CHAPITRE 8-1
3ème partie publiée
Avec douceur, la longue et large voiture qu'avait choisi Lhinck pour nous emmener au palais de Golkindor, atterrit sur l'herbe boueuse, éclaboussant sur les portières de l'eau sale. Je regardai par la vitre teintée de la fenêtre, toutes les autres voitures des autres familles nobles, garées en ligne devant le grand portail. Les emblèmes de chacune des maisons nobles. La plus proche des voitures était longiligne et très basse, un écusson représentant une rose aux épines étincelantes prônait fièrement sur le pare-chocs rond. Les Nahuay. A contre-gré, j'ouvris la portière en devançant Lhinck qui venait de descendre pour venir m'ouvrir.
- Merci, Lhinck mais tu sais que tu n'es pas obligé de faire ça.
- C'est mon boulot, Certessa, répondit-il en réajustant ses lunettes de soleil sur son nez, dont il ne se séparait jamais, qu'il pleuve, qu'il fasse beau ou que le ciel soit noir.
- Appelle-moi, Kaya.
Il inclina la tête, sans dire un mot de plus.
La peur au ventre, je posai un pied sur l'herbe mouillée en soulevant les pans de ma tunique blanche et m'avançai à pas prudent vers le chemin dallé qui menait au portail, déjà ouvert. Les deux gardes devant l'entrée, s'inclinèrent respectueusement à mon passage. Geste auquel je ne m'étais toujours pas habituée, je répondis maladroitement en leur faisant « coucou » de la main qui les surprit. Orphyll, derrière moi, sifflotait d'un air joyeux en marchant, les mains derrière le dos, comme toujours. A le regarder, on croirait que nous étions en chemin vers un parc d'attraction. En croisant mon regard incrédule, il m'adressa un large sourire, ses petits yeux émeraudes se fermant presque. Comment faisait-il ? Alors que la panique me gagnait et faisait trembler mes jambes, lui semblait parfaitement calme et même joyeux. Nous nous rendions quand même à un tribunal où ma vie risquait de changer à jamais, encore une fois, mais en empirant. Peut-être était-ce dû à son âge et à l'expérience qu'il avait acquis après plus de mille ans d'existence.
Je remontai le chemin dallé en traversant le vaste jardin du palais de Galford, ralentis devant l'arbre blanc qui me fascinait toujours autant et arrivai enfin à la terrasse. Mes talons claquèrent sur le parquet en bois clair, parfaitement ciré, où Mala m'attendait déjà. Elle portait un tailleur cintré à la taille, à manches longues et tombantes, violet qui jurait avec ses cheveux qu'elle avait frisé ce jour-là.
- Certessa Kaya, me salua-t-elle en courbant avec grâce l'échine, un sourire parfait sur ses lèvres fines. Comment allez-vous, Alexius ? dit-elle en lui tendant la main.
- Bien, bien, merci, Mala, répondit Orphyll en lui serrant la main.
- Ah, je vois que le capitaine Berry vous a escorté.
Olympe Berry avait pris une voiture fonctionnelle pour nous suivre et garder à l'œil tout comportement suspect sur le chemin de voitures voisines ou atlazasiens volant pas loin. Elle remontait l'allée avec quatre de ses hommes, dont Fynn qui effraya un jeune garde de l'empereur en passant devant lui et Sid.
- Tout le monde est déjà pratiquement arrivé, poursuivit-elle en prenant un air grave, les yeux baissés sur un son téléphone. Ses doigts tapaient à une vitesse impressionnante sur l'écran. Ses yeux s'agrandirent. On vient de m'informer que l'accusé Vic Prynix est sur le point d'arriver.
Un grand bruit retentit soudain devant le portail. Une navette grise et blindée, grotesque s'était posée brusquement sur le sol. La navette ressemblait à un gros cube rectangulaire et solide.
- Tim ! héla Mala en regardant une portière se creuser dans la navette puis coulisser.
- C'est quoi, ça ? murmurai-je tandis que des hommes portant des armures noires et lourdes d'aspect, sautaient de la navette. Des casques épais dissimulaient tant et si bien leur visage que seuls les yeux étaient visibles.
- Ce sont les gardiens de la prison Erde, me répondit Mala. Tim ! Combien de fois, va-t-il falloir que je t'appelle ?
Un homme à l'apparence très humaine apparut sur le seuil de la porte d'entrée, essoufflé. Il épongea son front d'un mouchoir et s'inclina respectueusement quand il me vit.
- Certessa Kaya, c'est un honneur de vous rencontrer enfin. Monsieur Alexius, content de vous revoir, dit Tim.
- Tim est mon assistant, Certessa. Il va vous escorter jusqu'à la Cours de Justice, si vous le voulez bien.
Tim nous invita à passer devant lui, en tenant la porte grande ouverte. Avec un dernier regard pour les gardiens de la prison Erde qui ouvraient la portière arrière de la navette, je suivis Tim dans l'enceinte du palais. Orphyll était déjà entré et avançait d'un pas léger dans le long couloir, en regardant de temps en temps les portraits qui ornaient les murs.
- C'est donc vrai ce qui se dit, dit Tim en s'arrêtant devant une large porte. Vous paraissez encore plus humaine que moi-même !
- Si ce n'est que ça, tout va bien alors.
La large double porte noire était si haute qu'en essayant d'en apercevoir le sommet, j'en eus des vertiges. Elle s'ouvrit lentement et la lumière qui émana de la pièce où elle menait, m'aveugla. Je levai un bras pour protéger ma vue. Les yeux plissés, je ne parvins qu'à distinguer quelques silhouettes au début puis clignant plusieurs fois, un décor se rapprochant beaucoup de celui d'un tribunal se dessina entre les rayons de lumière qui s'étendaient dans toute la pièce dont les murs étaient entièrement faits de verre. Le soleil couchant éclairait la Cours de Justice, les hauts pupitres et les bancs derrière la place de ce qui me sembla être celle de l'accusé, pour l'instant vide. Plusieurs Prynix étaient assis sur les bancs à l'arrière et attendaient, l'air morose ou tout simplement ennuyé pour certains que ça commence. L'emblème de leur clan que je découvris que maintenant, était affiché sur la place isolée où s'installerait probablement Vic Prynix. Le drapeau représentait sur fond noir, une sorte d'oiseau d'argent que je n'avais pas encore vu à Atlazas. Quelques chefs des maisons nobles étaient déjà assis à leurs pupitres, dominant de leur hauteur la Cours. Je reconnus Xandra Kamylah qui semblait ailleurs et ne remarqua pas mon arrivée, Lindfor qui grimaça, l'air mal à l'aise. Il était évident qu'il n'avait vraiment pas envie d'être présent. En revanche, Ivy Nahuay, sa bouche déformée par un rictus mauvais, regardait, l'œil brillant de méchanceté la famille de Mikk. Mahlo, les narines palpitantes, la foudroyait du regard, impuissant, aux côtés de sa mère, qui me parut encore plus pâle de que la plupart des Prynix. De larges poches violacées sous les yeux, elle gardait la tête baissée et reniflait par moment dans un moment, bruyamment. Némésis Prynix avait tout perdu de la superbe qu'elle avait montré lors de notre première rencontre. Elle n'avait même pas pris la peine de se coiffer. Ses cheveux courts volaient dans tous les sens.
- Je vais vous conduire à votre place, Certessa, me souffla dans le dos, Tim en me présentant de la main, le chemin à suivre.
J'empruntai un petit couloir entre le mur de verre et les hauts pupitres en bois foncés, presque noirs. Des immenses enceintes blanches étaient accrochées aux vitres, certainement pour retransmettre le déroulement du procès, comme ils l'avaient précisé dans l'Atlanz News du matin. Déjà, une grande foule était réunie sur la place de Dorgol. La Cours de Justice était donc placée juste au-dessus d'une autre partie de la Place. Malgré le brouhaha des conversations dans la grande salle, le bruit de mes pas résonna en écho et attirèrent les regards curieux des gens présents dans la Cours. Une femme, assise sur une chaise, proche de la place de l'accusée, les jambes croisées et un chignon stricte sur la tête, leva les yeux vers moi et fronça ses sourcils. Puis rebaissant la tête, elle se mit à griffonner à toute vitesse sur son bloc-notes et le jeune garçon, accroupit à côté d'elle, leva son appareil photo dans ma direction. Je détournai le regard et me dissimulai derrière Orphyll, ne souhaitant pas apparaître sur la photo.
- Ah, ce sont des journalistes du journal Iustitia, m'expliqua Tim en regardant le jeune photographe nous mitrailler. On dit qu'ils ont des relations avec les Pilahs.
- Alors pourquoi sont-ils ici ? dis-je stupéfaite.
- On n'a pas encore trouvé le moyen de prouver leurs liens avec ce groupe terroriste, mais dès qu'on le pourra, je suis persuadé que l'empereur s'empressera de les virer à grands coup de pieds.
Orphyll gloussa, faisant trembler sa moustache et balaya l'air de sa main.
- Inutile, inutile ! Le meilleur moyen d'avoir un œil sur eux et de les contrôler, est de les laisser croire qu'ils ont le contrôle, dit-il avant de poser pour la nouvelle rafale de photos qui arrivaient.
- Vous pensez donc que l'empereur les laisse sciemment agir dans le but de les surveiller de près ?
- Galford ne me semble pas aussi intelligent, répliquai-je en m'oubliant.
Tim me lança un regard choqué. Zut, avais-je dit cela à haute voix ? Je me mordis l'intérieure de la joue en pestant contre ma bêtise.
Je veux dire, il a l'airplutôt directe et rentre-dedans comme personnage, poursuivis-je en essayant derattraper un coup, impossible à rattraper avec une pirouette
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