Chapitre 24 - Complications
- Point de vue de Thaïs -
Les maths. Qui avait bien pu inventer cette matière, sérieusement ? Je soupirai en rejetant la tête en arrière. J'aurais tout simplement dû arrêter l'école à 16 ans, maintenant j'étais coincée. New-York était bien à ma portée mais il fallait encore que j'obtienne mon bac, et avec cette matière à la con, je peux vous dire que je commençais à m'inquiéter.
Mme Bourg semblait déterminée à nous faire comprendre je-ne-sais-plus-trop-quoi, et quand j'observai mes camarades, j'eus un léger sourire. Je ne suis pas la seule à être dans l'échec apparemment.
Mon regard échoua sur mon merveilleux petit-ami, qui avait la tête penchée au-dessus de son cahier, concentré. Ethan avait été occupé ces derniers temps. Il travaillait tellement dur, que j'avais parfois l'impression d'être une vraie fainéante. Il ne me l'avait pas dis, mais je savais pourquoi il faisait ça. C'était pour moi, enfin, pour nous. Mon coeur fit un bond. Rien qu'à l'idée de l'imaginer à mes côtés l'année prochaine.. Je frissonnai.
Contrairement à moi, il semblait plutôt bien s'en sortir. Ses cheveux, qu'ils n'avaient toujours pas coupés, tombaient devant son visage, et sa bouche entrouverte lui donnait cet air sexy qui me faisait fondre. Mon dieu je..
- Mademoiselle Varez, serait-ce trop vous demander de regarder le tableau ?
Ok, j'étais définitivement morte de honte. Bien que tout le monde, même Mme Bourg apparemment, savait que j'étais avec Ethan, il n'empêchait que la situation était très gênante. Ce dernier me fixait désormais et m'adressa un clin d'œil avant de replonger dans son travail. Je m'empressai de me retourner et baissai la tête qui avait, soit dit en passant, viré au rouge tomate. Faites que ce cours se termine, par pitié.
**
- Thaïs, tu m'écoutes ? s'indigna Mya.
En vérité non, vraiment pas. Mya parlait trop et mon esprit était à des milliers de kilomètres de ses propos. Il me semblait néanmoins qu'elle me parlait de Liam,et je devrais sûrement faire un effort.
- Désolé. Distant tu disais ?
Elle me regarda de la tête au pied avant de me répondre.
- Oui, distant, soupira t-elle. J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose.
J'hochai la tête, songeuse, en pensant à Ethan qui l'était lui aussi, distant. Il boss lui, c'est tout.
- Tu penses qu'il me trompe ?
Elle me fixait, l'air dépassée. La tromper ? Ca serait vraiment étonnant. Liam était complètement gaga de cette fille, et tout le monde le savait.
- Arrêtes de t'inquiéter Mya, et parle lui. Il t'aime et tu le sais.
- Ouais, me soufflai t-elle.
Nous nous turent et reprenons notre marche silencieuse, en direction de la maison. Ethan avait dû partir au milieu de cours de maths pour je-ne-sais-qu'elle-raison et nous avions été obligées de rentrer à pied. Bien que j'avais pris l'habitude de rentrer en voiture, la marche m'avait quelque peu manquée. Il était bientôt 18h et j'avais qu'une envie, manger. Les examens blancs commençaient la semaine prochaine, et avec Mya nous avions décidé de travailler à fond. Super.
Une fois arrivées à la maison, il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu'il n'y avait personne. Mon père travaillait et Ethan.. Et bien je n'en avais aucune idée. Je sortis mon portable de la poche arrière de mon jean et tapait rapidement un message à son intention.
Thaïs : Je suis à la maison avec Mya. Tu rentres quand ?
Je souris légèrement, une petite idée en tête. Je le voulais pour moi, ce soir. Sa réponse ne tarda pas.
Ethan : Rentrerai tard. M'attends pas.
Mon sourire s'évanouit en quelques secondes, et cela m'irrita. J'avais l'impression de passer au second plan et c'était tout sauf agréable.
Je balançai mon sac sur la table avec énergie, sorti mes affaires et commençai à réviser sous le regard perplexe de ma meilleure amie. Elle ne me dit cependant rien et je lui en fus reconnaissante. Mon humeur avait changé du tout au tout, et encore une fois, c'était de sa faute.
Étonnamment, nous firent plutôt vite, motivées par l'envie de finir au plus vite et quand la sonnerie de l'entrée résonna, annonçant la présence de Liam qui attendait dans sa voiture, je m'aperçut qu'il était bientôt 22h. Évidemment, pas d'Ethan en vue. Une fois ma meilleure amie partit avec Liam, je me retrouvai seule. Je soupirais et rentrai pour la première fois de l'après-midi dans ma chambre, exténuée. Je me débarrassai de mon jean, attachai rapidement mes cheveux et me jetai sur mon lit. Je ne tardai pas à m'endormir, après avoir enfiler tant bien que mal mon pyjama.
**
Un bruit me réveilla. Je crus rêver, la première fois mais quand un son sourd me revint, je me redressai d'un coup. Je jetai un coup d'œil à l'heure, encore dans les vapes. Il était 3:46. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
- Ethan ? soufflais-je comme une idiote dans le noir de ma chambre.
Silence. Puis un bruit. Ok, je flippais. Vraiment. Je sorti de mon lit sur la pointe des pieds, les jambes flageolantes. Respire Thaïs. Je respirai donc. Je plissais les yeux dans le noir afin de trouver tant bien que mal de quoi me défendre. Et après quoi ? Tu ferrais mieux de te planquer ma pauvre. Non, hors de question ! Je refusais de me laisser faire une fois de plus. En plus, une partie de moi pensait dur comme fer que j'étais en plein délire. J'espère. Je mis la main sur une paire d'escarpins. Ok, c'était pathétique mais je n'avais rien de plus pointu et de plus dangereux dans ma chambre de fille.
Je pris une profonde inspiration et décidai d'ouvrir la porte de la chambre le plus silencieusement possible. A peine le pied posé dans le couloir, un bruit de verre retenti dans le salon et me fit sursauter. Ok tu ne rêves pas. Putain, il y avait un intrus dans mon salon ! A ce moment précis, je priais pour qu'Ethan soit bel et bien dans sa chambre. Je me précipitais vers cette dernière, désormais totalement paniquée. Rien. Elle était vide. Ses draps n'étaient même pas défaits. Je crois que je vais pleurer.
Dans mon affolement, je n'avais pas entendu les pas se rapprocher de moi et quand une énorme main se plaqua sur ma bouche, je poussais un hurlement. Non, pas encore par pitié. Je me débâtis comme une furie, donnant des bras et des jambes. D'un coup, j'écrasai de toute mes forces le talon aiguille de mes escarpins sur la main hideuse qui me couvrait le visage puis assénai un coup bien placé dans l'entre-jambe à mon agresseur. L'inconnu se plia en deux et jura alors que je pris mes jambes à mon cou.
- Salope ! cracha l'homme à terre.
Cours Thaïs, cours. Putain mais Ethan où es tu ? J'ai besoin de lui. J'attrapais mes vielles converses blanches à la volé et couru dans la rue, aussi loin que possible. J'étais dans mon pyjama qui ne se constituait que d'un large t-shirt appartenant à mon petit-ami absent.
Je ne sais pas depuis combien de temps je courais, mais une fois sure de ne pas avoir été suivit, je me planquai derrière une voiture et me mis à pleurer. Mais que venait-il de se passer ? Papa et moi ne nous étions jamais fait cambrioler. Jamais. Quant à Ethan, mais où était-il merde ? Je me figeai en pensant au fait qu'il pourrait très bien rentré à la maison alors qu'un fou furieux s'y trouvait. Et tu as oublié ton portable là-bas putain. Mes sanglots se calmèrent et j'essayais de me ressaisir. Respire. Ok. Premièrement, il fallait que je contacte la police le plus rapidement possible. Ensuite papa et enfin Ethan.
Je me levai prudemment et essayai de me resituer dans le quartier. Oh mon dieu merci, je n'étais plus très loin de chez ma mère. Bien sûr. Je me remis à courir comme je ne l'avais jamais fait, à moitié habillée, priant pour ne pas attirer un autre détraqué.
Une fois en bas de son immeuble, je maltraitai la sonnerie, me retournant sans cesse. Je devrais parano, il fallait absolument que je me sente en sécurité ou j'allais finir par craquer pour de bon.
Interphone : Euh oui ? décrocha ma mère, d'une voix à la fois endormie et secrète.
- Maman c'est moi, ouvre vite j'ai besoin de toi !
Il me semblait que j'avais crié, je ne saurais dire, j'étais comme déconnectée. La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard et je me ruais vers l'appartement.
- Ma chérie, mais qu'est-ce qui t'arrive ?
Je ne lui répondis pas et fonçai sur le téléphone.
J'appelai la police, puis papa et enfin Ethan. Il n'avait pas décroché, ce qui ne fit qu'amplifier mon inquiète et mon stresse. Je sentais les larmes coulées quand je lui laissai un message.
Thaïs : Ethan, ne rentre pas à la maison, il y a eu une intrusion. Je suis chez maman, rejoins moi là-bas dès que tu le pourras .. T'es où putain ..
Ma voix se brisa et je raccrochai. Je me laissai alors glisser contre le mur, et toute la peur et l'adrénaline cumulés ressortirent. J'éclatai en sanglots, incontrôlable. Je me sentais seule et je m'inquiétais pour Ethan. Cette histoire était tous sauf normale, il y avait quelque chose qui m'échappait, je le sentais bien. Lorsque les bras de maman se refermèrent autour de moi, une vague de chaleur me parcourue. Je me sentais en sécurité. Je crois que je m'endormis dans cette position, à bout de force.
**
Lorsque je rouvris les yeux, je ne reconnu pas tout de suite l'endroit où je me trouvais. Je tournais la tête vers la droite et découvris mon téléphone posé sur la table de chevet. Je fronçai les sourcils, interpellée. Mais qu'est ce que.. Je ne fini pas ma phrase silencieuse, perplexe. Il était bientôt midi, et je me trouvais dans la chambre d'amis de ma mère. Je balayais la pièce du regard et remarquai enfin sa présence. Il était là, assis à l'autre bout de la chambre, les yeux rivés sur moi, l'air grave. Il portait les même vêtements qu'hier et les cernes sous ses yeux attestaient de son manque de sommeil. Personne ne parlait. Je ne savais pas quoi lui dire. Une part de moi lui en voulait énormément. Il m'avait abandonné face à cet agresseur et n'avait donné aucun signe de vie. En plus, j'étais sure qu'il me cachait quelque chose. D'un autre côté, je sentais déjà le soulagement et la joie m'envahir de le savoir en sécurité. Probablement excédé par le silence ambiant, il prit la parole.
- Tu vas bien ? me demanda t-il, interdit.
Je réfléchis. Je n'avais pas été blessée, juste légalement secouée et mis à part cette nuit catastrophique, ça allait. J'allais bien. J'hochai alors la tête. Ma réponse sembla véritablement le soulager. Il soupira longuement, et fini par de diriger vers moi. Il se glissa alors sous draps, et m'emprisonna dans ses bras.
- J'ai eu tellement peur .. , souffla t-il.
Je ne répondis rien. Quelque chose n'allait vraiment pas. Il me mentait, c'était certain.
- Je suis désolé Thaïs.
Cette fois, c'était sur. Il y avait quelque chose. Et c'était grave. Je le repoussai et me relevai afin de ne plus avoir son visage prêt du mien. Ca me déconcentrait.
- C'est quoi ce bordel Ethan ?
J'avais parlé froidement mais il était impératif que je comprenne ce qui se passait.
Il ne répondit pas, et se contenta de me fixer.
Je sortis alors du lit, déterminée à voir des réponses.
- Si tu ne parles pas, je te jure que c'est terminé.
Je ne savais pas si je pensais réellement mais une chose était sure, j'avais besoin de comprendre et savoir qu'il me mentait me brisait le coeur.
Il s'assit sur le lit et détourna le regard.
- C'est compliqué.. Je..
Il se tut, semblant chercher ses mots. Lorsqu'il releva la tête et qu'il planta son regard dans le mien, je frissonnai. Il était plus fermé que jamais.
- Ca fait quelques jours .. Ok. Y'a un peu moins de deux semaines, un mec m'a appelé pour m'informer que ma mère lui devait du fric et que c'était à moi de régler sa dette. 4 000 €. Ce mec, c'est Mickey, le dealer de ma mère.
Il s'arrêta, me scruta dans l'attente d'une quelconque intervention mais face à mon silence, il soupira et reprit.
- Thaïs, je n'avais pas le choix. Je voulais te mettre en sécurité, toi et tout le monde. C'était tout ce que je demandais. Je n'avais pas le choix, tu dois me croire.
Pas le choix ? Mais de quoi est-ce qu'il parlait à la fin ?
- Je n'avais évidemment pas ces 4 000 €, alors j'en suis allée chercher une. Et j'ai trouvé. Mais je te le jure, si j'avais su qu'il projetait de s'en prendre à toi je ..
- Ethan parle !
- J'ai proposé un arrangement à Mickey. Je bossais pour lui jusqu'à payer ma dette et après, terminé. Je suis ..
Ces mots deviennent sourds. Mon cerveau avait bloqué. Il avait bloqué sur ces dernières phrase. "Je bossais pour lui". Mais qu'avait t-il fait mon dieu ? Non seulement il m'avait mit en danger, ainsi que ma famille mais il avait aussi vendu de la drogue. Le gars que j'aimais avait vendu de la drogue. Non putain. Impossible. J'avais quitté cette planète, c'était certain. Comment avons nous pu en arriver là ? A quel moment ?
Ethan me suppliait de dire quelque chose, mais il n'y avait rien à dire, en réalité. Il avait agit dans mon dos et m'avait menti. C'était la seule chose à dire. Je me sentais trahie. Et j'étais déçue. Terriblement déçue.
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Excusez moi du retard ! Voila, un bon gros chapitre comme vous les aimez :)
Que pensez-vous de Thaïs a travers ce chapitre ?
Et d'Ethan ?
J'espère que j'ai été assez claire, en fait, Ethan a voulu éponger sa dette en travaillant pour Mickey mais ça ne s'est pas passé comme prévu.
A votre avis, pourquoi ?
Je vous fais des bisous !
Tessy
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