Chapitre 15 : Anabelle.
- Tu as parlé avec eux ?
- Pas vraiment. Quand tu es parti, je leur ai dit que je resterai avec toi quoiqu'il arrive et que je t'aimais. S'ils ne l'acceptent pas, tant pis. J'espère seulement qu'ils ne me demanderont pas de choisir entre toi ou eux.
Adam soupire dans le téléphone et me dit que lui non plus ne le souhaite pas. Je sais que mon père ne le fera pas, mais pour ce qui est de ma mère, j'ai tout de même un doute.
- Tu as parlé avec ton frère ?
- Non. Et je ne veux plus lui parler.
- Ana...
- Ce n'est pas discutable, le coupé-je. Tu n'as pas ton mot à dire là-dessus.
- Je me fiche qu'il m'ait frappé, soupire-t-il.
- Pas moi.
- Honnêtement, je m'y attendais. Il a eu raison de...
- Je te jure que je raccroche si on continue de parler de lui.
Il souffle, exaspéré. Je l'imagine parfaitement allongé sur son lit, se passer la main dans les cheveux. Il sait pourtant que je ne raccrocherai pas malgré cette menace. Ça fait bien trop longtemps que je ne lui ai pas parlé au téléphone.
- Je ne t'ai même pas remerciée pour ton cadeau d'anniversaire.
J'apprécie son changement de sujet. Je ne suis pas d'humeur à me disputer avec lui alors qu'on vient de se retrouver.
- Ce n'est pas grand chose, me justifié-je gênée. Je t'avais promis un cadeau aussi beau que le tien mais ce n'est même pas un vrai cadeau. Je suis désolée, Adam.
- Il me plait énormément. Je te remercie.
- Ce n'est qu'une photo.
- Une magnifique photo, rit-il. Je ne sais pas si tu l'as vue mais elle est sur ma table de nuit.
Oui je l'ai vue ce matin. Je m'en veux de lui avoir offert un cadeau comme celui là. Une simple photo. Mais je m'en voulais encore plus de ne rien lui donner. Toutefois, je le crois lorsqu'il me dit que qu'il apprécie, alors j'en suis heureuse.
- Tu ne l'as pas ouvert avant le jour de ton anniversaire, j'espère ?
- J'ai attendu minuit, m'assure-t-il en riant.
J'avais demandé à mon meilleur ami de lui donner ce cadeau et il l'avait fait. Stefan m'avait dit l'avoir déposé dans sa chambre lorsqu'il était encore en bas alors mon petit-ami l'a découvert en entrant dans sa chambre.
- Je suis contente alors.
- Moi aussi. Ça m'a fait très plaisir de recevoir quelque chose de ta part. Même si j'aurais préféré t'avoir toi, en personne.
J'éclate de rire. Moi aussi j'aurais aimé être avec lui. Je suis coupée dans mon élan puisque quelqu'un toque à ma porte. Je demande à Adam de patienter une seconde.
- Oui ?
Mon père apparait dans l'encadrement de la porte.
- Je peux entrer ?
Je hoche la tête après avoir dit à Adam que je le rappellerai. Je raccroche et pose mon téléphone. Mon père ferme la porte et vient s'asseoir sur le bord de mon lit où je suis installée. Je m'adosse à la tête de lit et remonte mes genoux contre ma poitrine.
- Je t'ai entendu parler avec Maman, avoué-je avant qu'il ne prenne la parole. Tu essayais de la convaincre de laisser une chance à Adam. Je te remercie.
- Je n'ai pas dit que je lui faisais confiance pour autant, ajoute-t-il prévenant.
- Mais tu essaies, pas vrai ?
- Oui.
- C'est quelqu'un de bien, Papa, lui assuré-je.
Il me sourit tendrement mais se reprend rapidement en m'annonçant qu'il souhaite me parler de quelque chose. Je fronce les sourcils.
- De quoi ?
- Je voulais te le demander tout à l'heure, mais pas devant ta mère.
- D'accord.
- Est-ce que tu te rappelles du jour où tu es rentrée à la maison, en pleurs ? Tu m'avais dit que tu venais d'interrompre une relation qui était impossible.
J'acquiesce lentement. Je sais où va nous mener cette discussion et je sais d'avance que je ne mentirai pas. J'espère de tout cœur que mon père comprendra.
- C'était d'Adam dont tu me parlais ?
- Oui.
- C'est à ce moment-là qu'il t'a promis de t'attendre ?
Je hoche la tête puis la baisse. Je ne supporte plus son regard inquisiteur et j'ai honte de lui avoir menti de la sorte.
- Alors pourquoi tu t'es mise dans cet état-là s'il t'avait promis de t'attendre ? Je ne comprends pas.
Je lève timidement les yeux vers lui et parle à voix basse.
- Je t'ai menti ce jour-là.
- Je sais. Tu m'as dit qu'il avait déjà quelqu'un et que tu avais préféré tout arrêter pour ne pas briser leur couple. Ce qui est faux, puisque tu n'étais pas avec lui et qu'il n'était pas en couple, pas vrai ?
Je mords nerveusement l'intérieur de ma joue, à tel point qu'un arrière goût métallique glisse le long de ma langue.
- Le seul mensonge était qu'il avait quelqu'un, avoué-je en espérant qu'il comprenne le sous-entendu.
Il plisse le front, un peu perdu.
- Tout le reste était vrai ?
J'acquiesce en le regardant dans les yeux.
- J'ai vraiment interrompu une relation qui était impossible, murmuré-je, les larmes aux yeux.
C'est le silence qui me répond en premier lieu, puis mon père prend la parole d'une voix hésitante.
- Tu es en train de me dire que... Que vous nous avez menti tout à l'heure ?
- Oui, mais seulement parce que je lui ai demandé de le faire, réponds-je.
- Donc vous avez été ensemble ?
- Oui.
Je lui parle ensuite de cette courte période où nous étions ensemble et mon père m'écoute attentivement, sans dire un mot. Je lui parle de Théo, de la mère d'Adam, de Stefan et d'Émilie. Et je termine en lui affirmant que sa promesse était vraie.
- J'ai décidé de tout arrêter lorsque j'ai su que la copine de Stefan était au courant. Comme je te l'ai dit le jour où je suis rentrée à la maison, j'ai rompu parce que je ne voulais pas le voir s'éloigner de moi. Et ça aurait été le cas si d'autres personnes avaient été au courant. Si quelqu'un l'avait dénoncé, il aurait été emmené de force loin de moi. Et je ne voulais pas. Alors je lui ai demandé de m'attendre et il m'a promis qu'il le ferait.
Mon père pince furieusement les lèvres et me regarde durement.
- Est-ce que tu te rends compte à quel point je suis déçu, Ana ? me dit-il après mon long monologue.
- C'est pas difficile à imaginer, rétorqué-je en essuyant une larme qui coule sur ma joue. Je suis tellement désolée, Papa. J'étais perdue, je ne savais pas quoi faire...
- Pourquoi tu ne m'as pas tout raconter depuis le début ?
- J'avais peur pour lui, peur de le perdre. Tu n'aurais jamais approuvé, et Maman encore moins.
- Parce que tu penses que je vais approuver, aujourd'hui ? En quoi ça change ce qu'il s'est passé ? Ce qu'il a fait est mal, il n'avait pas le droit.
- C'est moi la fautive ! contré-je. Je ne lui aurais pas menti sur mon âge au tout début, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais je ne regrette absolument rien et si c'était à refaire, je le referais sans hésiter.
Il soupire longuement et se passe les mains sur le visage.
- Tu sais que c'est très grave ce que tu me dis ?
- Évidemment, Papa. Pourquoi tu penses que je l'ai caché ?
- Tu aurais du m'en parler, déclare-t-il durement avant de soupirer longuement. Est-ce qu'il a usé de son influence sur toi ? Et je veux la vérité.
- Non ! m'exclamé-je. Je te jure qu'il ne l'a jamais fait. Tout ce qu'il faisait c'était répondre à mes questions sur certains points du cours. Rien d'autre. Ce qu'il t'a dit tout à l'heure était vrai, je te le promet.
Il hoche lentement la tête et je pense qu'il me croit. J'espère !
- Donc si je comprends bien, tu ne nous a jamais menti sur le fait que tu allais passer tes week-ends chez Stefan ?
Je secoue la tête de droite à gauche.
- Il n'était seulement pas là, la plupart du temps...
- Je devine alors qu'il n'y a pas eu qu'un baiser, comme il me l'a dit tout à l'heure, marmonne-t-il gêné.
Je sens mes joues chauffer, exactement comme cet après-midi lorsqu'il a demandé à Adam s'il avait couché avec moi. Ça ne pourrait pas être plus embarrassant ! Mais je n'ai pas d'autres choix que d'en passer par là. Aussi, je secoue à nouveau la tête.
- Il vient d'où ce collier ? me questionne-t-il soudainement, certainement pour aborder un sujet moins gênant pour nous deux.
Je me rends compte que mes doigts sont refermés sur le pendentif qu'Adam m'a offert. J'avais dit à mon père que c'était de la part de mon meilleur ami, mais il comprend alors que ce n'était qu'un énième mensonge.
- C'est de lui, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Sur quoi d'autre tu nous as menti ?
- Beaucoup de choses, je pense. Mais c'est quelqu'un de bien, Papa. Je n'aurais pas fait tout ça pour lui dans le cas contraire.
Il m'offre un sourire compatissant.
- Tu es amoureuse, ma chérie. Ce n'est pas la première fois et ça ne sera sans doute pas la dernière.
- Si, ce sera la dernière fois.
- Tu es jeune Ana...
- Mais je sais ce que je veux. C'est lui que je veux, c'est lui que j'aime et c'est avec lui que je veux être. Avec Adam. Je sais que je suis naïve, influençable ou je ne sais quoi d'autre mais je sais aussi qu'il est quelqu'un de bien et qu'il m'aime.
- Pourquoi pas quelqu'un de ton âge ? insiste-t-il.
- Je n'ai pas choisi d'être amoureuse de lui, réponds-je immédiatement. Mais je l'aime et je suis heureuse avec lui.
Il s'approche de moi et me prend dans ses bras.
- S'il te plait, ne m'interdis pas de le voir, le supplié-je.
- Si je le fais, tu obéiras ?
- Non.
Des soubresauts de son torse me font comprendre qu'il rit. Ça n'a rien de drôle. Me priver de voir et d'être avec l'homme que j'aime n'a rien d'hilarant.
- Je t'en prie, Papa. Ne m'oblige pas à choisir entre lui et vous. Tu dois lui laisser une chance. Je sais que nous t'avons menti, mais c'est lui qui a tenu à ce qu'on vienne aujourd'hui. Lorsque j'ai raccroché et que Thomas a rappelé, c'est lui qui a décroché, et c'est lui qui m'a forcée à venir à la maison pour vous parler. Moi je ne voulais pas.
Il se recule et pose ses mains sur mes joues.
- J'ai remarqué la façon dont il te regardait et dont il parlait de toi. J'ai vu qu'il ne faisait pas semblant de tenir à toi.
Sur le moment, j'ai envie de lui dire qu'Adam sait parfaitement comment faire passer un quelconque message à travers son regard. Il a su me montrer de la haine, de la rancœur, de l'indifférence et tant d'autres sentiments ! Mais je me tais, évidemment. Ça ne jouerait pas du tout en notre faveur.
- Et j'ai envie de lui faire confiance. Pour toi, seulement pour toi, Anabelle.
Mon sourire est automatique, instinctif.
- Le plus difficile dans cette histoire, c'est d'admettre que ma fille a grandi.
- Je ne suis plus une enfant, mais je suis toujours ta fille.
- J'espère bien. Et s'il te fait du mal, ce ne sera pas ton frère qui lui tombera dessus.
- Ça veut dire que tu acceptes ? comprends-je alors, un sourire indélébile sur les lèvres.
- Non.
Je me fige instantanément.
- Quoi ?
- Je vais essayer. J'ai confiance en toi, mais pas en lui. Pas encore.
- Merci Papa ! m'exclamé-je en me jetant à nouveau dans ses bras. Je t'aime.
- Je t'aime ma chérie. Et j'espère vraiment que tu ne me mentiras plus. Je te fais confiance Anabelle. Ne me le fais pas regretter.
- Je te le promet.
Il se lève quelques secondes plus tard en me promettant qu'il ne dira rien à ma mère. Il est déjà en train d'essayer de la convaincre de lui laisser une chance alors qu'elle ignore tout de la vérité, alors ce n'est pas le moment. Je le ferai peut-être. Un jour.
- Pour ton frère, je pense que je ne peux rien faire pour le moment. Il faut attendre qu'il se calme.
- Eh bien quand il sera calmé, il ira s'excuser auprès d'Adam.
- Tu sais comme moi qu'il ne le fera pas.
- Il le fera s'il veut que je lui adresse à nouveau la parole un jour.
- J'irai le voir, soupire-t-il en ouvrant la porte.
Je l'interrompt lorsqu'il passe la porte.
- Est-ce que je pourrai aller le voir demain ?
- Tu me demandes la permission ? demande-t-il ironiquement.
- Oui, souris-je.
- Tu ne me mentiras plus désormais ?
- Non.
- Alors tu peux aller le voir.
- Merci !
- Mais tu rentres pour le dîner, ajoute-t-il.
Je perds mon sourire.
- En fait, je voulais...
- Dormir chez lui ? complète mon père faussement amusé. Certainement pas, Anabelle. Et si tu veux que je lui fasse confiance, tu dois t'en tenir à ce que je te dis. On est d'accord ?
Je n'ai pas d'autre choix que d'accepter. Je ne souhaite pas du tout le pousser à bout alors je hoche la tête et le remercie à nouveau. C'est déjà mieux que ce que j'imaginais.
- Et invite-le à dîner demain soir.
- Quoi ? m'écrié-je en écarquillant les yeux de surprise.
- Tu veux que je lui fasse confiance, n'est-ce pas ? Pour ça, je dois apprendre à le connaitre alors invite-le à diner. Et ce n'est pas négociable.
Je n'ai pas le temps de rétorquer quoique ce soit, puisque mon père me souhaite une bonne nuit et referme la porte.
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