Chapitre 1 : Anabelle.
Je n'ai jamais été aussi heureuse qu'en ce moment. Je sors à nouveau avec Adam et il est même parvenu à m'avouer la semaine dernière qu'il m'aimait, après m'avoir raconté son passé chaotique avec Cassandre. J'avais attendu ce moment depuis tellement longtemps, j'avais imaginé ces mots sortir de sa bouche tellement de fois que je n'en reviens toujours pas. Par contre, je ne parviens pas à digérer ce qu'elle lui a fait. Comment a-t-elle pu souhaiter le détruire de la sorte ? Elle l'aurait laissé pourrir en prison pour ne pas affronter ses parents elle-même. Quelle lâcheté !
Je conçois que le souhait de ses parents était injustifié. C'est sa vie à elle, elle en fait ce qu'elle veut. Mais ce qui est d'autant plus injuste, c'est la façon dont elle a menti pour se préserver. C'est impensable et totalement déroutant. Jamais je n'aurais été capable de telles choses et ça ne m'a d'ailleurs jamais traversé l'esprit malgré toutes les méchancetés qu'Adam m'a balancé. Même s'il avait fait pire, je n'aurais jamais agi de la sorte. Que ce soit lui où n'importe qui d'autre d'ailleurs. Cassandre n'a aucune morale, aucune conscience. Elle est beaucoup trop égoïste et égocentrique pour s'intéresser aux autres.
- Tu sais, je n'arrive toujours pas à m'y faire, m'avoue Stefan en soupirant.
- Moi non plus.
- C'est tellement bizarre de vous voir ensemble ! Adam est si froid et individualiste que j'ai du mal à l'imaginer en couple. Et avec ma meilleure amie en plus ! Qui est ma belle-soeur maintenant.
J'éclate de rire sans retenue.
- Il n'est plus le même depuis que vous êtes ensemble, m'apprend Stefan. Et toi non plus.
Je ne sais quoi lui répondre alors je lui souris simplement.
- Quand j'ai appris pour vous deux, je l'ai vraiment mal pris. Mais maintenant, je comprends. Vous êtes fous amoureux c'est flagrant, et vous êtes heureux autant l'un que l'autre, alors je ne peux qu'approuver votre relation.
- Quel relation ?
Je lève la tête pour voir d'où provient cette voix et je déglutis laborieusement en voyant Théo s'installer à côté moi, dans cette cafétéria bondée. Je jette un regard empli de détresse à mon meilleur ami qui répond à mon ex petit ami.
- J'ai dit relation ? Je me suis trompé !
Théo ouvre la bouche pour répondre mais un regard noir de ma part le dissuade au moment où trois autres plateaux se posent sur notre table. Lisa, Malaury et Léo viennent de s'installer et je ne souhaite pas poursuivre cette conversation devant quiconque. Heureusement, Stefan lance un nouveau sujet de discussion qui entraine tout le monde.
- Vous avez vu le nouveau surveillant ? Il est bizarre non ?
Je lui fais un petit sourire pour le remercier et ce dernier comprend immédiatement. Je suis la conversation qui s'en suit mais n'y prends pas part. Et je remarque que Théo non plus lorsque je tourne la tête vers lui. Il me fixe avec insistance.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu as un copain ? chuchote-t-il en se penchant vers moi.
Je jette un oeil circulaire autour de moi et constate que personne n'écoute.
- Oui, tu en as un.
Je secoue négativement la tête tout en sachant qu'il sait parfaitement que je mens.
- C'est le mec de la dernière fois ?
- Tu peux te taire s'il te plait ? murmuré-je à mon tour.
- Oui c'est lui ! Celui qui te faisait pleurer, pas vrai ? Tu t'es remis avec lui ?
- Arrête !
- C'est quoi ces messes basses ? nous interrompt Malaury.
Sa remarque a le don d'instaurer le silence à la table dans la seconde. Il faudrait peut-être que je songe à apprendre à cacher ce que je ressens. Surtout s'il parvient aussi bien à lire en moi !
- Il se moquait encore de moi parce que je tiens le couteau de la mauvaise main.
J'accompagne ce mensonge spontané d'un petit rire nerveux et je remarque du coin de l'oeil que sa petite amie fronce les sourcils.
Le déjeuner continue ensuite calmement jusqu'à ce qu'on se lève tous pour sortir de la cafétéria.
- Il faut qu'on parle, me prévient Théo lorsque nous passons la porte de sortie.
- Certainement pas ! m'exclamé-je en m'éloignant de lui.
Pourquoi mon ex ne cesse de vouloir s'immiscer dans ma vie privée ? Il a voulu en sortir alors pourquoi s'y intéresser à nouveau ? Ca ne le concerne en rien. Et puis, il ne doit absolument pas tenter d'en savoir plus. Ça risque de mal se passer. Le connaissant, il va insister pour tout savoir et s'il apprend quoique ce soit, Adam risque beaucoup trop.
Le cours qui suit est d'ailleurs le cours de maths. J'ai détesté ce cours pendant quatre mois et maintenant, je l'adore. Déjà, parce que le prof est terriblement séduisant mais aussi, et surtout, parce que nous ne sommes plus en froid tous les deux. Je l'aime et il m'aime alors que demander de mieux ?
Nous savons parfaitement différencier notre couple de son travail. En classe, il est froid et distant, comme il l'était avant. Mais parfois, je vois une lueur briller dans son regard lorsqu'il me regarde et à cet instant, je sais. Je sais que ça va fonctionner nous deux. J'en suis certaine.
- Monsieur ? l'appelé-je en levant la main.
Par contre, ça, c'est une chose que je ne supporte pas et jamais je ne pourrai m'y habituer. L'appeler ainsi et le vouvoyer est tout bonnement insupportable.
Lorsqu'Adam se rend compte d'où provient la voix qui l'appelle, je remarque un sourire imperceptible naitre lentement sur son visage.
- Oui ?
- Je crois qu'il manque trois points sur ma note.
- Les contestations de notes se font à la fin de l'heure, répond-il vaguement avant de se tourner pour noter le titre du nouveau chapitre au tableau.
Grâce à Adam, j'ai eu quinze à ce contrôle. Enfin... Dix-huit, si on ajoute les trois points oubliés. Mon petit ami m'a tout expliqué il y a deux semaines. On a peut-être passé deux heures de notre week-end sur ce cours de maths, mais ça en valait la peine.
Au début, j'ai culpabilisé à l'idée de lui demander cette faveur, mais il a raison. Ca n'a rien d'immoral. Je n'ai rien fait de mal à part demander des explications à mon prof.
- Tu ne veux pas me donner quelques points ? se lamente Lisa.
- Même avec deux points de plus ça ne changera pas ta moyenne.
- Rabat-joie.
C'est la vérité. Un et demi plus deux ça ne fait pas grand chose ! Et puis, elle se fiche de ses notes. En quoi ça la ferait avancer ?
Lorsque le cours est terminé, je range lentement mes affaires en gardant ma copie sortie et me dirige vers le bureau lorsque tout le monde disparait.
- C'est un comble pour un prof de maths de ne pas savoir compter, annoncé-je le sourire aux lèvres.
- Je sais compter figure-toi, répond-il en changeant le cinq par un huit sans même recompter.
- Tu l'as fait exprès ?
Son sourire en coin répond pour lui et une fois mes trois points ajoutés, il se redresse en posant ses mains à plat sur son bureau pour se pencher vers moi.
- Ta vraie note est déjà entrée dans l'ordinateur, ajoute-t-il avant de déposer un baiser sur mes lèvres.
Ce baiser ne dure qu'une seule seconde, mais à l'instant où il s'écarte, je regarde immédiatement en direction de la porte d'entrée pour vérifier que personne n'est là. Heureusement, ce n'est pas le cas mais je lui jette tout de même un regard furieux.
- A quoi tu joues ?
- Je n'ai pas le droit d'embrasser ma copine ?
L'entendre me nommer ainsi ne peut que me faire sourire mais je ne veux pas prendre le moindre risque.
- Si, mais pas ici.
En réponse, il m'embrasse encore une fois et je me recule instantanément, ce qui le fait rire. Je fronce les sourcils et pose les poings sur mes hanches.
- Ne prends pas ça à la légère, Adam, le grondé-je légèrement en chuchotant.
- Et ne fais pas comme si tu étais énervée, me sourit-il hypocritement en rangeant ses affaires. Je vais rentrer tard ce soir. J'ai une réunion avec les autres profs.
Il décide de changer de sujet pour éviter qu'on s'engueule, et je crois que ce n'est pas plus mal.
- D'accord. Je viendrai demain alors.
- Non non ! Je voulais juste te prévenir pour que tu ne t'inquiète pas. Tu rentres en même temps que Stef et tu m'attends chez moi.
- Parce qu'il est là ce week-end ?
Ma réaction le fait sourire.
- Je ne peux pas le virer tous les week-end.
- C'est vrai, souris-je néanmoins septique.
Je n'ai passé qu'un week-end chez lui et son frère était absent mais il nous avait tout de même surpris, Adam torse nu, moi sur le plan de travail de la cuisine en train de l'embrasser fougueusement. Dans le genre embarrassant, on ne pouvait pas faire mieux !
Mais Adam a raison, on ne peut pas faire dégager Stefan à chaque fois que je viendrai chez eux. Mon meilleur ami accepte notre relation et l'approuve même désormais. Le seul problème maintenant, c'est qu'il faut que je m'habitue à cette situation. J'y parviendrai bien un jour ! Je n'ai plus vraiment le choix.
- A ce soir alors ! déclaré-je avec le sourire.
Je me dépêche de quitter la salle avant qu'il ne se risque à un troisième baiser interdit et vais rejoindre mon dernier cours où je suis déjà en retard. Je m'excuse auprès de la prof et m'installe à ma place. Une fois le cours d'anglais terminée, je quitte la salle avec les filles et Théo. Ce dernier me tire par le bras lorsque nous arrivons dans la cours pendant la pause et ne me laisse visiblement pas le choix.
- Arrête ! Qu'est-ce qui te prend ? m'écrié-je alors qu'il continue de m'entraîner à sa suite.
Il s'arrête ensuite soudainement et me fait face ; il est totalement furieux.
- Qu'est-ce qui me prend ? C'est à moi que tu poses la question ?
- Oui ! Je ne comprends pas du tout.
- Moi non plus figure toi !
Alors là, je ne pourrais pas être plus perplexe qu'en ce moment !
- Je t'en pris, éclaire moi, réponds-je dubitative en croisant les bras sur ma poitrine.
Il pince les lèvres et me lance un regard noir.
- Quoi ?
Il met de longues secondes avant de finalement se décider.
- Le prof de maths ? T'es sérieuse ?
Mon coeur cesse de battre dans la seconde et ma respiration se bloque brutalement. Je déglutis laborieusement et me reprends le plus rapidement possible pour que mon ex petit ami ne s'apperçoive de rien. Parce qu'il ne peut pas être au courant. Ce doit être une simple déduction dûe au fait que je passe tout mon temps chez mon meilleur ami.
- Qu'est-ce qu'il a le prof de maths ?
- Je t'en pris, ne fais pas l'innocente ! s'écrit-il. Je vous ai entendu Ana.
- Entendu... Entendu quoi ? bafouillé-je lamentablement.
Il prend un air décontracté et énonce les faits comme s'il me parlait de sa soirée de la veille :
- Oh pas grand chose ! Qu'il avait trafiqué ta note, que tu ne voulais pas le laisser embrasser sa copine et que tu dois sagement l'attendre chez lui ce soir.
J'ouvre la bouche dans l'intention de le contredire, de lui dire qu'il se trompe sur toute la ligne, que c'est loin d'être ce qu'il s'imagine, mais rien ne sort. Je reste muette, tétanisée et totalement sous le choc. Je ne sais ni quoi dire, ni quoi faire pour le défendre et me défendre moi. La seule chose dont mon corps est capable, c'est de secouer la tête négativement.
- Quoi ? Ce n'est pas ce que vous vous êtes dit juste après le cours ? J'ai mal entendu ? Ou alors ce n'était pas avec lui que tu discutais ?
- Non je...
- Non ? Je me trompe ?
- Oui.
- Très bien. Explique moi alors. Je suis impatient de connaitre la réponse.
Ma vision commence à se troubler.
- Ca ne te concerne pas, Théo, dis-je d'une voix chevrotante.
- Non, tu as raison. Mais je pense que le proviseur pourrait se sentir concerné, lui.
- Non ! hurlé-je spontanément.
Plusieurs personnes se tournent vers nous alors je baisse le ton et m'approche de lui.
- S'il te plait, ne fais pas ça. Tu ne sais rien de ce qu'il se passe et...
- Et qu'est-ce qui justifie ça ?
Derrière lui, j'apperçois Malaury qui semble nous scruter attentivement. Et voilà que maintenant je vais passer pour l'ex qui revient à la charge !
- Laisse moi t'expliquer, réponds-je en revenant à lui.
- Je ne pense pas qu'il y aie quoique ce soit à expliquer.
- Tu ne comprends pas !
Lorsque je vois Malaury s'avancer près de nous, je m'affole :
- Laisse moi t'expliquer. Je t'en pris, laisse moi t'expliquer. Tu es loin de la vérité, Théo. Très loin.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? nous interrompt sa petite amie pour la deuxième fois de la journée.
Je le supplie du regard de ne rien dire tandis que lui me fusille littéralement. De longues secondes de silence s'écoulent sans qu'aucun de nous ne réponde.
- Eh oh ! Je vous parle !
Lisa arrive à ce moment et pose la même question que mon amie.
- Rien, répond finalement Théo avant de me tourner le dos et de disparaitre.
Les filles me fixent et mon regard reste rivé sur le dos du garçon qui se mêle dans la foule.
- Ana, ça va ? me questionne Lisa.
- Oui je... Je dois aller aux toilettes.
Je m'éclipse à mon tour et sors mon téléphone de ma poche dans l'intention de supplier Théo une nouvelle fois, mais je reçois un message au moment où je vais pour appuyer sur envoyer.
Théo : Derrière le lycée à dix-huit heure. C'est ta seule chance de t'expliquer.
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