CHAPITRE 7

3ème partie publiée


CHAPITRE

7

Dans la matinée du vingt-cinq du mois de Diamant, Vic Prynix, second de la noble famille Prynix qui dirige la partie Est du continent, a été arrêté au domicile privé de la Certessa Kaya Golkindor Kamylah, après avoir tenté de la tuer. Vic Prynix, qui a été destitué de son titre et tous ses privilèges de noble, par notre vénéré Empereur Galford, a prétexté vouloir « aider son fils malade à retrouver le sommeil en allant voir la personne en cause de son enlèvement » et a prétendu avoir l'autorisation formelle et officielle de l'empereur, allant jusqu'à falsifier un document le certifiant sur l'honneur de l'empereur lui-même. Vous n'êtes pas sans savoir que depuis l'enlèvement de la Certessa Kaya et de nombreuses intrusions, agressions à son encontre avant ça, l'empereur a pris la décision de faire surveiller la demeure de la Certessa, le manoir des regrettés Rayleigh Kamylah et Narka Golkindor, en y envoyant une quinzaine des meilleurs hommes de l'OPA. Un nombre très sélectifs et surveillés de personnes sont autorisés à se rendre chez la Certessa. « J'ai vérifié le certificat de fiabilité et d'autorisation de l'empereur, c'était un vrai » nous a confié le capitaine Berry qui s'est chargée d'arrêter Vic Prynix. « Du moins, il avait l'air vrai » rectifie-t-elle quelques instants après.

Ce n'est pas la première fois qu'un événement semblable se produit. Comme nous vous l'avons précisé plus tôt, plusieurs tentatives d'agressions et de meurtres à l'encontre de la Certessa Kaya se sont déjà produit au cours de sa première année à Atlazas, depuis son retour. Un des Evadés de la prison Erde, Viktor Borahkan, aussi connu sous le nom de Caméléon pour son incroyable capacité à se rendre indétectable, avait réussi à s'introduire dans la salle de bain de la Certessa Kaya et l'avait agressé violemment. Le soigneur traitant de la Certessa nous a confié qu'elle en a été très secouée. « Je suis un très bon ami de la Certessa, et ce jour-là, je peux vous dire qu'elle était dans un sale état. Le fils Mykhola s'est même emporté sur le capitaine Berry en la chassant sans ménagement de la chambre de la Certessa. « C'était humiliant » nous a confié une source qui souhaite rester anonyme, par peur de perdre son travail. Peut-être serait-il temps de se poser des questions sur les compétences d'Olympe Berry en tant que capitaine de l'équipe S, connue pour être la plus compétente de l'OPA. Le directeur de l'OPA, l'inspecteur Erik Tark n'a pas voulu s'exprimer sur le sujet.

Une enquête sur Mikk Prynix devrait aussi être ouverte, une date pour son jugement sera fixée à son rétablissement. En revanche, pour ne pas manquer le procès de Vic Prynix, nous vous invitons à vous rendre sur la Place Dorgol, cours arrière B au crépuscule.
Ce proche anonyme nous confie même que : « La Certessa Kaya a plaidé sa cause en rappelant qu'il a subi une terrible épreuve au repaire de Darken mais si vous voulez mon avis, elle en pince pour le Certess Mikk Prynix, dommage que son cerveau soit complètement déglingué...

J'arrêtai là ma lecture, indignée et refermai d'un coup sec le journal Atlanz News. Un ramassis de bêtises. Qui était ce soi-disant « très bon ami » cité dans l'article ? Ce ne pouvait être qu'un soldat de Berry et je ne me rappelais pas avoir noué de liens forts avec aucun d'eux. Accoudée au comptoir du bar de la cuisine, je passai une main dans mes cheveux mouillés et levai un œil morne vers le ciel gris à travers la grande vitre murale. Des gouttes de pluies s'écrasaient contre la fenêtre avec un clapotement incessant. Il pleuvait si fort, des torrents, que la neige avait entièrement fondue, engloutie et remplacée par une large flaque d'eau et de boue. Le froid était pourtant toujours au rendez-vous. C'était invraisemblable, la nature sur ce continent n'en faisait qu'à sa tête. Un éclair explosa soudain, éclairant le ciel momentanément. Je sursautai en renversant les œufs brouillés que je venais d'enfourcher sur mon peignoir.

-          Ce n'est pas vrai, elle n'arrête pas de se dérégler, m'énervai-je en constatant que les deux aiguilles de mon collier montre indiquait qu'il était vingt-trois heures trente-huit. 

Ike, le nez dans le frigo, sortit la tête et me jeta un regard inquiet.

-          Ça ne va pas, myôe haïwama ?

-          La montre que tu m'as offerte n'arrête pas de se dérégler, me plaignis-je en lui montrant le pendentif.

Ce collier-montre était un cadeau d'Ike, le premier qu'il m'avait offert quand, une fois, persuadée d'être victime d'un complot, j'avais tenté de fuir le continent en prenant la mer. Un acte irréfléchi et stupide qui avait bien failli me coûter la vie. Depuis, inquiet que l'envie me reprenne de faire une excursion en pleine mer, Ike m'avait ramené un jour ce collier qui lui permettait de me retrouver n'importe où et lui signalait quand j'étais dans un grand danger, au bord de la mort.

Ike referma la porte du frigo et s'approcha de moi.

-          Ce n'est sûrement rien, dit-il en prenant la montre du collier entre son pouce et son index. Peut-être que c'est dû à ton Khor.

-          Génial, en plus d'être une bombe à retardement, je libère des ondes qui dérèglent tout sur leur passage, marmonnai-je en remettant à l'heure la montre.

Ike m'enleva la montre des mains et se penchant vers moi, il colla son front contre le mien en caressant mes cheveux. Les effluves du parfum de son savon me chatouillèrent agréablement le nez, me ramenant quelques minutes plus tôt, dans la douche que nous avions partagée. Son souffle chaud sur ma peau mouillée, ses doigts enfoncées dans la peau de mes cuisses, ses lèvres dévorant les miennes et mon dos frottant les carreaux de la cabine, suivant son rythme effréné sous l'eau brûlante. Je posai mes lèvres sur les siennes et plongeai mes doigts dans ses cheveux encore trempés. Il glissa ses mains dans mon peignoir, sur mes cuisses et en répondant avec de plus en plus d'ardeur à mon baiser.

-          Oh !  Par tous nos ancêtres qui veillent sur nous !

Ike s'écarta de moi, le regard brillant de malice et se retourna sur Orphyll qui s'était tourné, une main sur le front en marmonnant dans sa barbe.

-          Obutag Orph', bien dormi ?

Le vieil homme nous jeta un regard méfiant par-dessus son épaule puis se retourna, une fois sûre que j'avais rabaissé mon peignoir sur mes cuisses et resserré ma ceinture.

-          Le capitaine Olympe Berry se trouve devant l'entrée du manoir et peut à tout moment entrer dans l'enceinte du manoir pour nous maintenir au courant du déroulement de l'enquête sur Vic Prynix et son fils, alors je vous prierai de garder votre langue dans votre bouche, dit Orphyll en nous lorgnant d'un œil perçant.

Rouvrant la porte du frigo, Ike dissimula son sourire dans les étagères de l'appareil. Je croisai mes jambes sur le tabouret et arrachant une feuille de papier essuie-tout, j'essuyai les œufs étalés sur mon peignoir rose bonbon. Orphyll passa derrière le bar, enclancha la cafetière et prit le journal que je venais de lâcher d'une main.

-          Vic Prynix destitué de son titre et ses privilèges, une bonne chose ça ! se réjouit-il en parcourant la suite de l'article. Ses sourcils épais se froncèrent quand ses lèvres remuèrent en lisant à voix basse. Un très bon ami parmi les soldats de Berry ? répéta-t-il en levant un regard interrogateur vers moi.

Je lâchai un soupir en secouant lentement la tête.

-          Je ne sais pas où ils ont été trouver cet ami.

Orphyll reposa le journal pour attraper une tasse de café dans le placard d'en haut et actionna la machine à café.

-          Es-tu prête ? me demanda-t-il avec douceur en me regardant à travers les verres de ses lunettes aux montures bleu nuit.

Je hochai d'un geste raide la tête.

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