ii. do you think i have forgotten?

S'il y a bien une chose que Satoru Gojo n'était pas, c'était matinal ou ponctuel. Pourtant, il possédait une routine bien huilée : se lever plus tard qu'il ne le devrait, passer une heure dans la salle de bain puis partir en ville s'acheter le café le plus sucré possible ainsi qu'une pâtisserie pour aller avec.

C'était en se baladant dans les rues de Tokyo, déjà remplie de monde, que Satoru reçu un cruel rappel de son passé. Une petite échoppe vendait des mangas populaires, étalés sur une table branlante. Il n'en n'aurait rien pensé en temps ordinaire mais il vit un exemplaire qui lui évoqua immédiatement un souvenir.

Nana. C'était son préféré. Des yeux bleus revinrent le hanter en même temps qu'un rire cristallin, rire qu'il donnerait tout pour entendre à nouveau. Mais le passé était le passé, il ne pouvait pas changer ce qui s'était produit malgré tous ses souhaits. Hanae avait disparu l'automne de leurs 17 ans et il ne pouvait plus rien y faire.

L'exorciste continua alors sa route, ignorant le sentiment de manque qu'il essayait en vain de combler depuis une décennie. Il finit par arriver à l'école et entama sa journée, dissimulant tout derrière des blagues extravagantes et un sourire plus large que la blessure qui s'était réouverte.

C'était comme ça pour lui depuis plus de dix ans, il continuait sa vie comme-ci de rien n'était jusqu'à ce que quelque chose lui rappelle Suguru ou Hanae. Son meilleur ami et la seule femme qu'il n'avait jamais aimé. Tous les deux perdus à ces yeux. Mais il ne s'attardait pas sur ses vieilles blessures, préférant se consacrer à ceux qui lui restait, ceux qui avaient besoin de lui. 

Alors quand on lui annonça une nouvelle mission, Satoru ne put s'empêcher d'être soulagé. Enfin une échappatoire de cette ville qui regorgeait de lieux trop familiers à ces yeux. Il devait se rendre dans un petit village dans la province d'Hokkaidō ou certains agriculteurs se plaignaient de la mort de leurs bétails. C'était un fléau qui en était la cause et il devait s'en débarrasser. Rien de plus simple pour lui mais le changement d'air lui ferait le plus grand bien, il en était plus que persuadé.

Et c'est ainsi qu'il se retrouva à l'aéroport de Shin-Chitose à Sapporo, dans la préfecture d'Hokkaidō un mercredi soir à 21h00. C'était réconfortant pour lui de ne rien reconnaitre et il se réjouissait de pouvoir découvrir pleins de nouvelles spécialités culinaires de la région. Sa gourmandise était inarrêtable et il salivait déjà d'avance sur ce qu'il pourrait goûter (après avoir effectué son travail de manière rapide et classe bien entendu).

Satoru prit un autre train de nuit en direction du petit village d'Hidaka, là où on leur avait signalé les disparitions de bétails. L'affaire était simple à en mourir pour être honnête, un fléau avait été généré par le stress d'un des habitants et s'en prenait aux vaches des agriculteurs. Mieux valait ça que des êtres humains, songea Satoru tandis qu'il tuait le monstre en face de lui avec une facilité déconcertante.

En moins d'une heure, il venait de plier une mission qui avait embêté ses supérieurs pendant des mois. On ne l'appelait pas le plus fort pour rien après tout... Il s'étira tranquillement tout en troquant son bandeau pour des lunettes de soleil, signe qu'il s'apprêtait tout simplement à s'offrir des petites vacances. Après tout le coin était sympa et le voyage n'était pas à ses frais, alors pourquoi ne pas en profiter ?

L'exorciste décida donc de tranquillement partir explorer la région, cette dernière était rurale, avec de vastes champs qui s'étendaient à pertes de vues et des petits villages de campagne. Au bout des champs, il pouvait voir la mer d'un bleu perçant. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, il aimait bien cet endroit. C'était bien loin de Tokyo, de la capitale remplie des gratte-ciels et de bruits. Ici, c'était calme et son esprit semblait enfin pouvoir se reposer un peu.

Il finit par tomber une petite pâtisserie et s'en approcha avec la plus grande des curiosités. La vitrine était remplie de pâtisseries et de petit cupcake. Certains était décorés de manière à ressembler à des animaux, ici un chien blanc et là un chat noir. Sans parler des petits gâteaux qui avait l'air tout simplement délicieux. Oh, il allait se régaler ici...

Satoru poussa donc la porte de la pâtisserie et entra, ressemblant fortement à un grand enfant devant toutes les sucreries face à lui. Cependant, son sourire s'effaça immédiatement en voyant la femme derrière le comptoir. Cette dernière ne l'avait pas encore remarqué, elle était occupée à remplir une étagère de différents petits pains en fredonnant. C'était elle. Il la reconnaitrait n'importe où, dans n'importe quel contexte, n'importe quelle tenue, n'importe quelle coupe de cheveux. Il y a des visages que l'on n'oublie jamais et Satoru Gojo n'oublierait jamais celui d'Hanae Shimisu. Comment le pourrait-il quand ce dernier le hantait depuis dix ans ?

La femme finit par se retourner vers lui et il fut comme en état de choc, incapable de dire quoi que ce soit. Elle avait changé, nota-t-il. Son visage avait pris en maturité, l'adolescente qu'il avait connue remplacé par une adulte qui avait gardé les mêmes traits touts aussi doux. Ses cheveux avaient poussé également, ils tombaient maintenant en une cascade de jai le long de son dos alors qu'ils atteignaient à peine ses épaules auparavant. Pourtant, elle gardait les mêmes yeux bleus... aussi bleus que la mer, aussi bleu que l'eau de l'aquarium ou il l'avait emmené pour lui confesser ses sentiments à l'époque.

« Satoru ?

-Hanae ... »

Pour la première fois depuis dix ans, il sentit un poids s'enlever de sa poitrine et pu enfin respirer. Elle était là, elle était en vie et elle allait bien.

« Je ne pensais plus jamais te revoir, continua-t-il en venant la regarder, Tu... tu es partie.

-Je... qu'est-ce que tu fais là ?

-Mission, je voulais juste m'acheter un cupcake, ils ont l'air délicieux. Je ne pensais pas que tu serais là »

Un petit rire émana de la bouche d'Hanae, un rire qu'il n'avait pas entendu depuis des années. Oh comme ça lui faisait du bien. Il aurait pu être en colère contre elle mais il n'en n'était rien. Il était juste heureux de la revoir... Et puis, il savait qu'il avait joué un rôle dans sa disparition. 

« Tu n'as pas changé, vraiment pas... Viens prendre un thé chez moi quand j'aurais fermé la boutique. Je te dois des explications » dit doucement la jeune femme avec un petit sourire mi embarrassé mi heureux.

Satoru accepta sans réfléchir et se retrouva donc dans le salon de la fille qu'il avait cru disparu pendant dix ans avec une tasse de thé fumante en main.

« Si je suis partie, c'est à cause de ce qu'il s'est passé avec Suguru. Je ... je ne pouvais pas supporter de rester chez les exorcistes après ce qu'on a vu lui et moi, après ce qu'il a fait. Je sais que c'est lâche de ma part mais ce jour là j'ai compris que je n'aurais jamais la force de me battre. Pas comme toi tu te bats en tout cas. Alors j'ai préféré disparaitre, le plus loin possible de Tokyo. Je voulais oublier et me faire oublier. Pour être honnête, je ne pensais pas que quelqu'un me retrouverait un jour... Mais si quelqu'un devait le faire, c'est bien toi. Je suis contente de te revoir Satoru.»

Hanae releva la tête vers lui, ses yeux bleus en disant plus que ses mots. Il pouvait y lire du manque et une grande sincérité, il la connaissait encore par cœur après toutes ces dernières années.

« Tu sais, commença l'exorciste en retirant délicatement ses lunettes pour qu'elle puisse voir également ses yeux et à quelle points ils brillaient encore pour elle, j'ai essayé de t'oublier. Pendant des années, j'ignorais le sentiment de vide que ton absence mais je n'ai jamais réussi. Il y avait toujours quelque chose qui me faisais penser à toi. Tu te souviens quand je t'ai embrassé à l'aquarium ? Tout ce que je t'ai dit ce jour là est toujours vrai aujourd'hui, toutes les promesses qu'on a fait tiennent encore. Je t'aime encore et je crois que ça ne changera jamais. »

S'il y avait une chose que Satoru Gojo n'avait pas vu venir, c'est les lèvres d'Hanae sur les siennes. Douces et chaudes, elles se pressèrent contre les siennes dans un baiser qui tentait de lui faire comprendre tout ce que la jeune femme pouvait ressentir pour lui. Doucement, très délicatement il posa une main sur sa joue avant de répondre à son baiser.

« Je pensais que tu m'avais oublié » murmura doucement Hanae contre ses lèvres. Un petit sourire naquit alors sur celle de son amant retrouvé.

« Tu penses vraiment que je pourrais t'oublié ? »

A/N: Je me suis éclatée à écrire ce os! Il a fortement été influencé par la chanson About You des 1975, qui en géneral décrit parfaitement la relation entre Satoru et Hanae. J'espère que vous avez apprécier et les retours sont toujours les bienvenus!

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