Chapitre 45 - Will you ?
- Point de vue d'Ethan -
Je tire une derrière fois sur ma cigarette et l'écrase dans le cendrier posé devant moi. Je sens des regards assassins sur ma personne, mais je les ignore royalement. Certes, la salle d'attente est minuscule, et oui, j'aurais pu sortir pour fumer mais bordel, s'il y a un cendrier sur cette table, c'est bien pour l'utiliser !
Calme toi Ethan. Je décide à mon tour de dévisager les gens, pour faire passer le temps. Il n'y a pratiquement que des hommes. Seuls de femmes quadragénaires sont présentes, assises dans leur petit coin. Je réprime un sourire. Thaïs m'en mettrait sûrement une si elle voyait comment je me comporte. Mais Thaïs n'est pas là, ahah.
Mon attention se porte sur un homme grisonnant, que le stresse envahi peu à peu et qui semble ne pas avoir vu la lumière du jour depuis quelques temps. Cette fois je ricane franchement. L'annonce disait "dynamique et branché", ou plus explicitement "pas de vieux, on veut des jeunes". C'était dans la poche.
La porte du bureau s'ouvre et un homme tout aussi grisonnant en ressort, la mine dépitée. Je lève les yeux aux ciels.
- M. Devros ! crie une voix depuis l'office.
C'est parti. Je me lève rapidement, et entre en refermant la porte précautionneusement. Une femme m'attend avec un sourire fatigué. Elle me montre le siège devant elle avec douceur et je m'y assied en abandonnant définitivement mon attitude de serial-connard.
- Enchanté M. Devros, je m'appelle Jane Martiale. Pardonnez ma presse mais il y a encore beaucoup de monde en attente.
Elle fait une pause afin de m'observer et reprend gentiment.
- Nous cherchons avant tout quelqu'un de disponible et dynamique pour ce poste. Il s'agit de beaucoup d'organisation pour intégrer l'équipe de communication de l'entreprise. C'est un CDD de 8 mois, bien-sûr et..
- Mme Martiale, je me permet de vous interrompre.
Ça passe ou ça casse, mais son monologue n'est qu'une perte de temps.
- J'ai besoin d'un boulot. Il y a, à New-York, une fille qui m'attend. Rien d'autre ne compte pour moi. Si vous me donnez ce poste, je serais à la hauteur. Surveillez des réseaux sociaux ? Vous parlez à un mec de dix-huit ans, je le fais déjà à la maison ça.
Je ris, et Jane esquive un sourire. Allez.
- C'est donc à vous de voir. Je connais toutes les modalités et je suis prêt à m'engager, terminai-je avec aplomb.
Elle m'observe encore une fois pendant une long minute, l'air de réfléchir. Finalement elle se lève et me tend la main.
- Bienvenue chez nous, Ethan.
**
- Et c'est là qu'elle se lève et me dit "Bienvenue beau-gosse", concluais-je.
Mya éclate de rire, les deux mains sur son énorme ventre et Liam me donne une accolade en souriant.
- Je suis fière de toi Ethan ! Tu lui as déjà dis ? me demande la future mère.
Mon sourire faiblit.
- Je n'ai pas réussi à l'avoir. Elle me rappellera.
Mya hoche la tête, compatissante.
Ça fait une semaine qu'elle est partie. Jusqu'à maintenant, on s'est parlé tout les jours. Parfois téléphone, parfois FaceTime, sans compter le nombre incalculable de messages, évidemment. Je mentirais en disant que tout va bien. Bien-sûr que non, la situation est loin d'être idéale mais on s'en sort bien, pour l'instant. On y arrivera.
J'ai passé le reste de la journée avec mes amis, puis vers 18h, je les ai quitté et je suis rentré chez moi. Chez moi. Oui, j'avais enfin mon endroit à moi. Avec mes dernières économies, ainsi que l'aide mainte fois refusées de Will, j'avais réussi à louer un appart aux frontières de la ville. Pas très grand, mais très agréable. Maintenant que j'avais décroché un boulot, j'étais officiellement autonome et ça faisait un bien fou.
A peine arrivé, je traverse mon minuscule salon et me dirige vers la chambre. Je m'installe immédiatement devant mon ordinateur et appelle Thaïs. Décroche.
L'écran reste en attente encore un moment, puis un visage flou apparaît. En quelques secondes, le sourire de ma sublime petite-amie me parvient très clairement.
- Bébé !
Entendre sa voix me fait un bien fou. Parfois, j'ai peur d'en oublier toutes les nuances, toutes les subtilités.
- Alors alors alors ? s'empresse t-elle de me demander.
Je lui souris à mon tour et commence mon monologue. J'ai l'impression de revivre en lui parlant. J'ai répété exactement la même chose à Mya et Liam plus tôt dans la journée, mais voir Thaïs et ses expressions me donnent du baume au coeur. Ses grands yeux qui s'agrandissent, sa jolie bouche qui forme un o d'étonnement, le son de son rire et ses réprimandes. Elle me manque affreusement.
Quand je termine, elle semble fière de moi.
- C'est génial ! Je suis soulagée, conclue t-elle.
- Ouais c'est plutôt cool. Et toi ? Tu as fini toute ta décoration ? la taquinai-je.
Elle me tire la langue et commence à m'expliquer pourquoi elle trouve ça inadmissible de devoir payer quatre fois plus cher un rideau à NY. Je n'aurais jamais cru pouvoir supporter ses blablabla futiles, mais à mon grand étonnement, je l'écoute attentivement. Je m'accroche au moindre détail de sa journée, à la moindre information sur elle. Je suis un désespéré.
Sa rentrée est dans deux jours et elle est au comble du stresse, bien qu'à mon avis, elle n'est pas à s'en faire. Le bon point, c'est qu'elle à quasiment fini d'emménager.
Je l'écoute encore parler, sa petite tête s'agite sur l'écran. 8 mois. Ça va le faire.
**
Deux mois plus tard.
J'enfile ma première chaussures avec une main, alors que la colère me fait voir flou.
- Putain je t'ai dis déjà dis que c'était pour une après-midi randonnée, t'es complètement bouchée ou quoi ?! m'exclamais-je à l'intention de mon téléphone.
- Te fous pas de moi ! T'as repris les sports extrêmes ? Avec ta Naomie ?
Je ne réponds pas tout de suite, aux risques de me faire engueuler deux fois plus fort. Inspire. Expire. Tout ça à cause d'une maudite photo de RANDONNÉE, bordel.
- Bébé je vais être en retard au boulot et..
- Oh parce que tu crois que moi, j'ai pas des choses plus importantes à faire que de constater que tu te fous encore de moi ?
Cette fois, c'est trop. Je raccroche violemment et balance mon téléphone contre le mur. Elle est insupportable.
C'est comme ça depuis bientôt trois semaines, je ne vais pas tarder à craquer. Elle a bientôt des partiels, ce qui l'empêche de rentrer pour Noël. Ca a été le coup de massue d'apprendre que l'on ne se verrait pas. Et depuis, elle me pourrit l'existence.
Bien-sûr que non je n'ai pas repris le sport extrême. Et bien-sûr que je ne la trompe pas putain. Mais je ne suis pas non plus son toutou. J'essaye de m'épanouir de mon côté, d'être Ethan. J'adore marcher, découvrir la nature. Et j'adore ma meilleure-amie, je ne vois pas où est le problème.
J'enfile ma deuxième chaussure et file au boulot. Cette routine va finir par me tuer.
**
Un mois plus tard.
Si j'avais su comment allait finir cette journée, j'aurais définitivement pris un petit-déjeuner. Car oui, si j'avais su que Mya avait décidé d'accoucher aujourd'hui, je ne me serais sûrement pas pointer chez eux comme une fleur.
- AHHHH !
Elle hurle de douleur à l'arrière de la caisse alors que Liam conduit comme un dératé, en se concentrant pour ne pas nous tuer au passage. Putain de merde.
- Euh, ça va Mya ?
Elle me regarde comme-ci je venais d'une autre planète.
- J'ai l'air d'aller bien crétin ? crie t-elle.
Okééé. C'était une simple question, c'est bon. Je ne suis pas doué pour ces.. trucs. Dans un éclair de génie, je décide d'appeler Thaïs sur FaceTime. Réponds bébé, on a besoin de toi.
Son visage apparaît au bout de quelques secondes et je souffle de soulagement. Sans perdre de temps, je fourre mon portable dans les mains de Mya.
- Ethan ? Mya ?! Mais qu'est-ce..
- Je suis entrain d'expulser un putain de gosse Thaïs !
On dirait que la Mya folle-dingue fait son retour à mesure que le bébé met les voiles. Et merde.
- Oh mon dieu, oh mon dieu ! Respire ok, on fait la technique du petit chien ? Ok souffle, sou..
La technique de petit chien ? Sérieusement ? J'arrête d'écouter leur connerie, maman pondeuse est entre de bonnes mains.
Je reporte mon attention sur Liam qui ne pipe pas un mot, le regard rivé sur la route.
- Et ça va mon vieux ?
Mais quel est mon soucis avec cette question à la con ? Mon meilleur ami se contente d'hocher la tête. Parfait.
Nous arrivons enfin à la clinique, et Mya est rapidement prise en charge. Au départ les infirmières ont refusé d'autoriser le FaceTime avec Thaïs. J'ai essayé de leur expliquer, gentiment, que c'était complètement inutile de s'y opposer, mais elles m'ont envoyé promener. Du coup elles se sont faites massacrer.
- Je vous préviens que j'accouche dans ce putain de haul si vous continuez à me faire chier avec ça !
Elles ont rapidement capitulé et je n'ai pas pu m'empêcher de leur lancer un regard du genre "je vous l'avais dis".
C'est donc ainsi que Mya mis au monde, entouré de son petit-ami et de sa meilleure amie, un adorable petit garçon. James. Ah, mon petit gars si tu savais à quoi tu viens d'échapper.
Liam était ému au comble, et je décidai de reprendre mon téléphone et avec, Thaïs pleurant à chaudes larmes.
Une fois assis dans le couloir, je la branchai sur écouteurs.
- Il est si petit ! Il est vraiment aussi petit en vrai ein ?
- C'est une crevette, dis-je avec un sourire.
Elle rit.
**
Trois mois plus tard.
Plus que deux mois. Le calvaire touche à sa fin. Il me reste exactement deux mois de boulot et après ça, direction NW. Direction Thaïs.
Le plus dur à été fait, et même si ça n'a pas toujours été le conte de fée, on est y est arrivé. Bordel c'est presque fini.
Elle n'est jamais rentrée. Pas le temps, trop de boulot, des partiels qui n'en finissent jamais. Je m'étais souvent mis en colère, parce que j'avais l'impression qu'elle s'en fichait. Elle était sensée rentrer pour chaque vacance, mais elle n'était jamais revenu.
Nos appels aussi s'étaient distancés. Il ne fallait pas se voiler la face, c'était inévitable. Néanmoins, mes sentiments n'avaient pas bougés et bordel, dans deux mois elle sera à nouveau mienne.
J'avais changé. J'étais plus extraverti, plus sportif aussi. Moins renfermé. Je ne portais plus le malheur du monde sur mes épaules. J'avais même appeler ma sœur. Et ouais. Bon, rien n'effacera ce qu'elle a fait mais elle restait ma sœur alors. D'ailleurs, le petit James aussi m'avait changé. Sérieusement, ce môme ne dormait jamais. Un tourbillon d'énergie. Comme c'est étonnant..
En tant que parrain, je l'avais souvent avec moi. Liam travaillait aussi et Mya étudiait. Ca me faisait plaisir de les aider, d'autant plus que cette crevette de trois mois avait une bouille à croquer. Littéralement.
Croyez-le ou non, Thaïs aussi avait changé. Elle était toujours aussi chiante mais elle avait réappris à me faire confiance. De ce fait, elle semblait plus sûre d'elle-même et ça lui allait à merveille. Nous avions grandi loin l'un de l'autre mais nous avions grandi quand même.
Ah oui, et il y avait ce changement. Au début, j'avais cru à une plaisanterie mais au final, ça m'allait. Elle était belle quoiqu'elle fasse. Et parce quoiqu'elle fasse, j'entends couper ses cheveux à la garçonne. Ouais je sais, moi non plus je n'étais pas prêt.
Mon téléphone vibre dans ma poche. Je regarde l'heure. 18:00. Pile à l'heure, bébé.
**
Deux mois plus tard, à New-York.
Je trépigne. Je n'arrive pas à rester assis ou immobile. Je n'arrive pas à enlever ce sourire sur mon visage. Je dois probablement avoir un faux-air du Joker là tout de suite, mais on s'en fout. Elle est là.
Quelque part dans la foule devant moi. Je la cherche du regard. J'essaye de capturer ces jolies prunelles noisettes. Putain, ca y est.
Voyant que mes recherches sont infructueuses face à ce tas de personne, je me décale dans un coin et attend. Attendre, toujours attendre.
Elle est surement en retard, ça ne m'étonnerai pas. Sa voix réelle, est-elle la même que dans mes souvenirs ? Et son odeur ? Je l'adore. A t-elle changée ?
Les minutes passent et je n'en peux plus. J'ai besoin de la voir, j'en ai besoin. Merde.
Mes yeux se baladent de droite à gauche, et puis.. Bam. Ils la percutent. Et mon coeur explose, ainsi que mon cerveau. J'explose. Thaïs.
Elle est magnifique, c'est dingue. Ses cheveux ont déjà bien repoussé, ce qui lui donne un air d'actrice des années 6o. Ca lui va à ravir. Elle a un peu grossie mais là encore, elle reste canon. Dans ce jean slim et ce chemisier blanc, elle me coupe le souffle. Elle est renversante, mais surtout, elle ne m'a pas vu.
Je m'approche d'elle doucement. Et finalement, elle tourne la tête vers moi. Et s'en ai trop. Elle fond en larmes, et moi je me demande comment on peut aimer quelqu'un aussi fort que je l'aime.
Elle court vers moi et me saute dessus. Je lâche tout mes bagages pour la garder contre moi. Mon corps entier est parcouru de frisson. Elle sent toujours aussi bon. Sa peau contre la mienne, mais quel bonheur. Son souffle chaud s'approche de mes lèvres et je l'a devance. Je l'embrasse avec une force qui m'est inconnue et elle me le rend avec tout son amour.
A cet instant, les mois passés loin l'un de l'autre sont derrière nous. Et tout ce que je vois, c'est mon futur. C'est elle.
- Coucou toi, me chuchote t-elle.
Cette voix. Mon esprit par en vrille, et je ne réponds plus de moi.
- Thaïs..
Elle recule légèrement et fronce les sourcils, soucieuse.
- Eh tu vas bien ?
Je la fixe un moment, et sans savoir d'où ça sort, je tombe à genoux devant elle.
- Épouse-moi.
Je dis cela d'une voix claire et nette, alors que je n'ai même pas l'impression que c'est moi qui parle. Je craque, c'est bon.
Ses yeux forment deux soucoupes, et elle ne sait plus quoi dire. Pourtant, quand on y réfléchi bien, c'est assez logique. Je ne peux pas vivre sans elle et je pense à croire qu'elle ne peux pas vivre sans moi. Et je l'aime putain, c'est si difficile à comprendre ?
- Je t'aime. C'est tout ce que je peux te dire, qui en vaille la peine.
Si ça se trouve, je suis entrain de tout gâcher. Comme le sombre crétin que je suis.
- Épouse-moi. Épouse-moi aujourd'hui, demain, dans dix ans. Mais épouse-moi, Thaïs.
Elle semble enfin comprendre ce que je lui dis. Ah oui ? Elle me tend la main pour me relever et la pose ensuite sur ma joue. Son regard plonge dans le mien, et un sourire se dessine sur son visage.
- Pour le meilleur et pour le pire ein ? murmure t-elle.
Oui.
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Ta-da. Le dernier chapitre d'Attachiante les amis, c'est terminé ! 😭
* Lâchez-vous en commentaires !
Et surtout ne partez pas encore, des bonus arriveront (peut-être) et aussi des infos sur ma nouvelle fiction.
Merci pour tout, c'était une formidable aventure avec vous, vraiment je suis tellement fière de tout ce que NOUS avons accomplis. Vous êtes les meilleures. ☀️
PS : J'ai fais une interview sur "Interview d'auteur" avec Aline2802 , si jamais ça vous intéresse. ☺️
Tessy ❤️
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