Gacling
Durant les premiers mois de mon existence, je fus recueillie par une dame âgée. Elle était très gentille, très douce. Cependant, elle m'échangea un jour contre de la nourriture. Scandaleux, direz-vous ? Certes...La faim vous fait faire des choses dont vous n'auriez pas idée. Du moins, c'est ce que l'on dit, non ?
Je vivais à présent chez un boulanger. Un pâtissier, plus exactement. Il se croyait le meilleur du monde dans son domaine. Hélas, je ne pus le vérifier car, malgré tous les aliments dont regorgeait son magasin, jamais il ne me proposa la moindre gourmandise. Mais je ne lui en voulais pas. Etant complexée par ma morphologie ronde et plate (oui, oui, c'est possible !), les kilos en trop demeuraient parmi les choses que je redoutais le plus. Le boulanger, nommé John, nous avait installées, moi et mes sœurs adoptives, dans un même endroit. Il nous aimait beaucoup. Il faut dire que nous étions particulièrement brillantes. Je pense que cela faisait sa fierté. Nous étions très précieuses à ses yeux.
Tout allait pour le mieux. Cela dit, avec le temps, mes sœurs quittaient le foyer une par une et ne revenaient jamais. C'était cela, prendre son envol.
Un jour, ce fut mon tour. Je regardai une dernière fois la boulangerie et me retrouvai en compagnie d'un homme grognon. Il ne riait jamais, ne prenait pas soin de moi. Je me suis toujours demandée comment John avait pu me laisser entre les mains de ce curieux personnage. Et, vu la grande négligence dont celui-ci faisait preuve, il finit bien évidemment par me laisser tomber.
Je n'avais nulle part où aller, j'étais à la rue. Je me sentais salie, écrasée, humiliée. Les gens passaient à côté de moi sans me voir. J'errais parmi les déchets. Jusqu'au jour où un jeune homme me vit. Jim. Il avait l'air si heureux. On eut dit qu'il m'avait attendue toute sa vie. C'était le début de la fortune. Il était la chance de ma vie. Il m'aida à me relever, m'offrit un foyer. Grâce à lui, je me fis de nombreuses amies. Je ne pouvais rêver mieux.
Puis vint cette femme, Linda. Elle prit place dans sa vie sans crier gare. Je la détestais. Et comme j'avais raison de me méfier ! Il ne faut jamais croire que c'est totalement dans la poche. Un jour, nous allâmes à la fête foraine, lui, elle et moi. Il y avait cette machine, qui, à l'aide d'une pince, permettait de piocher une peluche. Ils étaient là, tous les deux, à la regarder. C'est alors que Linda prononça la phrase qui me séparerait à jamais de Jim. « Pour jouer, il faut une pièce d'un euro. » Et, gacling, je fus insérée dans la machine.
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