu m'as dit des choses blessantes.

Il m'a reproché de ne pas avoir changé, d'être restée la même peureuse qui l'avait quitté un an plus tôt, de ne jamais prendre de décisions importantes, de toujours craindre et envisager le pire. Et le pire reproche qu'il m'ait fait a été de croire que je ne l'aimais pas assez pour accepter. Mais ce qu'il ignorait, c'est que je voulais lui donner ma réponse aujourd'hui, pour son anniversaire, mais il a tout gâché.

Est-ce qu'un temps de réflexion d'une semaine est trop demandé pour une décision aussi importante ? Il faut croire.

Je regarde la petite boite en plastique entourée de papier cadeau gris argenté que je tiens à la main, et je la jette sur le lit à côté de lui.

- Joyeux anniversaire, lancé-je avant de sortir de la chambre.

Je dévale les escaliers et m'installe sur le canapé, devant la télé. Je ne suis pas triste, seulement en colère. Bien entendu, ça me fait mal de le voir réagir comme ça, mais je suis bien trop énervée.

Je zappe les chaines pendant cinq bonnes minutes sans même prendre la peine de regarder ce qui passe à la télévision et je continue, même quand Adam s'assied près de moi. Je ne le regarde pas. Mes jambes sont relevées contre ma poitrine, mon menton posé sur mes genoux et mes bras entourent mes jambes, la télécommande dans la main droite.

Je sais qu'il a ouvert le cadeau que je lui ai jeté puisque j'entends le tintement familier du métal. Par ce cadeau, il a compris quelle était ma réponse.

Il dépose le trousseau de clés sur la table basse. Mon trousseau de clés où j'ai finalement accepté d'accrocher la clé de sa maison qu'il m'avait donné la semaine dernière en me posant cette question fatidique.

- J'ai pris ma décision hier, avoué-je à voix basse.

J'ai sérieusement réfléchi à sa proposition toute la semaine mais je me suis décidée seulement hier.

- Donc ce matin...

- Je voulais te faire une surprise. Te donner ma réponse pour ton anniversaire.

Je lui ai menti ce matin en lui disant que je voulais attendre encore un peu avant de lui donner ma réponse. J'avais seulement dans l'idée de patienter un jour de plus pour lui offrir ce cadeau d'anniversaire, que je trouve bien mieux que celui de l'année dernière.

- Mais tu as tout gâché.

- Je suis désolé.

- Moi aussi.

Et c'est la vérité. J'aurais dû accepter depuis le début, comme il me l'a si bien répété. Alors que je ne pensais pas être triste à ce point, une larme s'échappe et je l'essuie immédiatement, puis je continue de changer de chaines. Adam me retire l'objet des mains et éteint la télévision.

- J'étais vexé, Ana. Ça faisait des semaines que je pensais à ça et quand j'ai enfin décidé de me jeter à l'eau, tu n'as pas réagit. J'ai eu l'impression que ça t'avait fait ni chaud ni froid. J'étais frustré de ne pas avoir eu de réponse.

- Donc quand tu es frustré, tu deviens blessant ? demandé-je en regardant ses yeux sombres.

- Je deviens con, oui. Tu me connais, je réagis toujours au quart de tour. Mais je ne pensais pas tout ce que je t'ai dit, et je suis sûr que tu le sais. Je suis tellement désolé, mon Cœur.

Il l'est réellement, je le vois. Il n'empêche qu'il m'a fait beaucoup de mal.

- Un refus ne veut pas dire que je ne t'aime pas. Ou que je ne t'aime pas assez. Je ferais n'importe quoi pour toi, Adam, et tu le sais. J'avais seulement besoin de réfléchir quelques jours. Toi, tu as pensé à me faire cette proposition pendant des semaines et je n'ai même pas droit à une réflexion de quelques jours ? C'est vrai que la réponse, est assez évidente maintenant, mais... Il faut que tu comprennes que ces derniers jours ne veulent pas dire que je doute de nous. Au contraire. Je suis d'autant plus sûre de moi maintenant.

Il hoche la tête et ne me quitte pas des yeux, s'excusant à nouveau. Il se sent vraiment coupable et ça me fait de la peine.

- Est-ce que tu maintiens quand même ta réponse ? demande-t-il timidement.

Il est rare qu'il soit timide, mais il sait à quel point il m'a blessée et souhaite se rattraper.

- Tu crois vraiment que je vais accepter de vivre avec un con ?

Il hausse les épaules et me répond avec un sourire en coin :

- Si ce con te promet d'être moins con et de tout faire pour se faire pardonner, tu veux bien lui laisser une chance ? En plus, j'ai entendu dire que c'était son anniversaire aujourd'hui.

- Si c'est son anniversaire alors ! soupiré-je.

Il sourit sincèrement, pleinement rassuré désormais. Il tend la main et attrape une mèche de mes cheveux pour la glisser derrière mon oreille.

- Si tu le croises, tu pourras lui dire que je lui pardonne ?

- Ça marche, rit-il. Merci.

Je me précipite pour grimper sur ses genoux, une jambe de chaque côté des siennes et mes deux bras entourant son cou. Je n'ai pas envie de lui faire la gueule plus longtemps.

- Je t'aime, Adam. Joyeux anniversaire.

- Merci, mon Cœur. Je t'aime. Ça ne se reproduira plus, je te le promet.

- Il y a intérêt. Parce que je n'aurai aucun scrupule à te virer de mon nouveau chez moi.

Ma réponse l'amuse et il me répond qu'il est d'accord et que ça ne risque pas d'arriver. Il resserre ses bras autour de ma taille et m'embrasse dans le cou, avant de poser ses mains de part et d'autre de mon visage.

- Bienvenue chez toi, mon Amour, dit-il tout contre mes lèvres.

- Chez nous.

- Oui, chez nous. Mais seulement si t'arrêtes de bouder.

- Promis, j'ai fini de bouder.

J'embrasse ses lèvres en riant.

- Je déteste quand on se dispute, lui murmuré-je à l'oreille.

- Il y a une seule chose que j'aime dans le fait de se disputer, m'explique-t-il en passant ses mains sous mon tee-shirt.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Les réconciliations...

Son souffle chaud sur la peau fine de mon cou me fait tressaillir.

- Donc tu as fait exprès de t'engueuler avec moi ? le taquiné-je.

- Exactement, ment-il. Je voulais simplement une réconciliation le jour de mon anniversaire.

Je retire ses mains qui remontent dangereusement vers ma poitrine ce qui le fait protester en geignant.

- Tu es au courant qu'on passe notre temps à se réconcilier, sans même s'être disputés avant ?

- Oui, et j'adore ça.

Moi aussi ! Et maintenant que nous vivons ensemble, nous allons enfin commencer notre vraie vie de couple. A deux et chez nous.

*****

Voilà la dernière partie d'Attirance incontrôlable !

Je suis vraiment heureuse d'avoir partagé cette histoire avec vous et je remercie tous les lecteurs ;)

Je ne pensais pas avoir autant de vues sur cette histoire alors je suis sincèrement surprise et très touchée par tous les votes et commentaires ! Un grand merci à vous ! ❤

J'espère que cette fin vous aura plu ! ;) Si vous avez des questions, des critiques, ou même des suggestions, n'hésitez pas !

Gros bisous à tous et bonnes vacances à ceux et celles d'entre vous qui le sont 😘❤

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