Chapitre 34 - Together
- Point de vue de Thaïs -
Il me fixait, de ses beaux yeux bleus. Je n'aurais pas dû parler, je ne m'en sentais plus la force. J'étais susceptible de m'effondrer d'une seconde à l'autre, mais il ne fallait pas. Parce que si je commençais à pleurer, j'avais peur de ne jamais pouvoir m'arrêter. Ce début de semaine avait été un véritable calvaire. J'avais eu l'impression que mon monde avait littéralement arrêté de tourner quand on m'avait appelé trois jours plus tôt, juste après notre dispute, pour m'annoncer l'accident.
Trois jours. C'était le laps de temps pendant lequel Ethan avait été dans le coma, mais pour moi, ça représentait plus l'enfer qu'autre chose. Les médecins étaient pourtant confiants et faisaient tout pour me rassurer. Mais le percevoir ainsi, sans étincelles dans le regard, sans son sourire niais, branché à toutes ses machines, me brisait chaque seconde un peu plus.
Alors le voir me regarder de la sorte à cet instant m'emplissait de toute sorte de sentiments plus conflictuels les un que les autres. La douleur, l'inquiétude et la culpabilité que j'avais emmagasiné menaçaient de me submerger, mêlées au soulagement, à la joie de le revoir et à tout mon amour pour lui. C'était trop, beaucoup trop.
Le silence s'installa entre nous. Doucement, je glissai mes doigts entre les siens. Je tremblais. Respire Thaïs, respire. Je pris une grande inspiration mais ça ne m'aida pas. Je sentis une larme rouler le long de ma joue. Faiblarde. Je tentai d'éviter le regard d'Ethan mais c'était peine perdue. Il leva son bras valide et m'attrapa par le menton, vissant ses yeux au miens. Et se fut trop. J'éclatai en sanglot.
Mon état était lamentable, dieu seul sait à quel point je détestais me montrer faible devant lui mais je ne pouvais rien y faire. Comment aurais-je pu faire sans lui ?
J'avais eu peur de ne plus jamais l'entendre, lui et son rire. De ne plus jamais sentir son corps contre le mien, ses lèvres sur les miennes. Penser que la dernière image que j'avais de lui aurait été cet homme qui ne lui ressemblait pas, penser que notre dernière conversation aurait été cette affreuse dispute. Mais surtout, je n'aurais pas supporter qu'il parte en pensant que je le détestais. Parce que ce n'était pas le cas. Je ne pourrais jamais.
Ethan était maintenant définitivement inquiet. Il m'attira à lui, et je posai ma tête sur son torse, toujours bouleversée. La chaleur qui émanait de lui me donna une véritablement bouffée d'oxygène. Il ne dit toujours rien, se contentant de me caresser les cheveux délicatement. Je sentais l'apaisement me submerger, au fur et à mesure. Mon amour.
- J'ai eu tellement peur Ethan.. , murmurai-je enfin, une fois calmée.
Il ne dit rien mais je le sentais s'agiter sous moi. Je me redressais alors. Il me montrait sa gorge, ouvrait sa bouche, faisait des signes absolument incompréhensibles. Mais qu'est ce que.. Ah si ! Aphone. Il était aphone le pauvre, ceci expliquait cela. Je ne pus retenir un léger sourire, amusée par la situation.
- Moi qui voulait tant entendre ta jolie voix, lui dis-je.
Il me tira la langue, boudeur. Mon dieu comme il m'avait manqué. Je ne voulais qu'une chose, oublier tout nos problèmes. Oublier Anna, et ce vase brisé. Du moins pour le moment. Car il était certain que rien ne les effacerai définitivement, mais Ethan était mal en point et moi aussi, d'une certaine façon. Nous avions besoin de nous retrouver, et lui de se rétablir promptement.
Liam entra dans la chambre, les bras chargés de nourriture. Des chips, des bonbons, des gâteaux, des canettes de sodas. Quoi ?
- Et voilà, régales toi mon pote.
Quoi ? Hors de question. Il avait besoin de nourriture saine, pas de sucre à volonté. C'était bien une idée de mecs ça, tiens. Je me levai d'un bond et déchargeai Liam de ces cochonneries.
- Personne ici n'avalera ça, déclara-je avec ma nouvelle contenance.
A ces mots, je retournai près d'Ethan et appelai l'infirmière. Les retrouvailles passées, il fallait bien revenir sur Terre. J'avais besoin d'un diagnostic médical, surtout pour cette histoire d'aphonie. Les deux garçons me lancèrent des éclairs que je pris grand soin d'ignorer.
C'est un médecin qui arriva quelques minutes plus tard. Il avait l'air jeune, et son sourire était éclatant. Son nom était inscrit sur son badge, Docteur Morano. Il referma doucement la porte et se plaça devant les écrans de contrôle. Il sourit légèrement et nous fit face.
- Content de vous revoir parmi nous monsieur Devros, dit-il. Vos constantes sont bonnes, et votre commotion à bien réduit. C'est une bonne chose.
Je lâchai un soupir de soulagement. Merci.
- Il n'arrive pas à parler, c'est normal ? le questionnais-je
Morano réfléchit un instant, et leva légèrement les épaules.
- Vu la violence du choc, les contusions au niveau du cou sont tout à fait normales, oui. Il devrait retrouver l'usage de la parole dans quelques jours.
Quelques jours ? Je sentais venir les heures difficiles qui nous attendaient. Déjà qu'il serait obligé de passer la fin de semaine à l'hôpital, si la parole lui faisait défaut, je crois qu'il ne tarderai pas à tout envoyer promener. Et moi qui espérait retrouver nos habitudes rapidement. Tant pis. La santé avant tout.
Après le départ du médecin, une infirmière apporta à Ethan son déjeuner, nous informant par la même occasion que les heures de visites se terminaient à 18h. Je détestai ce moment de la journée, où je devais retourner à la maison sans lui. Même si cette fois je le savais en bonne santé, je m'endormirai une fois de plus toute seule. Plus que quelques jours.
Liam et moi passèrent le reste de la journée dans cette pièce toute blanche, à raconter à Ethan tout ce qu'il avait manqué depuis trois jours. Ce dernier avait développé un espèce de rire muet qui n'enlèverait rien à son charme naturel. Les regards emplis d'amour qu'il me lançait parfois me redonnaient véritablement du baume au cœur. A travers eux je pouvais lire les excuses qu'il m'adressait, probablement à cause de la culpabilité qui devait l'habiter. Il ne devrait pas.
A 18h pile, nous le quittèrent alors qu'il s'était assoupi. Les antidouleurs qu'on lui administrait étaient assez fort, et la somnolence était l'un des effets secondaires. Je lui offris un tendre baiser sur la joue, puis refermai délicatement la porte. Maintenant, il faut passer la voir. Liam de me déposa rapidement chez Mya.
Ma meilleure amie abordait désormais un adorable petit ventre arrondi. Elle semblait épanouie. Je ne sais vraiment pas comment elle fait. Dans un peu moins de six mois, elle donnera naissance à son bébé. Bébé qui d'ailleurs, n'avait toujours pas de sexe à notre connaissance. Mya souhaitait garder le suspense jusqu'à l'accouchement, ce que je trouvais, personnellement, totalement débile. C'est vrai quoi, comment savoir quelles couleurs ou quelles décorations prendre ? Elle se compliquait la tâche.
- Ce bébé est une vraie surprise Thaïs, alors autant l'être jusqu'au bout tu ne crois pas ? m'avait-elle répondu.
Non je ne crois pas. M'enfin, c'était sa décision.
Je monte d'un pas soutenu les marches de son perron et entre directement. Ses parents absents, cette maison était désormais comme la mienne. M et Mme Li s'étaient octroyés une nouvelle lune de miel, pour soit disant "renforcer leur couple face à cette épreuve". Pour notre part, il s'agissait plutôt d'une façon tout sauf discrète de fuir la situation. Heureusement, Mya ne semblait pas déçue bien au contraire. Plus de regards sur le côté ou de visage désespéré.
- Myaaaaa, je suis là, m'exclamai-je en m'écroulant sur le canapé.
Quelques instants plus tard, la jolie blonde apparue et s'assit doucement à ma droite. Elle avait l'air fatiguée mais son sourire rayonnait.
- Liam m'a dit qu'il s'est réveillé, c'est génial, me dit-elle.
Entre eux, tout allait pour le mieux. D'après ce que j'avais compris, Mya n'était pas prête à se remettre avec lui mais leur amitié semblait fonctionner à merveille. Tant mieux pour le petit. Ou la petite. Pff.
- Oui oui, répondis-je vaguement.
La vérité c'est que je n'arrêtais pas de me poser des questions sur Anna. Elle était partie à ses 8 ans, avant même son père.
J'avais trouvé sa lettre en cherchant un t-shirt dans le placard d'Ethan. Elle était soigneusement pliée, placée dans un coin de la commode. Je n'aurais pas dû la lire, ça ne me regardait pas, mais j'avais d'abord cru à une lettre d'amour. Je m'en était ensuite voulu d'avoir douter de lui, avant de comprendre qu'il m'avait menti sur quelque chose d'encore plus grave.
Une sœur. C'était important, quand même. Dans son courrier, Anna s'excusait de l'avoir abandonné, d'avoir été une si mauvaise sœur. Elle lui disait qu'elle pensait à lui et qu'elle voudrait qu'ils se retrouvent. Ces mots m'avaient profondément touchés, et c'est pour cela que je n'avais pas compris la réaction d'Ethan. La lettre datait de trois mois, mais jamais il ne l'avait mentionné. Il était plein de colère et de rancoeur. Je soupirais, pensive.
- Thaïs ? m'appela Mya.
Je tournais la tête vers elle, sortant de ma rêverie.
- Mmh ?
- Tu penses encore à ce vase ?
Ce vase. C'était un souvenir douloureux. Je ne l'avais pas reconnu, à cet instant. Ses traits étaient déformés par la rage et la violence qui émanait de lui.. Ce n'était pas normal. Les sentiments qu'il éprouvait pour sa sœur le rongeaient de l'intérieur mais il ne s'en rendait même pas compte.
- Non. Je ne veux plus y penser.
Elle hocha la tête, compréhensive. Cette grossesse semblait l'avoir assagit. Elle n'était plus aussi exubérante et agitée. Au contraire, le calme émanait d'elle.
Nous décidâmes de nous installer devant la télé, une bonne pizza sur la table. J'adorais ces soirées avec elle, où elle me réconfortait et où je la faisais se sentir moins seule.
**
À croire que cet idiot avait 6 ans au lieu de
18 ! Qui m'a donné un gamin pareil, bon dieu.
- Ethan, recouche toi, s'il te plaît. On rentre à la maison ce soir, tu peux bien attendre quelques heures non ? dis-je, lassée.
Cet abruti ne tenait plus en place, il s'agitait tellement que j'avais peur qu'il perde l'usage de sa dernière jambe valide.
- Hors de question, on rentre maintenant, conclut t-il d'une voix encore fragile.
Il l'avait retrouvé hier et à mon goût, c'était bien trop tôt. Ca semblait sûrement cruel à dire mais il était encore plus mignon quand il l'a bouclait.
Après avoir bataillé avec l'infirmière grincheuse, nous avions finalement réussi à la convaincre de le laisser partir dès maintenant. D'après lui, ce matin ou ce soir, ca n'avait aucune différence. Il n'avait pas tord, mais quel tête de mule quand même !
Liam était venu nous chercher de suite, et n'avait pas réussi à se contenir en voyant son ami en chaise roulante. J'étouffais également une rire, conscience qu'Ethan n'appréciait vraiment pas sa situation. En même temps, avec un bras et une jambe cassés, je ne voyais pas comment il comptait procéder autrement.
- Toi tu l'as ferme ou c'est moi qui te met en chaise roulante, grogna t-il.
Son expression ronchonne était à mourir de rire. Je me baissai à son niveau et lui fis un bisou sur le nez. Il se détendit immédiatement.
J'avais atrocement hâte de le retrouver pour moi seule, dans cette grande maison trop vide depuis bientôt une semaine.
Une fois arrivés, une vague de soulagement me traversa et il l'a sentit.
- Enfin à la maison bébé, murmura t-il.
Je lui souris et m'assis doucement sur ses genoux.
- Je t'aime.
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Ne pensez pas que vos menaces fonctionnent, je suis juste en vacances ;)
Assez calme, mais ce n'est que le début de nouvelles péripéties.
Avez-vous des idées ?
Je vous embrasses,
Tessy.
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