Chapitre 11 : Anabelle.

Cours, révisions, épreuves, attentes et enfin : résultats.

C'était long ! Adam m'a tellement manqué que c'en est insupportable. C'est moi qui ai mis un terme à notre relation, mais je n'avais pas le choix. C'est mieux ainsi. Bien plus sécurisant et rassurant.

Pour éviter de trop penser à lui, j'ai travaillé. Énormément chaque jour. Non seulement pour ôter Adam de ma tête mais aussi et surtout pour avoir mon bac.

Mes notes ont considérablement chuté à la rentrée mais j'ai remonté la pente et ma moyenne a repris quelques points. Mais maintenant que je suis loin de mon petit-ami, je me concentre exclusivement sur mes cours. Je suis sortie quelques fois avec Stefan, en évitant au maximum d'aller chez lui bien entendu, et j'ai vu Lisa et Mallory en dehors des cours quelques fois.

Ce changement d'attitude a beaucoup plu à ma mère. En effet, je ne sortais plus toutes les semaines, alors ça lui allait tout à fait ! D'avantage encore lorsque ma moyenne du dernier trimestre a pratiquement atteint dix-sept.

Mes révisions pour le bac se sont très bien passées et j'ai l'impression d'avoir réussi la plupart des épreuves. Mais je ne peux être sûre de rien avant d'avoir les résultats. Ce qui est certain, c'est que l'attente a été interminable. Je n'avais plus de révisions alors je ne pensais qu'à lui. Exclusivement à lui. À cent pourcent. Jour et nuit.

D'ailleurs, je n'ai pas pu dormir cette nuit. Mes yeux sont restés grands ouverts et j'ai attendu que mon réveil sonne. Je suis actuellement devant le lycée, dont les grilles sont fermées et je n'ai jamais stressé à ce point. Jamais de toute ma vie.

Si je ne vois pas mon nom sur cette liste, je sais que je ne le supporterai pas. Et Adam non plus. Il m'en voudra et ne voudra plus de moi. Il m'a promis de m'attendre, mais seulement jusqu'au trois juillet. Jusqu'à aujourd'hui. Pas plus. Alors je n'ai pas le choix, je dois avoir mon bac.

- Arrête ! s'exclame Stefan alors que je tourne en rond devant lui.

- J'ai peur.

- C'est complètement con ! Tu l'as ton bac, c'est sûr.

- Et si je me suis entièrement plantée ?

- Impossible, rétorque-t-il sans hésitation.

- Oui mais...

- Ferme-là, Ana, me coupe-t-il brutalement. T'es vraiment chiante.

Je soupire et croise les bras sur ma poitrine. Je suis consciente que je suis exaspérante, mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi.

Il se relève du banc où il est installé et vient me prendre dans ses bras en s'excusant. Il sait à quel point c'est difficile pour moi depuis quelques jours.

- Dans une demi-heure, tu verras ton nom sur cette liste, et tu pourras enfin être heureuse avec lui.

Il pose ses deux mains sur mon visage et me fixe sérieusement.

- Et moi, je pourrais enfin souffler et ne plus avoir deux adolescents insupportables​ sur le dos.

J'explose de rire en imaginant tout de suite Adam agir comme je le fais depuis trois mois. Si c'est le cas, mon meilleur ami doit sérieusement péter un câble !

- Coucou, nous salue Émilie en arrivant près de nous.

Elle embrasse son copain et me fait la bise.

- Tu es prête ?

- Surtout impatiente, lui souris-je.

Tout se passe bien avec Émilie depuis que j'ai quitté Adam. J'ai beaucoup parlé avec elle, et elle comprend ce qu'il se passe. Stefan lui a expliqué beaucoup de choses, et je suis consciente sur le fait que jamais elle n'aurait dénoncé Adam mais c'est mieux ainsi. De cette façon, il ne risque plus rien, c'est certain. Et aujourd'hui, on pourra enfin se retrouver. Aujourd'hui, tout rentrera dans l'ordre.

Plus les minutes passent, plus l'angoisse monte en moi. Cette tension est insoutenable. J'écoute de moins en moins les conversations autour de moi, de plus en plus d'élèves s'aglutinent autour de nous alors que je fixe obstinément le panneau où seront affichés les résultats.

- Tu es sûr qu'il n'a pas vu les noms ? demandé-je encore une fois à mon meilleur ami.

- Certain ! Il était autant sur les nerfs que toi, Ana, murmure-t-il en se penchant vers moi. Je te jure qu'il ne savait rien en partant ce matin. Par contre, il doit être au courant en ce moment.

J'ouvre de grands yeux et lui ordonne de lui envoyer un message, mais il ne le fait pas bien entendu.

Une dizaine de minutes plus tard, le proviseur et son adjoint font leur apparition, une énorme pancarte entre leurs mains. Mes doigts trouvent instinctivement ceux de Stefan et je lui broie les siens. Mon cœur bat à tout rompre et mon souffle commence à se raréfier. Je n'entends même pas mon ami qui semble me parler et fixe toujours ce panneau que les deux hommes sont en train d'installer. Je lâche alors la main de Stefan et suis la foule d'élèves qui s'amasse pour passer la grille, désormais ouverte et se précipiter vers le panneau.

Mon nom de famille commençant par une des dernières lettres de l'alphabet, je me dirige vers l'extrémité droite du panneau. Très vite, des élans de joie se font entendre. Des filles hurlent, pleurent, se sautent dans les bras les uns les autres. Je me fraye un chemin tant bien que mal, slalome difficilement parmi tout ce monde et lorsque je parviens enfin à arriver devant cette liste, je ne suis même pas capable de comprendre le sens des mots inscrits. Les lettres se mêlent et s'entremêlent. Je ne trouve pas mon nom de famille. Je ne le trouve pas ! C'est normal ? Non ! Je ne le trouve pas. Pourquoi ?

J'inspire longuement, ferme les paupières avec force, expire lentement, et me concentre. J'ouvre les yeux, et lis ces noms, un par un. Viro, Vuldi, Wagna, Wando, Walladi, Willer. C'est bon ! Je l'ai trouvé. Enfin ! Je suis la ligne où se trouve mon nom en tentant de maitriser ces tremblements dans ma main.

WILLER ANABELLE - ADMISE - MENTION TRÈS BIEN

Admise.

Admise.

Je suis admise.

J'ai mon bac.

C'est terminé !

Des larmes de joie coulent sur mes joues, sans retenue. Et je relis cette ligne pour être certaine de ce que j'ai vu, jusqu'à ce que ma vue soit tellement brouillée que je ne vois plus rien. Je me détourne alors, fuis cette foule et cherche Stefan. Il faut que je le vois. Je dois impérativement lui dire. Il faut qu'il sache.

C'est lui qui me repère. Je ne vois plus rien mais je sens ses mains sur mes joues. Il essuie mes larmes avec empressement. Je cligne rapidement des yeux et le regarde enfin. Il est inquiet, plus que jamais.

- Ana parle moi.

Je n'y arrive pas alors je souris et hoche vivement la tête. Mon meilleur ami soupire de soulagement et je me jette dans ses bras. Il encercle ma taille et me fait tourner dans les airs. Je ris aux éclats, tellement soulagée et pleure abondamment. Je me sens libérée d'un poids énorme.

Lorsqu'il me relâche, il me félicite.

- Je savais que tu l'aurais.

- Et toi ? lui demandé-je.

- Moi aussi ! s'exclame-t-il fièrement.

- Je fière de toi, lui souris-je.

Nous sommes interrompu par Émilie qui hurle et saute dans les bras de son copain et de l'autre côté, Lisa fait la tête. Quelque chose me dit qu'elle ne l'a pas.

- Rattrapage, marmonne-t-elle avant de me serrer dans ses bras et de me féliciter.

Une fois tous les câlins terminés, ainsi que les remerciements et les félicitations, je m'éloigne de cette masse d'élèves pour être une peu au calme et reprendre mes esprits. Je me laisse glisser au sol et regarde l'écran de mon téléphone. Est-ce que je dois lui envoyer un message pour le prévenir ou est-il déjà au courant ? J'ignore ce que je dois faire, mais pour le moment je téléphone à mon père et lui annonce la nouvelle. Il est avec ma mère alors tous deux sont au courant. J'appelle ensuite mon frère, ce qui le réveille, mais je suis pardonnée apparemment. Parce que c'était pour une bonne raison. Il m'annonce alors qu'on devra fêter ça. Mais ce ne sera pas pour ce soir. Ce soir, je rejoins l'homme que j'aime. Ce soir, tout rentre dans l'ordre.

***

Lorsque je rentre chez moi, ma famille m'accueille dans un élan de joie et à l'heure du déjeuner, mon père nous invite tous au restaurant. Mon frère insiste pendant tout le repas pour m'emmener en boîte ce soir. Il ne l'a jamais fait, mais maintenant que je suis majeure, j'ai tout à fait le droit, c'est vrai.

- Je n'ai pas envie Thomas.

- Tu as d'autres plans ?

Je hoche la tête.

- Elle sort avec Stefan et ses amis, annonce ma mère.

Une fois de plus, ce mensonge me fait culpabiliser, mais je me dis que tout sera bientôt terminé. C'est encore trop tôt pour tout dévoiler ; j'ai terminé le lycée depuis seulement quelques heures, alors je préfère patienter, et mentir. Juste encore quelques semaines.

- Ah ouais ? Vous allez où ? s'intéresse mon frère.

- J'en ai aucune idée. On verra ça tout à l'heure, je suppose.

- Tu m'enverras un message et je te rejoindrai, décrète-t-il.

Je lui jette un morceau de pain en riant et en ayant l'air décontractée alors que je suis angoissée à l'extrême.

- Tu n'as rien à faire de mieux que de me fliquer ?

- Laisse ta sœur tranquille, me défend ma mère. Elle a énormément travaillé ces derniers mois, elle mérite une soirée seule, tu ne crois pas ?

Je remercie ma mère et tire la langue à Thomas de façon puérile.

- Tu comptes rentrer vers quelle heure ? me questionne mon père.

- En fait... hésité-je. Je... Je voudrais dormir chez Stefan.

Si Adam accepte, bien entendu.

- D'accord, mais tu fais attention. Pas d'alcool pour celui qui conduit. Et pas trop pour toi, ajoute mon géniteur en grimaçant.

Lorsque nous terminons de manger, mon frère part rejoindre Élise et ma mère retourne travailler. Je rentre donc à la maison avec mon père, mais il ne reste que très peu de temps puisque lui aussi doit partir à son bureau.

Je suis donc seule, chez moi. Seule avec mes pensées. Seule avec mes questions.

Je ne sais pas si Adam est déjà rentré chez lui, je ne sais pas combien de temps il est censé rester au lycée pour le jour des résultats. Il ne m'a rien dit. Ce qui est normal d'ailleurs, puisqu'on ne se parle plus, sauf exception pour ce qui est du cadre professionnel. Et ça me manque cruellement. Il me manque. Ses câlins, ses baisers, ses sourires, sa voix... Tout de lui me manque. J'ai tellement hâte de le retrouver et de me blottir contre lui. De lui dire que je l'aime.

Arrivée dans ma chambre, je me poste devant ma penderie et regarde attentivement ce que je pourrais porter ce soir, lorsque je le rejoindrai. Je me déshabille et essaie plusieurs tenues. Au moins six ou sept différentes. Si ce n'est plus. Mais à chaque fois, quelque chose ne va pas. Je veux que ce soit parfait mais je ne sais pas quoi porter. Pas même lorsque l'heure sur mon téléphone affiche dix-sept heure.

Je me dépêche de prendre une douche et hésite encore de longues minutes, avant de me décider - enfin - et de m'habiller rapidement.

Je pense arriver chez Adam vers dix-neuf heure. J'imagine que ça ira, non ? Ou peut-être dois-je arriver plus tard, ou plus tôt. Je l'ignore totalement ! C'est quoi le mode d'emploi pour un premier rendez-vous qui n'est pas exactement le premier, ni même un rendez-vous ? Qui plus est, avec un homme que j'ai quitté trois mois plus tôt avec une promesse en guise de retrouvailles.

Je sais, d'après mon meilleur ami, que son frère le questionne quelques fois à mon propos et qu'il tient toujours à moi. Je sais qu'il m'a attendu, j'ai confiance en lui, mais une​ crainte venue de je ne sais où subsiste encore et toujours.

Mon téléphone me sort subitement de mes pensées et je l'attrape pour voir le nom de celui qui veut me joindre. Pendant une seconde, je me dis que c'est Adam mais c'est le prénom de son frère qui s'affiche.

- Allô ?

- L'ours est dans sa tanière. Je répète : l'ours est dans sa tanière, annonce-t-il en chuchotant dans le combiné.

- Quoi ? m'exclamé-je en riant.

- T'es nulle en décodage ! grogne-t-il.

- Et en clair, ça donne quoi ?

- Adam vient de rentrer.

Mon souffle se bloque subitement.

- Et moi je ne vais pas tarder à déserter. Ne t'inquiète pas, je vous laisse le champ libre, dit-il amusé.

J'avance jusqu'au miroir et me regarde. J'espère que ça va lui plaire. Ma main libre s'empare immédiatement du pendentif de mon collier et je le serre au creux de ma paume. Ces derniers temps, ce geste est devenu un réflexe, une sorte de moyen de me rassurer, me réconforter. Quelque chose qui me ramène à lui.

- Ana ? m'interrompt mon ami.

- Oui, pardon. Merci Stefan.

- De rien. Bonne soirée, Ana.

J'entends son sourire dans sa voix.

- Je suis sincèrement heureux pour vous deux.

- Et moi pour toi et Émilie, souris-je. Bonne soirée. Je t'aime.

- Va dire ça à mon frère, s'esclaffe-t-il.

C'est ce que je vais faire, très bientôt. Je patiente seulement quelques minutes, le temps que mon meilleur ami parte et qu'Adam s'installe chez lui. Je raccroche, pose mon téléphone sur mon lit, et me laisse tomber sur mon matelas. Je me repose seulement quelques minutes avant de partir. J'en ai cruellement besoin. Je n'ai pas dormi une seule minute cette nuit et je suis épuisée. J'espère que cette soirée se passera bien. J'espère que je retrouverai le Adam que j'ai laissé il y a un peu plus de trois mois. Celui que j'aime.

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