Under pressure _ Honghwa _Part 2


La séance photo avait été un enfer. Après avoir mangé la petite salade de fruit que Seonghwa lui avait gentiment préparé - et il le remerciait du fond du cœur de ne pas lui avoir fait une part plus grande ou quelque chose de plus calorifique - ils étaient tous partis pour le shooting. Mais la fatigue qui le submergeait l'avait strictement empêché de se concentrer sur sa séance. En premier, les stylistes avaient râlé parce qu'il avait encore changé de taille et qu'il devait aller prendre de nouveaux vêtements plus adapté. Il le savait, les voix le lui avait dit. Il savait qu'il avait pris trop de poids. Il savait qu'il aurait à faire encore plus d'effort. Qu'il aurait encore à plus s'entraîner. Il savait tout cela et pourtant, ça lui semblait impossible à réaliser. Comme si une montagne se dressait devant lui et qu'elle représentait toute la quantité de travail qu'il avait à fournir. Ça lui semblait impossible à surmonter, il avait l'impression d'être bloquer dans une crevasse sans rien pour l'aider à remonter. Il se sentait seul. Seul et abandonné. Mais lui, il ne voulait pas abandonner les autres, c'était sa dernière accroche, son dernier lien qui le retenait de sombrer définitivement. Il voulait croire qu'on l'aiderait. Il voulait qu'on lui tende la main. Il voulait qu'il lui tende la main une nouvelle fois comme dans la salle de danse mais que jamais il ne le lâche. Il voulait qu'il l'aide à complètement se relever. Mais il savait cela impossible. Pas dans l'industrie de la kpop. La façon dont il voulait qu'il l'aide ne rentrait pas dans les rang de la société Sud-coréenne et pourtant il s'autorisait à rêver et espérer qu'un jour cela soit possible. Il rêvait de pouvoir dire au monde entier qu'un homme n'est pas forcément destiné à aimer un autre homme. Il voulait faire passer ce message mais il n'avait jamais assez de courage pour finir le titre qu'il avait commencé quelques mois au par avant. Il avait bien trop peur de la réaction que les fans pourraient avoir. Peut-être même qu'il serait renvoyé et entraînerait involontairement le groupe dans sa chute. Même si en y repensant, il y avait peu de chances et encore moins de raisons pour que son groupe se plaigne de son renvoie. C'est pour ça aussi qu'il avait tout fait pour retarder le moment de la photo de groupe. Il avait peur de les gêner. Mais il n'avait pas le choix. Il n'avait plus le choix ces derniers temps. Pas avec autant de responsabilités sur ses épaules. Il se devait d'être parfait mais cela devenait de plus en plus compliqué et le photographe n'hésitait pas à lui faire remarquer. Il savait qu'il ne faisait que faire son travail mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir blesser. Peut-être prenait-il ça trop à cœur ? Mais il ne pouvait en faire autrement car s'il ne réussissait pas dans ce monde qu'est la musique, il n'avait aucun plan de survie derrière. N'ayant pas fait d'étude et n'étant pas réellement allé en cours, il n'avait d'autre choix que se donner à fond dans ce qu'il faisait.

« Non ! Non ! Et non ! J'ai dit le regard sombre, pas dépressif ! Prenez un peu plus à cœur votre travail s'il vous plaît, cela va faire dix minutes qu'on est sur la même photo !

_D-désolé. »

Était-ce réellement l'image qu'il renvoyait de lui, quelqu'un de flemmard qui prend ce qui constitue sa vie au léger ? Alors qu'il se donnait corps et âme dans tout ce qu'il faisait ? Une vague de haine envers lui-même et le photographe s'empara de lui. Envers lui même pour ne pas se donner encore plus et pour avoir laissé ses failles grandes ouvertes et visibles et une envers le photographe pour juger des choses qu'il ne connaissait pas. Certes, il était un peu faible ses derniers temps, mais ce n'était pas pour autant qu'il se prélassait sous ses lauriers. Il entendait vaguement le photographe lui demander de changer de positions à chaque photo réussie. Les bruits de fond de l'appareil, des différentes discussions, des rires, du matériel qui tombe, tout ces sons étaient recouvert par les voix qui ne cessaient de lui répéter que le photographe avait raison, qu'il ne valait rien, qu'il aurait mieux fait de ne jamais rejoindre le groupe et qu'il serait déjà bien plus haut sans lui. L'air commençait à lui manqué et la chaleur de son corps ne cessaient d'augmentée alors que les mots le transperçaient comme des lames chauffées à blanc. Il tira sur son col pour tenter de faire passer de l'air sous la couche de vêtement. Il se sentait comme enfoui sous une couette d'hiver en pleine été, la tête dans l'oreiller, cherchant de l'air à tout pris. Ses paupières lui semblaient extrêmement lourde et il ne rêvait que d'une chose c'était de s'écrouler au sol et de laisser le sommeil le prendre. Mais à chaque fois qu'il était sur la verge de s'endormir, les voix étaient toujours la pour le maintenir éveillé. « Loque » ; « flemmard ». Cela lui suffisait pour se sentir coupable. Voilà pourquoi toutes les nuits depuis trois jours il allait s'entraîner. La culpabilité de ne pas en faire assez le rongeait. Il se sentait tellement serré dans le vêtement qu'on lui avait mis, le manteau qu'il portait semblait peser dix kilos et lui tenir bien plus chaud que nécessaire dans la salle chauffée. Il pouvait sentir la sueur perler du coin de ses yeux et sur son front. Il la sentait rendre son dos humide et rendre le tissus encore plus collant. Il avait l'impression que les stylistes lui avaient choisis des vêtements beaucoup trop petits pour lui faire remarquer qu'il avait abusé avec la nourriture récemment. « goinfre ». Il se leva brusquement tout en laissant tomber son manteau. Le photographe le regarda curieusement avant de lui demander de se rasseoir, ce qu'il ne fit pas. Son rythme cardiaque ne cessait d'augmenter alors que la nausée s'emparait de lui. Ses yeux s'écarquillèrent et il plaqua un main contre sa bouche avant de se mettre à courir vers les toilettes les plus proches. Enfin, il ne courait pas, il marchait très vite. Courir ne le ferait que vomir sur place en augmentant les battements de son cœur. Il entendit vaguement le photographe l'appeler par son prénom avant d'ouvrir la porte qui menait au couloir extérieur. Il ne savait pas par quel miracle il avait réussi à atteindre les toilettes mais tout ce qu'il savait c'est qu'il était à genoux sur le carrelage froid, la tête penchée au dessus de la cuvette alors que son estomac recrachait les quelques fruits mangés une deux à trois heures au par avant. Certainement qu'il n'avait pas été très discret en courant et bousculant les personnes sur son passage jusque ici au bruit de pas multiples qui se précipitaient dans les toilettes avant de se stopper devant la cabine où il était. Il n'avait pas pris la peine de la fermer, priorisant le rejet de son repas dans les toilettes plutôt que sur le sol. Il sentait une main effectuer des cercles dans son dos pour le réconforter alors qu'il finissait ce qu'il avait commencé. Son estomac et sa gorge lui brûlaient alors que le liquide acide ne cessait de remonter silencieusement pour venir rejoindre ce qui était déjà dans l'eau désormais ocre. Il était rare que ses crises dures aussi longtemps et ça rendait le tout qu'encore plus douloureux. Essoufflé, il se décala et s'appuya contre la paroi de la cabine lorsqu'il n'avait plus rien à régurgiter. Il pouvait voir de l'inquiétude dans le regard de Yeosang alors qu'il lui tendait de papier pour s'essuyer, une main toujours sur son épaule pour lui montrer son soutient. Il lui fit un maigre sourire en acceptant ce qu'il lui tendait. Il s'essuya la bouche et jeta le papier dans la cuvette avant que Yeosang ne tire la chasse d'eau. Du coin des yeux, il pouvait voir Wooyoung revenir avec un verre d'eau qu'il accepta aussi, la gorge aussi sèche qu'après une heure de danse sans pause. Il n'aimait pas voir l'inquiétude qu'il leurs provoquait dans leurs regards. Ils n'avaient pas le droit d'être inquiets.

« Ne vous faîtes pas de mouron pour votre pauvre Hyung ou vous allez finir chauves avant moi.

_Aucune chance, tu es bien trop vieux. »

Un rire passa la barrière de ses lèvres à la réplique de Yeosang. Le plus drôle était que cette phrase sonnait étonnamment vraie à ses oreilles. Il se sentait vieux et usé jusqu'à la corde ; corde prête à céder à tout moment si aucune réparation n'était effectuée. Il était fatiguée, fatiguée au point de ne plus tenir sur ses jambes. Fatiguée à un tel point que la moindre remarque risquait de le faire imploser si ce n'était pas déjà fait. Et il savait qu'ils le sentaient. Il savait qu'ils étaient en train de chercher leurs mots pour paraître le moins soucieux possible mais c'était impossible. Voir leur leader avec de telles cernes sous les yeux malgré le maquillage, malade à en vomir et sur le point de s'évanouir à tout moment ne les faisait que paniquer encore plus. Ils avaient peur qu'il se surmène tellement et qu'il accumule tellement de pression qu'il finisse par craquer et atteindre à sa santé. Et le voir ainsi ne faisait que confirmer leurs inquiétudes. Il fallait qu'ils lui obtiennent une pause ou alors ils ne savaient pas ce qu'il adviendrait de leur groupe. Ils avaient peur. Ils avaient peur qu'il fasse une connerie. Ils avaient peur que celle-ci ait déjà commencé à germer dans son esprit. Ils avaient peur de le PERDRE. Mais tout ce qu'ils pouvaient lui offrir était du soutient. Ils savaient que s'ils posaient les questions directement, il n'y répondrait pas franchement et qu'il fallait qu'il se décide tout seul à venir leurs parler. C'est pourquoi ils ne lui demandèrent pas pourquoi il était malade ou si ça allait - ils connaissaient déjà la réponse.

« N'oublie jamais que nous sommes là si tu veux en parler. L'équipe sera toujours là pour toi. Nous sommes une famille. »

L'après-midi ne semblait pas mieux se dérouler pour lui. Il était si fatigué, son corps quémandant pour de la nourriture qu'il n'avait pu se résoudre à avaler ce midi et pour du sommeil qu'il ne parvenait pas à obtenir, qu'il avait bien fallut une heure trente pour enregistrer ses quelques misérables versés tant sa bouche lui semblait pâteuse et les notes qu'il chantait fausses. Malgré le paracétamol qu'il avait pris - forcé par Yeosang et Wooyoung - il ne pouvait empêcher son mal de tête de revenir et le perturber. Il se sentait tellement coupable de leurs faire perdre autant de temps juste parce qu'il n'y arrivait pas. Il n'était pas triste, ou du moins, les larmes qui menaçaient de tomber n'étaient pas des larmes de tristesses mais de colères. Une colère sourde qui faisait bouillir son sang et lui faire perdre toute rationalité. Le type de colère incontrôlable qui pourrait tout détruire autour de soi. Le type de colère qui émane de son corps comme une aura dangereuse. Le type de colère faisant peur aux autres. Il le savait et cela le mettait encore plus en colère envers lui-même : il faisait peur à ses coéquipiers en ce moment même. Il leurs faisait peur mais aucun n'osait lui dire de peur des représailles. Il leurs était en quelque sorte reconnaissant. Il savait qu'il risquait de dire des choses qu'il allait regretter si on lui demandait s'il allait bien. Il savait qu'il n'arriverait pas à contrôler ses larmes et ses mots. Il savait que toute la colère qu'il avait ressentie s'était retranscrite dans la chanson. Il savait qu'il ne supporterait pas d'entendre la version finale. Il savait qu'il s'était montré agressif. Il savait qu'il les avait agacés à recommencer mille fois les mêmes paroles parce qu'il n'articulait pas ou alors chantait faux ou encore était trop lent ou même oubliait son texte. Rien que d'y penser ça l'énervait encore plus. Assis sur les chaises en attendant que Yunho ait fini sa partie, sa jambe gauche tremblait violemment sous la colère ce qui provoquait un bruit de frottement qui commençait à taper sur le système de quelques uns des danseurs. Il le savait et s'excusait pour ça mais il n'arrivait pas à calmer sa colère et les fois où il arrivait à stopper sa jambe, elle reprenait quelques secondes plus tard. Il fixait ses deux mains jointes sur ses cuisses en tentant de se concentrer sur autre chose que sa colère et les détails qui pouvaient paraître insignifiant mais qui voulaient dire beaucoup pour lui. Il était tellement concentré à tenter de canaliser sa colère qu'il ne remarqua pas Seonghwa se lever et s'accroupir juste devant lui jusqu'à ce qu'il pose une main sur les siennes et une autre sous son menton pour le forcer à le regarder. Il ne dit rien. Il n'en avait pas besoin. Rien qu'en croisant son regard, les tremblements avaient cessé et sa respiration s'était calmée. Le doux sourire que le plus âgé lui faisait tout en frottant délicatement son pouce contre le dos de sa main avait le don de le calmer tout en le réconfortant. Lorsque la main qui tenait son menton vint se loger contre sa joue, il ferma les yeux et cala encore plus sa joue contre sa main qui semblait être taillée pour ça. Un sourire de pur bonheur orna son visage alors qu'une douce chaleur s'empara de tout son être. Mais il en voulait plus. Il voulait plus qu'un simple contact. C'est dans cet optique qu'il se jeta sur Seonghwa, manquant de le faire basculer, entourant sa taille de ses bras et logeant sa tête dans son cou. Au début surpris, le noiraud se détendit ensuite avant lui rendre son étreinte. Il bascula sur les fesses et tendit ses jambes de manière à ce que Hongjoong puisse s'asseoir sur ses cuisses ce qu'il fit sans hésiter, s'agrippant à lui comme un paresseux autour d'une branche. Le plus âgé effectua des cercles dans son dos jusqu'à ce que sa respiration devienne si lente qu'elle pourrait être inexistante. Ses mains venaient parfois s'échouer dans ses cheveux, jouant avec les mèches longues et moins longues tout en profitant de l'étreinte chaleureuse dans laquelle il avait été entraîné. Il n'osait pas le serrer trop fort de peur de le briser ; il était si mince que ses omoplates semblaient transpercer sa peau quand il passait ses mains par dessus. Alors il regrettait de ne pas l'avoir forcé à manger ce midi et les jours où il disait ne pas avoir très faim et qu'il ne prenait rien de plus qu'un fruit au repas. Les autres membres leurs lançaient des regards tendres et reconnaissants envers Seonghwa pour avoir réussi à calmer leur leader. Ils avaient tellement eu peur quand ils l'avaient vu se lever pour aller le calmer mais avaient vite soupiré de soulagement en voyant l'effet qu'il avait sur lui. Personne n'osait parler. Chacun avait peur de briser la bulle de bonheur qui semblait les entourer. Le temps semblait s'être comme suspendu jusqu'à ce que Yunho pénètre dans la salle, ayant fini son enregistrement.

« Seonghwa ça va être à ton - ho. Il venait d'apercevoir les deux plus âgés de l'équipe, enlacé sur le sol. Seul un sourire vint orné son visage alors qu'il contemplait cette scène qui semblait plus pure que nature. Vous êtes mignons comme ça. »

Seonghwa enfouit un peu plus sa tête dans le cou de son koala personnel en sentant ses oreilles et ses joues se mettre à chauffer. Il était bien là où il était et il voudrait bien que ce moment dure pour toujours mais il fallait qu'il aille faire l'enregistrement de sa partie. Mais c'est lorsqu'il tenta de repousser gentiment Hongjoong qu'il se rendit compte que celui-ci s'était endormi sur lui en à peine quelques minutes. Il regarda les autres membres qui gloussaient avec pitié, les suppliant silencieusement de venir l'aider. Ce fut Yunho et Jongho qui vinrent à son secours en détachant et portant leur leader le plus délicatement possible pour le remettre sur sa chaise et l'allonger sur les jambes de San - même lui n'osa pas broncher en voyant l'état de fatigue dans lequel il était - d'un côté et sa tête sur celles de Mingi de l'autre. Il semblait si paisible comparé à toute la souffrance qu'on pouvait lire continuellement sur son visage durant la journée ou quand il quittait brusquement la table soit disant pour aller chercher quelque chose et qu'il revenait les bras vides, blanc comme un linge et l'air épuisé. Au fond, il ne savait pas s'il devait être rassuré de le voir s'endormir aussi facilement ou au contraire s'en inquiéter.

Il ne savait s'il devait les remercier ou non de l'avoir laissé dormir mais il savait d'avance qu'il n'arriverait pas à trouver le sommeil cette nuit. Il avait donc signalé à ses coéquipiers qu'il allait s'entraîner pour passer le temps car il était strictement incapable d'écrire quoi que ce soit de cohérent et qu'il n'arriverait pas à dormir, mais ça, il se le garda pour lui.

« Tu es sûr ? On va faire un live.

_Oui, oui. Je vous rejoindrai plus tard.

_Ok. Mais ne te surmène pas.

_Ne t'inquiète pas Mingi, je ne suis pas comme toi. »

« Je suis pire » Pensa-t-il très fort. Il lui tira la langue avant de fuir jusqu'à la salle d'entraînement pour échapper à la terrible vengeance de Mingi. Il ouvra la porte, essoufflé et la ferma derrière lui en s'appuyant contre elle. Les voix étaient revenues et il savait que s'il participait au live dans cet état, les Atinys l'auraient remarqué et lui aurait demandé ce qui n'allait pas en faisant des théories plus farfelues les unes que les autres. Ça l'aurait très certainement amusé sur le moment mais il aurait dû trouver une excuse et il se serait senti coupable de mentir à ces personnes qui les chérissent tant. Peut-être ne méritait-il pas autant d'amour. Il avait envie de savoir ce que tout le monde pensait réellement. Il voulait leurs confier ses doutes et ses peurs. Il savait qu'il pouvait le faire. Il savait qu'ils seraient là pour lui, Yeosang avait été assez clair là-dessus. Mais il y avait quelque chose qui le retenait. Il y avait quelque chose qui opposait une résistance. Quand il le voulait, il n'arrivait pas à dire ce qui n'allait pas. Il n'arrivait pas à mettre des mots dessus. Comme si une barrière se formait à chaque fois qu'il cherchait ses mots, comme si son esprit se vidait de toute connaissance, comme s'il devenait muet. Les voix ne voulaient pas qu'il parle, il le savait. Du moins, il pensait le savoir. Après s'être échauffé, il avait lancé une de leur musique, n'importe laquelle et c'était mis à s'entraîner dessus. Il ne cherchait pas particulièrement à perfectionner une de leur chorégraphie mais toutes et comme il ne savait pas laquelle choisir, il en avait prise une au hasard parmi les différents disques près de l'enceinte. Il était ivre de perfection et après une heure de danse, il avait lancé un autre titre sur lequel il avait un peu de mal. Son corps le faisait souffrir, ses muscles lui semblaient être durs comme de la roches et aussi douloureux que des braises écrasée à même la peau, faisant fondre les tissus protecteurs avant de s'attaquer aux tissus musculaires. Le souffle lui manquait et les battements de son cœur résonnaient dans ses tempes. La température de son corps était fortement élevée et la transpiration formait des auréoles sous ses bras, dans son dos et son col. Il lui semblait pouvoir tenir des heures comme ça, juste pour se sentir vivant, ressentir l'adrénaline s'emparer de son corps, étouffer la douleur ce qui le forçait à continuer encore et toujours pour ressentir encore plus de douleur pour savoir qu'il était réellement en vie. Mais alors qu'il entamait la même chorégraphie pour la dixième fois, il rata une nouvelle fois le même pas, et les voix et un mal de tête l'assommèrent brusquement, le forçant à s'arrêter pour tenter de se calmer. Seulement, cela n'eut pas l'effet estompé et son mal de tête de fit que se renforcer. Sa tête lui lançait et chaque vibration dans son corps semblait être multipliée par cent à un tel point qu'il vacilla à cause des basses de la musique. Il s'approcha donc de l'enceinte et l'éteignit, savourant le silence qui s'en suivait. Peut-être qu'une courte pause l'aiderait à mieux se remettre. Sa gorge était aussi sèche que le désert du Sahara. Mais alors qu'il s'avançait vers son sac, il se sentit perdre pied, ses jambes refusant tout bonnement de supporter son poids quelques secondes de plus. Son corps ne régissait plus et sa vue commença à se brouiller alors qu'il entendit un bruit sourd et que sa tête ne vint rencontrer le sol, qu'une douleur irradia dans tout son corps dû à la chute avant qu'il ne sente plus rien, ayant sombré dans l'inconscience.

Voilà bien une heure trente qu'ils étaient en live, tous ensemble à rire et parler de tout et de rien. Les Atinys se demandaient où était le leader alors que tout le reste de l'équipe était présente. Ils leurs avaient dis qu'il n'allait pas tarder il y a trente minutes. Seonghwa ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Après la chute de ce matin - qu'il était persuadé n'était pas due à une simple faute de pas -, comment il était malade selon les dires de Wooyoung et Yeosang et comment il s'était endormi sur lui en à peine quelques secondes, il ne pouvait s'empêcher de mourir d'inquiétude et de tendre l'oreille au moindre bruit suspect. Il souffla de soulagement lorsqu'il entendit la musique de la salle d'entraînement s'arrêter.

« Ha ! Le grand attendu de la soirée ne devrait pas tardé. »

Du moins, c'est ce que San et toute l'équipe pensait avant d'entendre un bruit sourd de chute. En à peine une seconde, bien avant que quiconque ait pu réagir, Seonghwa était sur ses pieds, courant hors de la salle, il savait bien trop que cela allait arriver. Il se demandait encore pourquoi il l'avait laissé s'entraîner aussi tard alors qu'il était dans un état critique de fatigue. Il sentait la peur et la culpabilité le rendre incapable de formuler ne serait-ce qu'une pensée sans faire d'antithèse juste après. Son cœur battait à cent à l'heure, ses mains devenaient moites et étaient prises par des tremblements incontrôlables.

« Hongjoong ? »

Il priait pour qu'il lui réponde. Même un gémissement. Un son qui lui soit audible depuis le couloir. Mais alors qu'aucun autre bruit que ses pas ne se faisait entendre, la panique grandissait en lui et il se détestait pour ne serait-ce que de ne pas l'avoir forcé à aller se coucher. Il ouvrit violemment la porte, se fichant du bruit qu'il faisait mais se stoppa en voyant le corps inerte de Hongjoong sur le sol. Il était tombé sur le côté ce qui avait dû amortir l'impact de sa tête contre le parquet mais le voir ainsi était une pensée inimaginable pour lui.

« Je - Hongjoong ? Réponds moi s'il te plaît. »

Sa voix c'était brisée sur les derniers mots alors que la réalisation de ce qui c'était passé le frappait de plein fouet quand le silence lui répondit dans la salle. Il était inconscient. Qu'est-ce qu'il aurait préféré qu'il fasse comme ce matin. Qu'il se plie en deux de rire, se moquant de la réaction exagérée qu'il avait. Ce qu'il aurait espérer que tout cela ne soit qu'un rêve et qu'il se réveille le lendemain, avec un Hongjoong faisant des blagues sur sa tête du matin, guettant sa réaction qui pouvait être variée en fonction de son humeur au réveil. Mais il avait beau se pincer et cligner fortement des yeux plusieurs fois, la scène devant ses yeux restaient la même. Il ne se rendit pas compte qu'il se précipitait le plus vite qu'il le pouvait avant de heurter le sol avec ses genoux, juste à coté de son corps. Il prit le haut de son buste dans ses bras, sa tête balançant vers l'avant qu'il cala contre son épaule et le reste de son buste contre lui en le serrant dans ses bras. Il dégagea quelques mèches de son visage en espérant que cela aurait un quelconque impact sur son réveil mais rien ne se produisit. Il sentait ses larmes rouler le long de ses joues pour finalement venir s'écraser sur leurs vêtements et ses épaules trembler alors qu'il hoquetait en tentant de retenir ses gémissements. Il cherchait désespérément un pouls dans sa nuque sans pour autant réussir à en trouver un alors qu'il sentit la nausée lui monter due aux battements accélérés de son cœur. Même le souffle qu'il sentait sortir de sa bouche n'arrivait à le rassurer sur le fait qu'il soit toujours en vie. Il avait besoin d'un battement. Il avait tellement peur qu'aucune autre pensée cohérente que celle de « ton cœur bat, tu es en vie » n'arrivait à émerger de son cerveau. Il n'avait jamais autant paniqué de sa vie. Il était une personne qui avait appris à conserver son sang froid dans les moments les plus critiques. Et pourtant, toute cette maîtrise qu'il avait appris à avoir venait de voler en poussière en voyant son meilleur ami ainsi. Il entendait vaguement les bruits de pas pressés arriver dans la salle avant de s'arrêter en voyant la scène. Et en désespoir de cause, ne trouvant pas son pouls avec sa main tremblante, il plaça son oreille contre sa poitrine et laissa son souffle qu'il n'avait pas eu conscience de retenir sortir de ses poumons avant de prendre une grande bouffé d'air. Il les entendait, et c'était la plus belle mélodie qu'il n'ait jamais entendue, les battements de son cœur.

« Je savais que mon torse était confortable, mais je ne pensais pas qu'il l'était à ce point là. »

Il releva brusquement la tête, les yeux écarquillés, réalisant que la personne ayant parlé d'une voix éraillée n'était autre qu'Hongjoong, une grimace sensée être un sourire ornant son visage. Il se sentait épuisé et avait mal partout et tout particulièrement à la tête mais c'était de loin le meilleur réveil qu'il ait eu depuis des semaines au moins. Là, dans les bras réconfortant de Seonghwa malgré le fait que voir son visage inondé de larmes ne soit pas la meilleure facette qu'il ait vu de lui. Voyant son manque de réaction, il tenta d'opter pour la blague, ce qu'il regretta immédiatement.

« Je ne pensais pas que je te faisais autant d'effet. »

Il vit le rouge lui monter aux joues alors qu'il se sentit brusquement plaqué contre son torse et son visage s'enfouir dans son cou, son souffle caressant sa nuque.

« Tu m'as fait peur. Abruti. »

Il en aurait rigolé si le rapprochement beaucoup trop brusque ne lui avait pas causé une amplification de son mal de tête. Ce qu'il s'en voulait. Il s'en voulait d'être si faible. Il s'en voulait de l'avoir fait s'inquiéter au point d'en pleurer. Il s'en voulait de ne pas lui avoir dit plutôt ce qui n'allait pas. Il le savait pourtant qu'il serait toujours à l'écoute. Mais dès qu'il essayait de parler de ses problèmes, aucuns son ne sortait de sa bouche et il ne savait jamais par où commencer. Et cela ne faisait que l'énerver encore plus. Il en avait mare de ne jamais être capable de quoi que se soit. Il aimerait pouvoir crier sa douleur au monde entier sans jamais savoir comment parler. C'était comme être un enfant qui cherche à dire ce qui ne va pas sans pour autant jamais s'exprimer clairement, il essaye de faire passer ce qu'il ressent à travers ses larmes, ses cris et ses gestes. Là encore, il ouvrit la bouche pour dire ce qui lui pesait mais tout ce qui en sorti ne fut qu'un vagissement tel l'enfant qu'il était sur le moment. Il voulait qu'on le materne. Qu'on soit là pour lui. Qu'on lui pose les bonnes questions. Il s'agrippa au cou de Seonghwa et mis son visage dans son cou, lui aussi, dans le but de se calmer même si cette fois-ci, le surplus d'émotions après sa période d'inconscience de le rendait que plus fragile encore.

« Depuis combien de temps tu n'avais pas dormi ? »

Mais lui il était là, il le savait. Il savait comment le calmer quand il était en colère, surexcité, triste, paniqué... Il savait quelles questions il fallait poser. Il savait quand s'arrêter et quand continuer sur un sujet avec lui. Il savait décrypter ses émotions. Il savait voir à travers ses masques.

« Quatre nuit. Sa voix était faible et rauque et il se colla un peu plus contre lui, sentant quelle sera sa prochaine question.

_Pourquoi ?

_C'est les voix. Elles me le disent. Mais était-ce seulement des voix, il n'en savait trop rien.

_Et qu'est-ce qu'elles te disent ?

_Que je suis gros. C'est vrai. Que je ne vaux rien. Vrai. Que je mérite pas d'être le leader. Il en était convaincu. Que je suis un égoïste, seul. Il le savait pertinemment quoiqu'il avait quelques doutes pour le dernier. Que je suis un flemmard. Il n'arrivait pas à travailler. Que je suis u-une pé-pédale... Il n'avait jamais été autant d'accord avec elle. Que je suis un monstre... Il pleurait désormais à cœur ouvert , laissant ses cris remplir le silence de la pièce alors que tous les membres se sentaient coupables d'avoir de loin sous-estimé l'état mental dans lequel leur frère se trouvait.

_Mais est-ce que se sont réellement des voix ?

_Non, maintenant qu'il y repensait, se sont des échos.

_Des échos de quoi ?

_De... Il ne voulait pas le dire. Le dire ne rendrait les choses que plus réelles.

_Prend ton temps. Rien ne presse.

_De mes pensées. Ce s-sont des éch-os de mes pen-pensées. C'était douloureux de l'admettre. D'admettre que tout ne venait que de lui et lui seul.

_Et est-ce que tu crois réellement tout ça ? Il hocha la tête à l'affirmative. Moi, je vais te dire quelque chose. Il avait toute son attention. Tu es la personne la plus extraordinaire, la plus gentille, la plus entourée et la plus belle personne en général que j'ai rencontrée et que jamais, au grand jamais, je ne te laisserai tomber.

_Comm- comment tu p-peux en être s-sûr ?

_Parce que je t'aime abruti. »

Ses pleurs redoublèrent de puissance. Il savait que c'était cliché comme situation mais il s'en fichait. Seonghwa avait su user des mots qu'il savait le marquerait malgré le classique de cela et Hongjoong lui en était et lui sera à jamais reconnaissant. La joie et la tristesse se mélangeait et le faisait exploser. Tout ce qu'il avait retenu depuis de trop longs mois, tout ça ressortait d'un coup, le submergeant comme un raz-de-marais de sentiments controversés. Il se sentait lutter pour ne pas se noyer dans ceux-ci en s'accrochant à sa bouée. Et non de dieu ce qu'il l'aimait sa bouée. Il aimait à en mourir. Il l'aimait à en avoir des crampes au cœur. Il l'aimait comme jamais il n'avait aimé quelqu'un. Il l'aimait plus qu'une mère aimait son enfant. Il serait prêt à tout pour lui, pour le remercier. Le remercier de l'avoir aider, de lui avoir dit ce qu'il pensait, de ne pas s'être mis en colère contre lui, de ne pas l'avoir détesté.

« Moi aussi. »

Mais il n'était pas le seul qu'il aimait. Il tendit ses bras en direction de ses camarades, de ses amis, de ses frères. Ils vinrent tous s'agglutiner autour d'eux, certains pleurant, d'autres riant et parfois même les deux en même temps ; dépendant de l'émotion primaire les submergeant. Bras dessus, bras dessous ils se serraient de façon à ce que la chaleur de chacun soit partagée aux autres. S'ils devaient se noyer, ils le feraient tous ensemble. En attendant, ils s'aidaient les uns et les autres en leurs tendant la main pour les remonter sur leur radeau et reprendre le voyage avec eux. Car le voyage ne faisait que commencer et qu'ils comptaient bien le faire durer.

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