II
Hello, pour ce chapitre, je précise que je n'étudie pas la psychologie donc je n'ai aucune idée du programme, j'invente un peu ce que Nico pourrait étudier.
Dès que je rallumai mon téléphone en sortant de la salle d'examen, je fus envahi de notifications, la plupart, pas très intéressantes. Alors que je supprimais les moins utiles, je fronçai les sourcils en voyant un message de la part de Will. Bien sûr il avait mon numéro car il y avait un groupe pour le travail mais on ne s'était jamais parlé personnellement. Je l'ouvris, curieux.
From Will, 19h07 :
Hey, j'espère que ton test s'est bien passé ;)
Un smiley clin d'œil ? Sérieusement, Solace ? Malgré que je ne voulais pas le faire paraître, son message m'arracha un sourire. Je répondis rapidement tout en marchant jusque chez moi. J'habitais à peine à 10 minutes à pied de mon université.
From Nico, 19h34 :
Pas trop mal, je pense avoir réussi.
Je rangeai mon téléphone quand je le sentis de suite vibrer dans ma poche. Je rallumai l'écran et vis un nouveau message de Will. Il répond vite.
From Will, 19h35 :
Tant mieux, je suis content pour toi !
Même ses messages transpiraient la bonne humeur, j'en frissonnai, dans le mauvais sens du terme, bien entendu. Je rangeai de nouveau mon téléphone sans prendre la peine de répondre et montai directement dans mon appartement où je vivais seul.
Depuis l'assassinat de ma mère, ma relation n'a jamais été bonne avec mon père. Au début il y avait ma sœur, Bianca, pour me soutenir mais elle nous a elle aussi quitté un an plus tard. Dès lors, c'est devenu un enfer de vivre avec mon paternel, je suis donc partit dès mes 18 ans de la maison. Je n'ai plus eu de ses nouvelles depuis, je pense qu'il est content de ne plus m'avoir dans ses pattes. J'étais devenu un poids pour lui, surtout que je ressemble très fort à ma mère et ma sœur, lui rappelant constamment leurs morts. Je voudrais dire que maintenant qu'il n'est plus dans ma vie, je vais mieux, j'ai su me reconstruire mais ce serait un mensonge. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tenir jusqu'ici à vivre seul. Je sais pas me gérer, je sais pas gérer un appartement, je sais pas gérer ma vie. Il n'y a qu'une chose qui n'a pas perdu sa saveur dans ma vie, c'est la musique. Ça a toujours été ma passion. Mon rêve est de jouer dans un groupe de rock mais pour l'instant je suis encore nulle part. Alors en attendant, je joue seul dans ma chambre pour combler le silence de mon appartement.
Je me dirigeai vers la cuisine puis sortit un reste de pâtes du frigo que je fis réchauffer. Une fois fait, je m'affalai dans le canapé et commençai à manger tout en scrollant sur mon téléphone. Je fus interrompu par un message de Grover sur le groupe du resto.
From Grover, 19h58 :
Hey les gars, je suis désolé, j'ai une urgence demain, quelqu'un sait pas me remplacer au boulot ?
Je réfléchis quelques secondes. Demain nous serons samedi, ce qui veut dire que je n'aurai pas cours et donc rien à faire mais ça signifie aussi journée de rush. Je déteste ces journées. Malgré ça, je répondis quand même à son message.
From Nico, 19h59 :
Hey, pas de soucis, je te remplacerai.
Je vérifiai rapidement le planning de demain et découvris avec horreur que je devrai supporter Solace toute la journée. Je soupirai de découragement tout en finissant mon assiette. Demain s'annonçait être une longue journée.
***
Au final, la compagnie de Will n'était pas si désagréable. Sûrement parce qu'il n'avait pas le temps de me parler à cause du rush. Alors que je me dirigeais vers une table afin de prendre les commandes, Will approcha d'un pas précipité le bar, manquant de me rentrer dedans. Il s'excusa rapidement, retirant sa main qui avait effleuré ma hanche pour nous retenir de tomber ce qui me fit frissonner malgré moi. Je le regardai s'éloigner avant de reprendre mes esprits ainsi que mon chemin. Je pris la commande de deux vieilles dames très gentilles mais aussi très malaisantes avec leurs remarques du style "Si j'avais la moitié de mon âge, je ne laisserais pas filer un jeune homme comme vous". Ces remarques les faisaient rire mais me donnait envie de m'enfuir en courant. Je leur adressai un sourire poli avant de retourner en cuisine pour donner les commandes. Sur le chemin, Will aperçu mon expression étrange et m'interrogea :
- Tout va bien ?
- Parfaitement bien. Aussi bien qu'on puisse aller pendant une journée de rush quand on vient de se faire draguer par deux octogénaires, Dis-je d'une traite tout en continuant mon chemin en direction du bar.
Le blond se contenta de rire, ce qui lui valut un regard noir de ma part puis repartit avec son plateau rempli de boissons. Je donnai à Chris la liste de commande qui me lança un regard découragé tout en la posant sur un tas bien rempli de petits papiers. J'aimais bien Chris. Il était plutôt discret mais de bonne compagnie. Habituellement, quand le restaurant était presque vide, j'aimais bien rester à côté de lui pendant qu'il cuisinait pour discuter. Il me parlait souvent de Clarisse, sa copine depuis les primaires. Ils étaient mignons tous les deux, faits l'un pour l'autre, si on oublie que Clarisse est la personne la plus terrifiante que je n'ai jamais rencontré. Mais aujourd'hui, je pouvais voir le stresse dans le regard de Chris alors je décidai de le laisser travailler en paix et retournai en salle. J'avais du boulot, moi aussi, de toute façon.
Alors que je traversais le restaurant pour rejoindre une table d'étudiants, les deux octogénaires me firent un signe de main auquel je répondis poliment avant de détourner le regard. J'approchai alors la table des jeunes et pris leur commande, cachant du mieux que je pouvais mon malaise. Une fois fait, je recommençai de nouveau mes allers-retours dans la salle. Ce fut comme ça jusqu'à ma pause de 14h.
Je me laissai tomber sur une chaise à l'arrière du restaurant quand soudainement la porte s'ouvrit.
- Qu'est-ce que tu fais là, Solace ? Demandai-je d'une voix blasée.
- Je suis aussi en pause, je n'ai plus le droit de venir ici, maintenant ?
Je soupirai tout en lui faisant un signe de tête lui signifiant qu'il avait ma sainte permission de s'assoir. Il sortit une barquette typique des plats à emporter du restaurant de son sac puis me la tendit.
- Je t'ai pris quelque chose à manger en cuisine, Dit-il avec un sourire. Préparé avec amour par Chris !
Je levai les yeux au ciel.
- Et toi ?
- J'ai aussi pris pour moi, ne t'en fais pas, Répondit-il en sortant une deuxième barquette.
Je pris celle qu'il me tendait avec un léger sourire et l'ouvris, m'enivrant de la bonne odeur qui s'en échappa. Y'a pas à dire, Chris a toujours été un as de la cuisine.
- Et c'est un deuxième sourire, Clama Will en faisant une barre sur un petit papier qu'il avait sorti de sa poche.
Je le lui pris des mains en l'examinant.
- Tu fais vraiment une barre à chaque fois que je souris ?
- À chaque fois que JE te fais sourire, nuance.
- Psychopathe.
- C'est beaucoup trop rare pour être ignoré.
- Ça reste un comportement de psychopathe, Dis-je en lui rendant le papier.
Il se contenta de me faire un sourire innocent tout en le rangeant dans sa poche. Je roulai des yeux avant de prendre une première bouché de mon plat. Comme toujours, c'était une explosion de saveur dans ma bouche qui me mit immédiatement de bonne humeur. Je pense avoir déjà dit que ses plats étaient vraiment délicieux mais je ne les complimenterai jamais assez.
- C'était sur quoi, ton test de hier ? Demanda soudainement Will, la bouche pleine.
- Sur les psychopathes, plus particulièrement les blonds qui travaillent avec vous et notent sur un papier tous vos sourires.
- Trop mignon, tu as parlé de moi dans ton examen, Dit-il ironiquement.
- Ce n'est pas censé être "mignon", Solace.
- Toi, l'étudiant en psychologie, tu devrais savoir mieux que moi que je n'ai rien d'un psychopathe, en tout cas, pas à ma connaissance.
- Plus sérieusement, c'était sur la manipulation, les agresseurs,... ainsi que le type de victimes qu'ils choisissent et puis il y avait plusieurs modèles créés par plusieurs psychologues qu'il fallait connaître et remettre quel critère a été déterminé par qui.
- Je réitère, c'est glauque.
- Je ne te parle pas des situations fictives qu'on nous a donné. J'ai dû parler du syndrome de Lima.
- C'est quoi ?
- L'inverse du syndrome de Stockholm, cette fois c'est le ravisseur qui développe de la sympathie voire des sentiments pour la victime.
- On peut pas changer de sujet ? Je me sens pas super bien, Dit-il en déposant son plat.
- Fragile, Ricanai-je. Qu'est-ce que ça va être quand tu vas te retrouver aux urgences ?
- C'est différent !
- Si tu préfères, la semaine prochaine, mon test sera sur les neuro-atypiques et l'hypersensibilité.
- Je préfère déjà ce sujet, Souffla-t-il.
- C'est un peu une suite comme ils ont tendance à être plus facilement victimes des manipulateurs.
- Et on est reparti ! S'écria-t-il. Sinon t'en as pensé quoi du match de foot de hier ?
- Je l'ai pas regardé puisque je te rappelle que j'étais en examen à ce moment-là.
- Très juste.
Il garda ensuite le silence pour le bonheur de mes oreilles même si je dois avouer que sa voix est plutôt jolie à entendre. Est-ce que je viens de dire ça ? Oubliez tout de suite. Je terminai de manger puis repartis en salle, ma pause étant finie. Le rush reprit, plus calme que ce matin mais rush quand même. Bien vite, Will vint à ma rescousse alors que Piper venait de rentrer chez elle, ne travaillant que le matin. Nous n'étions donc plus que deux pour gérer le restaurant.
Alors que j'essayais d'attraper des verres afin de servir une table en boisson, j'en fis tomber un dans ma précipitation qui se brisa sur le sol. Heureusement personne ne sembla avoir entendu le bruit ou ne s'en soucia. Je m'accroupis alors pour ramasser les débris de verres, oui, à mains nues, il ne faut jamais faire ça, les enfants car je m'écorchai la paume. C'est donc comme ça, assis devant des morceaux de verres baignant dans une petite flaque de sang que Mr Futur-médecin me trouva. Il déposa immédiatement son plateau avec un hoquet de surprise.
- Viens avec moi, Dit-il d'une voix autoritaire.
- Ce n'est rien, je vais juste mettre un pansement et puis c'est tout, Soupirai-je.
- Tu te moques de moi ? Et tu as pensé aux infections ? Je parie que tu n'as même pas vérifié la profondeur de la plaie !
Il ne me laissa pas le temps de répondre que déjà il attrapa mon poignet pour m'emmener dans la réserve où se trouve la trousse à pharmacie.
- Commençons par nettoyer la blessure, Dit-il plus pour lui-même que pour moi.
Il passa un tissus sous l'eau avant de revenir vers moi et prendre ma main blessée.
- Je peux le faire moi-même, tu sais, Soupirai-je.
- C'est moi le médecin.
- Techniquement, t'es pas médecin.
- La ferme et laisse-moi faire.
Je haussai un sourcil mais il ne me regardait même pas. Il s'appliquait à nettoyer ma plaie et je fus surpris de la douceur de ses gestes.
- Désolé si je te fais mal.
Je hochai juste la tête en regardant ailleurs. Sa main était douce et chaude contre la mienne ce qui attira à nouveau mon attention sur lui. Je devais bien avouer qu'il était plutôt mignon avec son visage sérieux et ses sourcils froncés. Il avait quelques boucles blondes qui retombaient sur son visage et je dus faire un effort immense pour ne pas les remettre en place. Je me contentai alors de le fixer en silence bien plus longtemps que je n'accepterais de l'admettre.
- C'est bon comme ça, Dit-il en me tendant un autre tissus. Prends ça pour compresser la blessure entre 10 et 15 minutes, pas question de soulever ou je ne sais quoi pour vérifier si ça saigne encore. Je vais retourner dans la salle en attendant pour ne pas les laisser sans serveur, je reviens dans 15 minutes. Tu bouges pas d'ici.
Il me lança un dernier regard d'avertissement puis repartit.
15 minutes ici sans bouger, ça me laissera le temps de réfléchir. J'étais encore confus de la douceur dont Will m'avait fait preuve. Ma main me paraissait maintenant froide là où il avait posé la sienne. Je dois bien admettre que ses sourires et son regard bleu ne m'ont jamais laissé indifférent mais je ne dois rien laisser paraître, je ne dois pas m'attacher. Déjà il est agaçant et puis... Et puis toutes les personnes que j'aime finissent par partir à un moment donné.
J'essayai de penser à autre chose, laissant mes jambes se balancer contre le réfrigérateur sur lequel j'étais assis. C'est long, 15 minutes quand on a rien à faire. Ça passe comme un coup de vent lorsqu'on est en salle en plein rush puis ça semble une éternité quand on attend un beau blond, assis sur un réfrigérateur. Oui, j'ai dit qu'il est beau mais c'est un fait objectif.
Peut-être qu'il m'a oublié. Ou alors il est occupé par le rush. Est-ce que 15 minutes sont passées parce que j'attends depuis mille ans, là ! J'aurais du regarder l'heure pour savoir quand ça fera 15 minutes... Je soupirai une millième fois mais évidemment, ça ne fit pas apparaître Will. Ça va être long, très long.
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