Chapitre 5 : Anabelle.

J'ouvre les yeux lentement, encore à moitié endormie. Il fait toujours nuit. Je regarde l'heure sur mon téléphone et vois qu'il est minuit douze. J'ignore ce qui m'a réveillée jusqu'à ce qu'un bruit à ma fenêtre me face sursauter. Je ne suis pas folle ; j'ai bien entendu trois coups taper contre mes volets ?

Je m'assieds dans mon lit après avoir allumé ma lampe de chevet et regarde ma fenêtre comme si celle-ci​ allait me dire ce qu'il se passait. Ce n'est assurément pas le cas, et quelques secondes plus tard, les trois mêmes coups de font entendre. Je me lève alors et hésite longuement avant de m'emparer de la manivelle qui me permet d'ouvrir mes volets.

Et si c'était un psychopathe ? N'importe quoi... Je suis au premier étage de la maison. Ça doit être un oiseau. Un oiseau étrange et visiblement obstiné...

Les volets sont ouverts de moitié mais je m'interrompt en voyant une silhouette ; quelqu'un est assis sur le rebord de la fenêtre. C'est une blague ? Ou alors, je suis encore endormie et ce n'est qu'un rêve. Ça doit être ça. Sinon, qui viendrait frapper à ma fenêtre en plein milieu de la nuit ?

Un juron étouffé me parvient de l'autre côté de la vitre alors que je m'apprête à refermer les volets. J'actionne alors rapidement la manivelle pour révéler totalement l'identité de ce visiteur nocturne et constate avec surprise que je ne me suis pas trompée. C'était bel et bien sa voix.

Nous nous regardons dans les yeux durant de longues secondes, à la seule lumière de ma lampe de chevet, jusqu'à ce qu'il me fasse signe d'ouvrir la fenêtre. Je me reprends vite de ma surprise et tourne la poignée. Il se glisse alors dans ma chambre avec agilité et sans faire de bruit pendant que je referme la fenêtre. La fraicheur de l'extérieur provoque des frissons sur ma peau et je me frictionne activement les bras. Ou alors ces frissons sont dus à la présence de mon petit ami, dans ma chambre. Au beau milieu de la nuit.

- Joyeux anniversaire, me dit-il en chuchotant, une rose rouge à la main et un sourire irrésistible sur ses lèvres.

J'étouffe un petit rire parce que ce n'est tellement pas Adam cette façon de faire ! Mais je ne veux pas le blesser, et ça me fait extrêmement plaisir de le voir, alors je m'approche de lui et entoure son cou de mes bras pour me coller à lui.

- Merci.

Sa peau est fraîche et ses vêtements sont froids. On a beau être au début du mois de mars, il fait froid dehors en plein milieu de nuit.

- Si ça c'est pas romantique, murmure-t-il contre mon cou, je ne sais plus quoi faire.

Je ris doucement et m'écarte de lui pour l'embrasser chastement.

- Tu es fou, Adam.

- Je voulais te voir.

Il me tend la rose et je le remercie à nouveau.

- Comment tu as fait ? C'est dangereux de grimper là.

- Oh oui ! soupire-t-il en me prenant la main et m'entraînant sur mon lit.

Il s'assied et je fais de même tout en restant le plus proche de lui possible.

- Mais c'est surtout très chiant. Tu pouvais pas avoir une chambre au rez-de-chaussée ou une échelle de secours ? Ça aurait été moins compliqué... grogne-t-il.

- Je ne t'ai jamais demandé de faire ça, ris-je.

- D'accord. Je m'en vais alors...

Il fait mine de se lever mais je le tire par le bras et le fais tomber en arrière sur mon lit. Je passe une jambe par dessus les siennes et place mon visage au dessus du sien. Ses mains fraiches s'approprient mes cuisses nues et me font à nouveau frissonner.

- Merci, lui dis-je pour la énième fois. Je ne m'y attendais pas du tout.

- C'est le but d'une surprise, rit doucement Adam en se redressant pour s'asseoir.

Il retire sa veste et la pose à côté de lui avant de me serrer dans ses bras. Ça fait un bien fou.

On ne se voit que très peu en tête à tête. La semaine, il y a les cours, et je ne peux pas passer tous mes weekends chez lui. Mes parents se posent déjà beaucoup trop de questions. Mais ça fait maintenant presque deux mois que ça fonctionne très bien nous deux, alors on continue ainsi. On se parle énormément par téléphone, je passe le voir quelques heures pendant le weekend lorsque je ne peux pas passer la nuit chez lui et là pour une fois, c'est lui qui est venu sans même que je lui demande. Et j'en suis plus qu'heureuse.

- Tu vas passer la journée avec ta famille et tu vas faire la fête avec tes amis ce soir, alors c'est le seul moment de la journée​ où je pouvais te voir, avoue-t-il après de longues minutes de silence.

Je m'empare de son visage à deux mains et lui souris amoureusement.

- Tu sais que je t'aime ?

Il hoche la tête en souriant et m'embrasse langoureusement. Une de ses mains maintien ma nuque et l'autre entoure ma taille pour que je ne m'écarte pas de lui. Ce n'était pas mon intention. Il est là, je compte bien en profiter autant que possible.

Alors que ce désir et cette attraction augmente de plus en plus entre nous, Adam interrompt le baiser. Sous mon regard empli d'incompréhension, il me répond avec un sourire lascif :

- J'ai très envie de toi mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de faire ça ici.

Je rougis alors instantanément en me rappelant que nous sommes dans ma chambre et non dans la sienne. Déjà que si mon frère ou mes parents apprennent que quelqu'un est ici, je ne donne pas cher de sa peau, alors si en plus on se fait surprendre en train de faire l'amour... Un véritable cauchemar !

- C'est très difficile de te résister tu sais, m'apprend Adam en détaillant ma tenue, qui ne comporte qu'un tee-shirt large.

Je descends de ses genoux et m'installe sur mon lit en tailleur, face à lui.

- C'est valable pour toi aussi !

Il s'esclaffe et dépose un baiser sur ma joue.

- On rattrapera ça la semaine prochaine ! En attendant...

Il se tourne pour chercher quelque chose dans sa veste qu'il a posé et me tend un petit paquet cadeau emballé d'un joli papier doré et entouré d'un ruban rouge.

- J'espère que ça te plaira, dit-il stressé. Je n'ai jamais vraiment acheté de cadeau pour personne alors j'espère que... Que tu aimeras.

Je me retiens de rire en le voyant en panique ; je ne voudrais pas qu'il disparaisse aussi rapidement qu'il est arrivé. Et puis cette attention me touche énormément. Je ne m'y attendais pas du tout. Ni à se présence ici, ni à la rose, ni à ce cadeau. Beaucoup de surprises ce soir !

Je le remercie en m'emparant du paquet.

- Je me suis toujours contenté de donner de l'argent à Stef et des fleurs à ma mère alors j'espère que...

- Adam, le coupé-je en riant.

- Ouais désolé.

Je ne le torture pas plus longtemps et retire le ruban puis l'emballage et découvre un boitier blanc. Je l'ouvre et admire une fine chaîne en argent avec le signe de l'infini en pendentif. Je m'en empare et le retire de la boîte que je pose près de moi pour mieux l'observer. Ce collier est magnifique. Et tellement symbolique. J'en reste bouche bée.

- Tu aimes ? Je peux aller le changer si tu veux, il n'y a pas de problème, tu sais. Je ne t'en voudrai pas.

Je lève la tête et remarque sa mine décomposée. C'est vrai que ça fait plusieurs secondes que je ne dis rien alors il doit encore plus paniquer. Je mets un terme à sa souffrance et me précipite dans ses bras.

- Je l'adore. Et je t'adore, lui murmuré-je à l'oreille.

- Vraiment ?

Je croise son regard et lui souris en hochant la tête, ce qui lui vaut un long soupir de soulagement.

- Il est sublime.

Puis je lui tends et lui demande de me le mettre en me tournant dos à lui. Lorsque c'est fait, je me dirige vers mon miroir pour regarder le bijou.

- Tu as très bien choisi Adam. Merci beaucoup.

Je vois à son visage qu'il est rassuré et je ne perds pas une seconde pour lui sauter à nouveau dans les bras.

- Tu es trop mignon quand tu es stressé, ris-je.

- Ce n'est pas drôle, je ne sais pas offrir de cadeau.

- Eh bien maintenant, tu ne pourras plus dire ça, lui fis-je remarquer en m'adossant à la tête du lit.

Il m'offre un adorable sourire qui me fait fondre et sa panique a totalement disparu. Il est serein et redevenu lui même.

- Tu restes un peu, hein ?

En réponse, il retire ses chaussures et soulève la couverture pour s'installer près de moi. Je me blottis contre lui avec hâte.

- Je ne comptais pas m'en aller tout de suite, avoue-t-il en déposant un baiser sur le sommet de ma tête.

- Tant mieux.

Nous discutons alors pendant de longues heures et je fais abstraction de la fatigue qui s'immisce tout doucement en moi. Je veux profiter d'Adam au maximum avant qu'il ne s'en aille. Ce n'est que vers six heure qu'il repasse par la fenêtre et que sa silhouette disparait à l'angle de la rue.

J'ai tellement hâte d'avoir mon bac et de pouvoir révéler notre relation au grand jour. Ça fait un mois que sa mère sait pour nous deux et Adam se sent beaucoup mieux désormais. Elle l'appelle souvent et il lui répond à chaque fois, il accepte même de discuter avec elle et je l'ai même surpris à rire la semaine dernière. Ce changement est plus qu'appréciable et j'en suis heureuse. Même si une part de moi est jalouse ; sa mère sait, pas la mienne. Lui, peut en parler, moi non. Je n'aime pas lui mentir de la sorte, mais je n'ai pas le choix. Je le dois pour Adam.

***

- Joyeux anniversaire ! hurle Thomas en sautant sur mon lit avec entrain.

Alors que je suis encore sous la couette, bien entendu. Et endormie, à la base. Heureusement qu'Adam est parti !

- Dégage...

- Je viens souhaiter un bon anniversaire à ma petite sœur et je me fais rembarrer comme ça ? s'exclame-t-il faussement indigné. Dois-je te rappeler qui m'a fait subir la même chose l'année dernière ?

- Moi je l'avais fait alors qu'il était presque midi. Il est huit heure du matin, abruti ! m'écrié-je en voyant l'heure sur mon téléphone.

Je me retiens de mentionner que ça fait à peine deux heures que je me suis endormie.

- Oui mais je dormais aussi, alors c'est la même chose.

Je tente vainement de le pousser afin de le faire tomber de mon lit sur lequel il vient de s'allonger, mais ça ne sert à rien. Je n'ai aucune force comparé à lui. Surtout un samedi matin. Surtout avec deux petites heures de sommeil.

- Ne me dis pas que tu as mis ton réveil juste pour ça ?

- Si. D'ailleurs​, je vais terminer ma nuit, si tu le veux bien.

- Fais ce que tu veux, soupiré-je en me tournant dos à lui.

Je n'ai le temps de fermer les yeux que pendant une poignée de secondes puisque mon téléphone se met à vibrer sur ma table de nuit. Je soupire mais ne réponds pas pour autant. Celui ou celle qui veut me joindre parlera à ma messagerie.

- Allô ?

Je me redresse vivement en comprenant que mon frère vient de répondre à ma place.

- Donne moi ça !

- Ouais elle est là. Elle dort, continue Thomas.

Soudain, je me mets à paniquer. Et si c'était Adam ? Même s'il a passé la nuit ici, je ne peux m'empêcher d'angoisser. J'arrache alors mon portable de la main de mon frère et regarde l'écran.

Je retiens un soupir de soulagement ; ce n'est que Stefan.

- Oui ?

- Bon anniversaire !

- Merci, réponds-je en souriant.

- Lui a droit à des remerciements et moi tu me lâches un vulgaire « dégage » ? Je te rappelle que je suis ton frère ? s'insurge Thomas.

Je balance mon oreiller sur son visage alors que mon meilleur ami est mort de rire.

- Tu es déjà réveillé ?

- Adam est en train de passer l'aspirateur ! grogne Stef.

Je m'esclaffe tout en pensant qu'il n'a pas dû aller se coucher en rentrant tout à l'heure. Mon oreiller me revient ensuite de plein fouet et je me le prends dans la tête.

- Je viens à quelle heure ? me questionne mon ami.

- Quand tu veux. Aïe !

Je frappe mon frère qui vient de me donner un coup de pied dans l'intention de me faire tomber par terre.

- J'arrive alors !

- Non je...

Il vient de me raccrocher au nez. Je n'y crois pas ! Et quand est-ce que j'aurai le droit de dormir ? Je soupire en me laissant tomber en arrière, les paupières closes. Mon petit ami, mon frère, mon meilleur ami ; ils se sont donnés le mot ou quoi ? Même si le premier des trois était loin de me déranger, les deux autres auraient pu patienter quelques heures.

- C'est quoi ça ? demande Thomas.

- Quoi ?

Je sens ses doigts sur mon collier et mon cœur se met à battre la chamade.

- C'est nouveau ? Je t'ai jamais vue le porter.

- C'est un cadeau, avoué-je.

- De ?

- Stefan.

- Tu ne l'avais pas quand tu es rentrée de cours hier, me fait-il remarquer.

Je dis la première chose qui me passe par la tête.

- Il m'avait interdit de l'ouvrir. J'ai regardé hier soir seulement.

Il plisse les yeux, pas très convaincu.

- Ça ressemble pas à un truc d'amitié, ça.

- Qu'est-ce que tu y connais toi ?

- J'ai offert un bracelet à Élise le mois dernier. Avec le même symbole.

Je me force à rire pour tenter de ne pas me trahir.

- Tu mènes une enquête, Sherlock ?

- T'as un copain ? lance-t-il sans hésiter en se redressant sur son coude.

- Oui.

- Comment il s'appelle ? Il habite où ? Il a quel âge ? Il est dans ton lycée ?

Son âge fait parti des premières questions qu'il m'a posé. Je dissimule ma crainte et éclate de rire en le poussant.

- C'était une blague ! Demande à Stefan, c'est lui qui me l'a offert.

- Je lui demanderai, dit-il en se levant.

Au même moment, la porte de ma chambre s'ouvre sur mon meilleur ami. Je me redresse vivement lorsque mon frère lui serre la main.

- Alors ? Qu'est-ce que tu as offert à ma sœur pour son anniversaire ? attaque Thomas d'emblée.

Je croise le regard de mon ami et lui montre mon cou en priant pour qu'il comprenne.

- Un collier, répond-il immédiatement. Elle ne te l'a pas montré ?

Mon frère me regarde en fronçant les sourcils et quitte la pièce. Il ne me croit pas, mais peu importe. Je le persuaderai plus tard.

Stefan s'affale sur mon lit à la place de mon frère et regarde son cadeau.

- J'ai de bons goûts quand même !

- Très bons, même ! Merci.

Il a la même mine déconfite que mon frère et tourne la tête dans tous les sens pour observer ma chambre, avant de s'emparer de l'emballage du cadeau qui est toujours sur ma table de nuit.

- Il est venu quand ?

Je pince les lèvres et ne réponds pas.

- Cette nuit ? C'est pour ça qu'il est parti hier soir ? Il est venu ?

Je hoche la tête en souriant. Oui, il était là pour mon anniversaire. Pour mes dix-huit ans. J'ai enfin dix-huit ans et je suis enfin majeure. Il ne reste plus que mon bac à avoir et tout sera parfait.

- Dis-moi que vous n'avez rien fait dans ce lit où je suis couché. Je t'en prie.

- Tu peux dormir, ne t'inquiète pas, ris-je en me couchant à côté de lui. On a juste discuté, promis.

- Tant mieux ! Une petite sieste, ça te dit ?

- Évidemment !

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