III
La porte de la réserve s'ouvrit brusquement.
- Désolé, Lança la voix de Will, J'ai été pris par le rush mais finalement Grover a réussi à venir, il me remplace en ce moment.
Je hochai simplement la tête en lui tendant ma main. Il retira doucement le tissus en examinant la plaie. Elle avait arrêté de saigner, maintenant.
- C'est pas tellement profond. Les mains, c'est un des endroits qui saigne le plus pour pas grand-chose, il faut pas s'inquiéter.
- C'est toi qui t'inquiétais.
Il leva les yeux au ciel tout en sortant la trousse à pharmacie. Il l'ouvrit et continua de parler.
- Tu as de la chance, il ne faudra pas recoudre.
- Parce que tu m'aurais recousus ? M'écriai-je.
- S'il fallait, oui. J'ai déjà appris comment faire et j'ai réussi la branche, tu n'aurais rien eu à craindre.
- Moi vivant, tu ne t'approcheras pas de moi avec une aiguille, tu m'entends ?
Il se contenta de rire en désinfectant la plaie puis la recouvrit par ce qui ressemblait à un pansement.
- Et voilà, tu es à présent comme neuf, Dit-il en posant un bisous par-dessus le bandage. Un bisous magique, pour que ça guérisse plus vite.
Je levai les yeux au ciel ne pouvant empêcher un sourire sur mon visage. C'était tellement enfantin que c'en était mignon.
- Et c'est un troisième sourire, Dit-il, fier de lui, en sortant son papier de sa poche.
- Je vais finir par te faire bouffer ce papier.
- Moi vivant, tu ne toucheras pas à ce papier.
Je soupirai, je déteste quand on utilise mes propres phrases contre moi. Il fit sa petite barre tout en me lançant des regards me narguant.
- Je peux y aller, maintenant ?
Il hocha la tête en s'approchant de moi. Je ne compris ce qu'il avait en tête seulement lorsqu'il posa délicatement ses mains sur ma taille pour m'aider à descendre. Je marmonnai quelque chose comme "Je sais descendre tout seul" tout en détournant le regard, vaine tentative de cacher mes joues en feu. Will osa se moquer de moi alors je tournai brusquement la tête vers lui pour le fusiller du regard. C'était une erreur. Je n'avais pas remarqué à quel point nous étions proche. Son rire mourut dans sa gorge lorsqu'il prit lui aussi conscience de notre proximité. Ses mains étaient toujours sur ma taille et je pouvais sentir son souffle sur mes joues. Mon regard était plongé dans le sien, m'hypnotisant. Je pouvais voir toutes les nuances de bleus dans ses yeux. C'était comme si tout avait disparu autour de nous mais que je devenais d'un coup conscient de tous les détails qui le formait, faisait qu'il était Will. Ses boucles blondes tombant sur son visage, reflétant la faible lumière que laissait entrer la porte entrouverte, lui dessinant une auréole autour de son visage fin. Il y avait des tâches de rousseurs recouvrant son nez et passant au sommet de ses joues, juste sous ses yeux toujours ancrés dans les miens. Ensuite ceux-ci descendirent un peu plus bas, sur mes lèvres et mon regard suivit le même chemin. De nouveau, mauvaise idée. Mon ventre se tordit alors qu'une douce chaleur y naissait. Je commençai à penser qu'elles avaient l'air douce à embrasser or je ne le voulais pas, si ? Lorsque son visage se pencha vers le mien, mon cœur se mit à battre la chamade. Mille pensées me traversèrent l'esprit. Est-ce que je le voulais ? Voulais-je vraiment ce que je pensais qui allait arriver ? Il était de plus en plus près et mon cœur battait de plus en plus vite. Nos nez se frôlaient, à présent. J'aurais dû le repousser, j'aurais dû partir, c'est ce que mon cerveau me criait mais j'étais comme paralysé, je voulais rester et lorsque ses lèvres se posèrent enfin sur les miennes, ce fut comme une délivrance à ce long supplice. Je n'avais plus qu'une pensée en tête ; je voulais qu'il continue de m'embrasser. Je me surpris à répondre au baiser tout en passant mes mains dans ses cheveux alors qu'il m'attirait à lui.
Le baiser était doux et je le laissais nous guider. Bientôt nous nous séparâmes à bout de souffle mais il laissa son front contre le mien, me souriant tendrement. Je répondis à son sourire tout en jouant avec ses cheveux, les joues probablement en feu.
- Et un quatrième sourire, Murmura-t-il.
- Si tu me dis que tout ça était juste pour me faire sourire, Commençai-je sur un ton menaçant.
Il rit doucement avant de plonger la tête dans mon cou, enroulant ses bras autour de ma taille pour me serrer contre lui.
- Je ferais n'importe quoi pour te voir sourire, Susurra-t-il.
Je ne pus m'empêcher d'agrandir mon sourire à l'entente de cette confession et posai ma tête sur la sienne. D'un coup, tous mes doutes s'étaient évaporés, je n'avais plus aucune crainte. Je me sentais bien et en sécurité dans ses bras.
- Les gars, désolé de vous interrompre mais j'ai vraiment besoin d'aide, Intervint Grover en ouvrant brusquement la porte.
- On arrive, Marmonna Will, la tête toujours plongée dans mon cou.
Je le repoussai en douceur, lui arrachant un grognement avant de me défaire de son étreinte.
- Allez, Solace, on a du boulot.
- M'appelle pas "Solace"...
- Je t'appellerai Solace jusque quand je te verrai dans le resto à servir les clients.
***
La journée passa extrêmement vite. Les clients se succédaient sans cesse et il y avait toujours une table dont il fallait s'occuper. J'avais à peine le temps de repenser à ce qu'il s'était passé dans la réserve. Chaque fois que je croisais Will, je ne pouvais m'empêcher de détourner le regard et un sourire d'apparaître sur mon visage. J'étais vraiment comme une adolescente... Quant à lui, il se contentait de m'adresser des sourires tendres. Pour une fois, j'étais de bonne humeur en travaillant et adressais de vrais sourires aux clients.
Une fois la journée finie, Grover se dépêcha de nous dire au revoir et de rentrer chez lui. Alors que je rangeais tranquillement mes affaires, Will vint près de moi.
- Demain le restaurant est fermé, ça te dit qu'on se voit ou tu as encore un test à étudier ? Ou bien un travail à rendre ou encore un rendez-vous à la banque ou-
Il s'arrêta en me voyant lever les yeux au ciel.
- Ce sont toutes les excuses que tu m'as déjà sorties, Précisa-t-il.
- Et c'était vrai, ce n'est pas de ma faute si tu demandes toujours au mauvais moment.
- Et du coup, tu as quoi, demain ?
- Un rendez-vous avec un beau blond, Répondis-je avec un air mystérieux tout en jetant mon sac sur mon épaule.
Will fronça les sourcils en faisant une tête indignée avant de comprendre.
- Oh, tu parles de moi.
- Qui d'autre ? Me moquai-je.
Il se passa une main dans les cheveux alors que son sourire s'agrandit.
- Je suppose qu'on se voit demain, du coup. Je t'enverrai un message avec l'endroit et l'heure.
- Très bien, Dis-je, tentant d'ignorer la gêne qui s'installait entre nous.
Il s'apprêta à partir puis sembla hésiter. Il m'adressa un dernier regard avant de finalement m'embrasser sur la joue puis repartit immédiatement, me laissant planté là avec un sourire idiot sur le visage. Une vraie adolescente, je vous dis.
***
- Je peux savoir pourquoi tu m'appelles à 8h un dimanche matin ? Grogna la voix de Jason à l'autre bout du fil, encore tout endormi.
- Il se pourrait que j'ai un rendez-vous et que j'ai besoin de ton aide.
- Toujours se donner à 100% sauf si c'est un don de sang ou un divorce.
Je soupirai et m'apprêtai à répondre quand il parla de nouveau, cette fois mieux réveillé.
- Attend quoi ? Mon petit Neeks a un rendez-vous amoureux ?!
- Alors plusieurs choses, d'abord, arrête de me gueuler comme ça dans les oreilles, ensuite ne m'appelle pas "ton petit Neeks" et pour finir, oui, j'ai un rendez-vous. Je m'habille comment ?
- Avec des vêtements ?
- Merci, Jason, t'es super utile.
- Quoique ? C'est quel type de rendez-vous ? Parce que parfois c'est pas tellement utile de porter des vêtements quand de toute façon tu-
- JASON ! L'interrompis-je. Je t'interdis de finir cette phrase. À mon avis ce sera un rendez-vous cool sans trop de prise de tête.
- Alors habille-toi normalement.
- Je pourrais mettre un pantalon noir avec un T-shirt blanc sous une chemise noire flanelle.
- C'est pas mal, Approuva Jason.
- Ou alors, T-shirt noir avec ma chemise flanelle à carreaux rouges et noires.
- Oh non, pas cette chemise.
- Elle est très bien, cette chemise ! M'insurgeai-je.
- Arrête avec cette chemise, c'est juste... Non.
- Très bien, je vais la mettre ! Merci Jason pour ton aide, Dis-je joyeusement.
- Nico, ne fais pas ça sinon-
Je ne lui laissai pas le temps de finir avant de raccrocher. Dès lors, je reçus une ribambelle de messages de sa part que je choisis d'ignorer. Je partis prendre une douche rapide avant de me changer. Oui, le rendez-vous était à 14h alors vous allez me dire que j'avais tout mon temps au lieu de réveiller Jason à 8h du matin mais j'étais stressé, c'était mon premier rendez-vous.
Dès 9h30, j'étais déjà prêt, assis sur mon canapé à me tourner les pouces. J'avais encore le temps, beaucoup de temps mais je ne pouvais m'empêcher de vérifier mon téléphone toutes les deux minutes. Bien vite, j'en eus marre et je partis dans ma chambre prendre ma guitare pour jouer un peu, ça m'a toujours aidé à me détendre. Je tentai donc de détourner mon attention toute une partie de la journée jusqu'à ce que 13h30 sonne. Cette fois mon stresse était à son niveau maximum. Je pris mes clefs d'une main tremblante puis partis en direction de Central Park, là où je devais retrouver Will.
- Tu es venu, Dit-il en m'apercevant.
- Tu pensais que je te poserais un lapin ? Demandai-je en approchant.
- Pas vraiment, je suis juste content de te voir.
Il m'adressa un sourire dont lui seul avait le secret, qui me faisait toujours craquer, même si je ne l'aurais jamais admis avant. Il commença à marcher doucement et je le suivis. Après quelques minutes, Will brisa finalement le silence qui s'était installé.
- Je n'arrive pas à croire que j'ai enfin un rendez-vous avec toi, Souffla-t-il.
- Qui aurait cru que j'accepterais un jour, Ricanai-je gentiment.
Il me donna un léger coup de coude dans les côtes.
- Hey, c'était pourquoi, ça ? Râlai-je faussement
- Te moque pas de moi, Bouda-t-il.
- Je me moque de qui je veux quand je veux, Contrai-je.
Il soupira en levant les mains en l'air d'un air dramatique.
- Qui suis-je pour te l'interdire !
Je levai les yeux au ciel mais mon sourire dévoilait mon amusement. Nous continuâmes à marcher en silence, sans savoir quoi se dire mais le calme était agréable. Nous étions tellement proche que souvent nos mains se frôlaient, créant des frissons dans tout mon bras. Bientôt n'y tenant plus, j'approchai lentement ma main de la sienne, redoutant un peu sa réaction mais me détendis immédiatement lorsqu'il entrelaça nos doigts. Il m'adressa un sourire, accrochant mon regard et je me perdis une nouvelle fois dans les nuances de bleu qui composaient ses yeux. Toujours, nous n'avons pas dit un mot. Il brisa ensuite l'eye-contact pour regarder vers l'horizon. Bientôt je crus entendre un bruit très léger venant de sa direction. Je me tournai vers lui, et en profitai bien évidemment pour fixer son visage de profil, afin de m'assurer que j'entendais bien ce que j'entendais.
- Tu fredonnes ?
- Pas du tout, Dit-il précipitamment en arrêtant.
- Si, tu fredonnais.
- Je m'insurge, cette affirmation est mensongère !
Je ris à sa bêtise puis repris, une fois calmé.
- Tu fredonnais et tu peux rependre, c'était joli.
Ses joues prirent une teinte plus rose qu'à l'habitude et il détourna le regard avant de finalement reprendre, d'abord, mal à l'aise. Je l'écoutai en silence, savourant le moment et simplement heureux d'être là, avec lui. Finalement, je laissai ma tête se poser d'elle-même sur son épaule, le seul point positif que j'ai trouvé à être plus petit. Il entoura alors son bras autour de mes épaules et posa un baiser sur mon crâne. Je me serrai ensuite un peu plus contre lui, passant mes bras autour de sa taille pendant que nous nous arrêtions de marcher. Il passa une main dans mes cheveux et j'enfouis ma tête dans son cou. On se fit un câlin, là, au milieu de Central Park, devant tout le monde, pendant bien quelques minutes. Mais sur le moment, je m'en fichais, j'étais bien et heureux, je me sentais à ma place, tout contre lui.
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