Chapitre 6.
9 Janvier 2016
Il ne s'est jamais passé autant de choses éprouvantes dans ma vie que durant ces dix derniers jours.
Premièrement, Anabelle m'a appelée complètement ivre le soir du nouvel an et j'ai immédiatement accouru pour m'occuper d'elle sans hésiter un seul instant.
Deuxièmement, elle est restée avec moi au réveil et je me suis ouvert à elle comme je ne l'ai jamais fait avec personne.
Troisièmement, je lui ai absolument tout avoué sur ce que j'ai ressenti ces derniers mois et lui ai même demandé de reprendre notre relation là où elle s'était arrêtée.
Quatrièmement, elle m'a fait poireauter pendant deux longues journées pour me donner sa réponse. Qui finalement s'est avérée positive, à mon plus grand bonheur.
Cinquièmement, je me suis pris la tête avec mon frère à propos d'Anabelle mercredi soir. Il veut s'assurer qu'elle soit désormais entre de bonnes mains et ne me pense pas capable de prendre soin de sa meilleure amie malgré tout ce que je lui ai dit. Il a fini par accepter. Grâce à Ana, ça va de soit. Elle lui a retourné le cerveau à lui aussi, j'en suis sûr. Cette fille est une véritable sorcière. Une sublime et adorable sorcière, évidemment.
Sixièmement, je me suis encore pris la tête avec Stef ce vendredi matin. Je lui ai demandé de me laisser seul ce week-end et de disparaitre là où il le souhaitait, tant que ce n'était pas chez moi. Il refusait catégoriquement parce qu'il savait qui je comptais inviter. C'était facile à deviner. Il a finalement accepté à la seule condition que je lui donne soixante euros. Que je lui ai filé. Après qu'il m'aie dit qu'il comptait déjà passer le week-end chez Émilie. Quel enfoiré.
- Monsieur ? m'appelle Léo, me sortant ainsi de mes pensées.
- Oui ?
- J'ai une question à propos de l'exercice huit.
- J'arrive.
Je me lève de ma chaise et m'approche de sa table pour répondre à sa question, puis je vois Ana lever la main à son tour.
- Je ne comprends pas cette question, me dit-elle simplement.
Je lui réponds en quelques mots et elle me pose des questions supplémentaires. J'attrape son crayon de papier et griffonne une suite de chiffres et de lettres pour que mon explication soit plus compréhensive. Ce qui le devient puisque qu'elle me remercie avec le sourire et me donne la bonne réponse.
Après cet échange, je me dis que cette relation peut vraiment fonctionner. Nous faisons parfaitement la différence entre notre relation et notre statut incompatible. Nous le faisons depuis quatre mois, pourquoi ça ne pourrait pas continuer ?
Avant de retourner à mon bureau, j'inscris quelque chose sur sa feuille avec le crayon de papier et me retourne avant de voir sa réaction.
Lorsque la sonnerie retentit, je range les copies que je n'ai pas réussi à corriger pendant cette heure de cours et prononce un vague « au revoir, bon week-end » à chaque adolescent qui passe devant moi pour quitter la salle. Après deux ou trois minutes, il ne reste plus qu'une personne. Je me lève et elle s'approche de moi.
- Tu sais que Lisa aurait pu lire ce que tu as écrit ? me rappelle-t-elle tout en ayant un petit sourire aux lèvres.
- Aucun risque là-dessus, ris-je doucement.
Elle me frappe à l'épaule et rétorque avec un air réprobateur que je ne dois pas être méchant comme ça.
- Pardon.
Mais c'est la vérité : Lisa ne fait absolument rien pendant mon cours alors pour quelle raison aurait-elle lu ce que j'avais écrit ? Bon, il est vrai que si elle l'avait fait, Ana n'aurait pas su expliquer le pourquoi du comment, mais je savais que je ne prenais aucun risque. Seule elle avait lu : « Viens me voir à la fin du cours. ». Et elle l'avait fait.
- Tu voulais me dire quelque chose ?
- Oui.
Je tends la main et attrape la sienne.
- Tu veux bien qu'on se voit ce week-end ?
Oui parce que j'avais réussi à faire en sorte que mon frère ne soit pas là, mais je n'avais pas encore demandé à Anabelle si elle souhaitait venir.
- Chez toi ? demande-t-elle surprise, perdant son sourire par la même occasion.
Je tourne la tête vers la porte pour m'assurer qu'il n'y a personne et hoche la tête.
- Oui, chez moi.
- Hum... Je...
- Stef sera chez Émilie.
- Oh.
Je savais que mon frère serait un problème pour elle, voilà pourquoi je m'en suis débarrassé pour quelques jours.
- Alors ? insisté-je en haussant un sourcil.
- D'accord, murmura-t-elle en resserrant ses doigts autour des miens.
- Ce soir ?
Elle hoche la tête et me sourit timidement avant de rompre ce contact visuel particulièrement intense, puis elle relâche ma main et s'éloigne de moi. Lorsqu'elle passe la porte, elle jette un œil à droite et à gauche dans le couloir et tourne la tête une dernière fois dans ma direction.
- A ce soir Adam.
***
- Je te préviens que si elle revient vers moi en pleurant...
- Ferme-la Stef !
- C'est seulement pour que tu sois prévenu, me rappelle-t-il.
- Ça fait vingt-deux fois que tu me le dis en seulement deux heures.
Il fronce les sourcils en remontant la fermeture éclair de son manteau.
- Tu as compté ?
- Abruti, lâché-je en lui envoyant un coussin dans le visage depuis le canapé.
Il explose de rire en me disant que maintenant que le coussin est tombé au sol, je dois le laver immédiatement. Ce qu'il n'a décemment pas besoin de me dire, puisque je vais le faire. Néanmoins, il redevient sérieux très rapidement.
- Je déconne pas.
- Moi non plus, soupiré-je. Bon week-end.
Il disparait et je me retrouve seul, mais juste pour quelques minutes. Je me lève lorsque trois coups sont frappés à la porte, attrape le coussin et appuie sur la poignée. Je laisse entrer Anabelle avant de fermer à clé.
- Salut, me sourit-elle.
Je pose ma main sur sa joue et l'embrasse délicatement.
- Salut, murmuré-je contre ses lèvres.
Lorsque je m'écarte d'elle, elle pose son sac au sol, retire son manteau et ses chaussures et me suit vers le canapé. Nous nous asseyons en silence et nous nous regardons simplement. A en juger par ses mains qui s'agitent nerveusement sur ses cuisses, je pourrais dire qu'elle est anxieuse et légèrement angoissée. Ça ne m'étonnerait pas qu'elle ne sache pas comment agir en ma présence, puisque c'est aussi mon cas. J'ignore tout de ce qui se passe entre nous.
- Stef m'a dit qu'il avait réussi à te voler soixante euros, dit-elle amusée.
Je soupire et laisse tomber ma tête en arrière.
- L'enfoiré, marmonné-je.
Je me suis peut-être fait extorquer de l'argent, mais j'ai gagné une belle récompense puisqu'Anabelle explose de rire. C'est un des plus beau son au monde.
- Ça ne s'est pas passé comme ça, me défends-je lamentablement.
- Mais bien sûr ! s'exclama-t-elle en riant. C'est ce qu'il m'a dit pourtant.
- Et qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre au juste ?
- Plein de choses, répond-t-elle vaguement. Mais je ne suis pas venue pour parler de ton frère.
Je souris instantanément et la regarde. Elle est tellement belle ; ses longs cheveux sont lâchés pour une fois, exactement comme je les aime, et elle porte un gilet rouge foncé et un jean clair.
Je m'approche d'elle pour l'embrasser rapidement sur ses lèvres roses.
- Tu as raison. Parle moi de toi alors, lui demandé-je.
- Tu sais déjà tout de moi. Tout ce que je t'ai dit cet été est vrai.
Ses mots me rassurent énormément et je suis immédiatement soulagé. Je ne peux le nier.
- Est-ce que c'est la même chose de ton côté ?
- Oui, réponds-je sans hésiter. Ce que je t'ai dit cet été est vrai. Ce que je te dit depuis une dizaine de jour est vrai. Mais tout ce que je t'ai laissé croire ces quatre derniers mois est entièrement faux.
Elle hoche doucement la tête et vient se blottir dans mes bras en entourant mon cou.
- Tu m'as tellement manqué, avoué-je dans un faible chuchotement mêlé à un soupir d'aise.
- Toi aussi, Adam.
Nous restons ainsi pendant de longues minutes, silencieux, dans les bras l'un de l'autre à se contenter d'apprécier le moment présent, jusqu'à ce que le minuteur du four sonne dans la cuisine.
- Tu as faim ?
Elle me répond par l'affirmative et nous nous levons pour manger les lasagnes que j'ai préparé en fin d'après-midi, tout en discutant avec nonchalance, exactement de la même façon que nous le faisions quatre mois auparavant. Elle m'explique alors que son frère envisage d'emménager avec sa petite amie et que par conséquent, elle se sentira seule chez elle avec ses parents. Ce n'est pas encore une idée concrète mais le seul fait d'imaginer son frère quitter le domicile familial la rend triste. Anabelle adore son frère, c'est indéniable.
Après le dîner, je fais rapidement la vaisselle avant de retourner sur le canapé avec elle. Ana ne perd pas de temps pour relancer un sujet que j'avais complètement oublié.
- Et maintenant, tu m'autorises à lire ton livre ?
- C'est quoi ton problème avec ce bouquin ! m'exclamé-je en riant.
- J'ai envie de le lire, c'est tout.
Voyant ma grimace non dissimulée, elle ajoute :
- Tu ne veux pas, c'est ça ?
- Pourquoi tu tiens tant que ça à le lire ? voulus-je savoir.
C'est une question qui m'intrigue depuis le début. Elle m'a toujours dit n'aimer que les romans d'amour, pourquoi vouloir lire de la science-fiction qui ne contient en tout et pour tout qu'une seule petite scène d'amour ?
Elle lève alors sa main pour la poser sur ma joue et me sourit tendrement.
- Parce que je veux tout savoir de toi.
- Même une histoire stupide que j'ai écrite ?
- Oui, même ça, déclare-t-elle en levant ses jambes pour les poser en travers des miennes. Sauf si tu le veux pas.
Je pose une main sur sa cuisse et passe l'autre dans son dos.
La voir si heureuse m'empêche de lui refuser ce qu'elle me demande. Je ne peux plus rien lui refuser désormais.
- On verra dès qu'il sera terminé.
- Tu n'as toujours pas fini ? Qu'est-ce que tu attends ?
- Tu crois que c'est simple d'écrire ? ris-je devant son air effaré.
Ça fait tellement de bien de pouvoir se détendre réellement en sa présence, de rire avec elle, de la câliner. Comme avant.
Je me penche alors vers elle et l'embrasse délicatement. Ses lèvres bougent doucement contre les miennes et un gémissement de sa part s'infiltre dans ma bouche lorsque sa langue entre en contact avec la mienne. Le baiser devient rapidement plus demandeur et je la rapproche davantage de moi en tenant sa nuque tandis que mon autre main remonte pour se poser sur sa taille. Mes doigts s'enfoncent durement dans ses hanches alors que la chaleur s'empare de mon corps. Et du sien, je le sens. Pourtant elle s'écarte de moi, essoufflée et avec un regard plein de désir. Je vois qu'elle veut dire quelque chose mais qu'elle se retient.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je inquiet.
Elle se mord la lèvre et baisse les yeux timidement.
- Parle moi s'il te plait.
Elle lève alors le menton et affronte mon regard pendant de longues secondes avant de se lancer, hésitante :
- Est-ce que tu as eu quelqu'un ?
Je fronce les sourcils, perdu.
- Quelqu'un pour ?
Quand elle lève les yeux au ciel, je comprends immédiatement ce qu'elle entend par là et retiens un sourire amusé. Elle est jalouse et inquiète à la fois et ça me fait plaisir. Toutefois, elle plisse les yeux et je me rends compte que je n'ai pas répondu.
- Non, Anabelle.
- Personne ?
- Non.
- Vraiment rien du tout ? insiste-t-elle visiblement étonnée de ma réponse négative.
« Rien du tout » n'est pas exactement le terme que j'emploierais. « Presque rien » serait plus exact. J'ai embrassé une fille, oui. Dans les toilettes d'une boîte de nuit, alors que j'étais totalement soûl, deux semaines après la rentrée. Je comptais allait jusqu'au bout avec elle afin de dégager Anabelle de ma tête une bonne fois pour toute mais lorsque la blonde a déboutonné mon jean et descendu ma braguette, je me suis empressé de sortir de là pour rentrer chez moi, la laissant en plan.
Mis à part ce détail, il n'y a rien eu du tout. Me rappeler cet instant provoque les mêmes frissons de dégoût que ce soir-là.
- Rien de concret, admis-je en grimaçant.
- C'est à dire ?
- Pourquoi tu veux savoir ? On s'en fout de tout ça.
- Toi aussi tu voudrais savoir, rétorque-t-elle.
Pas faux. Ce qui me rappelle que j'ai une question à lui poser.
- Il s'est passé quoi entre Adrien et toi ?
- Tu vois que tu veux savoir ! s'exclame-t-elle en riant.
- Dis-moi, ordonné-je sérieusement.
- Il m'a embrassé, je l'ai repoussé. C'est tout.
Même si je déteste imaginer quelqu'un d'autre poser ses lèvres sur celles d'Anabelle, je suis heureux qu'elle l'aie repoussé. Maintenant qu'elle a répondu à ma question, elle exige une réponse à son tour. Je capitule en soupirant.
- Je suis allé en boîte, j'ai dansé avec une fille, elle a voulu passer à l'étape supérieure dans les toilettes, on s'est embrassé et je suis parti.
- Rien de plus ?
- Non.
Cette discussion m'agace et je crois qu'elle le devine puisqu'elle cesse son interrogatoire et caresse ma joue du bout des doigts, ce qui me détend instantanément.
- D'accord, dit-elle simplement avant de m'embrasser la mâchoire, puis la joue, puis les lèvres.
Il n'en faut pas plus pour raviver le feu au creux de mon estomac et répondre ardemment à son baiser. Sans interrompre ce baiser, Anabelle se redresse et vient s'installer à califourchon sur mes jambes. Mes mains se baladent alors instinctivement le long de ses cuisses pour arriver sur ses fesses et se faufiler sous ses vêtements afin de me délecter de la douceur de sa peau. J'ai envie d'elle. Je la désire. Plus que jamais je l'ai désirée auparavant. Pas même pendant ces quatre mois de silence ou encore durant les courtes semaines où nous étions ensemble.
Une de mes mains reste sur le bas de son dos alors que l'autre passe sur son ventre, puis remonte jusqu'à sa poitrine. Je ne fais qu'effleurer le tissu de son soutien-gorge, ne sachant pas exactement si elle souhaite aller plus loin. Je me détache alors d'elle et tente de déceler de l'envie ou du désir dans ses beaux yeux. Je ne veux pas refaire une erreur.
Ses joues sont roses, sa bouche entrouverte essaie tant bien que mal de laisser l'air s'y infiltrer avant que je ne l'en prive à nouveau et ses pupilles sont dilatées. Je ne me trompe pas ; elle me veut autant que je la veux.
- J'ai envie de toi, murmuré-je contre ses lèvres.
- Moi aussi, répond-elle immédiatement avant de déposer un léger baiser sur mes lèvres et de se lever.
Je lui prends la main et nous nous dirigeons à l'étage pour nous enfermer dans ma chambre. Nos lèvres se rejoignent immédiatement sans perdre un seul instant pendant que je la débarrasse de son gilet puis de son tee-shirt. Je recule jusqu'à mon lit où je me laisse tomber en arrière, entrainant Anabelle dans ma chute.
Mes mains parcourent chaque centimètre carré de sa peau, comme si je redécouvrais une nouvelle fois son corps. Afin de mieux l'admirer, je la fais basculer sur le côté pour me placer au dessus d'elle. Sa poitrine se soulève à un rythme effréné et ses yeux me scrutent intensément dans la pénombre. Elle m'a tellement manquée. Son corps, son odeur, son regard... Tout d'elle m'a horriblement manqué.
Elle tend la main pour attraper mon tee-shirt et m'attirer contre elle pour m'embrasser encore. Il rejoint rapidement le sien au sol, tout comme le reste de nos vêtements. J'ai tellement envie d'elle que je ne perds pas une seule seconde supplémentaire. Je tends le bras pour attraper un préservatif dans le tiroir de ma table de nuit afin de m'unir à elle dans un gémissement de plaisir. Enfin !
Je revis et je respire. Ses sourires, ses soupirs, son toucher, son regard... Tout d'elle me fait planer et me rend définitivement heureux.
Je l'aime. Je l'aime à un point inimaginable. Je l'aime malgré l'interdit. Je l'aime malgré le danger. Je l'aime, tout simplement. Ce sentiment me rend dingue, euphorique. Jamais je n'avais ressenti ça, c'est tellement bon.
- Je t'aime Adam, murmure-t-elle contre mon cou.
Moi aussi je t'aime, Anabelle et j'aime ce sentiment. Je me sens libre et plus vivant que jamais.
- À quoi tu penses ? me demande-t-elle après de longues minutes de silence suite à cette étreinte brûlante et délicieuse.
Elle relève la tête et pose son menton sur mon torse pour me regarder en attendant ma réponse. Je continue de caresser le haut de son dos nu du bout des doigts et de l'autre, je balaye une mèche de ses cheveux qui retombe sur son visage. Un sourire nait instantanément sur mes lèvres. J'aimerais lui dire ce que je ressens réellement mais les mots ne franchissent pas la barrière de mes lèvres. Je ne peux m'empêcher de ressentir cette peur atroce qui me tiraille de l'intérieur. Je sais qu'Anabelle n'est pas comme cette garce, mais c'est difficile de prononcer ces trois petits mots. La dernière fois que je les aies prononcé a pratiquement signé ma perte. Ces mots, ces sentiments, m'ont détruit par le passé. Je ne peux m'empêcher d'éprouver cette peur.
- Hey Adam, chuchote Anabelle en se redressant subitement pour placer son visage au dessus du mien.
Elle me caresse le visage avec délicatesse et je me rends compte qu'elle est inquiète. Mon visage doit laisser entrevoir cette crainte. Aussi, je m'empare de sa main et embrasse délicatement sa paume puis lui offre un sourire pour tenter de la rassurer.
- Ça va ? me questionne-t-elle en fronçant les sourcils.
- Oui ça va. Ne t'en fais pas. Et toi, à quoi tu penses ?
Elle se rembrunit immédiatement et baisse les yeux avant de reposer sa tête sur mon torse. C'est tellement facile de lire en elle et ça pourrait me faire rire si ça ne m'inquiétait pas autant. Qu'est-ce qu'elle me cache ?
- Ana ?
- C'est rien.
- Dis moi.
- Non.
Elle m'inquiète de plus en plus.
- Je ne veux pas tout gâcher, m'avoue-t-elle dans un faible murmure.
- Gâcher quoi ?
- Ça. Ce moment. On est bien et je ne veux pas tout gâcher. Pas aujourd'hui s'il te plait.
- Tu ne gâcheras rien du tout. Parle moi je t'en prie, la supplié-je en l'incitant à relever la tête.
Ses yeux m'implorent d'abandonner mais je ne baisse pas les bras. Sa réaction suscite bien trop d'inquiétude en moi.
J'embrasse ses lèvres douces et lui repose la question.
- Ana, qu'est-ce qu'il y a ?
Elle soupire et je sais qu'elle va parler. Elle fait la même chose chaque fois qu'elle capitule ; elle baisse les yeux, les relève pour croiser mon regard, le fuit à nouveau, ses joues rougissent et elle ouvre la bouche. À cet instant, je comprends que j'aurais dû accepter sa demande. Elle voulait qu'on en parle plus tard, et j'aurais dû accepter, au lieu de la pousser à parler. Maintenant, c'est trop tard. Parce que lorsque les mots sortent de sa bouche, je sais d'avance qu'elle ne lâchera rien pour obtenir la réponse à sa question. Absolument rien.
- Qui est Cassandre ?
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