Chapitre 17 : Anabelle.

Mon meilleur ami est parti il y a maintenant deux jours. J'ai regardé sa voiture s'éloigner pour disparaître au coin de la rue. Lorsque le véhicule n'était plus visible, je suis rentrée dans la maison, la tête baissée.

Je n'ai pas pleuré. J'ai souri et lui ai souhaité un bon voyage en le serrant fort dans les bras. Pas une seule larme.

Enfin... Ça c'était jusqu'à ce qu'Adam passe ses bras autour de ma taille pour m'attirer contre lui ! À cet instant j'ai éclaté en sanglots bruyants et incontrôlés. Mon petit-ami​ s'est contenté d'attendre, en caressant mon dos d'une main et mes cheveux de l'autre.

J'ai réussi à me calmer après une bonne demie heure de pleurs et je devais vraiment avoir une tête à faire peur. Adam m'a alors apporté un café, et je l'ai bu sur le canapé, blottie contre lui. J'ai même fini par m'endormir dans ses bras.

J'ai été amorphe toute la journée et heureusement, j'ai désormais l'autorisation de dormir chez Adam donc j'ai pu passer la nuit dans ses bras.

Mes parents ont rencontré mon petit-ami il y a maintenant un mois. Si la rencontre était désastreuse et le dîner du lendemain légèrement tendu, la tension a beaucoup diminué. Mon père discute désormais plutôt bien avec lui, et ma mère reste un peu froide, mais elle fait tout de même quelques efforts.

Adam a même été autorisé à passer la nuit à la maison, la semaine dernière. C'était d'ailleurs la première nuit que nous passions ensemble depuis l'obtention de mon bac. Autant dire que nous étions aussi frustré l'un que l'autre ; il était hors de question de faire quoique ce soit avec mes parents dans la chambre d'en face.

Mais ça fait maintenant trois jours que je suis chez Adam. Mes parents sont partis en vacances, juste tous les deux, pendant deux semaines. Aussi, ayant enfin compris qui était quelqu'un de bien, ils m'ont laissé rester chez Adam.

Mon frère, quant à lui, ne me parle toujours pas et ça me manque terriblement. J'ai essayé de renouer avec lui malgré ma colère, mais il m'a envoyée​ balader. Cette distance me fait mal.

- Qu'est-ce que tu fais ? me questionne Adam en s'installant près de moi dans le jardin.

- Rien, réponds-je en posant mon téléphone sur la chaise longue où je suis allongée. On va se baigner ?

Il a fait installer une piscine en bois au début du mois et c'était une excellente idée vu la chaleur qu'il fait cet été ! Ce n'est pas très grand mais bien assez pour nous deux et pour se rafraîchir. Stefan a d'ailleurs été dégouté de devoir partir maintenant. Ce n'est certainement pas dans son petit appartement parisien qu'il va pouvoir mettre une piscine !

Je me lève et grimpe sur l'échelle pour me laisser glisser dans l'eau. Lorsque je tourne la tête vers Adam, je le vois reposer mon portable. Il retire ensuite son tee-shirt et vient me rejoindre.

- Il ne te répond toujours pas ?

Je secoue négativement la tête.

- J'ai appelé Élise hier, sa copine, et elle m'a dit qu'il était toujours en colère.

- Il finira par comprendre, soupire Adam, lui aussi agacé par l'attitude de mon frère.

- Oui mais quand ?

- Bientôt j'espère, affirme-t-il en posant ses deux mains sur mes joues. Tu es trop triste ces derniers temps et je n'aime pas ça du tout.

C'est vrai que ça commence à faire beaucoup. Mon meilleur ami est parti il y a deux jours et mon frère ne m'adresse plus la parole depuis un mois. Heureusement qu'Adam ne me fait pas la gueule ! Je serais en pleine dépression.

Alors qu'il se penche vers moi pour m'embrasser, je le pousse brusquement et il tombe à la renverse. Lorsqu'il émerge la tête de l'eau, j'explose de rire devant son air ahuri. Il ne met pas longtemps pour décider à se venger et je finis moi aussi la tête sous l'eau.

Nous passons donc l'après-midi dans son jardin, alternant entre piscine et transats, et toujours aucun signe de vie de mon frère.

***

Le lendemain, je passe l'après-midi avec Lisa et Malaury, cette dernière étant fraîchement célibataire. C'est à croire que Théo aime bien passer ses vacances d'été seul et sans copine ! Lui qui m'avait certifié que c'était sérieux entre eux, il y a quelques mois...

Lisa, elle, est toujours folle amoureuse de Léo et ne fait que de nous parler de lui. Et forcément, parler de lui nous amène toujours à parler de son meilleur ami.

- Adrien est toujours célibataire lui aussi, m'apprend-elle en sortant du cinéma.

- C'est dommage pour lui, réponds-je en lui souriant avec hypocrisie.

- Tu es sûre que...

- Honnêtement, je pense qu'il a déjà tourné la page depuis longtemps. Et si ce n'est pas fait, c'est qu'il ne comprend vraiment rien. Il n'était pas amoureux, je peux vous le garantir.

- Ouais mais c'est triste quand même, bougonne Lisa.

- En quoi c'est triste ? C'est moi qui suis triste ! s'insurge Malaury. C'est moi qu'on vient de larguer, je te rappelle.

- Tu soutiens​ Ana dans son célibat, se moque la blonde.

Mes joues prennent deux teintes de rouge et je ne dis rien, les laissant argumenter sur mon « célibat qui dure depuis bien trop longtemps », selon elles. Lorsque nous arrivons au centre commercial, elles ont établi une liste de garçons avec lesquels je pourrais être. Bien entendu, elles ne savent rien de mon histoire avec Adam. En fait, personne ne sait. Hormis sa mère, son frère, Théo, Émilie et ma famille.

Nous nous installons à une terrasse du centre commercial où nous commandons à manger. La chaleur étouffante ne me fait pas hésiter et je prends une coupe de glace. J'écoute les filles d'une oreille distraite lorsque mon téléphone vibre dans mon sac à main.

Adam : Tu rentres à quelle heure ?

Cette question me fait sourire. Je tape rapidement une réponse.

Moi : Aucune idée. Pourquoi ? Je te manque déjà ?

Adam : Non c'est juste que je ne suis pas à la maison. Tu sais où sont les clés si je ne suis pas encore rentré.

Dans le jardin, accrochées à l'intérieur du parasol.

Un second message arrive tout de suite après.

Adam : Et tu me manques aussi, bien sûr !

- C'est qui ?

Je lève immédiatement la tête lorsque je comprends que c'est à moi qu'on pose la question. Le regard suspicieux des deux filles est braqué sur moi.

- Stefan.

- Menteuse, m'accuse Lisa. Tu ne souris pas comme ça quand tu lui parles.

- Parce que tu connais mon sourire qui veut dire « Je parle avec Stefan » ? Il ressemble à quoi ? me moqué-je.

- Pas à ça.

- On s'en fiche, intervient Malaury. Tu viens à l'anniversaire de Léo la semaine prochaine ?

Merci pour la diversion ! J'en avais bien besoin.

- Oui je pense.

Ça me fait penser que je n'en ai pas encore parlé à Adam. Il faudra que je le prévienne tout de même.

- Cool ! Je te présenterai Lucas alors, décrète Lisa.

- Non merci, soupiré-je.

- Tu connais le cousin de Léo ?

Mon regard alterne entre les deux filles et mon téléphone vibre à nouveau. Je le range dans mon sac sans regarder qui vient de m'envoyer un message et réponds que je ne connais pas ce Lucas.

- Alors pourquoi tu dis non ? Il est super mignon en plus.

- Pourquoi vous voulez à tout pris que je trouve quelqu'un ? m'exclamé-je.

Le serveur dépose nos commandes et la brune me dit que je suis seule depuis plus d'un an. C'est elle qui me fait ce reproche ? C'est elle qui est quand même responsable de la rupture avec Théo puisqu'il m'a trompée avec elle. Ce que je ne regrette pas évidemment, étant donné que je suis avec Adam.

- Lucas est très gentil. Par contre il a trois ans de plus que nous.

Trois ans ? Quelle différence d'âge conséquente ! Je retiens mon sarcasme et leur dit que si elles continuent, je ne viendrai pas à cette soirée. Elles soupirent toutes les deux en me traitant de rabat-joie, pendant que je commence à faire une espèce de soupe avec le peu de glace qu'il me reste.

- Et Thomas ? Tu le trouves comment ? insiste Lisa.

- Impossible, répond Malaury. Elle ne peut pas sortir avec un mec qui a le même prénom que son frère !

- Elle lui trouvera un surnom.

- Non, c'est trop bizarre.

Elles continuent pendant cinq bonnes minutes. Et je finis par craquer, interrompant brutalement leur discussion.

- J'ai déjà quelqu'un !

- Quoi ? s'écrient-elle en chœur.

- Vous avez bien entendu.

La blonde ne me croit pas et pense que je dis ça seulement pour être débarrassée.

- C'est qui ? demande la brune. Il était au lycée ?

- Oui, mais on ne trainait pas avec lui.

Vérité ! Heureusement qu'on ne trainait pas avec lui.

- Depuis combien de temps ?

- Deux semaines.

Mensonge... Si je dis que ça fait un peu plus d'un mois, ça posera un problème lorsqu'elles connaitront son identité.

- Il s'appelle comment ?

- Adam.

Vérité ! J'espère seulement qu'elles ne connaissent pas son prénom.

- Il y avait un Adam au lycée ? s'étonne Lisa.

- Oui. Je vais payer, annoncé-je en fuyant.

Nous entrons de nouveau dans le centre commercial et les filles veulent me poser d'autres questions mais je garde ma bouche hermétiquement fermée. Elles finissent par comprendre et abandonnent.

Après être allées dans quatre magasins, Lisa a finalement trouvé le maillot de bain parfait pour ses vacances à la plage dans deux semaines. Épuisées, nous nous installons à une table au milieu du centre commercial. Nous parlons pendant quelques minutes de Stefan et de son départ lorsque j'aperçois un visage familier dans la file de personnes qui patientent pour acheter une boisson, un peu plus loin.

Oh mon Dieu... C'est lui. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Je lui avais dit que je devais venir ici, il n'aurait jamais dû y mettre les pieds. Je me tourne dos à lui et coupe la parole aux filles.

- On va se promener ?

- Je finis ma glace, annonce Lisa.

Cette fille passe son temps à manger ! Elle a englouti une énorme crêpe tout à l'heure mais elle n'était visiblement pas rassasiée. Lorsque je lui demande de la finir en route, elle refuse et reprend sa conversion.

Pendant ce temps-là​, je prie. Pourvu qu'il ne vienne pas par ici. Pourvu qu'il ne vienne pas par ici. Pourvu qu'il...

- Bonjour !

Je. Le. Maudis.

Il l'a fait exprès, c'est certain ! Je n'ose même plus relever la tête. Les filles paraissent surprises au premier abord mais se reprennent vite, contrairement à moi.

- Bonjour Monsieur ! On parlait justement de votre frère, sourit Malaury.

- Ah oui ? Je lui ai téléphoné tout à l'heure et il va très bien.

J'entends le sourire lorsqu'il parle ; il me nargue.

- Ça vous dérange si je m'installe quelques minutes ?

Je lui jette un regard noir et les filles secouent la tête. Monsieur s'assied donc. À côté de moi, puisque les filles sont toutes les deux face à moi.

- Qu'est-ce que vous faites en septembre ? les questionne-t-il.

Alors qu'il connait déjà la réponse ! Lisa redouble et Malaury va en fac de médecine. Comme moi. Il discute quelques minutes avec elles puis se tourne vers moi.

- Tu n'as pas répondu à mon message.

- Que... Quel message ? bafouillé-je.

- Le dernier que je t'ai envoyé. Celui où je te demandais ce que tu voulais manger ce soir.

Une lueur de défi éclaire son regard et je le fixe longuement sans pour autant répondre.

- J'allais faire quelques courses, tu as besoin de quelque chose en particulier ? À part ton jus de fruits infecte ?

Je secoue lentement la tête et il se met à rire doucement.

- Ok, on commandera une pizza alors. À tout à l'heure.

Il plante ensuite un baiser sur ma joue, salue les filles et disparait. Je remarque alors qu'il a laissé une petite bouteille fraîche sur la table. Du jus d'ananas. Il essaie vraiment de m'acheter ? Le traître.

- C'était quoi ça ?

Malaury a retrouvé la faculté de parler et résume cet échange en quelques mots.

- Il t'a fait un bisou ? Vous mangez ensemble ce soir ? Tu parlais​ avec lui par message tout à l'heure ?

Lorsque je les regarde, elles sont choquées. Perdues. Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, et ne comprennent​ rien, visiblement. Alors j'avoue tout.

- Oui il m'a fait un bisou, oui on mange ensemble ce soir, et oui je parlais avec lui par message. C'est avec lui que je sors depuis deux semaines. Et c'est pour cette raison que je ne veux pas que vous me présentiez Lucas, Thomas ou Yoann.

Elles n'en reviennent pas et le silence s'étire pendant quelques secondes. Ou minutes, durant lesquelles les filles me fixent simplement.

- Mais c'est ton prof ! s'exclame Lisa.

- Non, c'est le tien. Plus le mien.

Je subis ensuite un interrogatoire en bonne et due forme. Je me fais littéralement harcelée de questions, et à la fin de la journée, les filles se mettent à en plaisanter.

- Tu n'aurais pas pu sortir avec lui pendant les cours ? Tu lui aurais soutiré des réponses et j'aurais peut-être eu mon bac ! s'indigne Lisa.

Nous éclatons de rire et Malaury enchaîne :

- Stefan il en dit quoi ?

- Il est heureux pour nous.

- Ça ne le choque pas ?

- Il a été choqué quand je lui ai dis que j'avais des sentiments pour son frère mais il l'a très bien pris finalement.

- T'es amoureuse de lui ? comprend alors Lisa.

Je souris sincèrement et hoche la tête.

- Mais il est vieux, grimace-t-elle.

- Il n'a que vingt-six ans ! le défends-je.

- Ce n'est pas si vieux, contre Malaury. Et puis, tu as été la première à dire qu'il était ultra sexy à la rentrée.

- Il l'est, mais trop vieux pour moi.

- Ça tombe bien parce que c'est avec moi qu'il est, ris-je.

Avec moi et avec personne d'autre.

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