Chapitre 1
Antoine faisait du skate. Il impressionnait ses amis par son style étonnant, quand soudain, on le renversa et on lui vola son skate. Il se releva en sursaut et voulu crier mais il s'aperçut qu'il s'agissait d'un démon. Ou plutôt d'une démone.
Féline s'empara du skate et sauta dessus. Elle fit un saut acrobatique pour se retrouver sur le bar commun qui traversait les petits restaurants. Elle se baissait presque de moitié, plus pour ne pas toucher le plafond bas que pour garder l'équilibre. Lorsqu'elle arriva devant la devanture qui s'abaissait avec hâte, elle descendit par un salto et retint le store à temps pour apercevoir le vendeur.
-Tu allais fermer ? C'est dommage, j'ai amené de l'argent pour toi, Geo.
-De... depuis quand tu connais mon nom, démone ?
Georges rouvrit le store avec crainte. Il ne vit que le regard démoniaque de la jeune fille. Ce regard qui dit « viens par ici, Georges, j'ai une mauvaise surprise pour toi... ».
-Oh... Je sais pas... Peut-être depuis que j'ai vu que ton bar s'appelait « Chez Georges »...
-C'est malin... Et tu veux encore m'embêter ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas saccager mon bar ?
-Oh... non... Si je fais ça, je ne pourrais pas revenir demain...
-Parce que tu comptes revenir tous les jours ?!
-Ah oui ! Ça c'est sûr ! J'ai envie de revoir la Ville tous les jours ! Et toi aussi, Geo !
-Arrêtes de m'appeler comme ça, je m'appelle Georges.
-Je sais, Geo.
Et la jeune fille partit. Du haut de ses quarante-sept ans, Georges regardait la démarche féminine et assurée de la petite démone. Elle avait quel âge ? Seize ans, ou peut-être dix-sept, mais pas beaucoup plus. Elle disparut peu à peu de son regard et Georges se remit au travail.
Féline s'éloignait du restaurant. Elle jeta négligemment le skate sur son chemin et se dirigea vers la mer. Ah ! La mer, si belle, si bleue, si calme. Féline se verrait plutôt comme un torrent, une cascade, une rivière folle, agitée. Son père serait un torrent de boue dévastateur qui tue des millions de vies. Non, quand même pas. Les Démons n'attaquaient pas les Humains et les Anges tous les jours !
Soudain, elle eut une idée. Elle se dirigea vers un immeuble muni de balcons et de fenêtres. Elle sauta et s'agrippa à une fenêtre. Elle sauta alors sur la fenêtre la plus proche et continua ainsi l'ascension de l'immeuble. C'était très simple pour elle. Car les Anges et les Démons sont connus pour être beaucoup plus agiles que les Humains. Arrivée en haut, elle regarda la vue magnifique. D'un côté, la mer, de l'autre, la Ville à perte de vue. Quelques nuages scindaient le ciel et le soleil illuminait la Ville, ainsi que la mer. Elle vit au loin un trou de ciel bleu. Les Anges utilisaient quelques faibles sortilèges pour exécuter leurs désirs de clarté, de perfection, de gentillesse absolue. Féline se retourna subitement. Elle n'aimait pas les Anges. Alors, elle se décida et recula jusqu'au bord de l'immeuble. Alors, elle se mit à courir et sauta en l'air. Elle fit plusieurs saltos et autres figures aériennes avant de retomber sur ses deux pieds sur le rebord de plâtre du balcon. Elle recommença sa figure plusieurs fois, faisant varier les tours, rebondissant simplement sur le rebord sans s'y arrêter. Elle arriva alors à mi-hauteur et s'assit sur le rebord.
-Hey, ce n'est pas chez vous, partez !
Féline se retournait alors et les Humains, terrifiés, s'en rentraient à l'intérieur et fermèrent les portes. Alors, elle repartit et repris sa course folle à travers la Ville, arpentant rues et immeubles, osant tous les lieux. Il n'y a pas à s'en faire, après tout, elle était un démon ! Toutes ses fautes étaient pardonnées par la définition même de ce qu'elle était, un démon. Elle marchait sur une muraille, un grillage, quelque chose comme ça. Elle vit alors une silhouette au loin. Une silhouette assise, contemplant la mer. Elle se mit alors à courir. Elle courait sur le maigre rebord jusqu'à arriver à un rebord plus large. Elle avança alors plus lentement et finit par découvrir la silhouette au détour d'un bâtiment. Elle fut prise de stupeur en constatant qu'il s'agissait d'un ange. Un ange aux cheveux blonds et longs, avec de grandes ailes brunâtres dans le dos. Celui-ci tourna la tête en l'entendant arriver.
-Salut, dit-elle.
-Salut...
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je... je regarde la mer. Je la trouve belle.
-C'est dingue, moi aussi. Tu t'appelles comment ?
-Euh... Chasseur... Mais on m'a fortement déconseillé de parler aux Démons...
-Ça c'est méchant...
-C'est la pure vérité, c'est ce qu'on m'a dit...
-Je me doute que c'est la pure vérité ! Les Anges ne mentent pas !
Le jeune homme ne répondit pas et regarda le sol trente mètres plus bas.
-Mais c'est méchant parce que tu ne me connais pas, continua la jeune démone. Pourquoi tu viens en Ville ? Moi je viens parce que chez moi, je m'ennuie. Alors qu'ici, les gens ont peur de moi, je peux faire tout ce que je veux, et je peux sauter entre les grands immeubles. C'est le meilleur endroit de tout Ateya !
-Bah je sais pas... J'ai parfois envie de rêver, de voir des gens qui sont normaux... Comme les Humains... On est pas normaux, nous...
-« Normal » n'est qu'un mot. Ça ne veut rien dire ! On est tous différents !
-Je sais, mais les Humains sont équilibrés, ils ne sont ni gentils, ni méchants...
-Tu insinues que je suis méchante ?!
-N... non... Enfin, si, les démons sont méchants, c'est bien connu...
-Fais attention, il n'est pas toujours arrivé du bon à ceux qui s'en sont pris à moi...
-Je... Je n'ai rien fait...
-Quoi ?! Tu viens littéralement de m'insulter et tu n'as rien fait ?!
Le jeune Ange n'osa pas répondre, de peur de se faire assassiner par la jeune demoiselle.
-Bon, je vais me calmer, dit elle.
Elle inspira un bon coup et tendit sa main.
-Moi c'est Féline.
-Enchanté... Féline...
Il tendit doucement sa main et la jeune fille la lui saisit avec entrain et la secoua violemment. Chasseur retira vite sa main et émit un faible cris de douleur. La jeune démone ria et ajouta :
-Je t'ai bien eu ! On est fait pour être amis ! C'est sûr ! Hein Chasseur ?
-Euh... Oui... Tu n'es pas très gentille mais tu n'es pas trop méchante...
-Il paraît que je suis « trop » gentille.
-On est jamais trop gentil...
-Si, pour mon père, je suis trop gentille ! Et pourtant, je me trouve assez méchante... C'est peut-être parce que je préfère embêter les gens et m'amuser plutôt que d'être littéralement méchante et de blesser les gens, par exemple...
-Peut-être...
-Le soleil commence à redescendre. Je devrais rentrer, sinon je vais prendre cher...
-C'est vrai ?
-Mais ne t'inquiètes pas, je ne me laisse pas faire ! Bon, salut ! On se revoit demain !
Et la démone courut entre les murs de béton.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top