Chapitre 8

RILEY

Le fait d'avoir enfin réussi à enlever ces foutues menottes m'a fait un bien fou. Quand j'ai quitté Lily, je me suis senti mal au début. Je dis bien au début. Ensuite, je me suis dit qu'elle s'en sortira, elle n'a pas besoin de moi et je n'ai pas besoin d'elle. Ce n'est pas parce que nous avons atterri dans cet endroit de malheur ensemble que nous devons le rester. J'ai commencé à avancer et heureusement pour moi, je suis un bon marcheur parce que je ne vois pas le bout de cette végétation.

Je me suis demandé de quoi parlait Lily lorsqu'elle m'a dit que j'avais choisi un métier de combat, ça ne me dit absolument rien et pourtant, je me suis battu avec aisance tout à l'heure, comme si j'avais fait ça toute ma vie. Est-ce que je me suis déjà battu par le passé, et est-ce que je le faisais pour ma sœur ? Je ne fais que réfléchir à ça depuis hier, je ne pense plus qu'à elle. Je me questionne également sur le fait que Lily soit allée en prison, une part de moi a été étonnée, je ne la vois pas faire de la prison, pas elle, pas pour une pomme. Le fait qu'elle me dise que nos tatouages ont un rapport avec des numéros de détenus me parait totalement logique, mais étant donné que je ne me rappelle rien pour ma part, je n'arrive pas à y croire.

Alors que je marche, mes pieds butent sur quelque chose au sol que je n'avais pas vu à cause de la nuit, je manque de tomber. Je regarde ce sur quoi j'ai failli me ramasser et je vois un corps. Un corps plein de sang, mort et presque en décomposition. Je sens mon estomac se soulever devant cette vision d'horreur, je dois me couvrir la bouche de ma main pour refréner cette envie de vomir. Le cadavre en question est celui d'un homme d'une vingtaine d'années, il a l'air jeune, je le vois malgré la crasse qui strie son visage. Il a les yeux ouverts et du sang absolument partout autour de sa bouche, sur son abdomen et même sur son cou. Une odeur nauséabonde de putréfaction me met les larmes aux yeux, j'aurais préféré ne jamais voir ça. Je respire un bon coup dans ma manche et prends mon courage à deux mains, je le fouille. Je ne trouve rien dans les poches de son pantalon, rien dans celles de sa veste. Je vois des lanières sur ses épaules.

— Et merde...

Je le retourne pour m'accaparer de son sac à dos et manipuler son corps lâche et sans vie me provoque des hauts le cœur. J'essaye de ne pas trop regarder son visage pendant que je fouille son sac. J'y trouve une bouteille d'eau à moitié vide, une corde et un petit objet métallique avec un bouton à l'extrémité. J'appuie dessus, il propage un faisceau lumineux qui éclaire parfaitement chaque parcelle du corps, sur lequel j'avais dirigé cette petite lampe. C'est encore plus dégueulasse que lorsqu'il faisait sombre. J'éteins la lumière et transvase mes nouvelles trouvailles dans le sac de l'abruti que j'ai assommé tout à l'heure. À l'intérieur, il ne me restait qu'une barre, que j'ai longuement économisée au cas où.

La nuit est tombée depuis pas mal de temps maintenant, nous devons en être au beau milieu. Je décide alors de me poser, pour repartir demain matin ; reprendre des forces ne me fera pas de mal. Adossé à un tronc d'arbre, je repense à tout ce que Lily m'a dit aujourd'hui. Elle me racontait des choses vraiment incohérentes, mais elles prêtent à réfléchir. Je repense à cette histoire de métier de combat et maintenant, je me souviens.

Alors, tu choisis quoi, toi ? me demande Ben, mon ami.

Protection et Combat.

Je vois, dit-il en haussant un sourcil. C'est pour draguer, hein ? Il parait que c'est le corps de métier qui attire le plus les filles.

Ben, ta gueule.

Je te connais par cœur, ne me la fais pas à moi !

Nous rions des conneries que débite Ben, il a le don de me mettre de bonne humeur. La vérité, ce qu'il ne sait pas et qu'il ne saura jamais, c'est que j'ai choisi ce corps de métier pour ma sœur. Pour cette catégorie, on demande aux hommes de s'engager dès leurs seize ans. Depuis mes dix ans, l'âge auquel on nous demande ce qu'on veut faire, j'ai reçu des cours de défense et j'ai pu les mettre en pratique au Centre d'Entrainement et de Musculation, le CEM, bien que la musculation ne soit accessible qu'à partir de nos seize ans pour ne pas interrompre notre croissance. J'ai eu seize ans la semaine dernière, alors j'ai dû confirmer que je voulais bel et bien intégrer le programme de Protection et Combat.

Pour cette catégorie de métiers, les soins et médicaments sont offerts, les hommes intégrant le programme en reçoivent bien plus que nécessaire. Si j'ai choisi cette vocation, c'est pour offrir à ma sœur un stock illimité de médicaments, j'en aurai pour elle jusqu'à ce qu'on trouve enfin une cure à sa maladie.

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