1
Je regarde une dernière fois mon téléphone pour m'assurer que je suis à la bonne adresse. A priori, le restaurant dans lequel nous avons rendez-vous est juste en face, mais je ne distingue qu'une vieille façade décrépie. Je m'approche tout de même du bâtiment et je pousse la porte pour rentrer. L'odeur est assez désagréable, comme si de l'essence mélangée à du mauvais parfum avait été aspergé sur les murs. J'éternue et me frotte les yeux. La pièce est éclairée avec de grands néons que l'on trouve la plupart du temps dans les supermarchés, certains clignotent, agressant les yeux de leur blancheur de mauvaise qualité.
Un jeune serveur m'accueille en me demandant mon nom. Je lui dis que ce n'est pas moi qui ai réservé et que j'attends donc mon rendez-vous. Il sourit poliment, et retourne rapidement à son travail.
La plupart des tables sont vides, ce qui me fait demander pourquoi on voudrait réserver pour manger ici. Je ne sais même pas quel type de nourriture on sert, puisque la carte n'est pas affichée dehors.
Je me sens tout à coup devenir énervé. On me prend pour un con, et même si cette jeune fille m'intrigue beaucoup, je n'aime pas la façon dont elle m'a presque manipulé.
Je m'assois sur une chaise dans l'entrée en attendant sa venue. Je regarde à plusieurs reprises ma montre et étant très peu patient, je décide de partir après dix minutes d'attente.
La cloche de la porte d'entrée sonne ma sortie, et je presse le pas vers ma voiture. Je décide néanmoins d'attendre encore un peu sur le parking, avec l'espoir de la voir débarquer.
Alors que mon espoir se consume peu à peu, je vois une silhouette féminine se diriger vers le soi-disant restaurant.
Je sors en hâte de ma voiture pour la rejoindre juste à temps pour lui ouvrir la porte. Elle me regarde furtivement puis me sourit.
- Merci, dit-elle doucement.
Je luis souris en retour.
Le même serveur arrive puis nous accompagne dans le fond de la salle, là où les néons sont moins agressifs. Je m'installe tout en gardant un oeil sur ma compagne.
Elle est habillée avec grâce et goût, ce qui me rassure car cela signifie au moins que je lui plaît. Je ne peux réprimer un sourire. Elle porte un chemisier bleu ciel qu'elle a laissé entrouvert pour offrir un joli décolleté. Le tissu souple me fait penser à de la soie, il semble voler autour de son corps. Elle porte un jean noir, taille haute, mettant aussi en valeur ses jambes et ses fesses.
Le serveur apporte la carte, et je suis surpris de découvrir un menu alléchant.
Nous n'avons échangés aucuns mots, et cela me rend nerveux. Je me concentre sur son visage. Ses cheveux blonds coupés au carré sont lâchés. Sa frange retombe délicatement sur ses sourcils arqués. Elle étudie le menu avec intérêt. Je me questionne sur la couleur de ses yeux, mais il me semble qu'ils sont marrons. Je suis troublé par ma propre confusion.
Finalement, pour détendre l'atmosphère, je lance le dialogue :
- Tu vas bien ? Demandé-je en toute simplicité.
- Très bien et toi ? Répond-elle en souraint.
- Je vais très bien aussi. J'ai cru que tu n'allais jamais arriver.
Elle fronce les sourcils, et je vois sur son visage passer ce qui ressemble à de l'énervement.
- J'avais dit vingt heures, il est vingt heures huit. J'étais à l'heure.
Son ton condescendant me déplait, mais je prends sur moi.
- Tu étais en avance, et j'étais à l'heure c'est tout.
Je pose le menu sur la table et je me penche pour me rapprocher de son visage qui se teinte légèrement.
Je me retiens de dire quoi que ce soit d'autre qui pourrait l'énerver.
- Il est curieux ce restaurant, dis-je alors.
Elle semble ravie que j'en parle, et elle me regarde pendant quelques millièmes de secondes. C'est peu, mais suffisant pour que je constate que ses yeux sont en effet marrons.
- Il appartient à ma mère. C'est aussi elle la chef. Je sais que ça à l'air miteux, mais sa cuisine est excquise.
La mention de sa mère fait tendre mes muscles. Elle semble repérer ma tension, et j'observe au coin de ses lèvres un sourire d'amusement.
- Tu ne parles pas beaucoup, remarqué-je.
Elle hausse les épaules en reposant la carte.
- Non. Je n'aime pas parler pour ne rien dire.
Je suis un peu déstabilisé, car moi, j'aime beaucoup parler.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top